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Remise des insignes d’Officier dans l’Ordre national du Mérite à Sylvie Forestier

Chère Sylvie Forestier,

Je suis très heureux de vous accueillir aujourd’hui, pour rendre l’hommage de
la France à la fois à votre talent et à vos compétences, mais aussi à la passion
qui a animé votre action au sein des musées.

Diplômée d’un certificat de sociologie musulmane à Alger, agrégée de
philosophie à la Sorbonne, vous entamez votre carrière comme chercheuse au
prestigieux Centre d’Études supérieures de la Renaissance qui contribue au
rayonnement de Tours et de l’université française. J’ai eu la joie et la fierté de
fêter, il y a presque un an jour pour jour, le cinquantenaire du Centre fondé par
Gaston Berger. Après Tours, c’est le service éducatif du Musée du Louvre qui
vous appelle, puis le Musée national d’art moderne, où vous êtes chargée de
conférences.

Diplômée de l’École du Louvre, vous rejoignez très vite le corps des
conservateurs d'État au musée national de Compiègne. Quelques années plus
tard, vous prenez en charge l’iconothèque au musée des Arts et traditions
populaire à Paris. Vous vous distinguez très tôt par vos compétences
scientifiques, votre sens des responsabilités, mais aussi votre volonté de faire
connaître la beauté de ces expressions spontanées, de ces traits culturels
propres à un groupe ou une société, qui sont autant de façons de dire le désir
de vivre ensemble. Cette volonté vous pousse également vers la recherche en
anthropologie sociale et culturelle, et vous obtenez en cette matière, en 1977,
un Diplôme d’Études Approfondies à l’École des Hautes Études en Sciences
Sociales.

En 1984, votre nomination à la tête du musée national Message Biblique Marc
Chagall marque le début d’une grande aventure. Animée d’une réelle envie de
faire partager l’univers poétique, onirique, mystérieux et mystique de ce
magicien de la couleur et de l’esprit, vous organisez de nombreuses
expositions à travers le monde, à Tokyo, à Moscou, Mexico, Buenos-Aires,
Sarrebourg, Ferrare, ou encore Florence. Passeur inspiré, vous concevez des
films pédagogiques autour de son oeuvre, pour toucher le public le plus vaste
possible.

Vous vous lancez également dans un grand travail de publication de l’oeuvre
de Marc Chagall, dans toutes ses dimensions : les vitraux et les sculptures en
1984, l'oeuvre gravée en 1987, les céramiques en 1990. Vous publiez même
des oeuvres conservées à l'étranger, comme en 1989, avec les collections des
musées russes et des musées privés. Vous vous imposez rapidement comme
l’une des plus grandes spécialistes de cet artiste universel.

En 1985, vous prenez également la tête du musée Picasso à Vallauris ; en
1990, on vous confie la direction des collections nationales d'art du XXe siècle
de la région Provence Alpes Côtes d'Azur, conservées par les musées Marc
Chagall à Nice, Picasso à Vallauris, et Fernand Léger à Biot. Vous assurez
alors l’intégration de ce dernier établissement au sein des musées nationaux.

Depuis 1996, vous mettez votre grande connaissance, votre savoir-faire
admirable, et votre appétit de transmettre au service de musées, de fondations,
et d’organismes privés comme publics, en tant que commissaire d’expositions,
souvent hors de nos frontières, et sous l’égide du Ministère des affaires
étrangères. Vous concevez les catalogues d’exposition et les textes de
présentation pour des manifestations au quatre coins du monde, au Japon en
1996, à Madrid et à Barcelone en 1999, à Johannesburg et à Cap Town en
2000, et à Lugano en 2001.

En 1997, à la demande des éditions Gallimard, vous présentez une nouvelle
édition critique de l’essai de Frenand Léger, Fonctions de la peinture.

Vous
réactualisez également l’ouvrage que vous avez consacré aux vitraux de Marc
Chagall.

Vous êtes naturellement sollicitée pour les Rencontres internationales de Minsk
et Vitebesk consacrées à Marc Chagall en 2002, et l’année suivante, pour la
rétrospective de son oeuvre au Grand Palais.

Je suis très heureux de distinguer aujourd’hui le travail et l’engagement
admirable d’une grande conservatrice, qui a voué sa vie et son talent au
rayonnement des musées français, et à la transmission de l’oeuvre de nos plus
grands artistes.

Sylvie Forestier, au nom du Président de la République, et en vertu des
pouvoirs qui nous sont conférés, nous vous faisons Officier dans l’ordre
national du Mérite.

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