Imprimer cet article - Envoyer à un ami

Visite de presse du chantier du Palais de Tokyo

Mesdames, Messieurs,

Chers amis,

Je suis particulièrement heureux de vous accueillir dans ce lieu pour vous faire
découvrir ces espaces, trop longtemps abandonnés, trop longtemps laissés sans
destination dans un quartier où l’offre culturelle est exceptionnelle, un des quartiers
de la capitale qui, dans ce domaine, est l’un des plus attractifs de notre territoire.

Je dis bien territoire, car le projet qui nous réunit ce matin est un grand projet
national nécessaire aux créateurs, à la création de notre pays.

Depuis mon arrivée au ministère de la culture et de la communication, j’ai décidé
avec mes équipes de mettre en place un plan cohérent de développement des arts
plastiques dont cette initiative, concernant les espaces non utilisés du Palais de
Tokyo, est un élément essentiel.

Dans le cadre de cette politique d’ensemble, je suis particulièrement heureux de
vous annoncer qu’à la suite de la communication du Président de la République à
l’occasion du 30ème anniversaire du Centre Pompidou, le 31 janvier 2007, et en
confirmation des annonces faites par le Premier Ministre le 10 octobre 2005 à la
Foire internationale d’art contemporain, une nouvelle structure pour l’art
contemporain va être créée à Paris, dans les espaces vacants du Palais de Tokyo.

Installée aux côtés du Site de création contemporaine – Palais de Tokyo, cette
structure, placée sous l’égide du Ministère de la culture et de la communication et
associée au Centre Georges Pompidou, rendra au public l’usage de ces grands et
prestigieux espaces inoccupés, dans un lieu symbolique de la vie culturelle
française. J’ai souhaité que soit utilisé et valorisé ces espaces magnifiques, pour
une fonction qui l’est tout autant : faire mieux vivre, comprendre et aimer l’art
contemporain, donner aux artistes français ou vivant en France le public plus large
qu’ils méritent et les inscrire dans une perspective internationale.

Je voudrais, avant toute chose, réaffirmer mon attachement à la fois personnel et
comme Ministre de la culture, au Site de création contemporaine – Palais de Tokyo,
dont l’originalité et le dynamisme sont exemplaires. Comme vous le savez, je me
suis toujours engagé à ses côtés pour mieux le faire connaître et pour permettre
son développement. Son autonomie et sa vitalité seront entièrement conservées.

L’installation à ses côtés d’un nouveau lieu d’exposition, dont les missions sont
différentes mais complémentaires aux siennes, permettra des projets singuliers,
contradictoires, stimulant les débats comme les collaborations fructueuses. Pour
être parfaitement clair sur les modalités de coexistence de ces deux entités, voici
le dispositif adopté : le bâtiment dans son ensemble sera désormais affecté au
Centre Georges Pompidou.

Il en aura la gestion, mais ceci n’implique aucun contrôle sur les activités et la
gouvernance du Site de création contemporaine – Palais de Tokyo. En tant que
responsable du bâtiment, le Centre Pompidou sera chargé de mener les travaux de
rénovation, qui devraient être achevés en 2009, d’assurer la sécurité du lieu et la
gestion des parties communes. Il n’aura ni autorité scientifique, ni autorité
administrative sur le Site de création contemporaine – Palais de Tokyo, qui
conservera son statut associatif et son mode de fonctionnement actuel.

J’ai
maintenu, soutenu et voulu le développement du Site de création contemporaine –
Palais de Tokyo. Cette action sera poursuivie et accrue : son périmètre sera
agrandi des espaces nécessaires, au 3ème étage, notamment pour les activités
pédagogiques du « Pavillon » qui me tiennent à coeur, des travaux
d’aménagements seront effectués, dès cet été, en vue d’obtenir un classement en
catégorie « L » permettant de développer les programmes artistiques (concerts,
performances) comme les moyens propres de l’association. J’ai par ailleurs décidé
d’augmenter la subvention annuelle de l’Etat de 100 000 euros.

La programmation de la nouvelle structure sera dédiée aux arts plastiques et au
design, dans toute leur diversité. Cette structure sera orientée en particulier vers
des présentations monographiques d’artistes à mi-carrière ou confirmés, dont
l’amplitude du travail doit être présentée dans des expositions originales. Le design
sera envisagé sous toutes ses formes, et particulièrement à travers le rôle qu’il joue
dans l’invention de nos vies quotidiennes, dans son implication dans la société
contemporaine.

A côté d’expositions rétrospectives, ce lieu accueillera aussi, sur un
rythme rapide et dynamique, l’actualité de la recherche ou des projets d’artistes, qui
trouveront là un espace d’échange et de proposition accompagnant l’évolution de
leur travail. Enfin, un axe international permettra des confrontations avec des
artistes étrangers et des mises en perspective, afin de mettre en relation la création
en France et le contexte mondial. Ce lieu ne sera pas une annexe de ce qui se
passe ailleurs, mais un lieu dont je souhaite qu’il ait son identité, ses méthodes et
son dynamisme propre. Ce n’est qu’à cette condition qu’il pourra remplir pleinement
sa mission.

Cet équipement doit être avant tout un espace de collaboration : avec les artistes,
mais aussi avec tous les acteurs de la scène artistique, et tout particulièrement
avec les acteurs en région, ainsi qu’avec les différentes structures de diffusion de
l’art contemporain, en France et à l’étranger.

Une association de préfiguration, pilotée par le Centre Pompidou, a été mise en
place. Le Site de création contemporaine – Palais de Tokyo est l’un des membres
fondateurs de cette association, aux côtés du Centre Pompidou, du Ministère de la
culture et de la communication (Délégation aux arts plastiques et Direction de
l’administration générale) et du Centre national des arts plastiques. Ils composent
un conseil d’administration équilibré et porteur d’innovation. En complément, ce
conseil s’adjoindra, au travers d’un comité de programmation très ouvert,
l’expertise de nombreux acteurs de la vie artistique.

La direction de cette association de préfiguration est confiée à Catherine Grenier,
qui a été nommée à cette fonction par le conseil d’administration du 15 mars 2007.

Conservateur du patrimoine, spécialiste de la création contemporaine, responsable
pendant plusieurs années des collections contemporaines du Centre Pompidou,
avant de venir me rejoindre en tant que conseiller technique pour les arts
plastiques, elle a réalisé de très nombreuses expositions, souvent monographiques,
et écrit plusieurs ouvrages et essais. Sous l’autorité du conseil d’administration, elle
sera chargée de la coordination des études, de l’organisation et de la valorisation
des espaces (qui comprendront plusieurs modules d’exposition, des salles de
cinéma, des espaces de documentation, de médiation et d’accueil du public), de la
programmation artistique, ainsi que de la mise en place d’un dispositif original de
médiation et d’un réseau national et international.

Ce projet est particulièrement prometteur, car il crée, dans ce lieu, un extraordinaire
foyer d’art contemporain en relation avec le Site de création contemporaine – Palais
de Tokyo et le Musée d’art moderne de la Ville de Paris, dont les directeurs feront
partie du comité de programmation. Il se situe à proximité du Musée du Quai
Branly, de la Cité de l’architecture et du patrimoine et du Palais Galliera, de
l’ensemble des autres musées et fondations qui composent un pôle d’attractivité
culturelle ayant peu d’exemple au monde. Sachez que je ne l’ai pas conçu de
manière isolée. Il prend tout son sens dans le cadre de la politique culturelle que j’ai
menée en l’associant à la mise en place du Centre européen de création
contemporaine à l’Ile Seguin, lieu d’ateliers de production, de résidences, de
formation et de recherches. C’est une dynamique nouvelle que j’ai voulu donner à
la création contemporaine en France, par la reconnaissance de l’importance de la
création en arts plastiques sur notre territoire, la construction de nouveaux outils
pour les créateurs, enfin des invitations renouvelées en direction du public qui, je le
crois, découvre et se passionne, chaque jour d’avantage, pour la création de son
temps.

J’ai souhaité que la mise sur pied de ces équipements soit associée à de grands
événements, qui déjà signifient le renouveau de notre scène artistique.

L’exposition
Monumenta, véritable défi pour les artistes, sera consacrée cette année à Anselm
Kiefer, artiste ayant choisi de vivre et de créer en France depuis plus de 12 ans. Ce
rendez-vous régulier attirera, je le crois, le public et les professionnels du monde
entier, dans ce lieu prestigieux qu’est le Grand Palais. L’exposition, pour laquelle
l’artiste a conçu un dispositif totalement inédit, ouvrira ses portes le 30 mai
prochain. Elle sera le signe des expériences exceptionnelles ayant lieu sur notre
territoire. Autre rendez-vous d’importance, dans le même lieu, mais ayant une
ambition différente : exposer la vitalité de la création en France, la triennale : la
Force de l’art, qui présentera sa deuxième édition en 2009. Les quatre
commissaires en sont : Marie-Claude Beaud, Jean-Louis Froment, Jean-Yves
Jouannais et Didier Ottinger, quatre personnalités très inventives qui ont commencé
à concevoir la prochaine manifestation et qui sauront assurer l’originalité cette
nouvelle édition. Structurer, monter, mettre en valeur la création dans notre pays
par des moments rares, des événements comme par la création de nouveaux
outils, de nouveaux moyens de diffusion et de production, voilà l’objectif qu’il faut
poursuivre.

Pour conclure, je crois qu’il est important de rappeler, d’affirmer que l’art
contemporain est déjà une part essentielle de notre patrimoine, de notre culture,
c’est pourquoi je viens de procéder au transfert de propriété de douze ensembles
d’oeuvres exceptionnelles du Centre national des arts plastiques de son Fonds vers
douze musées de France en région. Ainsi 426 oeuvres, réalisées par 218 artistes
majeurs, dont la valeur estimée dépasse les 20 millions d’euros, ont été offertes
aux institutions qui les avaient en dépôt, afin de conforter le travail remarquable et
l’engagement dans le domaine de l’art contemporain de ces musées.

Toutes ces actions contribuent à la richesse et à la vitalité de notre pays dans le
domaine de la création contemporaine. Je suis fier de l’action accomplie, fier de nos
artistes, de nos institutions, et de tous ceux qui contribuent à la richesse et à
l’inventivité de notre culture. Cette culture qui est faite de l’importance du passé, de
« la force révolutionnaire du passé » disait Pasolini, mais qui ne prend tout son
sens que lorsqu’elle s’allie à l’innovation qui définit toute société par sa capacité à
se porter dans l’avenir. « La forme d’une ville change plus vite que le coeur d’un
mortel » : les poètes ont bien sûr raison, mais je crois, malgré toutes les
inquiétudes de notre époque, que les formes nouvelles, architecturales, artistiques,
urbaines, que les métamorphoses culturelles contribuent à changer le coeur des
humains. C’est notre mission que de le permettre. Je souhaite que ce nouveau
projet, prenant toute sa valeur, son efficacité au sein de l’ensemble des mesures
qui l’accompagnent et expriment la politique pour les arts plastiques que je mène
depuis trois ans, y contribue pleinement.

Je vous remercie.

Laisser une réponse