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Remise des Insignes de Chevalier dans l’Ordre National des Arts et des Lettres à Frédéric Botton

Posted By admin2011 On 2 avril 2007 @ 15:49 In Discours 2007 | No Comments

Cher Frédéric Botton,

Je suis très heureux de distinguer en vous ce soir un grand auteur
compositeur, qui s’est illustré aussi bien par ses chansons que par ses
musiques de films.

Ce sont les légendaires petits cabarets de la rive gauche et leurs
mythiques divas qui assistent à votre entrée en chanson. Mais c'est une
entrée par la grande porte. En 1957, vous avez vingt ans, ou à peine plus.

Votre chanson, Rue du chien qui fume, est choisie par Barbara, qui la
chante à l’Écluse, puis enregistrée par Catherine Sauvage.

Avec Barbara, vous écrirez également Absinthe, et Il me revient. Vous
signez ensuite de nombreux autres succès, dont les interprètes, étoiles de
la chanson, du music-hall, de la scène ou de l'écran, ne sont autres que
Zizi Jeanmaire, Joséphine Baker, Dani ou encore Sylvie Vartan.

Pour Betty Mars, vous signez Comé-comédie, pour Mireille Darc
Compartiment 23, pour Juliette Gréco Les Pingouins, Zanzibar, et Toi je
veux.
Nous vous devons aussi l’immense succès La grande Zoa, auquel Régine
a offert un cachet et une interprétation inoubliables.

Pour la grande Alice Sapritch, vous composez Les hommes sont tous des
poupées, et Milady, que vous co-signez avec Françoise Sagan, l'une de
vos grandes complices en écriture, comme le sont Jean Claudric, Alain
Goraguer, Nathalie Rheims, et, bien sur, votre épouse Patricia, que je ne
saurais oublier.

Votre sens artistique aiguisé, votre intuition très vive de la personnalité des
interprètes, votre empathie avec les artistes, ont également fait de vous un
« découvreur » inspiré. Vous produisez ainsi en 1972 le premier disque
d’un jeune talent méconnu, Yves Duteil, un 45 tours intitulé Virages.

C’est également grâce à votre créativité que l’un des hauts lieux de la nuit
parisienne, « Le Paradis Latin », connaît un véritable second souffle dans
les années soixante-dix. Auprès de Jean-Marie Rivière, vous êtes en 1977
l'artisan de sa renaissance avec un spectacle poétique et burlesque,
« Paris Paradis », puis avec une autre revue, « Paradisiac », en 1981.

Vos
assistants sont alors Francis Lai, et un jeune talent très prometteur : Michel
Berger.

Votre talent de compositeur, vous l’avez mis également au service du
septième art, pour des films tels que Un crime de Jacques Deray, ou
encore, récemment, Camping, de Fabien Onteniente, mais aussi de téléfilms
comme L'excès contraire, écrit par Françoise Sagan et réalisé par
Yves-André Hubert.

Mais c’est avec Claude Berri qu’a eu lieu l’une de vos plus belles
rencontres artistiques. Votre goût de la mélodie, sa volonté de servir un
cinéma d'auteur populaire, votre inclination commune pour une réelle
délicatesse de ton, ont donné lieu ces dernières années à trois
magnifiques réussites : Une femme de ménage, L'un reste, l'autre part et
enfin Ensemble, c'est tout, à l'affiche depuis quelques jours et déjà un
grand succès.

En déclinant, de la première image jusqu'à la dernière lettre du générique,
un thème tendre et attachant, vous accompagnez et exprimez
superbement cette subtile symphonie sur l'amour et l'amitié orchestrée par
Claude Berri.

La chanson représente à mes yeux un genre majeur, qui rassemble les
êtres, traduit la sensibilité d'une époque, construit nos souvenirs les plus
intimes comme notre mémoire collective. Vous avez contribué à enrichir
l'histoire de la chanson de notre pays, et vous avez offert à notre cinéma
la vaste palette de votre musique et de vos mélodies.

Frédéric Botton, au nom de la République, nous vous faisons Officier dans
l'Ordre des Arts et des Lettres.


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