Imprimer cet article - Envoyer à un ami

Remise des insignes de Chevalier dans l’Ordre des Arts et des Lettres à Nikos Aliagas

Cher Nikos Aliagas,

Je suis très heureux de saluer aujourd’hui en vous une grande personnalité
des médias, un journaliste à l’esprit curieux et ouvert, et un passeur
admirable des cultures française et grecque.

Votre destin hors norme débute à Paris, où vous voyez le jour. « Il reste
toujours quelque chose de l’enfance », écrit Marguerite Duras. De l’univers
de vos parents, tailleurs, vous ne faites pas une vocation, mais vous
gardez un goût immodéré pour l’élégance en toutes circonstances, qui est
devenue votre marque de fabrique à l’écran. De vos premières passions,
Claude François, les costumes pailletés, le chant, la musique et la scène,
nous pouvons mesurer aujourd’hui l’influence sur tout votre parcours.

De votre double culture franco-grecque, nourrie et forgée dans votre famille
et au pensionnat grec de Châtenay-Malabry, où vous rencontrez votre père
spirituel, l’Archimandrite Dionisos, vous retenez une profonde conscience
humaniste et européenne. C’est cette culture européenne, que vous
incarnez éminemment, qui a fait de vous le co-Président, aux côtés de mon
collègue Jean-François Lamour, du jury du concours européen « Envie
d’agir », qui récompensait en 2005 de jeunes porteurs de projets. Et c’est
cette même envie de partager et de transmettre votre expérience concrète
de la richesse d’une double culture qui vous a poussé, au lendemain des
émeutes qui ont secoué les banlieues en 2005, à publier un article dans Le
Figaro, dans lequel vous avez rappelé combien il est essentiel de connaître
ses racines pour avancer dans la vie.

Oui, de l’enfance il reste toujours quelque chose.

Et d’abord cette audace et ce charisme à toute épreuve, qui ont tracé, à
grande vitesse, votre double destin journalistique et artistique. A 18 ans
seulement, parallèlement à vos études de littérature à la Sorbonne, vous
devenez journaliste pour RFI, où vous tirez les dépêches de la nuit. Vous
animez ensuite les matinales sur Radio France et sur Radio Notre Dame,
pendant deux ans, aux côtés de Monseigneur Lustiger. Vous éditez
également, pendant cinq ans, depuis la Sorbonne, et sur vos propres
deniers, un magazine culturel et littéraire franco-hellénique.

Parlant couramment le français, le grec, l’anglais, l’espagnol et l’italien,
vous êtes rapidement et justement repéré par Euronews. A 24 ans tout
juste, vous couvrez les conflits au Kosovo, et interviewez Madeleine
Albright, Yasser Arafat, mais aussi le nouveau Président de la République
de Grèce, Costis Stephanopoulos, une semaine après son élection en
1994. A votre demande, l’interview se déroule en grec et en français.

Plus
tard, c’est aussi en français que vous réalisez la dernière interview de
Mélina Mercouri avant sa disparition. Gérard Deck, ancien Directeur de la
rédaction d’Euronews, saluait votre « don de sensibiliser le public à
l’actualité européenne ».

Vous présentez le journal sur TMC depuis la rédaction d’Euronews,
lorsque vous devenez chroniqueur, puis rédacteur en chef de l’émission
« Union libre », sur France 2, avec Christine Bravo. Vous êtes, dans le
même temps, rédacteur et présentateur en chef du journal télévisé de
20h30 sur la chaîne grecque Alter Chanel.

Inlassable, infatigable, toujours avide de relever de nouveaux défis, vous
vous lancez en 2001, sur TF1, dans la présentation d’émissions de
divertissement, et notamment la Star Academy, qui réalise chaque année
des records d’audience. Vous transformez tout ce que vous tentez en
magnifique réussite, et le succès de l’émission « 50 minutes inside », dont
TF1 vous a récemment confié la présentation, ne me démentira pas.

Vous présentez également, depuis 2005, une émission culturelle sur LCI,
« Ça donne envie », dans laquelle vous avez déjà donné la parole à de
nombreuses personnalités confirmées et à des jeunes talents du monde
culturel, d’Éric-Emmanuel Schmitt à Bianca Li, de Michel Onfray à Marie-
Claude Pietragalla. Vous poursuivez, à l’écran, vos amours littéraires, qui
nourrissent, en privé, vos conversations passionnées avec vos amis
Vassili Vassilikos – présent parmi nous, que je salue – Aris Fakinos, Jean-
Christophe Rufin, ou encore Patrick Poivre d’Arvor.

L’amour de la scène vous a également suivi pendant toutes ces années,
et vous l’avez mûri aux côtés de vos amis les plus fidèles, Stéphane
Cosnefroy, Nicolas Chabane, et, hasard ou juste retour des choses,
Claude François Junior. Vous avez fait vos premières armes dans la
musique avec eux, à vos vingt ans, et vous ne les avez jamais quittés
depuis. C’est d’ailleurs Nicolas Chabane qui vous offre votre première
occasion de vous faire dénicheur de talents, lors d’un festival dédié aux
Beatles. Le chanteur du groupe manquant à l’appel, vous plongez dans le
métro, pour trouver un guitariste qui s’improvise remplaçant. C’est le
premier de la longue liste de talents qui ont fait leurs débuts sur scène
grâce à vous !

Avec Stéphane Cosnefroy, vous organisez aujourd’hui des concerts au
profit de l’association Terry le petit ange, pour les enfants atteints du
cancer. Vous avez également créé un Festival de jazz, à Fiskardo, en
Céphalonie, face à Ithaque. Vous vous attachez enfin à mettre en lumière,
et à mieux faire connaître les nouveaux talents de la scène grecque.

Car vous êtes avant tout un fantastique passeur de cultures, entre la
France et la Grèce. En 2004, lors de votre participation à la cérémonie
des Jeux Olympiques d’Athènes, vous choisissez de vous adresser au
stade en français. Et inversement, vous avez fait chanter Patrick Bruel en
grec, dans une adaptation inédite de Casser la voix. Depuis deux ans,
vous écrivez chaque semaine, dans le Journal du dimanche grec, des
chroniques de la vie en France.

Vous avez participé à de nombreux évènements culturels francophones,
les États généraux de la francophonie, le Festival du film francophone, et
le Centenaire de l’Institut français de Thessalonique. Grand admirateur
également de l’engagement de l’Académicienne Jacqueline de Romilly en
faveur de l’enseignement du grec ancien, vous l’avez accompagnée,
l’année dernière, dans le lancement de son appel à témoignages auprès
de jeunes adolescents.

Vous vous êtes rendu, à ses côtés, à l’Institut de France, le 17 avril
dernier, pour remettre les prix aux dix jeunes lauréats du concours.

Je salue aujourd’hui un homme d’engagements, intuitif et audacieux,
travailleur et généreux, disponible, et ouvert. Un homme à l’énergie
extraordinaire, qui s’investit dans des projets aussi nombreux que divers,
au gré de sa curiosité sans fin et de sa belle sensibilité.

Nikos Aliagas, au nom de la République, nous vous faisons Chevalier
dans l’ordre des Arts et des Lettres.

Laisser une réponse