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Conférence de presse de lancement de la manifestation Luce di Pietra, en présence de Francesco Rutelli, du Maire de Rome, Walter Veltroni, de Henry-Claude Cousseau, commissaire général de l’événement et de nombreux artistes – Palais Farnèse à Rome

Monsieur le Vice-Président du Conseil, Ministre de la culture,

Monsieur l’Ambassadeur de France,

Messieurs les commissaires de l’exposition,

Mesdames, Messieurs,

Chers Amis,

Je suis très heureux de célébrer, à Rome, le cinquantième anniversaire du
Traité, et de lancer l’initiative du Label du patrimoine européen aux côtés
de mon ami Francisco Rutelli, Vice-Président du Conseil et Ministre de la
culture.

Et je tiens tout d’abord à vous remercier, Monsieur l’Ambassadeur, de nous
accueillir dans ce merveilleux Palais Farnèse, pour le lancement de « Luce
di Pietra » dans les hauts lieux du patrimoine de Rome, dont la France est
fière d’avoir la charge et d’assurer le rayonnement, avec des artistes dont
la renommée transcende les frontières.

La manifestation « Luce di Pietra » nous offre une magnifique illustration de
la fécondité et de la richesse des projets issus de la collaboration entre nos
deux pays. EIle est aussi emblématique du lien entre le patrimoine et la
création qui doit animer les politiques culturelles. La création illumine le
patrimoine. Il s’agit de la plus belle des résonances.

Je tiens à remercier chaleureusement les commissaires, Henry-Claude
Cousseau et Marcello Smarelli, qui ont invité parmi les plus grands artistes
français et italiens.

Ce sont quelques-uns des monuments les plus chargés d’art et d’histoire
qui sont revisités par nos artistes, mettant ainsi en exergue la place
nouvelle qu’occupe l’art contemporain dans la ville éternelle.

Je suis particulièrement heureux que certains de ces sites,
exceptionnellement ouverts au public à cette occasion, puissent être
restitués aux Romains le temps de cette exposition, marquant ainsi l’amitié
et la coopération entre nos deux pays, mais aussi la force de l’attachement
des citoyens de toute l’Europe à leur patrimoine.

Demain, je représenterai le Président de la République française au
Palais du Quirinal pour l’inauguration, par le Président de la République
italienne, de l’exposition « 50 ans du Traité de Rome », pour laquelle la
France a tenu à prêter une oeuvre majeure, Le Penseur de Rodin. Ce
cinquantième anniversaire du Traité de Rome revêt pour moi une
signification particulière.

Cinquante ans après la signature du Traité de Rome, nous avons devant
nous une nouvelle étape de la construction européenne, une étape
majeure, dont il appartient à notre génération d’inventer les formes et de
réaliser les solidarités concrètes. Il faut pour l’Europe une ambition
nouvelle. La culture est le vecteur de cette ambition. Elle l’est, car faire
vivre notre patrimoine, l’animer et le faire rayonner renforce l’identité de
chacun et permet d’aller vers l’autre ; car se sentir et enraciné et fier de
cet enracinement, est la meilleure réponse aux replis frileux, aux
communautarismes, à la peur de l’autre. Oui, la diversité et l’identité
sont des forces positives qui animent l’Europe. Elles sont les
déterminants de la confiance, les ressorts de nouveaux projets.

J’ai pu, hier soir, à mon arrivée à la Villa Médicis, dans ce lieu chargé
d’une histoire commune à nos deux pays, insister sur l’importance de la
place à accorder à la culture dans cette Europe que nous construisons
ensemble. La Villa Médicis est emblématique de ce que doivent devenir
les lieux de culture et de patrimoine : des lieux de vie, des lieux de
création. Il faut que chaque lieu de patrimoine s’imprègne de l’esprit de
la Villa Médicis ; soit à sa manière une Villa Médicis.

L’Europe et la culture doivent revenir au centre du débat public.
Le projet qui porte l’idée européenne depuis un demi-siècle souffre sans
doute d’un défaut d’attention à notre héritage culturel, alors même que la
réalité de l’Europe a été culturelle, bien avant d’être économique ou
politique. Si l’Europe a souvent conquis les raisons, elle doit encore
gagner le coeur de nos concitoyens. Or, l’unité et la diversité sont depuis
l’origine les deux fondements de la construction européenne, et ce sont
des fondements dont nous savons aujourd’hui qu’ils sont d’abord
culturels.

Seule une Europe des projets culturels est capable de graver dans les
esprits et les coeurs l’unité de l’Europe.

Je tiens à remercier chaleureusement mon collègue, Francesco Rutelli,
pour le soutien sans faille qu’il a accordé au nouveau label du
patrimoine européen, cette initiative, et je me réjouis que la place du
Capitole, site d’exception, hautement symbolique de l’Europe, reçoive le
label du Patrimoine européen. Cette proposition de l’Italie témoigne
brillamment de sa foi en l’avenir de ce classement, et de sa fierté d’y
figurer.

L’Europe de la culture, c’est aussi la circulation, la découverte et la
connaissance des artistes, des oeuvres et des idées. L’Europe est un
formidable creuset de cultures, d’expressions, de représentations, de
talents. En cette aube du XXIe siècle, qui est celui d’une véritable
révolution des technologies de communication, cette circulation est
facilitée, démultipliée, à l’ère numérique, et c’est une grande chance
pour la valorisation de la diversité culturelle. C’est une chance si les
pays et leurs responsables politiques s’unissent pour impulser cette
dynamique nouvelle.

Dans le cadre de cette ambition nouvelle, je pense en particulier à la
mise en place d’un réseau de librairies européennes, sur le modèle du
réseau de salles de cinéma « Europa cinémas », et dont le fonds de
commerce serait composé d’oeuvres d’autres pays européens, traduites
et en langue originale. Ce réseau pourrait être adossé à un observatoire
européen de la traduction.

C’est par la culture que nous donnerons une âme à l’Europe, c’est par
elle que nous cultiverons la conscience partagée d’appartenir à une
même communauté de destin.

Vive l’Italie ! Vive l’amitié franco-italienne ! Vive l’Europe de la culture !

Je vous remercie.

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