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Remise des insignes de Chevalier dans l’Ordre national du Mérite à Anne Parillaud

Chère Anne Parillaud,

Je suis très heureux de vous rendre hommage aujourd’hui pour vous dire
tout d’abord mon admiration personnelle, celle d’un amoureux de cinéma,
mais aussi la reconnaissance du public et de la République pour votre
contribution si précieuse au rayonnement de la culture française dans le
monde.

Votre popularité est immense. Elle s’appuie sur une carrière dense et
éclectique, qui a permis à des publics très divers de trouver en vous
l’incarnation d’un rêve de cinéma. Dans la comédie, le drame, le film
d’action, le film policier et même le film d’horreur, vous avez à chaque fois
su créer un personnage touchant et convaincant. Cette générosité d’artiste,
c’est celle que vous avez donnée à la fois aux oeuvres, aux metteurs en
scène, et bien sûr aux publics.

Je ne peux dresser ici, faute de temps, la longue liste des chefs-d’oeuvre
que vous avez illuminés de votre présence, de votre force, et de cette
fragilité, à fleur de peau, qui ont fait de vous une actrice si atypique et
attachante dans le paysage cinématographique français.

Je tiens à évoquer cependant votre collaboration précoce avec Alain Delon,
qui vous avait dirigée dans Pour la peau d’un flic et Le battant, dès le début
des années quatre-vingts. Ces films avaient rencontré un joli succès dans
les salles, et esquissé votre brillante carrière sur le grand écran. Et puis, en
1990, c’est la consécration : Luc Besson vous dirige dans Nikita. C’est un
véritable choc, une révélation.

Tout à coup, alors qu’on ne vous attendait pas dans un rôle aussi physique,
aussi noir, vous êtes devenue, en quelque sorte, une autre. Irais-je trop loin
en disant que cette expérience vous a transformée ? Elle vous a du moins
permis d’atteindre une célébrité et un succès extraordinaires. Pour ce rôle
magnifique, vous avez obtenu le César de la meilleure actrice : vous
n’aviez que 30 ans. Beaucoup de portes se sont alors ouvertes à vous, en
particulier aux États-Unis, où les studios se sont d’ailleurs rapidement
emparés de l’histoire pour en faire des réadaptations : la première au
cinéma avec Bridget Fonda, la seconde pour le petit écran, avec Peta
Wilson.

D’une jeune vampire dans Innocent blood, de John Landis, à la Reine mère
dans L’Homme au masque de fer, de Randall Wallace, aux côtés
notamment de Leonardo di Caprio, Jeremy Irons, John Malkovich, mais
aussi Gérard Depardieu, vous avez conquis le public américain, en
incarnant des personnages aussi divers que saisissants.

Depuis l’immense retentissement de Nikita, nous avons donc eu le bonheur
de vous voir dans des films très divers, du drame à la comédie, toujours au
service d’une création exigeante, et de grands noms du cinéma d’auteur,
Catherine Breillat, Claude Lelouch, ou encore Olivier Marchal. Faisant
confiance à des réalisateurs confirmés, comme à de jeunes talents, vous
tournez, en 2004, dans Terre promise, d’Amos Gitaï, et dans la comédie
intimiste de Cécile Telerman, Tout pour plaire, où vous donnez toute la
mesure de votre sensibilité.

A l’heure où approche la sortie de votre nouveau film, Demandez la
permission aux enfants, comédie sur le thème de l’enfant roi, je suis très
heureux d’honorer en vous une actrice qui occupe indéniablement une
place à part dans le cinéma français, comme dans le coeur du public.

Au nom du Président de la République, et en vertu des pouvoirs qui nous
sont conférés, nous vous faisons Chevalier dans l’Ordre du Mérite.

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