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Discours de Henri Paul, chef du cabinet du Ministre de la culture et de la communication, prononcé lors de la cérémonie de remise des insignes de Chevalier dans l’Ordre des Arts et des Lettres à Gisèle Tsobanian

Chère Gisèle Tsobanian,

Je suis très heureux de vous accueillir aujourd’hui, pour distinguer en vous
une grande femme de coeur, dans tous les sens du terme.

Celui, tout d’abord, de l’amour, et de la générosité, qui vous ont poussée à
fonder l’association « Les Toiles enchantées », en faveur des enfants
hospitalisés.

Mais celui, également, du courage, dont il vous a fallu faire preuve pour
mener à bien votre noble mission, et vous l’avez très joliment exprimé en
vous définissant comme « une idéaliste confrontée à une dure réalité ».

L’aventure des « Toiles enchantées » commence en 1994. Vous venez de
terminer votre travail, en tant qu’assistante de production, pour le film Un
Indien dans la ville. Quelques années plus tôt, alors que vous travailliez
dans la publicité, vous aviez offert un film à l’Association Enfance et
Partage, et vous aviez été particulièrement touchée, et émue, par ce projet.

A la sortie du film d’Hervé Palud, vous décidez donc d’organiser une
projection dans un hôpital, pour les enfants malades.

Votre rencontre avec le responsable de la communication de l’hôpital
Necker, qui accueille le projet avec beaucoup d’enthousiasme, est décisive.

Vous vous lancez tout entière dans cette magnifique aventure, déployant
une énergie rare pour rechercher des subventions, convaincre les
distributeurs de vous prêter des copies neuves des films, concevoir un
matériel de projection adapté, sensibiliser les hôpitaux, et, enfin, fonder
votre association, en 1997.

Depuis dix ans maintenant, vous êtes donc la bonne fée des « Toiles
enchantées », la marraine bienveillante, l’oreille attentive, l’âme même de
ce réseau d’amour et de solidarité que vous avez patiemment tissé, fil
après fil.

Depuis dix ans, votre équipe sillonne les routes de France, pour offrir aux
enfants hospitalisés des projections de films au moment même de leur
sortie en salle.

Vous contribuez à faire des hôpitaux de véritables lieux de vie, ouverts sur
le monde, et à la pointe de l’actualité culturelle. Vous offrez aux enfants la
possibilité de découvrir, en même temps que tout le monde, et sur grand
écran, les films en exclusivité.

Avec vous, les murs blancs des hôpitaux s’animent et se colorent, pour
laisser entrer la lumière, le rêve et l’espoir. Dans cette noble bataille,
vous avez su vous entourer des plus grands. « Est-ce qu’ils existent
vraiment les acteurs ? », vous a un jour demandé Pierre, un enfant de 6
ans. Quelle meilleure preuve que de les faire sortir de l’écran ?

Invités par « Les Toiles enchantées », des artistes se joignent donc
régulièrement à vous pour raconter leurs souvenirs de tournage ou
expliquer leur métier. Thierry Lhermitte, présent depuis le début, mais
aussi les Robins des Bois, Isabelle Nanty, Gérard Lanvin, Isabelle
Giordano, Clémentine Célarié, Elie Semoun, Benoît Poelvoorde, ou
encore José Garcia ont ainsi partagé des moments uniques avec les
apprentis cinéphiles.

Rendre le cinéma accessible à un jeune public malade dans les
établissements hospitaliers et valoriser son intérêt et les connaissances
cinématographiques de ces jeunes publics en leur présentant les films à
l’affiche, dès leur sortie nationale, ont conduit en 2007 un partenariat,
déjà bien engagé, entre le Ministère de la Culture (la délégation au
développement et aux affaires internationales) et les Toiles Enchantées
par la signature d’une convention les liant pour les quatre prochaines
années.

Je n’oublie pas, bien sûr, le Président de l’association, Alain Chabat, qui
a magnifiquement résumé l’esprit des « Toiles enchantées » : « Quand
les enfants ne peuvent aller au cinéma, c’est au cinéma de se
déplacer ! »

Oui, vous êtes une véritable femme de coeur. « Un coeur, écrit Paul
Eluard, n’est juste que s’il bat au rythme des autres coeurs ». Et le vôtre,
nous le savons, bat au rythme de tous ces coeurs d’enfants, que vous
faites vibrer intensément en leur ouvrant les portes du septième art.

Gisèle Tsobanian, au nom de la République, nous vous faisons
Chevalier dans l’Ordre des Arts et des Lettres.

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