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Signature de la convention Etat-collectivité territoriale de Corse pour la promotion de l’action culturelle et du patrimoine à Ajaccio

Monsieur le Président du Conseil exécutif de Corse, Cher Ange Santini,

Monsieur le Président de l'Assemblée de Corse, Cher Camille de Rocca
Serra,

Madame la Conseillère exécutive, Chère Simone Guerrini,

Mesdames, Messieurs les Elus,

Monsieur le Préfet de Région, Cher Michel Delpuech,

Monsieur le Directeur Régional des Affaires Culturelles, Cher François
Rodriguez-Loubet,

Chers Amis,

Je suis particulièrement heureux d'être avec vous aujourd'hui, à Ajaccio,
sur cette île de Beauté, sur votre île, fierté de la France, fierté de la
Méditerranée. Fille de la France depuis 1789 – et le jour où votre député
Salicetti, délégué à l’Assemblée des Etats Généraux, obtint que les Corses
soient régis par la même Constitution que les autres Français – elle en a
vécu les grandes heures et, avec Napoléon Bonaparte, elle en a même
écrit un très grand chapitre. Fille de la France, mais aussi profondément,
naturellement, chaleureusement, terre de liberté, de cette liberté chevillée
au corps, au coeur et à l’esprit, qui est votre héritage, votre histoire et votre
fierté.

Terre de volonté, de courage, d’amitié et d’hospitalité. En Corse, l’on
sait le prix des valeurs de la République. La Corse est une terre qui a
enfanté tant de héros, tant de patriotes, tant de serviteurs du bien commun.

On sait, en Corse, ce que c’est que l’égalité et la fraternité, l’universalité et
la ruralité, l’unité et la diversité, l’identité et la liberté. Tant de Corses n’ont
pas hésité à sacrifier leur vie pour cette liberté, lors des combats décisifs,
aux heures les plus sombres de notre histoire, lors de la première guerre
mondiale, qui laissa la Corse exsangue, et, bien sûr, lors de la seconde
guerre mondiale, en organisant la résistance dans les maquis. Nous
n’oublions pas que la Corse fut la première Région de France libérée. La
France, la République, la liberté, savent ce qu’elles doivent à la Corse.

Votre patrimoine, c’est d’abord cet héritage des valeurs que vous ont légué
vos pères et l’ensemble des générations qui se sont succédées sur cette
terre, au coeur de la mer, depuis la plus haute antiquité, en forgeant votre
identité et votre culture, et en l’enrichissant de leur travail et de leurs
créations.

C’est pourquoi le patrimoine culturel est une richesse inestimable, un
véritable capital qu’il faut préserver et mettre en valeur, un capital d’avenir.

Qu’il soit monumental, ou mobilier, il est, tout comme la langue, la
littérature, la musique, les traditions, les savoir-faire, votre bien commun,
constitutifs de l’identité et de la cohésion de votre société.

Oui, la Corse assume pleinement, librement, fièrement, cette histoire, son
histoire, notre histoire, car c’est aussi celle de la Nation. Et je suis très
heureux d’apporter aujourd’hui avec vous tous ma contribution à l’écriture
d’une nouvelle page de notre histoire commune, en signant la Convention
pour la promotion de l'action culturelle et du patrimoine, qui est à la fois le
fruit et la promesse d'un travail durable et harmonieux entre l'État et la
Collectivité Territoriale de Corse dans le domaine de la culture. Votre
région est depuis longtemps un modèle de dynamisme et d'équilibre en la
matière : dès la promulgation des lois de 1983 sur la décentralisation, la
Corse a été l’une des premières régions à demander et à réaliser le
transfert des compétences culturelles auparavant réservées à l'État.

C'est
donc tout naturellement, dans le droit fil de cette évolution, que la loi du 22
janvier 2002 relative à la Corse a attribué la définition et la mise en oeuvre
de la politique culturelle à la Collectivité Territoriale de Corse, en
concertation avec les départements et les communes, et avec
l'accompagnement de l'Etat. Cet accompagnement régulier a donné lieu à
de nombreux échanges, dans les dernières années, entre le conseiller
territorial en charge de la culture, Simone Guerrini, et le directeur régional
des affaires culturelles, François Rodriguez-Loubet, chacun entourés de
leurs services ; c'est leur collaboration et leurs efforts qui aboutissent
aujourd'hui avec la signature de cette convention, approuvée par le
Ministère et par l’Assemblée de Corse dans le courant de l’été 2006.

La signature de cette convention est un événement exceptionnel : ce
document capital définit le cadre d'un partenariat cohérent et équilibré
entre l’État et la Région, sur la base d’une claire répartition des rôles, des
obligations et des responsabilités réciproques. C'est dans le souci de
promouvoir toujours mieux le patrimoine corse et la culture sous toutes
ses formes, auprès de tous les publics, au niveau territorial, national et
international, que nous voulons nous engager clairement et explicitement
à poursuivre et à développer ce dialogue qui s'est noué entre l'État et la
Région.

L'État ne se désengage pas, comme je l'entends dire trop souvent : s'il
l'avait voulu, il aurait pu réduire son rôle à une veille, à une observation
passive des politiques mises en oeuvre par les collectivités locales en
matière culturelle, et à l’accompagnement dispersé de certaines de leurs
actions. En réalité, ce n'est pas du tout ainsi que je comprends la
décentralisation culturelle, et ce n'est pas ainsi qu'elle se déroule – et votre
région en est le meilleur exemple. L'État ne se désengage pas, il tient ses
engagements, il les renouvelle et les intensifie : je me suis ainsi
récemment engagé à soutenir deux grandes réalisations pilotées par la
Collectivité Territoriale de Corse entre 2007 et 2013, que sont d'une part
la création d’un centre de conservation préventive du patrimoine, à Calvi,
et d'autre part la rénovation du couvent Saint François, à Bastia, qui
accueillera l’École nationale de musique et de danse, le Fonds Régional
d’Art Contemporain, et le Centre méditerranéen de la photo. Ce sont ainsi
plus de quarante millions d'euros qui sont apportés par l'État pour
accompagner la création ou la restauration d’équipements culturels, scène
régionale, médiathèques, bibliothèque patrimoniale ou structures d'accueil
dans des lieux de patrimoine.

L’Etat s’est également mobilisé pour intensifier son action dans le
domaine de la recherche archéologique, notamment de la recherche sous-marine sur tout le littoral de la Corse. Je veux d'ailleurs vous faire
part d'une bonne nouvelle, emblématique des succès obtenus grâce à
une coopération étroite entre le ministère de la Culture et les collectivités
locales de Corse : nous touchons à la fin de l’inventaire des objets
provenant des fouilles menées depuis 1978 par l’Archéonaute, navire de
recherches du ministère, sur les centaines d'épaves aujourd'hui
répertoriées dans les eaux corses. Nous allons donc pouvoir engager très
prochainement, afin que les collections passionnantes ainsi réunies
puissent être exposées dans des locaux appropriés, permettant à la fois la
poursuite des études scientifiques sur les objets, leur conservation et leur
présentation à l’ensemble des publics, notamment aux plus jeunes.

De tels résultats sont une preuve exceptionnelle et particulièrement
encourageante de l'efficacité et de la fécondité d'un dialogue régulier,
d'une coopération soutenue, entre l'État, le ministère de la Culture et de la
Communication, la Direction Régionale des Affaires Culturelles, et les
collectivités locales et territoriale. Je suis particulièrement sensible aux
questions qui touchent votre magnifique région, et j'ai toujours cherché à
développer ce dialogue, cette écoute réciproque, ce travail en commun. À
la demande de la Collectivité territoriale, j'ai ainsi soutenu très récemment
les évènements organisés par la Maison de la Corse, à Paris, à l'occasion
de l’anniversaire de la disparition de Pascal Paoli, cette grande figure,
universellement connue, du Siècle des Lumières.

J'ai tenu également à
promouvoir auprès de l’UNESCO l'inscription des polyphonies corses sur
la liste du patrimoine mondial : c'est à travers ce partenariat très étroit que
nous avons noué avec la Collectivité territoriale de Corse, mais aussi
parce que cela répond à ma conviction la plus intime, que je veux
continuer à défendre cet héritage musical unique, ce patrimoine
exceptionnel que vos artistes savent si bien faire vivre et faire rayonner,
en Corse, en France et sur bien des scènes internationales. L'État et la
Collectivité Territoriale de Corse ont également su s'associer pour porter
le projet de « centre de musiques traditionnelles » du cortenais ; c'est
sans doute en particulier grâce à cette longue collaboration que les chants
polyphoniques corses, qui portent un peu de l'âme de votre île, sont
aujourd'hui appréciés sur tous les continents, depuis les États-Unis
jusqu'au Japon.

C'est pour tout cela, pour ces résultats concrets, qu'il serait trop long
d'énumérer ici, pour cet enrichissement mutuel, que je veux remercier ici
tous les acteurs de cette coopération si féconde. Je ne puis rien souhaiter
de mieux que de voir ce dialogue, cette écoute réciproque, ce climat
d'entente et de confiance, ce travail commun, se poursuivre et se
développer à la faveur de la Convention que nous allons signer
maintenant.

Je vous remercie.

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