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Ouverture du colloque « L’avenir du livre », dans le cadre de la mission Livre 2010

Mesdames, Messieurs,

Le livre est un Héritage. Le livre est notre Héritage. Car il est avant tout symbole de civilisation, de culture, de connaissance. Le livre nous est venu de loin, inscrit dans la longue durée des historiens. De l’invention de l’écriture à l’émergence des religions du livre, depuis cette Grande découverte que fut l’imprimerie jusqu’à l’émergence de la liberté dans ses acceptions politiques, religieuses, scientifiques, le livre a été simultanément le vecteur et la substance de l’émancipation humaine. Aussi est-il naturel pour nous tous d’envisager avec angoisse et terreur l’annonce de la disparition du livre. Cette disparition qu’elle soit tantôt fantasmée sur le mode millénariste, tantôt invoquée sur le mode futuriste, réveille en nous tous, une inquiétude fondée. Car c’est cet héritage de liberté, d’autonomie, d’imagination que le livre incarne et que nous sentons aujourd’hui confusément menacé. Et notre instinct commun d’amis de la liberté et des arts ne s’y trompe pas. Il se joue quelque chose de notre civilisation dans ce passage, dangereux.

Le livre est notre héritage. Mais il en est un autre que nous avons également en partage. Car l’héritage, c’est aussi le défi de notre avenir. C’est la politique publique du livre et de la lecture. En tant que ministre de la culture et de la communication, j’ai pu peser depuis 2004, l’importance pratique et symbolique de cette dimension. Cet héritage n’est pas multiséculaire, il nous renvoie quelque deux cents ans en arrière, vers les moments fondateurs de notre République. Dans cet inventaire, nous trouvons tour à tour l’héritage de la monarchie avec la Bibliothèque nationale, héritière de la bibliothèque de Charles V ; celui des Lumières de la Révolution avec le droit d’auteur, droit fondateur, mais aussi les fonds anciens de nos bibliothèques publiques ; les apports considérables qu’ont constitué, en leurs temps, la création du Centre national du livre, dont nous fêtons, comme j’aime à le rappeler, le soixantième anniversaire, l’insertion, puis l’épanouissement de la Direction du livre, au sein du ministère des affaires culturelles ; le réseau des bibliothèques publiques et plus près de nous, la législation sur le prix unique du livre ou sur le droit de prêt.

Cet héritage, ce patrimoine que nous avons en partage, sont-ils destinés à s’inscrire définitivement dans le passé, dans la Tradition ? Non. Et surtout pas, s’ils sont mis en mouvement, s’ils s’adaptent, s’ils se transforment. Je me refuse à condamner à l’immobilisme et à la nostalgie ces apports successifs de la civilisation, du savoir et de l’amour du livre. Voilà pourquoi nous sommes réunis ici pour évoquer ensemble l’Avenir du livre. Et sans grandiloquence je suis convaincu que c’est un peu de l’avenir de l’homme dont il sera question aujourd’hui, tant notre nature humaine a à voir avec cet assemblage de papier, d’encre et de mots qu’est le livre.

Ma politique du livre se veut nouvelle, car elle veut mettre en mouvement cet héritage. Et c’est tout le sens de la Mission Livre 2010. Mener une politique, c’est asseoir les projets sur la solidité et la confiance du présent.

Car l’avènement d’une politique nouvelle, la prospective ne doit pas laisser dans l’ombre le quotidien, l’aujourd’hui. C’est pourquoi en 2007, j’ai souhaité placer le livre et la lecture en tête des priorités budgétaires du ministère de la culture et de la communication. Un effort que j’ai souhaité quantitatif, avec un budget en augmentation de 7 %, soit 15 M d’euros supplémentaires. Mais c’est un effort que j’ai voulu aussi qualitatif avec la réforme de la taxe affectée au Centre National du Livre, démarche aussi indispensable que délicate à mettre en oeuvre. C’est avec fierté que je sais aujourd’hui une ressource supplémentaire permanente de 14 Millions d’euros affectée au CNL, où planait depuis trop longtemps le spectre d’une crise budgétaire risquant de remettre en définitivement en cause cet outil central de la politique publique du livre.

De l’argent certes, pour répondre aux attentes immédiates, mais c’est insuffisant à l’heure où se profile, pour reprendre une formule chère à l’historien, une Grande Transformation.

L’entrée dans l’ère numérique soulève espoirs et désillusions. Je me refuse à y voir de manière univoque l’annonce de catastrophes industrielles ou l’aube d’un jour nouveau où l’homme verrait ses capacités et ses talents démultipliés par les prodiges de la technique. J’ai souhaité regarder le numérique en face, sans tabou ni fausse conscience, car c’est l’avenir du livre et c’est l’avenir de l’homme qui sont en jeu. Cette Grande Transformation nous donne l’opportunité de sonder et d’expertiser la politique publique du livre et de la lecture, en vue d’anticiper et d’accompagner le changement, au côté de tous les hommes et les femmes qui font et sont le livre aujourd’hui, en 2007.

De manière plus pragmatique, Livre 2010 est aussi une méthode nouvelle pour réformer l’Etat, à l’heure d’évolutions profondes. Comment imaginer la permanence de nos institutions et de nos méthodes, lorsque l’on se retourne sur les progrès accomplis depuis deux siècles ? Un raisonnement tout aussi valide lorsque l’on considère les vingt dernières années et, pour ne prendre qu’un seul exemple, l’évolution profonde d’un secteur comme l’édition qui dans cet arc de temps s’est fortement massifié et concentrée au plan économique. Il serait illusoire et vain de cantonner l’Etat à l’évocation du bon vieux temps, ou à la perpétuation de formes économiques archaïques. Car refuser de regarder cette réalité, c’est se condamner à l’inaction, au passéisme et se rendre incapable d’accompagner tous ceux qui oeuvrent à la perpétuation des valeurs de diversité dont le livre est indissoluement le symbole absolu. C’est l’efficacité, la crédibilité et la pérennité de la politique publique du livre et de la lecture qui sont en jeu aujourd’hui. Sans catastrophisme, ni soupçon de retrait de l’Etat, Livre 2010 est au coeur d’une volonté de réforme et de refondation d’une nouvelle politique du livre.

Le premier enseignement que je retire à l’heure d’un bilan d’étape des travaux remarquables de Livre 2010 est une conviction quant à la pérennité du rôle de l’Etat. Mais c’est d’un Etat stratège dont le livre a besoin aujourd’hui, un Etat recentré pleinement sur ses fondamentaux que sont l’évaluation, l’analyse, la proposition, le contrôle.

Ces missions de plein exercice sont les fondamentaux d’une politique culturelle dont les maîtres mots sont identité et diversité.

Sans Livre 2010, je n’aurais pas de certitudes aussi fermes à vous livrer. Et c’est à vous tous qui avez contribué à cette démarche que je dois cette vision. Et je voudrais dire un mot de la méthode Livre 2010, car elle me semble innovante dans le moyen de répenser les missions de l’Etat. Transparence et décloisonnement sont ses deux maîtres mots. Mais que serait la méthode sans des hommes et des femmes pour la mettre en oeuvre ? Ma gratitude est immense, à la mesure de la tâche entreprise par Benoît Yvert, le directeur du livre et de la lecture et Sophie Barluet. Je tiens à les remercier chaleureusement ici devant vous, ainsi que tous ceux qui ont apporté leur pierre à cet édifice. Et ils furent nombreux, dans le cadre de 11 tables rondes, réunissant près de 200 intervenants venus du secteur public et du secteur privé, professionnels, fonctionnaires, experts, universitaires. Et leur assemblée témoigne à elle seule de la richesse d’hommes et de femmes dans lequel le livre s’enracine.

Pourtant cet enthousiasme s’estompe lorsque l’on constate que de cette puissante et savante compagnie se dégage une inquiétude, certes encore diffuse, mais bien présente. C’est avec une pointe de tristesse que j’ai envisagé ce message d’alarme. J’ai entendu l’expression de cette crainte. Elle est fondée au regard des bouleversements technologiques et économiques. Mais je ne suis pas prêt à faire mienne la peur d’un monde d’où le livre serait absent, où la part d’humanité que recèle l’écrit se verrait supplanté par la technique et ses écrans. La perfection de la technique ne peut pas totalement obscurcir l’être, dont le livre est l’indissociable expression.

Pour répondre à cette alerte, à ces attentes, je préconise de dégager deux priorités. La première consiste à anticiper le devenir numérique du livre, c’est à dire à perpétuer devant nous, dans l’avenir son essence, en prenant en compte les technologies émergentes. La seconde vise à promouvoir les médiateurs du livre ; car la médiation vers le livre est au croisement de deux valeurs fondamentales, l’indépendance et la qualité.

Au coeur de la démarche actuelle, la conviction concernant le devenir numérique du livre est apparue tout à fait décisive. Déjà fort de l’enseignement et des évolutions en cours dans le domaine de la musique ou de la presse, j’ai la conviction qu’il revient à l’Etat d’anticiper le changement et d’accompagner les acteurs dans ces évolutions.

En l’espace de trois ans, que de signes annonciateurs, que de bouleversements, pour un secteur que l’on a dit protégé, étant donné la substance particulière du livre. Après l’industrialisation du signalement, la mise en dialogue d’immenses bases de données, la numérisation de masse, voici surgir de nouveaux prodiges. L’émergence de nouvelles technologies, comme l’encre électronique et la commercialisation de terminaux de lecture souples et économiques, font craindre l’émergence d’un système capable de ravir au livre sa prééminence comme l’i-pod à pu le faire pour les supports de la musique. L’émergence d’un commerce de masse en ligne pour le livre est l’un des visages de la Grande Transformation qui est en marche.

Nous sommes à l’aube d’une mutation historique, la plus importante depuis l’imprimerie, à n’en pas douter.

Ces évolutions brutales et erratiques ajoutent aux difficultés que connaissait déjà le livre. Objet du temps long, de la réflexion, le livre était déjà victime de l’accélération des échanges et de la médiatisation à outrance dont les corollaires destructeurs sont immédiateté, contingence, obsolescence rapide. Les inquiétudes concernant la réduction de la durée de vie des livres en librairie, trahissent bien la menace pesant sur l’essence même du livre. Le livre serait-il en train de devenir mortel ? Crise des sciences humaines, crise du roman, crise des idées inutile de dépeindre plus avant les symptômes du mal, vécu ou imaginé, mais dont les effets psychologiques sont destructeurs.

Par ailleurs, l’insuffisante reconnaissance des acteurs du livre par la nation, patente depuis fort longtemps, ne fait que renforcer les effets destructeurs de la Grande Transformation enclenchée.

Le numérique prend les traits d’une menace protéiforme, anarchique et diffuse. Il corrompt la régulation du savoir, les hiérarchies établies, mêle le vrai et le faux, conteste la propriété des droits.

Il ne me revient pas de faire des prédictions quant à ce que sera le livre dans l’avenir. Mais je ne peux que répudier la débâcle millénariste (le livre est mort ou il prendra le maquis) ou l’enthousiasme évangélique (organiser l’information mondiale). J’ai la conviction que livre, en renforçant son esthétique, assurera sa permanence en tant qu’objet, mais l’information ne sera plus son apanage. Et c’est en persistant dans son être qu’il survivra.

Je souhaite délaisser les poisons jumeaux de la stérile lamentation ou de la nostalgie des riches heures d’antan. Je souhaite regarder l’avenir en face. Un avenir où le numérique a vocation à être maîtrisé et régulé.

Et il revient à l’Etat d’accompagner les acteurs du livre dans ce changement technologique et économique. C’est l’objet – et toute l’originalité – de la commission pour la politique numérique instituée au Centre national du livre. En 2007 les 10 millions d’Euros qui lui sont affectés sont dévolus au grand projet de Bibliothèque numérique Européenne, initiative pionnière et structurante à l’échelle du continent. Mais je souhaite que ces crédits puissent être mobilisés, en tant que de besoin, vers l’ensemble des acteurs et notamment vers ceux les plus menacés et les moins armés pour envisager l’avenir numérique du livre.

L’autre grande priorité que je retiens du premier bilan d’étape de Livre 2010 concerne le caractère prioritaire de la défense et de l’illustration des médiateurs du livre : auteurs, éditeurs, libraires, bibliothécaires. A l’heure où l’anarchie numérique menace, je souhaite les conforter, car ils sont seuls capables de structurer un paysage en mouvement. Je tiens à leur rendre hommage ici devant vous tous. Je tiens à rendre hommage à tous ceux qui nous donnent le goût de lire des livres, qu’ils soient enseignants, critiques, jurés des prix littéraires, journalistes de l’ensemble des médias y compris le web. C’est une politique publique à part entière que de soutenir les médiateurs du livre dans leur diversité. Elle me semble devoir être réaffirmée et refondée, en s’attachant à l’ensemble des maillons de la fameuse chaîne du livre.

Vous, auteurs, devez être placés au centre du système en tant que créateurs. Vous êtes à la base de la création et les conditions de production de votre création doit être favorisée sans bouleverser son économie, particulièrement fragile. Je préconise aussi l’établissement d’une franchise fiscale de 20000 euros sur l’ensemble des droits d’auteurs perçus au long d’une année. Parallèlement, les traducteurs, à la fois recréateurs et passeurs de culture, feront l’objet d’aides renforcées. Acteurs indispensables de la diversité et de la circulation des oeuvres, je souhaite les accompagner pleinement.

Vous, éditeurs devez devenir partie prenante de la politique publique du livre et de la lecture. Je souhaite briser l’idée reçue qui, chez quelques esprits chagrins, fait de vous les éternels boucs-émissaires des difficultés actuelles Mieux connus et mieux reconnus, vous constituez les partenaires naturels de l’Etat en matière de livre et de lecture. Vos maisons constituent notamment le pivot d’une politique numérique moderne et ambitieuse au service du livre. Je suis heureux de voir Serge Eyrolles assumer, en plus de ses lourdes charges, la présidence de la commission Politique numérique du Centre National du Livre. De même, pour inscrire dans la durée l’accompagnement de l’Etat, j’ai souhaité que soit créée une aide à la collection, qui faisait depuis longtemps défaut dans l’arsenal des aides publiques à l’édition. Enfin, je souhaite que vous soyez mieux accompagné à l’export et plus présent à l’international.

Vous, libraires, êtes ma priorité. Car vous êtes aujourd’hui devant un défi à la mesure de celui que vous avez relevé en 1981, grâce à la loi sur le prix du livre. Baisse de la rentabilité, hausse des loyers des commerces de centre ville, coût élevé de la main d’oeuvre qualifiée nécessaire pour accompagner l’acte d’achat, réduction de la durée de vie du livre, faiblesse des remises, vous cumulez les handicaps. Entreprises, vous faîtes face à toutes les difficultés qui sont celles des entrepreneurs dans le monde d’aujourd’hui : coût du travail, difficultés de transmission, charges liées au commerce en centre ville. Entreprises culturelles, vous devez surmonter les obstacles liés à la commercialisation de biens spécifiques et symboliques à l’heure d’une révolution technologique.

Comme en 1981, mais sur un mode différent, l’Etat a vocation à vous accompagner pour surmonter ces difficultés. Car si vous disparaissez, c’est tout un pan de la diversité culturelle qui s’effondre. L’aménagement culturel du territoire a un coût et je suis prêt à l’assumer. Je vous propose un pacte à deux niveaux. Tout d’abord je souhaite envisager avec vous les modalités de mise en oeuvre d’une labellisation de vos librairies. Un label librairie indépendante visible et compréhensible par l’ensemble de nos compatriotes est de nature à vous inscrire dans le paysage comme commerce culturel de proximité et de qualité. Une place à part que vous méritez. Ensuite je souhaite porter une politique d’aménagement culturel du territoire par une réforme des aides et par une fiscalité incitative. Les outils sont multiples et je souhaite les mobiliser tous.

Au niveau étatique je vais dans les prochains jours signer avec mon collègue Renaud Dutreil le protocole FISAC, afin de reconduire pour trois ans ce dispositif stratégique. Je vais engager avec Bercy une démarche afin que soient annulés les effets destructeurs de la hausse de la TACA sur vos commerces.

Enfin les aides CNL seront renforcées pour vous accompagner efficacement dans la durée.

Parallèlement avec l’accord du ministre délégué aux collectivités locales, Monsieur Brice Hortefeux, j’ai décidé de réunir l’ensemble des instances représentatives des collectivités territoriales (Association des Maires de France, Association des Présidents de conseils régionaux, Association des Présidents de conseils généraux) pour mettre au point un dispositif d’aides locales aux librairies, dans la lignée de la loi Sueur et compatibles avec la réglementation européenne. Je souhaite porter sans délai une politique d’aménagement culturel du territoire dont le pivot est le réseau de librairies indépendantes.

Les bibliothèques sont l’autre grand acteur de cet aménagement et je souhaite rendre un hommage solennel aux professionnels qui les animent. Vous bibliothécaires êtes le rempart de la République partout sur le territoire. Vous animez, enrichissez, conservez les collections des bibliothèques publiques qui sont le plus bel instrument de promotion sociale, éducative et culturelle de notre pays. A l’heure où l’intolérance ou l’exclusion font rage dans certaines portions de notre territoire, il vous revient de faire exister l’espace de la bibliothèque lieu où règne la devise « liberté, égalité, fraternité ». Que vous exerciez dans une métropole de province, à la Bibliothèque nationale de France, dans un grand établissement scientifique et technique, une bibliothèque départementale de prêt ou une université, vous mettez en oeuvre les valeurs républicaines. Je souhaite qu’une grande loi, à l’image de celle qui fut portée en son temps pour les Musées, soit consacrée aux bibliothèques. C’est une manière d’inscrire dans le texte sacré qu’est la loi vos missions communes dans votre diversité que sont la conservation du patrimoine, l’accès pour tous à la culture, la démocratisation des savoirs et la poursuite de l’aménagement culturel du territoire.

Enfin, Livre 2010 plaide pour un Etat stratège, et je formule à mes propres services le souhait de les voir se réformer afin d’avoir d’avantage prise sur le réel. Dans la simplicité, nouvelle organisation, nouveaux services, nouvelles méthodes, nouveaux moyens, je laisse le soin à Benoît Yvert, Directeur du livre et de la lecture, le soin de vous dévoiler mes intentions en la matière.

En guise de conclusion, vous me permettrez de citer Stendhal et sa fameuse comparaison : « Le roman est un miroir que l’on promène le long d’un chemin ». J’élargirais cette image jusqu’au livre qui est depuis toujours le reflet de notre société. La crise du livre est dans l’air du temps, car nous sommes en un temps de crise. Au coeur d’un monde désenchanté que le livre a cru, a pu, un temps, réenchanter, l’afflux des informations, des médias, des messages brise le charme. L’homme se sent à la fois doté d’hyper puissance devant les nouveaux temps mais éprouve un sentiment de perte en laissant les vieux outils classiques, qui lui ont été si fidèles et si proches.

Ma conviction est que plus que jamais, en ces temps incertains, le livre est l’indispensable compagnon du changement. Nous avons besoin, selon la belle formule de Georges Steiner, « du silence des livres ». Mais pour trouver ce chemin vers l’introspection, vers la reconquête de soi, nous avons besoin de mains qui nous guident vers lui. Plus que jamais nous avons besoin de l’autre, du médiateur pour voir clair dans l’océan d’information qui se déverse autour de nous, en flots continus.

Votre présence à tous, à l’heure où s’ouvrent les débats, illustre la permanence du livre et la détermination de ceux qui le servent.

L’avenir du livre, c’est nous. L’avenir du livre, c’est vous.

Je vous remercie de nous permettre de l’envisager avec confiance.

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