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Remise des Prix d’architecture du Moniteur 2006, Equerre d’Argent 2006 et Prix de la Première oeuvre 2006, au Grand Palais

Monsieur le Ministre, Cher Jean-Claude Gaudin,

Monsieur le Président du Groupe Moniteur, Cher Jacques Guy,

Mesdames, Messieurs,

Chers Amis,

Bienvenue au Grand Palais !

Je suis très heureux de vous retrouver ce soir dans ce lieu prestigieux, dans
cette nef monumentale. J’ai souhaité, vous le savez, qu’elle retrouve, depuis
sa réouverture en 2005, sa vocation artistique et culturelle. Vocation
confirmée, pour le présent et pour l’avenir, par la création d’un établissement
public, destiné à gérer une programmation audacieuse et innovante, avec
des manifestations culturelles de tout premier plan.

Nous en avons aujourd’hui à nouveau un très bel exemple, avec la remise de
l’Equerre d’argent. Depuis sa création en 1983, cette cérémonie annuelle est
un rendez-vous majeur pour le monde des architectes français et de tous
ceux qui, en France ou à l'étranger, se passionnent pour leurs travaux ; et ils
sont nombreux, comme le prouve le succès de cette manifestation, qui se
confirme chaque année.

Ce succès, cette passion, sont dus avant tout à la qualité et à l'audace des
productions de l’architecture française. J'ai eu très souvent le plaisir de m’en
rendre compte, lors de mes déplacements : les compétences
professionnelles des architectes français sont particulièrement appréciées
hors de nos frontières. Et ce n’est pas sans une certaine fierté que j'apprends
parfois que l'un d’entre vous a été sélectionné, dans tel ou tel pays, en
Europe, aux États-Unis, en Chine, pour la réalisation d’une oeuvre
architecturale qui fera date, et qui contribuera à renforcer le rayonnement et
le prestige de la France.

Parmi les multiples chantiers que mène le ministère de la culture et de la
communication dans le domaine de l’architecture, permettez-moi d’en citer
un qui nous tient particulièrement à coeur, celui de la Cité de l’architecture et
du patrimoine, lieu privilégié de diffusion, de réflexion, et de rayonnement de
l’architecture et du patrimoine. J’aurai le plaisir d’y faire une visite inaugurale
dans les prochaines semaines.

Pour cette 23ème édition des prix du Moniteur, vous m’avez invité à venir
remettre le Prix de l’Equerre d’Argent à un architecte que je connais bien. Je
lui ai en effet décerné, il y a un peu plus d’un mois, à l’occasion de la
cérémonie des Prix de l’Académie internationale d’architecture, le Grand prix
du ministère de la Culture et de la Communication, pour la réalisation, dans
le quartier de la Défense, de la très belle église Notre-Dame de Pentecôte.

Aujourd’hui, c’est pour l’extension de l’Hôtel de ville de Marseille que vous
avez choisi de distinguer l’oeuvre de Franck Hammoutène. Je tiens à vous
saluer tout particulièrement, Monsieur le Sénateur-Maire, cher Jean-Claude
Gaudin. Vous placez une nouvelle fois la belle ville de Marseille aux avantpostes
de l’innovation et de la créativité, en choisissant cet architecte dont le
talent s’exprime dans toutes les facettes du travail sur l'espace, depuis
l’architecture intérieure jusqu'aux lieux publics. Le jury international réuni cette
année par le Moniteur a en effet retenu, non pas tant les qualités d’un édifice
qui s’expose et qui s’impose dans l’espace public de la cité, mais plutôt les
richesses secrètes d’une réalisation souterraine, qui se glisse modestement
dans les profondeurs de la ville historique de Marseille, à deux pas du Vieux-
Port, juste derrière les façades en pierre de taille de Fernand Pouillon.

Nous sommes ici à l’opposé d’une architecture spectaculaire, ostentatoire,
monumentale, qui, nous le savons, tente parfois certaines collectivités
territoriales. Ici, rien de tout cela : les espaces souterrains de la
monumentalité nécessaire sont enfouis. Ils se cachent. Ils s’effacent, pour
laisser s'exprimer la cohérence d’un espace urbain. C’est dans cette espace
que s'inscrit désormais l'oeuvre de Franck Hammoutène, qui intègre de la
manière la plus harmonieuse qui soit les services municipaux, les espaces de
travail et de délibération, les lieux d’accueil et d’exposition, au coeur d'un
quartier longtemps délaissé. Il faut donc savoir gré, cher Jean-Claude
Gaudin, à la Ville de Marseille, d’avoir su opter pour la réalisation ambitieuse
et audacieuse d’une oeuvre qui place l’architecture au service de la ville, et
non pas le contraire.

Cette année, deux mentions spéciales ont été attribuées par le jury pour deux
projets remarquables par leur audace, leur conception et leur insertion dans
la ville : la passerelle Simone de Beauvoir, conçue et réalisée par Dietmar
Feichtinger ; en reliant le site Tolbiac de la Bibliothèque nationale de France
et le quai de Bercy, ce pont de 304 mètres est à la fois témoin et acteur des
transformations du paysage parisien. La deuxième mention spéciale nous
transporte un peu en aval de la Seine, le long du quai Saint-Bernard : il s’agit
de l’Atrium de l’Université Pierre et Marie Curie, conçu et réalisé par l’Agence
Périphériques, qui réunit Emmanuelle Marin, David Trottin et Anne-Françoise
Jumeau. Ce nouvel édifice, situé sur le campus de Jussieu, complète et
réinterprète brillamment le Gril d’Edouard Albert.

Le prix de la Première oeuvre est cette année décerné à Rémi Pascal et à
Pierre Bouillon, pour la réhabilitation d’une maison individuelle à Fleury-les-
Aubrais. Vous le savez, la question de la maison individuelle est au coeur de
nos préoccupations concernant l’aménagement de l’espace, et nombreuses
sont les interrogations qui subsistent sur le sujet. Il n’est donc pas anodin que
le jury de cette 23ème session des prix du Moniteur ait décidé de récompenser
une semblable restauration ; au-delà de la qualité exceptionnelle du projet
qu'ils distinguent, cela contribue à remettre l'accent sur la portée et la valeur
de ce type de travaux. Je suis en effet convaincu que l’héritage du tissu
pavillonnaire des années soixante, qui caractérise de nombreuses périphéries
urbaines, n’est pas une malchance, une fatalité à laquelle il faudrait nous
résigner, ou même qu'il s'agirait de combattre. C’est une réalité qu’il nous
appartient d'assumer, et dont les compétences architecturales les plus
engagées, les plus imaginatives, sont appelées à se saisir. Pour s’en
convaincre, il suffit de constater, à travers le travail de Rémi Pascal et de Pierre Bouillon, qu'un projet de réhabilitation peut parfaitement améliorer
l’image et l’usage de la maison individuelle, autant que lorsqu'il s'agit de
constructions publiques, souvent citées en exemples.

Dans cet espace majestueux du Grand Palais, qui marque un moment
singulier de l'histoire de notre architecture, nous avons le droit, nous avons le
devoir d’être ambitieux pour l’avenir de l’architecture française. L’action que je
mène à la tête du ministère de la Culture et de la Communication n'a d'autre
but que de vous accompagner dans cette ambition. La remise des prix du
Moniteur nous le montre chaque année, la France dispose, vous disposez, de
tous les talents nécessaires à la mise en oeuvre de projets architecturaux
audacieux et inventifs. Je le dis notamment à votre attention, cher Jacques
Guy : si la manifestation que vous organisez rencontre chaque année un
succès mérité, c'est parce qu'elle permet à tous ceux qui s'y intéressent de
« prendre la température » de l’architecture de notre pays, et que cet aperçu
qu'elle nous donne des compétences et des qualités des architectes français
est à la fois réjouissant et encourageant.

Dans le même esprit, du 16 au 18 mars prochain, la troisième session de
Vivre les Villes, conduite en partenariat avec les ministères en charge de
l’équipement et du logement, a pour objectif de mobiliser tous les acteurs de
l’aménagement de l’espace, pour mieux en faire partager les enjeux aux
Français. Je tiens aussi à souligner que les prochains Rendez-vous de
l’architecture, dont j’ai confié la présidence à Rudy Ricciotti, auront lieu au
deuxième semestre 2007. C'est dans ces rendez-vous que se manifestent la
vitalité et le dynamisme de l'architecture française.

Je veux féliciter ici tous ceux qui en sont les artisans, et tout particulièrement,
bien sûr, les lauréats de ces 23èmes Prix de l'Equerre d'Argent.

Je vous remercie.

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