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VŒUX A LA PRESSE – DISCOURS PRONONCE – Jeudi 18 janvier 2007

Mesdames, Messieurs,

Chers Amis,

Bienvenue à chacune et à chacun pour cette troisième cérémonie des vœux ! Elle est, pour moi, tout sauf rituelle ! Je tiens à vous dire combien je suis heureux et fier d’être le ministre de la Culture et celui de la Communication, en charge, au sein du Gouvernement, de tous les métiers de la presse et de la communication. Je vous adresse mes vœux les plus chaleureux et les plus sincères, ainsi qu’à toutes celles et à tous ceux qui exercent ces métiers.

Pour la plupart d’entre vous, je le sais, votre métier est beaucoupplus qu’une profession, il est une responsabilité, mais aussi unengagement, une éthique, une exigence, et d’abord une passion del’information, de l’actualité, de l’événement, de l’histoire en trainde se faire. Permettez-moi de vous dire que j’ai la même passion quevous, dans le respect, bien évidemment, de votre indépendance, de votreliberté. L’actualité est une contrainte. Elle est aussi une rencontre,elle est une chance.

Trop de journalistes paient cet engagement du prix le plus fort, celui de leur vie, en portant témoignage des conflits, des fractures, et des violences du monde. 2006 fut à cet égard une année noire. Depuis trois ans, près de deux cents journalistes, près de quarante collaborateurs ont ainsi perdu la vie dans l’exercice de leurs missions. Cela nous rappelle à notre devoir de tout faire pour que soient respectés et défendus, dans notre démocratie et partout dans le monde, le pluralisme et la liberté de la presse, valeurs fondamentales, principes fondateurs de notre République.

Préserver le pluralisme de la presse écrite confère à l’Etat une responsabilité particulière. Depuis trois ans, l’Etat a conforté durablement les conditions de l’indépendance économique et du développement futur de la presse. C’est sans précédent. Qu’il s’agisse de la modernisation des entreprises, d’actions innovantes, ou de la recherche d’une plus grande autonomie financière, par le renforcement de leurs fonds propres, par le biais de déductions fiscales applicables à l’impôt sur les sociétés ou aux dons aux fondations qu’elles vont créer. Dire cela n’est pas faire de l’autosatisfaction ; c’est affirmer une volonté dans la durée, cette volonté devra bien sûr prendre en compte toutes les évolutions nécessaires. Dire cela c’est aussi récuser solennellement les propositions d’interruption du système français des aides à la presse. Il n’en est tout simplement pas question. En tout cas, dans le crâne, dans l’esprit et dans les projets de ceux qui s’inscrivent dans la majorité présidentielle !

Cela est pleinement justifié par le fait que la liberté, l’indépendance et le pluralisme de la presse sont essentiels au débat démocratique.

C’est de valeurs, de leurs traductions en actes et en projets, que je veux vous parler aujourd’hui, au seuil de cette année décisive pour la France.

Valeurs de l’histoire et de la mémoire, qui sont au cœur des missions de ce ministère dont je suis fier. Plus que d’un devoir qui s’impose, il s’agit d’un travail qu’il nous revient de mener à bien, pour perpétuer et transmettre la mémoire, mais aussi pour lutter contre l’oubli. L’hommage solennel que le Président de la République rend aujourd’hui même, au nom du peuple français, aux Justes de la Nation, au Panthéon, est d’abord le témoignage de ces Françaises et de ces Français qui, aux heures les plus sombres de notre histoire, ont fait le choix de la tolérance, de la solidarité, de la fraternité, le choix du courage. En sauvant une vie, ils ont sauvé l’univers tout entier.

Cette part de lumière, cette part d’humanité, elle fait partie du patrimoine de notre pays, de notre culture, de notre identité, de nos racines. Notre patrimoine n’est pas fait que de ces belles et vieilles pierres qu’il nous incombe de protéger, de conserver, de restaurer et d’animer. Il est aussi fait de ces valeurs qu’il est de notre responsabilité de faire vivre, de faire partager et de transmettre.

C’est un très beau symbole de notre attachement à ces valeurs que le Premier Ministre ait annoncé, devant la magnifique cathédrale d’Amiens, les moyens supplémentaires en faveur du patrimoine, des monuments qui sont, partout en France, les témoins vivants de notre histoire. Je vois aussi un très beau symbole dans le fait que le premier geste du candidat que je soutiens à la Présidence de la République soit de rendre hommage, au Mont Saint Michel, à l’un des plus beaux fleurons de ce patrimoine, emblématique de la fierté de notre pays et de la force de nos valeurs.

Il n’est pas de mission plus urgente et plus importante pour l’avenir que de créer, sur la base de ces valeurs, une dynamique de réconciliation.

Telle est la mission de ce ministère. Tel est le sens de mon travail, mais aussi, au fond, de celui de l’ensemble des métiers de la culture et de la communication. Je pense, en leur adressant mes vœux à travers vous, aux artistes et aux techniciens du spectacle vivant, de l’audiovisuel et de la communication, à tous les créateurs, aux producteurs, aux diffuseurs, aux architectes, aux conservateurs, aux archéologues, aux professionnels du patrimoine, des archives et du livre, aux artisans d’art, à l’ensemble de ces talents, des compétences, des savoir-faire qui font la richesse, la diversité, le rayonnement de notre culture.

Je suis heureux et fier d’être le ministre de ces vocations et de ces métiers, de servir ces valeurs et d’agir au service de la culture.

Agir au service de la culture, c’est, je l’ai dit, sauvegarder et mettre en valeur notre patrimoine, en continuant à tout faire pour additionner les volontés et les énergies, après les décisions importantes qui ont été prises, en 2005 et en 2006, pour lui apporter les moyens nouveaux, pour faire fructifier ce capital d’avenir, que nous avons entre nos mains.

C’est implanter le Louvre à Lens, en plaçant la culture au cœur d’une véritable stratégie d’attractivité et de cohésion sociale pour une ville, pour une région, pour notre pays, pour l’Europe. C’est ouvrir le Musée du Quai Branly, dont le succès témoigne de la force du dialogue des cultures et des civilisations. C’est étendre l’influence de la culture française dans le monde, en permettant à nos plus grands musées de mener à bien de nouveaux projets de coopération scientifique et culturelle, comme celui que nous négocions avec les Emirats arabes Unis, comme avec la Chine, sans renoncer bien sûr à toutes les valeurs et à tous les principes sur lesquelles est fondée notre politique muséographique.

C’est permettre à la Comédie-Française de renforcer son rayonnement sur les écrans de France Télévisions et ses tournées en France et au-delà de nos frontières. C’est permettre au public enthousiaste de Pékin, il y a un peu plus d’un an, mais aussi à celui de Tours, après-demain, d’applaudir le magnifique ballet de l’Opéra national de Paris. C’est rouvrir la salle Pleyel et lancer le chantier de la Philharmonie de Paris.

C’est, grâce à l’action décisive du Président de la République, avoir obtenu la création d’un établissement public pour le Grand Palais. C’est accueillir, au Grand Palais, la vitalité et la diversité des talents des cultures urbaines, en leur permettant de rencontrer de nouveaux publics, dans une dynamique où, quelques semaines auparavant, la Biennale des antiquaires donnait un rayonnement mondial à la France, et quelques semaines avant qu’Anselm Kiefer se voit confier cet écrin pour une création monumentale.

Dialogue des époques, dialogue des expressions artistiques, dialogue des cultures. Respect pour chacun, sans cloison, mais avec réconciliation. C’est inscrire dans la durée le succès de la Force de l’Art, qui fait déjà partie du paysage des événements culturels français et internationaux, sans attendre la deuxième édition de cette nouvelle triennale. C’est bâtir sur l’Ile Seguin un nouveau pôle européen de création contemporaine.

C’est faire de chaque lieu une chance, en permettant, par exemple, à des milliers d’enfants et de jeunes qui ne partent pas en vacances de découvrir les richesses de notre patrimoine et de nos créations, au château de Fontainebleau, avant de la généraliser dans chaque région. C’est l’ouverture la plus large possible de tous les lieux.

C’est faire de la culture l’aspect fondamental du projet politique européen, par exemple, en créant, à l’occasion du cinquantenaire du Traité de Rome, le label du patrimoine européen.

C’est faire de l’entrée en vigueur de la convention de l’Unesco, voulu avec résolution par le Président de la République, dès le 18 mars prochain, un acte majeur, qui fonde durablement la reconnaissance européenne de notre système d’aides au cinéma, et justifie pleinement l’acquis de la relocalisation des tournages, réussie grâce aux crédits d’impôt en faveur du cinéma et de l’audiovisuel.

Agir, c’est faire prendre conscience de toutes les dimensions de notre capital humain et créatif, de notre rayonnement culturel. Le 5 mars prochain, ici, rue de Valois, pour élargir et approfondir le décloisonnement de la culture et le dialogue entre la politique, la culture, l’économie et la société que je n’ai cessé d’encourager depuis que je suis rue de Valois, ce que j’appelle l’alliance de l’immatériel et du matériel, je lancerai ici ce que je n’ai pas le droit d’appeler, moi qui suis respectueux du droit d’auteur, le « Davos » de la culture – si certains d’entre vous ont de bonnes suggestions de nom, vous êtes les bienvenus. La dimension européenne en sera un prolongement naturel. Les talents et les métiers artistiques et culturels méritent cette reconnaissance. Ce sera dans l’avenir une source de réflexions et de propositions qui inscriront notre culture et ceux qui la diffusent dans la dynamique du XXIe siècle. C’est la rencontre féconde, dans le respect, là aussi, des libertés de chacun, du monde politique, du monde économique, du monde culturel et artistique.

C’est enfin ouvrir, dans cette dynamique de réconciliation, le chapitre tant attendu, tellement nécessaire, d’une vraie politique de l’emploi dans le spectacle, qui repose d’abord sur les conventions collectives, dont les premières viennent d’être signées – certaines à l’unanimité des organisations d’employeurs et de salariés – et non plus seulement sur la réforme du système d’assurance chômage. Celui-ci, c’est certain doit être mieux adapté aux spécificités des pratiques d’emploi des artistes et des techniciens du spectacle. Le nouvel accord signé par les partenaires sociaux va dans ce sens. Il était nécessaire, mais pas suffisant.

Avec l’engagement fort de l’Etat, par le Fonds de professionnalisation et de solidarité, dont les allocations ont reçu une consécration législative, le soutien à l’emploi dans le spectacle est désormais assuré par les efforts conjugués : de la solidarité professionnelle, exprimée par les conventions collectives ; de la solidarité interprofessionnelle, exprimée par l’assurance chômage ; de la solidarité nationale, exprimée par le Fonds de professionnalisation et de solidarité.

Des améliorations doivent encore, évidemment, être apportées. Mais une page est tournée ; une nouvelle politique est construite et ses bases sont solides.

Agir, c’est, grâce à la loi relative au droit d’auteur et aux droits voisins dans la société de l’information, protéger et garantir les droits des créateurs, en permettant le développement d’une offre légale nouvelle, marquant l’avènement de l’ère numérique, qui concerne désormais chaque média et chaque Français.

Agir, c’est créer, par cette loi, toutes les conditions pour que les opérateurs et les distributeurs en ligne puissent offrir cette liberté nouvelle, ce droit nouveau, l’interopérabilité.

C’est préparer dès aujourd’hui l’avenir du livre en 2010, grâce à la réflexion prospective que nous avons engagée avec tous les acteurs de ce secteur, et grâce aux moyens nouveaux que nous avons obtenus.

C’est permettre à la France de jouer un rôle moteur au sein du projet de Bibliothèque numérique européenne.

C’est mener à bien les chantiers numériques que je vous présenterai ici même mardi prochain.

C’est définir la stratégie de l’audiovisuel public par des contrats d’objectifs et de moyens et conforter ainsi son avenir et son développement, avec une maxime : faire toujours plus ! Evidemment, ce n’est pas toujours facile d’y parvenir, mais, en, tout cas, c’est mon objectif !

C’est, avec le lancement réussi de France 24, et celui de la télévision numérique terrestre, qui a multiplié le nombre de chaînes gratuites par trois, passant de six à dix-huit, préparer dès aujourd’hui l’avènement de la télévision du futur, grâce au projet de loi, adopté par le Sénat, qui sera examiné à l’Assemblée nationale à la fin du mois, et qui placera la France en tête de cette nouvelle révolution industrielle et culturelle, la révolution numérique.

C’est, dans le même esprit, celui d’élargir et de renouveler l’accès à la culture, approfondir et prolonger notre action dans le domaine de l’éducation artistique et culturelle, désormais inscrite dans le socle commun de connaissances et de compétences pour tous les élèves sortant du collège, en jumelant chaque établissement d’enseignement avec une équipe artistique ou un lieu culturel.

C’est, dans ce domaine, l’un de ceux où ce ministère peut et doit jouer un rôle clé pour l’avenir de notre pays, placer l’éducation artistique et culturelle, qui est ouverture sur le monde, ouverture d’esprit, au cœur du projet éducatif et le lier à la politique culturelle, pour rendre la culture accessible à chacun.
Je voudrais remercier ici chacun et chacune d’entre vous. Chaque fois que vous écrivez une ligne, que vous faites un reportage, chaque fois que vous prenez du son, chaque fois que vous faites une image, chaque fois que vous ouvrez une colonne à la culture sous toutes ses formes, eh bien, oui, participez à cette mission définie par André Malraux : rendre accessibles au plus grand nombre les œuvres de l’humanité. Je vous le dis pour vous exprimer ma gratitude.

Permettez-moi, en ce début d’année, de dire haut et fort que sans les impulsions décisives du Président de la République en faveur de la Culture et de la Communication, sans les arbitrages constants et positifs de Jean-Pierre Raffarin et de Dominique de Villepin, jamais je n’aurais pu donner l’élan nécessaire à l’action de l’Etat.

Être présent, certains diront omniprésent, ne suffit pas. Être soutenu permet d’annoncer de bonnes décisions ! Et devant vous, je suis heureux et fier de remercier, et le Président de la République, et les deux Premiers Ministres, que j’ai servis et que je sers. Le défi de la période qui s’ouvre, où j’ai bien sûr encore de nombreux projets à faire aboutir, est de rendre possible l’addition des énergies et des talents, ce qui suppose le respect de chacun. Et ceux qui n’ont pas à l’esprit cet impératif, là aussi, de réconciliation, d’unité et de conjugaison des efforts, ne serviront pas leur camp.

Parce que ma résolution et ma détermination à m’engager fortement dans la campagne électorale me faisaient pressentir les frémissements d’une polémique inutile à ce sujet, je tiens à vous confirmer très clairement, après m’en être entretenu avec Nicolas Sarkozy, que la nécessité de renforcer les liens entre la culture et l’éducation nationale implique un renforcement du ministère de la Culture, qu’il n’est pas question de supprimer, mais, bien au contraire, de soutenir dans son ambition au service de tous les Français.

Son organisation – et ce qui lui est rattaché – devrait lui permettre de renforcer son poids politique. Car la culture est bien une mission régalienne de l’Etat.

Je préfère prévenir ceux qui seraient tentés d’entonner la vieille rengaine du désengagement de l’Etat, en rappelant que depuis 2002, le budget de la culture n’a cessé d’augmenter et que cette augmentation s’est accélérée depuis 2004. Entre 1997 et 2002, les moyens de la culture ont progressé de 300 millions ; entre 2002 et 2007, et en vérité entre 2004 et 2007, ils ont progressé de près de 600 millions d’euros. Quand j’ai rendu hommage à Dominique de Villepin et à Jean-Pierre Raffarin, je sais très bien ce que je faisais : vous en avez la traduction concrète. Oui, sous cette législature et avec cette majorité présidentielle, la progression des moyens alloués à la culture aura été deux dans la période précédente. Dire cela, encore une fois, n’est pas faire de l’autosatisfaction, c’est tout simplement créer les émulations nécessaires pour qu’à l’avenir, on fasse encore plus !

Passer de l’idéal de la culture pour tous, qui est à l’origine de la création de ce ministère il y a près de cinquante ans, à l’objectif de la culture pour chacun, aujourd’hui rendu possible par les acquis de la politique culturelle et les défis des technologies, c’est en effet un programme politique pour notre temps.

Ce ministère n’est plus le « ministère de l’impossible », comme on l’a parfois décrit, mais le ministère du possible, comme le prouve l’action que je suis fier de mener depuis trois ans et les projets que je viens d’évoquer.

Cette définition du ministère fait écho à la campagne présidentielle qui commence et à celle de Nicolas Sarkozy. Ce n’est pas un hasard. C’est le fruit de l’action. C’est une volonté. C’est un engagement. Mon engagement au sein de l’équipe de France qu’il a rassemblée, de la dynamique qu’il a créée, au service des Français, pour faire valoir mes idées et mes convictions.

On nous prédisait, et certains espéraient peut-être, une campagne d’images, de slogans, une campagne virtuelle, sans débats de fond, sans idées, sans projets. Je crois tout le contraire.

Le programme législatif de l’UMP, les propositions et les convictions de notre candidat font une large place à la culture. Elle n’est pas et ne doit pas être une fin de discours brillante, elle est le cœur même de notre volonté d’action, de rayonnement, d’attractivité. Elle est le symbole de l’unité nécessaire de la nation.

Parce que, loin de nous replier sur nous-mêmes, elle nous ouvre au monde. Parce que la culture est une force. Force de la diversité, face à la division. Force de l’identité, face à l’uniformité. Force du dialogue, face à la cacophonie des ambitions. Force du respect, face à la haine et au mépris de l’autre. Force de la fierté, face à la haine et au mépris de soi. Force de la passion, face à l’indifférence et à l’abstention. Force de l’esprit créateur et créatif, face à tous les matérialismes et à tous les conservatismes. Force de l’intelligence et du cœur qui secouent, qui dépassent les individualismes et les égoïsmes, pour forger un véritable projet collectif, une espérance partagée, une nouvelle confiance, une nouvelle alliance entre les Françaises et les Français de toutes origines, de toutes les générations, de toutes les couleurs de peau, une nouvelle énergie, pour une nouvelle réconciliation nationale.

Oui, la diversité culturelle une réponse décisive et positive à la mondialisation.

La culture est source de liberté d’esprit, de liberté de conscience. Elle est aussi source de nouveaux emplois, d’une nouvelle croissance, d’une nouvelle attractivité, ouverture sur le monde, main tendue à chacun pour renforcer la cohésion et la confiance de la France, pour donner à chacun de nouvelles chances d’épanouissement et de rayonnement dans le monde d’aujourd’hui.

A chacune et à chacun, bonne année !

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