Archives de 2006

Clôture du Forum européen des orchestres

18 décembre 2006

Monsieur le Président, Cher Ivan Renar

Monsieur le Directeur de l'Association française des orchestres, Cher
Philippe Fanjas,

Messieurs les Directeurs,

Mesdames, Messieurs,

Chers amis,

J'avais eu le grand plaisir de vous accueillir au Parlement européen de
Strasbourg, en juin 2005, pour l'ouverture d'une rencontre entre les
représentants des orchestres de 35 pays.

Je suis très heureux de vous accueillir aujourd’hui au ministère de la
Culture et de la Communication, pour clore cette réunion de travail du
réseau que vous avez constitué à l'issue de la conférence de Strasbourg,
réseau que vous avez intitulé le « Forum européen des orchestres ».

Chacun de ces mots, « forum », « européen », « orchestres », résonnent à
mes yeux de significations et de symboles singuliers, et auxquels je suis
particulièrement attaché.

Le mot « forum », tout d’abord, exprime votre souhait que les enjeux
artistiques et culturels portés par vos formations soient largement partagés,
discutés, débattus sur la place publique.

Le mot « européen », ensuite, affirme votre volonté d’inscrire votre action
dans cette communauté politique, mais avant tout culturelle, que nous
construisons aujourd’hui.

Et bien sûr, pour terminer, le mot « orchestres », assurément musical, mais
aussi symbolique d'une démarche commune et de la combinaison
heureuse de la polyphonie et de l'harmonie.

Je souhaite vous dire ici, clairement, combien j’adhère à votre démarche, et
combien je souhaite y contribuer, notamment en l'appuyant auprès de mes
collègues du conseil des ministres de l'Europe. Je partage votre conviction
que le projet politique européen, pour gagner l’esprit et toucher le coeur de
tous nos concitoyens, doit puiser sa force aux sources de l’Europe, qui,
nous le savons, sont essentiellement culturelles.

C’est tout le sens du Label européen du patrimoine que je souhaite
mettre en place, afin de mettre en lumière les hauts lieux de mémoire et
de création, les sites et les monuments emblématiques de l’identité
européenne, qu’ils évoquent notre passé commun ou qu’ils représentent
l’avenir que nous bâtissons ensemble, afin que le public le plus large
ressente et s’approprie cet esprit européen, cette identité culturelle qui
lie nos destinées depuis des siècles. Les musiciens ont toujours été de
grands voyageurs. Mozart, Liszt et tant d’autres précurseurs de génie,
se sont formés d’un bout à l’autre de notre continent, et je ne doute pas
que des hauts lieux de la grande aventure musicale européenne seront
distingués par ce Label.

J'avais eu l'occasion de dire à Strasbourg toute l'importance que
j'attache au rôle des orchestres, qui font vivre et élargissent un
répertoire formidable, qui associent à leur action territoriale une forte
capacité d'ouverture sur le monde, et qui jouent un rôle primordial dans
la circulation des oeuvres et des artistes.

Vos rencontres, vos réflexions et vos échanges sont une pierre
supplémentaire apportée à la construction de l’Europe de la Culture, que
nous appelons de nos voeux. Une pierre de touche, une clé de voûte,
puisqu’il n’est sans doute aucun autre domaine de la culture qui puisse
mieux exprimer les assonances comme les dissonances du concert
européen, l’irréductible polyphonie de l’art et de l’esprit, que nous
nommons la diversité culturelle, que celui de la musique. Oui, ce Forum
me touche profondément, parce qu’il exprime combien la culture, et plus
particulièrement le langage universel de la musique, est un fondement
essentiel du dialogue entre les peuples, dans notre pays, et au sein
comme au-delà des frontières de l’Europe.

La France, qui fut la terre d’asile de Rossini, de Liszt, de Chopin, de
Stravinsky, de Délius et de Martinu est toujours prête à s’enrichir de ce
que Henri Dutilleux appelle « le levain de l’étranger ». La musique
incarne par excellence la diversité créatrice, la rencontre de partitions
nouvelles, de couleurs inattendues, d’identités multiples. Cette diversité,
nous devons la préserver, l’encourager et la faire vivre, parce qu’à
l’heure de la mondialisation, et de la menace bien réelle de
l’uniformisation des cultures, il me paraît fondamental, fondateur, même,
d’affirmer haut et fort la grande et belle richesse des cultures du monde.

L’adoption, le 20 octobre 2005, de la convention de l’Unesco sur la
protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles,
marque à cet égard une avancée majeure, dont nous pouvons être fiers,
au regard du rôle moteur joué par la France. Comme nous serons fiers,
demain, le 19 décembre 2006, de la remise collective des instruments
de ratification de la communauté européenne et de plusieurs États
membres à l’Unesco, qui permettra à la convention d’entrer
effectivement en vigueur en 2007.

Aussi serai-je très attentif aux résultats de vos travaux et de vos
réflexions, dont je souhaite qu'ils permettent le développement
d'échanges, le partage d'expériences, et bien sûr, également,
l'accroissement de la circulation des oeuvres et des artistes, comme le
renforcement de la diversité de l'offre musicale à nos concitoyens
européens et aux mélomanes du monde.

Cette journée est porteuse de ces espoirs, de ces objectifs. La diffusion
des actes de la rencontre de Strasbourg, la création d'un site Internet
spécifique à votre réseau, et votre participation active aux réunions
internationales des organisations existantes, en sont les premiers jalons.

Je tiens à rendre hommage à l'association française des orchestres, à
son président Ivan Renar, et à son directeur Philippe Fanjas, qui ont su
apporter toute leur contribution et leur talent à ces actions communes.

Et
je compte sur l'énergie de chacun de vous pour que cette démarche
s'affirme et se développe.

La culture, la musique, ont, de longue date, montré le chemin d'une
Europe réunie autour de valeurs communes, et porteuse d'une diversité
culturelle à laquelle vous savez que je suis profondément attaché.

Je vous remercie, et vous invite maintenant à rejoindre les tables
dressées pour vous, afin d’ajouter un moment de convivialité à ce temps
de réflexion.

Remise des insignes de chevalier dans l’ordre national du mérite à Cyril Fergon

18 décembre 2006

Cher Cyril Fergon,

C’est un très grand plaisir pour moi de vous honorer aujourd’hui, et je ne
peux résister au plaisir d’évoquer les souvenirs qui nous lient, des
souvenirs très forts de cette époque fondatrice pour nous, pour les idéaux
que nous n’avons jamais cessé de poursuivre, avec cet enthousiasme qui
ne nous a jamais quitté. Cette époque fut celle de nos premiers pas dans la
vie politique, mais aussi, je tiens à le souligner, le prélude d’une très belle
amitié.

C’était au milieu des années quatre-vingt-dix, vous étiez alors chargé de
mission pour les relations avec les élus au cabinet de François Léotard,
Président du Parti Républicain, puis de l’UDF, cabinet que je dirigeais.

Titulaire d’un DEA de droit public interne et d’un DESS de contentieux et
procédure, c’est au barreau de Paris que vous avez aiguisé votre plume et
ciselé votre belle éloquence, avant d’affûter votre conscience politique, aux
côtés de Gilles de Robien, député de la Somme et maire d’Amiens, en tant
qu’assistant parlementaire, mais surtout au sein du Mouvement des
Jeunes Républicains, dont vous avez été Secrétaire général.

En avril 1993, vous plongez pour la première fois dans la vie trépidante
d’un cabinet ministériel, en qualité de Chargé des relations avec le
Parlement et les élus, auprès du Ministre d’Etat, Ministre de la défense,
François Léotard.

Vous contribuez au groupe de travail sur le Livre blanc de la défense, ainsi
qu’au groupe de travail sur la Loi de programmation militaire.

C’est en mai 1995 que vous devenez attaché parlementaire de François
Léotard, député du Var, avant de nous rejoindre au sein de son cabinet à
l’UDF, que j’évoquais tout à l’heure. Vous prenez ensuite la responsabilité
du conseil juridique en droit électoral pour l’UDF, ses candidats et ses élus.

Outre votre engagement politique, vous êtes soucieux de transmettre
votre double expertise, administrative et juridique, et vous avez enseigné
le droit public au Centre national de la fonction publique territoriale, et,
depuis 2000, vous êtes chargé de cours à l’Ecole de formation du
barreau.

Mais, ainsi que le disait l’homme qui inventa l’art de convaincre, Cicéron :

« Au métier qu’il connaît, que chacun se consacre. » Suivant ce bon
précepte, depuis avril 1997, vous êtes donc avocat au barreau de Paris,
collaborateur au cabinet Farthouat, Asselineau & associés, au sein duquel
vous êtes nommé le 1er janvier 2002, ce que je suis particulièrement
heureux de souligner devant votre confrère Christian Charrière-Bournazel,
élu il y a deux semaines dauphin de l’Ordre, et qui sera donc le prochain
bâtonnier de Paris.

Votre Guide du candidat aux élections municipales, publié chez
Flammarion en 2000, est pour moi une référence, car vous n’êtes pas
sans connaître mes ambitions pour la belle ville de Tours. Ce que moi, en
revanche, j’ignorais, et que j’ai découvert très récemment, avec beaucoup
de plaisir et d’étonnement, c’est que vos racines familiales puisent aux
même sources que mes liens du coeur.

Je vous croyais Percheron, perpétuant avec la ferveur que je connais
l’attachement de votre lignée à cette région magnifique, et honorant
obstinément chaque week-end, contre vents et marées, votre seconde
maison. Je vous ai découvert des ascendances surprenantes ! Arrière
petit-fils d’Henri Gouin, membre d’une grande famille de banquiers de
Tours, vous ne comptez pas moins de deux maires de la belle cité
ligérienne parmi vos aïeux.

L’Hôtel de votre famille abrite même aujourd’hui un musée, présentant la
collection de la société archéologique locale, fondée par Henri Gouin.

J’honore donc aujourd’hui non seulement un grand avocat, mais aussi un
homme d’action, à l’engagement solide et profond, et un ami fidèle.

Cyril Fergon, au nom du Président de la République, et en vertu des
pouvoirs qui nous sont conférés, nous vous faisons Chevalier dans l’Ordre
national du Mérite.

Bourse " Jeunes reporters " de l' Union des clubs de la presse de France et francophone

18 décembre 2006

Madame la Ministre, Présidente de la SNCF,

Monsieur le Président, Cher Philippe Tallois,

Monsieur le Secrétaire général, Cher Gérard Bordier,

Mesdames, Messieurs, Chers Amis,

Je suis très heureux d'être parmi vous aujourd'hui pour remettre leurs Prix aux lauréats de la
Bourse Jeunes Reporters. Je tiens tout d'abord à remercier l'Union des Clubs de Presse de
France et francophones, et plus particulièrement son Président, Philippe Tallois, pour son
action au service des journalistes et des professionnels de la communication. Espaces de
dialogue, de réflexion et de débats, les Clubs de la presse, présents dans toutes les régions
de France, et dans certains pays francophones, remplissent une mission essentielle
d'information, de diffusion et de relais pour les professionnels de ce secteur.

Communauté
professionnelle, mais aussi humaine, intellectuelle, et, pour ainsi dire, spirituelle, fortement
engagée, aux côtés de Reporters sans Frontières, dans la défense de la liberté de la presse,
ce réseau a également vocation à transmettre les valeurs fondamentales du métier de
journaliste aux jeunes générations, et ces bourses en sont une très belle illustration.

Le concours organisé par l'UCPF, en rapprochant les générations de journalistes en activité
depuis plusieurs années de leurs confrères ou futurs confrères, et en mettant résolument en
avant les exigences éthiques et les règles déontologiques qui unissent la profession,
contribue ainsi à renforcer cette communauté professionnelle, pilier de notre démocratie.

Je me réjouis que ces Bourses encouragent, stimulent et valorisent le travail de jeunes
journalistes autour du thème particulièrement décisif de la francophonie, et de ses
implications économiques, culturelles ou humanitaires hors de France.

Je tiens à féliciter très chaleureusement toutes celles et tous ceux qui ont participé à ce
concours, apportant la preuve du talent et du dynamisme des jeunes journalistes qui
prennent la relève aujourd'hui. Pour remporter cette Bourse proposée par vos aînés, vous
avez dû présenter un projet ambitieux et complet sur le plan de l'information, mais aussi
définir les moyens concrets nécessaires à la mise en oeuvre de ce projet et les pistes
envisageables pour diffuser votre reportage : vous avez ainsi montré, à la fin de votre
période de formation, ou au tout début de votre vie professionnelle, que vous disposiez de
toute la palette des talents qui font un journaliste sérieux et compétent.

Nous en sommes tous conscients, ce sérieux et cette compétence sont plus que jamais
indispensables. Le journalisme ne s'improvise pas : il est un métier, qui suppose de la
technique et de l'expérience. C'est pourquoi j'attache une très grande importance à la
formation des futurs journalistes, à la fois en tant que Ministre de la Communication et
comme élu de la ville de Tours, dont l'IUT de journalisme est l'une des écoles reconnues par
la profession. J'ai eu l'occasion de le dire, à plusieurs reprises, on ne naît pas journaliste, on
le devient !

Et cependant, au-delà d'un métier, le journalisme est également un engagement personnel.

Vous en avez tous déjà fait l'expérience, comme en témoignent vos travaux et votre
présence ici aujourd'hui.

Oui, le journalisme est un métier, une compétence, une passion. De votre professionnalisme
et de votre engagement, notre pays et notre monde ont plus besoin que jamais. C'est à vous
qu'appartient, dans un environnement marqué à la fois par de grands rapprochements et par
une forte tentation de rejet et de repli, de faire vivre la diversité culturelle et le débat d'idées.

Arthur Miller écrivait, en 1961 : " Un bon journal, c'est une nation qui se parle à elle-même. "

A vous aujourd'hui d'entretenir le dialogue de la société française avec elle-même, de porter
ce dialogue dans l'espace européen et au sein de la communauté internationale. Les Clubs
de la Presse sont, selon votre charte, et je puis en témoigner pour celui de la Région Centre,
que je connais bien, " des lieux ouverts par excellence " : à vous de susciter largement, par
votre travail, et en mettant en oeuvre un pluralisme authentique, cette même ouverture.

C'est précisément cette capacité d'ouverture qui m'a frappé à la lecture des travaux des deux
journalistes auxquels est accordée aujourd'hui la Bourse Jeunes Reporters, et dont vous
allez révéler les noms dans un instant.

Je tiens à les féliciter très chaleureusement et je leur souhaite d'assumer, tout au long de
leur parcours professionnel, cette grande responsabilité, avec toujours autant de passion, de
générosité et de talent.

Je vous remercie.

Réunion avec les présidents des associations de protection du patrimoine

18 décembre 2006

Madame, Messieurs les Présidents,

Je suis ravi de vous retrouver aujourd’hui après notre rendez-vous manqué
le 14 septembre dernier. Mais vous vous souvenez, j’avais de bonnes
raisons, puisque j’accompagnais le Premier Ministre à Amiens, où il a
annoncé l’affectation au Centre des Monuments Nationaux de 25 % du
produit de l’impôt sur les droits de mutations, soit 70 M- annuels, destinés à
financer des travaux de restauration sur des monuments de l’Etat. Je dois
dire que je suis particulièrement heureux du soutien de mes collègues du
gouvernement, à commencer par le premier d’entre eux, et de celui du
Premier Ministre, qui nous a permis progressivement de maintenir, puis de
conforter voire d’améliorer les perspectives de financement des
monuments nationaux.

La situation des monuments n’appartenant pas à
l’Etat s’en trouvera également améliorée et les récentes mesures adoptées
dans le cadre du projet de loi de finances pour 2007 ouvrent là aussi des
perspectives prometteuses. Cela a été un long travail et une aventure
collective, où chacun à son niveau, a eu un rôle à jouer. Je me réjouis de
l’important travail de coordination de la Direction de l’architecture et du
patrimoine en direction des services déconcentrés du Ministère et des
acteurs de terrain que vous représentez. Les rendez-vous réguliers, et le
dialogue que vous entretenez avec ce ministère sont à cet égard du plus
grand intérêt et je tenais à vous le redire.

Vous le savez, dès mon arrivée au ministère de la Culture et de la
Communication, j’ai manifesté un intérêt très fort pour l’ensemble des
questions liées au patrimoine. Je me suis attaché à nouer et à entretenir
des relations solides, durables et fécondes avec toutes celles et tous ceux
qui oeuvrent chaque jour, sur tout notre territoire, pour préserver et faire
vivre ce patrimoine. Et l’un de mes premiers objectifs a été d’associer
davantage les collectivités publiques et les acteurs privés par un meilleur
partage de responsabilités, qui tienne compte des réalités du terrain.
Notre patrimoine, c’est la mémoire, l’âme de nos villes et de nos régions.

Etroitement lié à la diversité de nos paysages, il porte la force, l’identité, la
singularité de chacun de nos territoires, de ses traditions, du tempérament,
de l’histoire, de la vie et des espoirs des hommes qui l’ont habité, et
l’habitent aujourd’hui encore. La restauration, la conservation, et la mise en
valeur du patrimoine répondent bien évidemment à des objectifs culturels,
de connaissance, de transmission et de partage. Mais elles portent
également des enjeux économiques, puisqu’elles constituent de véritables
filières, des sources d’emplois, de dynamisme et de richesses, à part
entière, en aval des décisions de politique culturelle. Oui, la culture est un
capital d’avenir, qu’il convient non seulement d’identifier, mais surtout de
mieux valoriser dans la compétition internationale, notamment parce qu’elle
participe pleinement à la stratégie d’attractivité globale de la France.

C’est pourquoi, dans ce domaine comme dans les autres, je crois
profondément en l’addition des énergies.

J’ai donc tenu à ce que les associations nationales reconnues d’utilité
publique soient associées de près à tous ces débats, dans le cadre de
cette instance de concertation, dont je salue le travail. Grâce à vous,
nous avons pu aboutir à un accord de fond sur plusieurs sujets
importants. J’ai également veillé à une meilleure représentation des
associations sur le terrain, notamment au sein des différentes
commissions, dont la commission régionale du patrimoine et des sites
(CRPS), ainsi que la commission nationale des monuments historiques
(CNMH). Je sais que c’est un point auquel vous êtes particulièrement
sensible.

L’heure n’est pas encore au bilan, mais néanmoins, en quelques mots,
je souhaitais rappeler quelques unes des avancées les plus
significatives de ces dernières années.

Un premier ensemble de réformes a pour objet l’entretien et la
restauration des monuments (1), d’autres actions concernent les abords
et les paysages (2).

1. L’entretien et la restauration des monuments

Le point de départ de toutes les réformes que nous avons menées à
bien dans ce domaine essentiel a été de considérer le propriétaire
comme le maître d’ouvrage naturel de la restauration de son monument.

Partant de ce principe, il était légitime qu’il puisse choisir son architecte
et que ses rapports avec l’administration soient simplifiés. C’est ce que
nous avons proposé par l’ordonnance du 8 septembre 2005 sur laquelle
vous avez, je le sais, beaucoup travaillé. Nous en sommes aujourd’hui à
la rédaction des décrets, le travail avance, mais je ne développerai pas
davantage parce que nous en avons déjà beaucoup parlé. Je reste à
votre écoute, bien entendu, pour traiter tel ou tel point particulier si vous
le souhaitez.

Je tiens en revanche à bien préciser à nouveau notre situation
budgétaire et à tenter une présentation claire des chiffres, après les
décisions importantes qui ont été prises et qui aboutissent à un nouveau
mode de financement des monuments de l’Etat.

J’insiste sur deux points importants :

1. je l’ai dit et répété : le niveau de consommation des crédits est resté
constant tout au long de ces quatre dernières années : soit environ 320
M- par an pour quelque 4000 chantiers.

2. Entre la loi de finances initiale 2006 et la réalité des crédits consommés,
il y a eu un différentiel de 43 M- supplémentaires, preuve s’il en est de la
bataille que nous avons menée pour obtenir des dégels de crédits et des
ajustements en cours d’année.

Après quelques épisodes houleux, nous avons ainsi réussi à maintenir
le cap et à éviter des catastrophes. La ténacité et l’acharnement dont nous avons tous fait preuve a permis une prise de conscience de
l’importance de la protection et de la valorisation de notre patrimoine,
non pas seulement à des fins culturelles, mais aussi à des fins
économiques, puisque le patrimoine, je le rappelle, génère un peu plus
de 500 000 emplois directs et indirects au plan national.

Pour 2007, le montant des crédits dédiés à l’action 1.1 du programme
patrimoine est de 378 M- : soit 220 M- de crédits de paiement, 18 M- de
fonds de concours et 140 M- affectés au Centre des monuments
nationaux. On atteint là un niveau qui devient satisfaisant et dont la
structuration au plan budgétaire, notamment par l’affectation de crédits
au Centre des monuments nationaux, devrait nous garantir une certaine
pérennité.

Monsieur de Lambertye, vous aviez procédé à une enquête auprès de
vos membres et des DRAC qui concluait que le montant des
subventions de l’Etat pour l’année 2003 avoisinait les 8%, soit 21 M-.

Nous serons bientôt en mesure, grâce à la mise en place d’un nouveau
logiciel, de permettre une lecture plus fine de nos financements et de
distinguer les travaux effectués par catégorie de propriétaires. Sur cette
base, je m’engage, pour ma part, à tendre vers les 10% du budget
attribué aux directions régionales des affaires culturelles en faveur des
propriétaires privés.

Pour en terminer avec la question des moyens et avant d’aborder la
deuxième partie de mon propos, je voulais rappeler qu’ont été votées en
faveur des propriétaires privés un certain nombre de mesures fiscales,
avec, dernier succès en date, l’extension du régime fiscal du mécénat
aux dépenses de conservation et d’entretien des monuments privés.

C’est une belle victoire qui, je l’espère, donnera lieu à de beaux projets.

Enfin, la possibilité d’avoir recours à des publicités sur les
échafaudages, à l’instar de ce qui se pratique en Italie, devrait aussi
lever des financements supplémentaires pour la restauration des
monuments, sur autorisation de la DRAC et sous réserve de certaines
conditions, que j’ai demandé à mes services de présenter de façon
claire.

La richesse du patrimoine, c’est aussi ce capital humain
d’entrepreneurs, d’artisans, et de professionnels du bâtiment, dont il faut
absolument préserver les savoir-faire, transmis de générations en
générations. Nous oeuvrons en ce sens, et nous avons obtenu que soit
créé un baccalauréat professionnel d’intervention sur le patrimoine bâti,
qui, je l’espère, suscitera de nombreuses vocations. Nous avons bien
entendu d’autres projets en matière de formation professionnelle, dont je
vous parlerai lorsqu’ils auront abouti.

Dans le même ordre d’idée, Monsieur Fontaine, je sais que ces sujets
vous tiennent à coeur, nous avons, dans le cadre de la loi relative au
développement des territoires ruraux, obtenu la réouverture des petites
carrières. L’arsenal réglementaire est enfin arrivé à son terme et je sais
que vous avez suivi de très près la préparation des mesures législatives
et réglementaires nécessaires à sa mise en oeuvre.

Dans le cadre de la convention qui nous lie à l’association française de
normalisation, l’AFNOR, nous nous efforçons de faire entendre la
spécificité du patrimoine bâti ancien. Il y a là des enjeux très importants
pour l’avenir de la restauration en France, dans un monde de plus en
plus concurrentiel, où il nous faut demeurer extrêmement vigilants sur
toute tentative de banalisation d’un secteur très spécifique.

2. Les abords et les paysages

Pour tout ce qui relève de la politique des abords et des paysages au
sens large, nous disposons actuellement de trois niveaux de gestion des
espaces protégés dans notre pays : les périmètres de protection
adaptés ou modifiés, les ZPPAUP (Zones de Protection du Patrimoine
Architectural, Urbain et Paysager) et les secteurs sauvegardés.

La logique d’intervention dans ce secteur veut que les acteurs locaux
puissent prendre leurs responsabilités et disposer de davantage de
latitude pour agir. C’est le sens des réformes que nous avons
accomplies en ce domaine.

C’est désormais au maire qu’il revient de créer des ZPPAUP avec
l’accord des Préfets. Concernant les secteurs sauvegardés, il convient
d’en relancer la dynamique en créant des conditions d’association plus
étroites entre les communes et l’Etat. Déjà et en accord avec le
ministère de l’équipement, le plan de sauvegarde et de mise en valeur
sera conjointement élaboré par l’Etat et la collectivité concernée. C’est
aux services départementaux de l’architecture et du patrimoine, sous
l’autorité de la DRAC, et en lien avec les Préfets de départements, qu’il
appartient de suivre tout le processus de création et d’y apporter leur
expertise.

Enfin, nous avons assoupli le dispositif de définition des périmètres de
protection, afin qu’il puisse s’adapter plus finement à la réalité des
situations.

Sur tous ces sujets, nous travaillons étroitement, bien sûr, avec le
ministère chargé de l’équipement, mais l’urbanisme étant une
compétence décentralisée, les collectivités territoriales jouent désormais
un rôle essentiel pour la mise en oeuvre de ces dispositifs.

Sur la question des abords et des paysages, nous nous situons dans le
cadre d’un travail interministériel. Il en est ainsi de la question des
éoliennes, qui est du ressort du ministère de l’écologie et du
développement durable. Je rappelle que le protocole de Kyoto engage la
France, qui a joué un rôle précurseur dans ce domaine, sous l’impulsion
du Président de la République, à respecter ses engagements
internationaux en matière de développement des énergies
renouvelables. Je suis conscient des limites des dispositions juridiques
du code du patrimoine pour certains projets d’éoliennes situés aux
abords de monuments.

Le Sénateur Ambroise Dupont a rédigé un
rapport tout à fait pertinent et utile sur cette question. Je tiens à ce que
les services départementaux de l’architecture et du patrimoine soient
particulièrement attentifs à l’instruction de ces dossiers et qu’ils
accompagnent les collectivités locales qui ont désormais l’initiative de la
définition des zones de développement éolien. Les situations sont à examiner au cas par cas, je suis intervenu personnellement dans
certaines situations critiques auprès des préfets de département. Dans
un proche avenir, le ministère de la culture pourrait proposer, en lien
avec le ministère de l’écologie et le ministère de l’équipement, d’intégrer
dans la procédure de création des éoliennes le souci du paysage par la
prise en compte de cônes de visibilité dans l’élaboration des documents
d’urbanisme. J’ai d’ores et déjà demandé à mes services de faire des
propositions en ce sens.

Enfin pour en terminer et sans avoir eu le temps d’aborder l’ensemble
des sujets, mais nous pourrons en débattre, je souhaitais revenir sur un
point, sur lequel vous m’avez personnellement saisi, qui concerne
l’avenir de l’ancien magasin aux vivres de la marine de la ville de
Rochefort-sur-Mer. Je suis heureux de vous annoncer que la
Commission régionale du patrimoine et des sites a statué favorablement
en faveur de la protection du bâtiment. Il appartient au Préfet de prendre
désormais un arrêté de protection correspondant. Aucun permis de
construire n’a été déposé à ce jour, l’architecte des bâtiments de France
reste très vigilant sur cette affaire.

Avant de vous céder la parole, je tiens à vous exprimer une nouvelle fois
mes remerciements pour le travail que vous accomplissez. Oui, j’en suis
convaincu, c’est tous ensemble, pouvoirs publics, associations,
collectivités, que nous ferons avancer les questions relatives à cette
richesse essentielle à l’avenir de notre pays, à ce capital de culture et
d’attractivité, notre patrimoine.

Je vous remercie.

REMISE DES INSIGNES DE CHEVALIER DES ARTS ET DES LETTRES A HENRIETTE GENEST

16 décembre 2006

Chère Henriette Genest,

Je suis très heureux de vous distinguer aujourd’hui dans notre belle ville de Tours, dont vous contribuez à préserver et à faire vivre les riches traditions, l’excellence des savoir-faire et de la fierté du patrimoine qui en sont l’âme.

C’est ici, rue Georges Courteline, que vous avez débuté, comme apprentie Lingère-Repasseuse de fin. Vous avez ensuite exercé votre habileté, votre précision et votre soin en atelier de repassage, chez Madame Guiller, rue d’Entraigues, dont vous avez pris la succession après la guerre. Quelques années plus tard, l’atelier déménage rue Barillet-Deschamps. L’amour du travail bien fait, la patience et l’adresse, vertus de ce métier qui inspira notamment Edgar Degas, vous les avez très tôt mis au service de votre véritable passion, la broderie de Touraine, et surtout la restauration des bonnets régionaux.

C’est en 1966 que la Directrice de la Croix-Rouge de Tours, où votre fille était élève infirmière, fait appel à vos talents pour remettre en état des costumes et des bonnets traditionnels, afin que ses élèves accueillent les participants d’un Congrès International d’Infirmières en costume régional. Vous vous prenez au jeu, et vous vous lancez dans des recherches approfondies sur les bonnets tourangeaux, aidée par votre ami de toujours, Roger Lecotte.

Un article sur la qualité de votre travail, dans la presse régionale, attire de nombreux curieux et passionnés dans votre atelier. Vous confectionnez un authentique costume de tourangelle et restaurez un bonnet pour une jeune fille de Vouvray, vous coiffez les reines de cette ville pour le passage du Tour d’Indre-et-Loire cycliste, et vous offrez aux vigneronnes les bonnets de leurs aïeules pour la Fête de leur Saint Patron, Saint Vincent. De fil en aiguille, vous tissez votre toile dans toute la région.

Cette virtuosité, ce savoir-faire exceptionnel, que vous avez acquis petit à petit, auprès notamment des doyennes de la broderie du Vouvrillon, vous avez souhaité les transmettre, les partager, et les faire vivre, et vous avez monté pour cela, bénévolement, en 1987, un atelier de restauration de broderie de Touraine et de dentelle faite au fuseau. Ce lieu de création, d’application, d’imagination, est aussi un lieu de vie, de rencontres, un lieu chaleureux et convivial, où se croisent des petites mains de tous les âges.

L’association que vous avez créée, et présidée, pour la défense de la broderie de Touraine et de ses dérivés, a pris une telle ampleur qu’elle est rapidement devenue un Conservatoire, animé par deux « Meilleurs Ouvriers de France ».

L’une des brodeuses de cette association, Sylvie Lezziero, a un jour pris contact avec Yves Sabourin, Inspecteur de la Création artistique, chargé de mission pour le Textile et l’Art contemporain au ministère de la Culture et de la Communication, pour attirer son attention sur l’extraordinaire richesse de cet art tourangeau.

De là est née la rencontre avec Jean-Michel Othoniel, artiste actuel majeur, qui a imaginé avec vous une œuvre somptueuse, mêlant les techniques les plus traditionnelles et l’inspiration la plus contemporaine, la dentelle de Valenciennes et la mousseline de soie. L’ouvrage, réalisé par Sylvie Lezzerio, a été présenté en 1998, dans le cadre de l’exposition « Métissages », au Musée du Luxembourg. Depuis, il parcourt le monde, et met merveilleusement en lumière l’excellence des savoir-faire et de la création françaises en Californie, au Japon, au Pérou, en Bolivie, au Mexique, au Brésil, en Roumanie et en Pologne.
 
Tout comme la très belle collection de bonnets tourangeaux, confectionnés de 1815 aux années trente, que vous avez entamée dès 1966, et qui est aujourd’hui un véritable trésor de notre patrimoine. Vous l’avez présentée dans plusieurs expositions, en Touraine, notamment à la Bibliothèque municipale et au Château de Tours, mais aussi dans de nombreuses villes en France, en Belgique et en Allemagne.

Je tiens aujourd’hui à saluer votre dévotion à cet art extraordinaire, la générosité et l’énergie avec lesquelles vous œuvrez pour sa défense, pour sa préservation, mais aussi pour son renouvellement et sa notoriété, grâce aux inspirations les plus contemporaines.

Chère Henriette Genest, au nom de la République, nous vous faisons Chevalier dans l’Ordre des Arts et des Lettres.

Présentation à la presse du projet conçu par Anselm Kiefer pour le Grand Palais

14 décembre 2006

Mesdames, Messieurs,

Chers Amis,

Je suis particulièrement heureux de vous accueillir aujourd’hui rue de
Valois pour vous présenter, aux côtés d’Anselm Kiefer et de Christian
Boltanski, le projet MONUMENTA, nouveau rendez-vous phare dédié à la
création contemporaine, au Grand Palais.

Mais avant de lever le rideau sur ce projet ambitieux, je tenais à rappeler
qu’il s’inscrit dans le plan d’action et de développement que j’ai tenu à
mettre en place en faveur de l’art contemporain, et que je vous ai présenté
le 23 octobre dernier. J’ai voulu en effet proposer un plan d’ensemble, en
faveur du rayonnement international de la France, de nos talents, de notre
fécondité artistique, un plan ambitieux, résolument tourné vers l’avenir de la
création dans notre pays. Permettez-moi d’en rappeler ici l’esprit et les
principales réalisations.

Ce plan comprend de nombreuses mesures destinées à stimuler, à
accompagner et à encourager la création contemporaine, avec tout d’abord
la mise en place de mesures de développement, visant à ancrer l’art
contemporain au coeur de la Cité dans l’ensemble de notre territoire,
comme à toucher les publics les plus larges.

Pour mieux faire connaître la création de notre temps, sur tout le territoire,
j’ai souhaité la création de nouveaux lieux et de nouvelles structures, à
Paris comme en région.

Sur la pointe aval de l’Ile Seguin, à Boulogne-Billancourt, dans les Hauts-de-
Seine, le Centre Européen de Création Contemporaine, représentera un
nouvel équipement innovant au service de l’art et du public, tandis que la
Galerie des Gobelins rénovée, dans la Manufacture Nationale, sera l’écrin
de choix du dialogue entre les arts plastiques, les savoir-faire et les métiers
d’art.

L’Etat s’engage également fortement, en 2007, aux côtés des collectivités
territoriales, sur de nombreux chantiers de constructions de nouveaux
bâtiments, pour des FRAC, en Bretagne, dans la région Centre, mais aussi
pour des centres d’art contemporain, comme le Consortium à Dijon, ou
encore le Point du Jour à Cherbourg.

L’Etat soutient également plusieurs projets innovants, réunissant écoles
d'art et lieux de diffusion, comme la Cité du design à Saint-Etienne, où je
me suis rendu le 30 novembre dernier.

Pour favoriser le développement ou la création de départements
contemporains dans les musées des collectivités territoriales, j’ai proposé
également le transfert de propriété d'ensembles d'oeuvres contemporaines
de premier plan du FNAC à 12 Musées de France en région.

Je rappelle aussi que les mesures fiscales annoncées par le Premier
ministre lors de la Foire internationale d’art contemporain, en octobre
2005, ont été mises en oeuvre et ont contribué à dynamiser le marché de
l’art en France.

Le dernier volet de ce plan, je vous l’avais annoncé, est le lancement
d’évènements phares et pérennes qui font de notre pays une référence
internationale en matière de création. C’était mon choix, soutenu par le
Premier Ministre et le Président de la République, de rouvrir le Grand
Palais pour en faire un nouveau haut lieu de culture, et de lui rendre ainsi
sa vocation originelle, au service de l’art le plus actuel, et du rayonnement
de la France, tout en proposant une programmation dont la diversité est le
gage du renouvellement et de l’élargissement des publics.

Le succès remporté par la première édition de « La Force de l’art », qui a
accueilli 135 000 visiteurs, confirme la justesse de cette ambition. La
France, terre d’accueil des artistes, dans toutes les disciplines, la France,
forte de ses talents, de son prestige et de son ouverture, trouve, dans le
Grand Palais, l’épicentre d’une nouvelle onde créatrice, destinée à se
propager dans le monde entier.

J’en viens donc, cher Anselm Kiefer, cher Christian Boltanski, à la
nouvelle manifestation, MONUMENTA, que nous vous présentons
aujourd’hui. La nef de verre et d’acier de ce monument emblématique de
notre histoire, et de notre patrimoine, sera désormais, chaque année, le
théâtre de la création la plus contemporaine. Chaque année, en effet, elle
accueillera un ensemble d’oeuvres inédites d’un artiste majeur de notre
temps. Baptisé MONUMENTA, en référence non seulement à la grandeur
du lieu, mais aussi à la force du geste de l’artiste, cet événement répond à
une visée ambitieuse : faire éclater le talent des créateurs contemporains,
dans un lieu prestigieux, symbole du rayonnement de la France.

Les trois prochaines éditions de MONUMENTA sont d’ores et déjà
programmées, et je suis heureux de vous annoncer qu’Anselm Kiefer, en
2007, Richard Serra, en 2008 et Christian Boltanski, en 2009, relèveront
chacun à leur tour le magnifique défi artistique qui leur est proposé.

Et ce défi est particulièrement audacieux, puisqu’il consiste, pour chacun
d’être eux, à habiter, à revisiter, à inspirer et à s’inspirer de l’espace, de
l’histoire et des volumes extraordinaires de ce glorieux monument. De
cette confrontation naîtra une oeuvre unique, nouvelle, éclairée par ce lieu
magique, à l’énergie unique.

Chaque édition de MONUMENTA sera ainsi l’occasion d’une rencontre,
inédite et saisissante, entre un artiste, un lieu, une oeuvre et le public.

Ce grand projet est le fruit de l’addition des énergies, celles de l’Etat, tout
d’abord, qui met à disposition la nef du Grand Palais ; mais aussi des
entreprises et des partenaires médias qui vont contribuer au financement
et à la notoriété du projet, témoignant de la forte capacité fédératrice d’un
tel événement artistique ; et enfin des établissements publics, qui apporteront leur savoir-faire et leur expertise, la Réunion de musées
nationaux (RMN), le Centre national des arts plastique (CNAP), le Palais
de Tokyo et l’Etablissement public de maîtrise d’ouvrage des travaux
culturels (EMOC).

Parce que je suis convaincu que l’art, la créativité, l’intelligence et la
liberté des créateurs sont le reflet du dynamisme, de l’audace, des
facultés et du potentiel d’innovation d’une société, dans son ensemble, je
souhaite que l’art contemporain soit connu, et reconnu, par tous. Pour la
manifestation MONUMENTA, une politique tarifaire volontariste (4 euros
seulement, et 2 euros pour le tarif réduit), et d’importants efforts de
médiation et de pédagogie, ont donc été mis en oeuvre, pour proposer des
outils importants et innovants au public le plus large possible.

Un dispositif d’accueil et d’accompagnement des publics sera mis en
place, afin de donner à chaque visiteur les clés pour appréhender les
oeuvres, et construire son chemin dans l’exposition. Seize médiateurs
seront disponibles en permanence, des audioguides trilingue (français,
anglais, allemand) seront distribués gratuitement, et des visites ateliers
seront organisées pour les scolaires et les plus jeunes. Une
programmation culturelle hebdomadaire est prévue pour chaque édition
de MONUMENTA, afin de permettre, par des conférences, des débats, ou
encore des projections, de nourrir le dialogue et de stimuler la curiosité.

C’est donc vous, cher Anselm Kiefer, qui, en complicité avec José
Alvarez, écrirez le premier chapitre de cette belle aventure, à partir du 30
mai, et jusqu’au 8 juillet 2007. Nous sommes tous impatients de découvrir
les oeuvres inédites et surprenantes que vous nous réservez. Avant de
vous céder la parole, ainsi qu’à Christian Boltanski, qui nous dévoilera, en
quelques mots, ses premières impressions pour l’édition 2009, je tiens à
rappeler à tous combien il est essentiel, aujourd’hui, que l’art
contemporain trouve, à l’occasion de manifestations ambitieuses et
originales, les moyens de toucher un vaste public, et que les messages de
nos grands créateurs, les regards qu’ils portent sur notre monde, les
visions qu’ils nous délivrent à travers leurs oeuvres, soient mieux connus
et partagés.

MONUMENTA a été conçu pour cela, et pour tous.

Je vous remercie.

Remise des insignes de Commandeur dans l’Ordre des Arts et des Lettres à Jean-Paul Viguier

13 décembre 2006

Cher Jean-Paul Viguier,

Je suis très heureux de vous accueillir aujourd’hui, pour honorer en vous un
architecte dont l’immense talent rayonne bien au-delà de nos frontières, un
architecte qui a fait sienne la célèbre théorie pascalienne, selon laquelle le
tout est dans la partie comme la partie est dans le tout. Vous avez en effet
un souci constant de trouver la meilleure harmonie possible entre
l’architecture et l’urbanisme, sans jamais compromettre la force, l’audace et
la poésie inhérentes à vos réalisations. Ambassadeur éminent de ce
« genius loci », qui intègre le bâtiment dans la Cité, et fait que chaque lieu
est unique, vous composez vos projets sur la gamme de la culture des
villes qui les abritent, au plus près des préoccupations, des désirs, des
rêves des usagers, du monde entier.

Diplômé en architecture de l’Ecole nationale supérieure des Beaux-Arts de
Paris, vous obtenez un « Master of City Planning in Urban Design » à
l’Université d’Harvard, en 1973.

De retour en France, vous vous formez à l’école des villes nouvelles, pour
lesquelles vous construisez de nombreux logements et équipements, à
Cergy-Pontoise, à Evry ou encore à L’Isle d’Abeau. Pionnier de
l’architecture bio-climatique, vous êtes lauréat du village solaire du Nandy.

Votre carrière démarre très vite, puisque dès 1981 et en 1983, vous
participez aux concours lancés par les Grands Travaux de l’Etat, et vous
remportez un premier prix du jury pour l’Opéra de la Bastille, et le premier
prix ex-aequo pour le projet de la Tête-Défense.

De 1986 à 1994, vous réalisez, avec Alain Provost, Patrick Berger et Gilles
Clément, le parc André Citroën, à Paris. Deux ans plus tard, vous en
aménagez les berges, pour le Port autonome de Paris.

Vous prônez la légèreté, la transparence, la modernité, l’innovation, toutes
qualités qui assurent selon vous la durée des bâtiments. Pour vous, le sens
doit l’emporter sur la forme, et c’est pourquoi vous allez jusqu’à faire
l’apologie du vide, du minimum de matière, qui doit laisser toute sa place à
l’imagination et à l’émotion des observateurs.

Votre succès au concours international pour la construction, à Düsseldorf,
du World Trade Center, en 1992, marque le début d’une carrière
internationale florissante, qui vous voit notamment construire trois tours à
Casablanca, étudier un Centre universel de commerce et d’expositions à
Zhuhai [Djouhaï], en Chine, et concevoir le plan d’urbanisme de la ville
nouvelle de Bandar Nusajaya en Malaisie. En 2000, vous travaillez à la
réalisation de logements à Kuala Lumpur.

Membre assidu et passionné de la Commission Nationale des
Monuments Historiques, section des abords, vous avez été très souvent
sélectionné, en raison de votre connaissance approfondie et de votre
grande sensibilité au patrimoine, pour des projets d’équipements ou
d’aménagements dans des sites d’exception. Vous avez ainsi rendu
hommage à nos plus grands monuments, le Pont du Gard, notamment,
dont vous avez aménagé le site, mais aussi la Cathédrale de Reims, en
face de laquelle vous avez érigé un temple de culture, une médiathèque,
et les arènes de Nîmes, près desquelles vous avez imaginé des
logements. Ces magnifiques projets vous ont permis de vous exprimer,
à la fois en créateur de notre temps, et en gardien des valeurs éternelles
de notre patrimoine.

Rien d’étonnant, donc, à ce que l’on vous ait confié le soin d’imaginer et
de construire le Pavillon Universel de la France à l’Exposition
internationale de Séville, en 1992, qui a été admiré par plus de sept
millions de visiteurs.

Auteur de nombreux bâtiments abritant des sièges sociaux d’entreprises
internationales, tels que GEC Alsthom Transport à Saint-Ouen, les
laboratoires pharmaceutiques Astra et Bristol-Myers Squibb à Rueil-
Malmaison, le centre de recherche de Gaz de France à Saint-Denis,
vous avez construit également de nombreux hôtels, comme le Sofitel de
Chicago, qui vous vaut le « Best Building Award » en 1998 ou encore le
Novotel du Havre. Vous avez réalisé de nombreux logements à Paris, à
Créteil, et à Asnières, notamment, mais aussi des centres de loisirs et
de culture, parmi lesquels le pôle de loisirs de La Confluence à Lyon.

Vous avez obtenu de très nombreuses récompenses en France et dans
le monde, et notamment, Goncourt de votre profession, la mention de
l’Equerre d’argent en 1998, pour votre bâtiment « Métropole 19 », rue
d’Aubervilliers, à Paris. Je tiens également à souligner votre constant et
remarquable souci de transmettre votre art aux jeunes générations, par
de nombreuses conférences à travers le monde, et notamment à
Harvard, à la Cooper Union à New York, à l’Ecole d’Architecture de
Venise, au Chicago Art Institute Festival of Humanities et à l’ Université
de Tongji Shanghai, ainsi qu’en tant que Distinguished Lecturer, au Mac
Nay Museum of Art, à San Antonio, au Texas.

Votre génie, et cette alchimie unique que vous créez, à chacune de vos
réalisations, en conjuguant le respect du site, l’harmonie de la cité, et
l’audace, la force, la beauté inédites de vos oeuvres, rayonnent dans le
monde entier.

Jean-Paul Viguier, au nom de la République, et en vertu des pouvoirs
qui nous sont conférés, nous vous faisons Commandeur dans l’Ordre
des Arts et des Lettres.

Remise des insignes de Chevalier dans l’Ordre des Arts et des Lettres à Jacques Munvez

13 décembre 2006

Cher Jacques Munvez,

Je suis très heureux de vous accueillir ce soir, et de célébrer votre talent, et
votre grande carrière au service de nos cités et de nos espaces de vie.
Ancien élève en architecture de l’Ecole Nationale supérieure des Beaux Arts
de Paris, vous avez été, en 1966, l’un des derniers « logistes » – selon le terme
consacré – du Grand Prix de Rome. Curieux et désireux de mieux saisir tous
les enjeux liés à la ville et à ses habitants, vous avez suivi, parallèlement à vos
études d’architecte, une formation à l’Institut d’urbanisme de l’Université de
Paris, ainsi que des études de sociologie à la faculté de Nanterre.

Fort de cette formation complète, vous avez exploré la vaste palette de votre
talent, en concevant des bâtiments scolaires et universitaires, mais aussi des
logements individuels et collectifs.

Vous excellez dans l’art de revisiter, par votre regard contemporain, des
édifices anciens, en conjuguant, d’un même geste, le respect du patrimoine et
l’audace créatrice. Vous avez ainsi offert une seconde vie à de nombreux
bâtiments, tels que l’auditorium et l’école de danse à l’église Saint-Pierre des
Cuisines à Toulouse ; le service départemental d’incendie et de secours de la
Haute Garonne, à Colomiers ; l’Hôtel d’Assézat, à Toulouse, pour l’installation
de la Fondation Bemberg et le relogement des Sociétés Savantes.

Permettez-moi de saluer tout particulièrement votre travail sur l’installation de
la direction régionale des affaires culturelles de Midi-Pyrénées, dans l’Hôtel
des chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem à Toulouse, et la construction
d’une aile adjacente. La réussite est totale.

Le traitement contemporain de l’aménagement intérieur de la Direction
régionale des affaires culturelles fait harmonieusement écho à la magnificence
de l’esthétique monumentale que vous avez réussi, non seulement à
préserver, mais plus encore, à redécouvrir et à mettre en lumière.

Vous avez constamment le souci de concilier la créativité architecturale avec
les contraintes liées aux commandes des maîtres d’ouvrage. Vous avez
d’ailleurs créé l’association des « Architectes et Maîtres d’ouvrages de Midi-
Pyrénées », dont vous avez été longtemps le président. Riche de cet
expérience, vous avez été un précurseur dans l’enseignement de la maîtrise
d’ouvrage, un passeur enthousiaste de la grande connaissance et du savoirfaire
que vous avez acquis sur le terrain.

Vous êtes un architecte attentif et inspiré, qui fait dialoguer les siècles et les
hommes, et rend la vie à des chefs-d’oeuvre de notre patrimoine, chargés
d’histoire, dépositaires d’une part de notre identité.

Jacques Munvez, au nom de la République, nous vous faisons Chevalier dans
l’Ordre des Arts et des Lettres.

Remise des insignes de Commandeur dans l’Ordre des Arts et des Lettres à Claude Vasconi

13 décembre 2006

Cher Claude Vasconi,

Je suis très heureux de vous accueillir rue de Valois. C’est dans la
magnifique cité de Rosheim, à la beauté toute alsacienne, que vous voyez
le jour. Nul doute que votre enfance dans ce cadre enchanteur vous a
prédisposé à cette passion de l’architecture et de la ville, qui a fait de vous
le grand bâtisseur que vous êtes aujourd’hui. Nul doute, également, que
cette région carrefour, creuset des cultures, a inspiré votre désir précoce
d’exercer votre art dans toute l’Europe.

En effet, juste après avoir obtenu votre diplôme de l’Ecole Nationale
Supérieure des Arts et Industries de Strasbourg, vous vous envolez pour
Stuttgart, pour devenir l’assistant de Rolf Gutbrod et de Frei Otto. Ce pont
symbolique que vous construisez par-dessus le Rhin est l’un des plus
solides édifices de votre grande carrière, puisque vous ne cesserez, par la
suite, de travailler à la fois en France et en Allemagne.

Vous devenez très tôt, en 1966, architecte urbaniste à l’établissement
public d’aménagement de la ville nouvelle de Cergy-Pontoise, et cette
plongée précoce dans la réflexion autour, non plus seulement d’un
bâtiment, mais d’un territoire, d’une ville, dans sa globalité, dans son
caractère organique, et sa cohérence, vous marquera profondément.

Vous
insisterez toujours, dans toutes vos réalisations, sur cette notion de
territoire, et non pas sur ses composants disparates.

Je ne peux citer ici, faute de temps, la longue liste de ces réalisations, mais
elles témoignent toutes de cette articulation essentielle de la conception
architecturale et de la réflexion urbaine. Si vous travaillez dans les « villes
nouvelles », du début des années soixante-dix, c’est le grand projet du
Forum des Halles, que vous réalisez avec Georges Pencreac’h, de 1973 à
1979, qui vous révèle au public. Au coeur d’un quartier historique de notre
capitale, les Halles, noeud ferroviaire, tombé en déshérence après le
déménagement du « Ventre de Paris » à Rungis, concentrent en effet
toutes les problématiques liées à la Ville moderne. Vous en faites un
espace de vie et de loisir, en interaction avec son environnement, un lieu
unique, qui articule savamment transports, centre commercial, espaces de
détente et de culture.

Vous enchaînez ensuite les grands projets d’architecture industrielle, avec
notamment les usines Renault à Boulogne-Billancourt, ou l’usine Thomson
à Valenciennes, et les grands équipements publics, avec notamment
l’Hôpital Paul Brousse à Villejuif, le centre culturel « La Filature » à
Mulhouse, le Palais des Congrès à Reims, ou encore la Tour Lilleurope.

Vous réalisez également le Nouveau Palais de Justice de Grenoble, et
l’Unité de valorisation énergétique du Grand Quevilly, à Rouen.

Je le disais à l’instant, vous avez traversé de nombreuses fois le Rhin
pour développer des projets en Allemagne, où vous avez créé une
agence, en 1992, dans le Berlin réunifié. Vous avez notamment réalisé
l’ensemble tertiaire « Les Portes de Spandau » à Berlin, en réhabilitant
des friches industrielles, un centre de commerce et de loisirs, à Berlin-
Tegel, ou encore un centre d’affaires à Düsseldorf. Et si vous êtes
membre de l’Académie d’Architecture depuis 1991, c’est donc tout
naturellement que vous avez été élu, également, par vos pairs, Outre-
Rhin, membre d’honneur du « Bund Deutscher Architekten-BDA ».

Francfort, Luxembourg et Lausanne, parmi d’autres grandes métropoles
européennes, ont été également les théâtres de votre virtuosité.

Vous portez haut les couleurs de votre art et de l’Europe. Une Europe
que vous avez parsemée de vos oeuvres ambitieuses, résolument
ancrées dans la Cité et dans leur environnement.

Claude Vasconi, au nom de la République, nous vous faisons
Commandeur dans l’Ordre des Arts et des Lettres.

Remise des insignes de Commandeur dans l’Ordre national du Mérite à Philippe Entremont

12 décembre 2006

Cher Philippe Entremont,

Je suis très heureux de vous accueillir rue de Valois. Vous êtes de ces
artistes d’exception qui portent haut les couleurs et l’excellence de la
France, sur les scènes du monde entier.

La musique a toujours été présente dans votre vie. Votre père était
directeur de l’orchestre du Grand Théâtre de Reims, votre ville natale, et
votre premier professeur de piano ne fut autre que votre mère. Elle fut donc
également la première à découvrir votre don.

Elle confia à Rose Aye, professeur de piano à Reims, le soin de développer
cette virtuosité précoce. Mais – à élève d’exception, professeur
exceptionnel – lorsque celle-ci prit conscience que vous étiez réellement
surdoué, elle vous présenta à Marguerite Long, la dédicataire du Concerto
en sol de Maurice Ravel. La grande dame du piano accepta de vous
préparer, avec succès, au concours d’entrée du Conservatoire, et fut la
première figure tutélaire de votre parcours.

La répétitrice de Jean Doyen en fut une autre, qui vous transmit la maîtrise
technique, prélude à toute grande carrière. Mais vous comprenez très tôt
que votre meilleur professeur, c’est vous-même, et vous volez rapidement
de vos propres ailes.

Vous volez très vite, et très haut, remportant rapidement une longue liste
de récompenses et de distinctions. A l’âge de 15 ans, vous obtenez votre
premier prix de piano au Conservatoire National Supérieur de Paris. Vous
êtes finaliste du prestigieux Concours de la Reine Elisabeth de Belgique, et
lauréat du deuxième Prix du Concours Long-Thibault. Surtout, vous
remportez, aux États-Unis, la Harriet Cohen Piano Medal, qui vous permet
d’entamer une carrière de l’autre côté de l’Atlantique, en 1953.

Vous donnez, au Carnegie Hall de New York, la première américaine du
Concerto pour piano de notre grand compositeur André Jolivet. Votre
carrière nationale et internationale prend un essor immédiat, et vous jouez
sous la direction des plus grands, Igor Stravinski, Darius Milhaud, ou
encore Leonard Bernstein. En 1967, vous vous lancez vous-même dans la
direction d’orchestre.

En plus de cinquante ans de carrière, globe-trotter virtuose, vous avez
enchanté les cinq continents, avec plus de 5.000 concerts et récitals.

Vous
avez fait une place de choix à la musique française, et vous êtes en cela un
passeur exceptionnel, au-delà de nos frontières et des Océans, de la
musique de Saint Saëns, Debussy, Ravel, ou encore Satie, Roussel, et
Milhaud.

Directeur musical de l’Orchestre de chambre de Vienne, président de
l’Académie internationale de musique Maurice Ravel, à Saint-Jean-de-Luz,
directeur musical de l’Orchestre philharmonique de La Nouvelle-Orléans, de
l’Orchestre philharmonique de Denver, chef principal de l’Orchestre
Colonne, de l’Orchestre de chambre de Hollande, de celui d’Israël, et,
aujourd’hui, principal chef invité de l’orchestre de la radio de Shanghaï, et
de l’Orchestre symphonique de Munich, vous êtes un magnifique
ambassadeur de la musique, ce langage universel, dans le monde entier.

Vous avez pris, il y a douze ans, la direction du Conservatoire de la
prestigieuse Académie américaine de Fontainebleau, où Camille Saint-
Saëns, Emmanuel Chabrier ou encore Maurice Ravel furent professeurs.

Par votre talent, votre patience, vos qualités pédagogiques, vous vous
révélez le digne successeur de Nadia Boulanger, et de Gaby et Robert
Casadesus.

Je sais que les bilans ne vous intéressent pas, vous qui, malgré votre
carrière extraordinaire, avouez avoir le trac comme à vos débuts, avant un
concert. Permettez-moi donc aujourd’hui de rendre hommage à votre
magnifique carrière, qui fait de vous l’un de nos plus grands pianistes, mais
aussi, et surtout, à vos projets, aux « souvenirs à venir », comme vous
appelez joliment ces instants uniques d’émotion que vous continuerez à
partager longtemps avec nous.

Philippe Entremont, au nom du Président de la République, et en vertu des
pouvoirs qui nous sont conférés, nous vous faisons Commandeur dans
l’Ordre national du Mérite.