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Clôture du Forum européen des orchestres

Monsieur le Président, Cher Ivan Renar

Monsieur le Directeur de l'Association française des orchestres, Cher
Philippe Fanjas,

Messieurs les Directeurs,

Mesdames, Messieurs,

Chers amis,

J'avais eu le grand plaisir de vous accueillir au Parlement européen de
Strasbourg, en juin 2005, pour l'ouverture d'une rencontre entre les
représentants des orchestres de 35 pays.

Je suis très heureux de vous accueillir aujourd’hui au ministère de la
Culture et de la Communication, pour clore cette réunion de travail du
réseau que vous avez constitué à l'issue de la conférence de Strasbourg,
réseau que vous avez intitulé le « Forum européen des orchestres ».

Chacun de ces mots, « forum », « européen », « orchestres », résonnent à
mes yeux de significations et de symboles singuliers, et auxquels je suis
particulièrement attaché.

Le mot « forum », tout d’abord, exprime votre souhait que les enjeux
artistiques et culturels portés par vos formations soient largement partagés,
discutés, débattus sur la place publique.

Le mot « européen », ensuite, affirme votre volonté d’inscrire votre action
dans cette communauté politique, mais avant tout culturelle, que nous
construisons aujourd’hui.

Et bien sûr, pour terminer, le mot « orchestres », assurément musical, mais
aussi symbolique d'une démarche commune et de la combinaison
heureuse de la polyphonie et de l'harmonie.

Je souhaite vous dire ici, clairement, combien j’adhère à votre démarche, et
combien je souhaite y contribuer, notamment en l'appuyant auprès de mes
collègues du conseil des ministres de l'Europe. Je partage votre conviction
que le projet politique européen, pour gagner l’esprit et toucher le coeur de
tous nos concitoyens, doit puiser sa force aux sources de l’Europe, qui,
nous le savons, sont essentiellement culturelles.

C’est tout le sens du Label européen du patrimoine que je souhaite
mettre en place, afin de mettre en lumière les hauts lieux de mémoire et
de création, les sites et les monuments emblématiques de l’identité
européenne, qu’ils évoquent notre passé commun ou qu’ils représentent
l’avenir que nous bâtissons ensemble, afin que le public le plus large
ressente et s’approprie cet esprit européen, cette identité culturelle qui
lie nos destinées depuis des siècles. Les musiciens ont toujours été de
grands voyageurs. Mozart, Liszt et tant d’autres précurseurs de génie,
se sont formés d’un bout à l’autre de notre continent, et je ne doute pas
que des hauts lieux de la grande aventure musicale européenne seront
distingués par ce Label.

J'avais eu l'occasion de dire à Strasbourg toute l'importance que
j'attache au rôle des orchestres, qui font vivre et élargissent un
répertoire formidable, qui associent à leur action territoriale une forte
capacité d'ouverture sur le monde, et qui jouent un rôle primordial dans
la circulation des oeuvres et des artistes.

Vos rencontres, vos réflexions et vos échanges sont une pierre
supplémentaire apportée à la construction de l’Europe de la Culture, que
nous appelons de nos voeux. Une pierre de touche, une clé de voûte,
puisqu’il n’est sans doute aucun autre domaine de la culture qui puisse
mieux exprimer les assonances comme les dissonances du concert
européen, l’irréductible polyphonie de l’art et de l’esprit, que nous
nommons la diversité culturelle, que celui de la musique. Oui, ce Forum
me touche profondément, parce qu’il exprime combien la culture, et plus
particulièrement le langage universel de la musique, est un fondement
essentiel du dialogue entre les peuples, dans notre pays, et au sein
comme au-delà des frontières de l’Europe.

La France, qui fut la terre d’asile de Rossini, de Liszt, de Chopin, de
Stravinsky, de Délius et de Martinu est toujours prête à s’enrichir de ce
que Henri Dutilleux appelle « le levain de l’étranger ». La musique
incarne par excellence la diversité créatrice, la rencontre de partitions
nouvelles, de couleurs inattendues, d’identités multiples. Cette diversité,
nous devons la préserver, l’encourager et la faire vivre, parce qu’à
l’heure de la mondialisation, et de la menace bien réelle de
l’uniformisation des cultures, il me paraît fondamental, fondateur, même,
d’affirmer haut et fort la grande et belle richesse des cultures du monde.

L’adoption, le 20 octobre 2005, de la convention de l’Unesco sur la
protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles,
marque à cet égard une avancée majeure, dont nous pouvons être fiers,
au regard du rôle moteur joué par la France. Comme nous serons fiers,
demain, le 19 décembre 2006, de la remise collective des instruments
de ratification de la communauté européenne et de plusieurs États
membres à l’Unesco, qui permettra à la convention d’entrer
effectivement en vigueur en 2007.

Aussi serai-je très attentif aux résultats de vos travaux et de vos
réflexions, dont je souhaite qu'ils permettent le développement
d'échanges, le partage d'expériences, et bien sûr, également,
l'accroissement de la circulation des oeuvres et des artistes, comme le
renforcement de la diversité de l'offre musicale à nos concitoyens
européens et aux mélomanes du monde.

Cette journée est porteuse de ces espoirs, de ces objectifs. La diffusion
des actes de la rencontre de Strasbourg, la création d'un site Internet
spécifique à votre réseau, et votre participation active aux réunions
internationales des organisations existantes, en sont les premiers jalons.

Je tiens à rendre hommage à l'association française des orchestres, à
son président Ivan Renar, et à son directeur Philippe Fanjas, qui ont su
apporter toute leur contribution et leur talent à ces actions communes.

Et
je compte sur l'énergie de chacun de vous pour que cette démarche
s'affirme et se développe.

La culture, la musique, ont, de longue date, montré le chemin d'une
Europe réunie autour de valeurs communes, et porteuse d'une diversité
culturelle à laquelle vous savez que je suis profondément attaché.

Je vous remercie, et vous invite maintenant à rejoindre les tables
dressées pour vous, afin d’ajouter un moment de convivialité à ce temps
de réflexion.

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