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Inauguration de l’exposition « Afghanistan, les trésors retrouvés » au musée Guimet

Monsieur le Vice-Ministre,

Messieurs les Ambassadeurs,

Monsieur le Président, cher Jean-François Jarrige,

Mesdames, Messieurs,

Je suis particulièrement heureux de vous accueillir ici à Paris, au Musée
Guimet. Et je suis particulièrement ému d’inaugurer à vos côtés, Monsieur
le Vice-Ministre, cette exposition exceptionnelle, en ayant une pensée toute
particulière pour Son Excellence Abdul Karim Khoram, ministre de la
Culture, de la Jeunesse et de l’Information, et pour l’ensemble des
membres de la délégation afghane retenue à Kaboul par les intempéries.

Je vous saurais gré de leur transmettre mon message personnel de
chaleureuse amitié.

Je n’oublie pas que mon premier voyage en tant que ministre de la Culture
et de la Communication fut pour me rendre à Kaboul, il y a deux ans et
demi, pour y voir renaître les lumières du cinéma l’Ariana.

En Afghanistan, comme ailleurs, il a fallu le courage du « peuple des
ombres », de tous ceux qui, au cours de l’histoire, ce sont dressés, avec la
force de leur conscience, de leur détermination, les armes à la main, pour
refuser la fatalité, pour combattre contre l’obscurantisme, pour préserver et
transmettre leur patrimoine, leur mémoire, leurs racines, en un mot, la
culture qui forge, au long des siècles, la liberté et l’identité d’un peuple.

Tout comme votre cinéma, au coeur de votre capitale, a pu renaître de ses
cendres, grâce notamment au soutien des cinéastes français, les quelque
220 objets, généreusement prêtés par le Musée National de Kaboul,
s’ajoutant au fonds propre du Musée Guimet, vont nous permettre de
découvrir, ou de redécouvrir ici pendant quelques mois, l’exceptionnelle
richesse de l’histoire et des civilisations de l’Afghanistan.

La solide amitié entre nos deux pays s’est elle-même construite sur cette
force de la culture, héritage de l’histoire, lien entre les générations et
ciment de la paix, dans un monde où la paix est sans cesse à défendre
contre les forces de la haine, de la violence et de la destruction. Un monde
où toutes les civilisations savent qu’elles sont mortelles, sans avoir pour
survivre besoin de détruire autour d’elle celles et ceux qui ne leur
ressemblent pas.

Aussi n’est-ce pas un hasard si, dès le début des années vingt, des liens
indéfectibles de connaissance et d’amitié entre la France et l’Afghanistan
se sont noués sur le terrain de l’archéologie, qui nous permet de retrouver
ensemble les traces de civilisations anciennes et, en étudiant les vestiges
du passé, de partir à la rencontre de peuples disparus, de leurs cultures,
de leurs croyances, de leurs modes de vie, de leur environnement, de
leurs créations. Ce sont ces chemins de lumières que nous ouvrent les
trésors retrouvés qui sont proposés ici à nos regards et à nos esprits.

Ces
mondes nous font plus que rêver. Car ils forment la trame de nos
identités, de nos racines, de nos origines. En nous invitant au voyage
dans l’espace et dans le temps, sur les routes d’Afghanistan, qui ont
toujours été au carrefour des cultures et des civilisations, au coeur des
échanges entre les mondes de l’orient et de l’occident, cette exposition
nous permet non seulement de révéler une histoire prodigieuse et
prestigieuse, elle nous amène sur les traces de cette formidable aventure,
qu'est l’aventure humaine, qui s’est toujours construite sur le dialogue et
les échanges entre les hommes, plus forts et plus nourris que les fractures
et que les guerres qui les séparent.

Je tiens à vous dire combien le Président de la République, M. Jacques
Chirac, aurait souhaité inaugurer cette exposition mais ses engagements
internationaux l’en ont empêché. Toutefois, je sais qu’il compte la visiter
dès que possible. Entre temps, il m’a chargé de remercier le
gouvernement de l’Afghanistan et tout particulièrement le Président Karzaï
qui a pris la décision, en accord avec le Parlement afghan, que le musée
Guimet soit le lieu où puisse être présentée pour la première fois une
partie de ces trésors du Musée de Kaboul, sauvés des destructions, après
de longues années passées en lieu sûr, alors que le monde entier pouvait
craindre qu’ils soient pillés et détruits à tout jamais.

Les objets de la ville gréco-bactrienne d’Ai-Khanoum, ceux de Begram,
carrefour de la Route de la soie à l’époque de la grande dynastie
kouchane, les trésors des tombes nomades de Tillia Tépé, témoignent de
la diversité des courants artistiques et culturels qui ont forgé, au fil des
siècles, l’identité de l’Afghanistan.

La France est fière d’avoir participé, dès 1922, avec la création de la
Délégation Archéologique Française en Afghanistan (DAFA), à la mise au
jour du glorieux passé de l’Afghanistan. C’est en effet à la DAFA, en
liaison avec les autorités archéologiques afghanes, que l’on doit la fouille
de sites prestigieux comme Bamiyan, Begram, Hadda, Surkh Kotal ou
encore Ai Khanoum.

Ce patrimoine archéologique a malheureusement payé un lourd tribut à la
période de guerre et de troubles qu’a traversée l’Afghanistan. La
destruction des bouddhas de Bamiyan reste dans toutes les mémoires,
comme un acte de la barbarie humaine. Bien d’autres sites ont été détruits
ou pillés. Le Musée national de Kaboul et ses collections ont subi des
dommages irréparables.

Cependant, grâce à un patient travail de restauration entrepris avec l’aide
d’institutions étrangères, au premier rang desquels le musée Guimet, les
Afghans ont pu préserver une partie significative de leur héritage
archéologique, dont les plus beaux exemples nous sont dévoilés
aujourd’hui.

C’est, en effet, la première fois que ces objets sortent d’Afghanistan et
qu’ils sont exposés au public. L’initiative en revient au Président Karzaï et
au Président Chirac, qui tenaient l’un et l’autre à ce que la primeur de
cette exposition soit réservée à la France et au Musée Guimet, en
témoignage des liens d’amitié qui unissent depuis longtemps nos deux
peuples.

Depuis la chute du régime des taliban, comme vous le savez, la France
s’est engagée résolument, aux côtés du Gouvernement afghan et de la
communauté internationale, dans le processus de stabilisation et de
reconstruction de l’Afghanistan. Ce processus passe résolument par la
culture.

C’est pourquoi, fidèle à son attachement à la diversité, notre pays accorde
une grande importance aux relations culturelles dans sa coopération avec
l’Afghanistan. Le centre culturel français de Kaboul et la Délégation
archéologique française ont repris leurs activités. Le Théâtre du Soleil
d’Ariane Mnouchkine et les Ateliers documentaires VARAN apportent leur
soutien à la jeune création afghane. J’ai évoqué le cinéma ARIANA,
reconstruit grâce à de généreux donateurs français ; la chaîne ARTE a
financé la réhabilitation de l’auditorium du Lycée Esteqlal, l’Institut national
de l’audiovisuel contribue à la sauvegarde des archives audiovisuelles
afghanes. Il est essentiel, en effet, que le peuple Afghan puisse renouer
avec sa mémoire et sa riche tradition culturelle, car ce sont des éléments
fondamentaux de l’unité nationale, aujourd’hui plus nécessaire que
jamais.

Je tiens à remercier tous nos amis afghans qui ont rendu possible cette
exposition, à commencer par le Gouvernement et le Parlement, le
Ministère de la culture, de l’information et de la jeunesse et le Musée
national de Kaboul. Je remercie également le Musée Guimet et son
Président, Jean-François Jarrige, pour cette remarquable exposition, qui
donne au monde l’image d’un Afghanistan glorieux, retrouvant
progressivement ses racines pour regarder son avenir avec confiance.

Je vous remercie.

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