Archives de 2005

Remise des insignes d’Officier dans l’ordre des arts et des lettres à Nadine Denize – discours prononcé par Henri Paul, directeur de cabinet

5 décembre 2005

Chère Nadine Denize,

Permettez-moi de vous exprimer mon admiration et aussi mon émotion de
vous recevoir ici aujourd’hui. Vous savez combien je suis attaché au
rayonnement de notre culture. C’est avec gratitude que je salue la brillante
ambassadrice de l’école française de chant que vous êtes sur la scène lyrique
internationale.

Dès vos débuts, vous rejoignez l’Opéra de Paris dont votre talent honore les
deux scènes d’alors, le Palais Garnier et l’Opéra Comique. Vous faites
également un temps partie de la troupe de l’Opéra du Rhin.

Dès le début de votre carrière, vous vous illustrez dans le répertoire français
où, d’emblée, vous affirmez les dons exceptionnels de grande mezzo-soprano
dramatique, qui feront aussi de vous la grande wagnérienne que nous savons
et que nous aimons.

Vous êtes alors – véritablement, idéalement -, bien plus encore que vous ne les
interprétez, la Charlotte de Werther, la Marguerite de La Damnation de Faust,
la Cassandre des Troyens. Vous incarnerez aussi une superbe Hérodiade et
une ardente Carmen que vous ferez applaudir de par le monde.

Ce grand répertoire français, tout de limpidité et de lumière, vous le servez
aussi, admirablement, à travers de grandes pages de Francis Poulenc, Paul
Dukas ou Claude Debussy, et dans les maisons d’opéra ou les grandes
manifestations du monde entier. Vous êtes en effet particulièrement remarquée
et acclamée dans le rôle de la Première Prieure des Dialogues des Carmélites
à l’Opéra de Paris comme à l’Opéra de Toronto, à Savonlinna, à Bonn ou aux
légendaires Proms londoniennes, de même que vous interpréterez bientôt la
Nourrice d’ Ariane et Barbe-Bleue au Théâtre Regio de Turin après le Châtelet
et l’Opéra de Lyon, et que vous êtes la Geneviève de Pelléas et Mélisande à
Paris, Genève, San Francisco ou New-York.

Vous mettez aussi tout votre talent à faire redécouvrir et apprécier des oeuvres
moins connues ou oubliées de notre répertoire, comme cet Hamlet d’Ambroise
Thomas, où vous êtes une magnifique et royale Gertrude [Guertroud], rôle dont
l’intensité le dispute à la prouesse vocale, désormais inscrit à votre répertoire,
et que vous interpréterez d’ailleurs à l’Opéra de Genève en février prochain.

Votre carrière internationale a débuté sous les plus prestigieux auspices.

Votre carrière américaine, brillante, a pris son envol lorsque James Levine
vous a invitée au Festival de Ravinia dans Les Troyens de Berlioz avec le
Chicago Symphony Orchestra et au Metropolitan Opera de New-York, dont
vous êtes depuis l’invitée régulière, dans Don Carlos de Verdi, où vous êtes
une très grande Eboli. Vous chantez aussi régulièrement à Philadelphie,
Chicago, San Francisco ainsi qu’en Amérique du Sud.

Toutes les scènes européennes vous accueillent également, mais ces patries
du chant que sont l’Italie et l’Allemagne sont aussi devenues pour vous des
terres d’élection.

C’est Claudio Abbado qui, le premier, vous fait inviter à la Scala de Milan, où
vous êtes à l’affiche de plusieurs saisons consécutives dans Don Carlos,
Werther, L’Heure espagnole, Les Troyens. Vous chantez ensuite
régulièrement à Florence, Rome, Bologne, comme dans les prestigieux
festivals de Vérone ou Spolète.

Si l’Allemagne aussi vous accueille régulièrement, c’est son répertoire le plus
emblématique, le plus mythique, que vous avez investi, avec un engagement
sans faille au service de votre art, et en déployant toutes les ressources de
votre musicalité et de votre expressivité dramatique.

Vous n’avez cessé, chère Nadine Denize, d’explorer, au cours de votre
magnifique carrière, toutes les ressources, les personnages et les rôles que
vous ouvrent votre tessiture de mezzo-soprano et son passionnant répertoire.

C’est le registre de la violence des passions, du désespoir amoureux, de la
possessivité ou de la sorcellerie. Ce répertoire de fureurs et de maléfices, ces
grandes voix d’épouses vengeresses, d’amantes effrénées et de
magiciennes, vous en avez porté très haut les couleurs, incarnant de façon
exemplaire et inspirée les héroïnes wagnériennes, vous affirmant comme une
grande tragédienne lyrique, et cela sans vous départir jamais de cette grâce,
de cette élégance et de cette noblesse d’attitude qui font de vous une grande
dame de la scène lyrique.

Vos rôles légendaires gardent à jamais la marque que vous avez incarnée
avec âme et talent.

C’est l’ensemble de la scène lyrique internationale qu’il faudrait citer sans
oublier bien sûr nos maisons d’opéra et nos festivals. De même que je ne
saurais énumérer les grands chefs avec lesquels vous avez travaillé,
Barenboïm, Boulez, Chung, Osawa, Sawallisch, mais aussi Karl Böhm, Nello
Santi, ou encore Krivine, Inbal, Maazel, Plasson, Rostropovitch.

Vos titres, vos rôles témoignent de l’étendue de votre palette, comme le fait
aussi votre répertoire de concert qui va des Nuits d’été de Berlioz aux
Gurrelieder de Schönberg sans oublier les Requiem de Mozart, Verdi ou
Duruflé ou Shéhérazade de Ravel.

Vous faites honneur au chant français et à notre scène lyrique et c’est un
honneur pour moi de vous rendre hommage.

Chère Nadine Denize, au nom du Président de la République, et en vertu des
pouvoirs qui nous sont conférés, nous vous faisons Officier dans l’Ordre
national du Mérite.

Remise des insignes de chevalier dans l’ordre des arts et des lettres à Michèle Le Menestrel Ullrich – discours prononcé par Henri Paul, directeur de cabinet

5 décembre 2005

Chère Michèle Le Menestrel Ullrich,

Cette cérémonie me donne l’occasion de vous manifester publiquement la
reconnaissance de ce ministère, pour vos actions en faveur de l’amitié francoaméricaine
dans le domaine du patrimoine.

Après des études de philosophie et de langue anglaise à Cambridge, votre
goût et votre passion pour la culture américaine, vous poussent à créer, alors
que la civilisation, le patrimoine et l’architecture de ce grand pays sont encore
méconnus, avec un groupe d’amis dont certains sont aujourd’hui présents à
nos côtés, la French Heritage Society, anciennement appelée les Amis des
Vieilles Maisons Françaises.

Cette association à but non lucratif soutient la préservation et la conservation
du patrimoine en France, et du patrimoine d’influence française aux Etats–
Unis. Ainsi vous avez réussi à tisser de nombreux liens d’amitié, avec les
membres et les partenaires français et américains, qui permettent depuis 23
ans d’oeuvrer à cette conservation de façon très concrète, sous la forme
notamment de voyages, de visites et de conférences de spécialistes, en
partenariat avec le réseau des établissements culturels français présents aux
Etats-Unis, mais aussi les grandes universités américaines spécialisées dans
l’architecture et le patrimoine.

Dès le départ, votre association encourage les jeunes spécialistes des deux
pays à mieux se connaître, dans l’esprit du compagnonnage que vous
adapterez merveilleusement aux coutumes américaines.

Et c’est avec très peu de moyens que vous décidez de créer en 1989 le
Richard Morris Hunt Fellowship en hommage au célèbre architecte Richard
Morris Hunt, qui fut le premier américain à étudier l’architecture en France au
milieu du XIXe siècle, car cet enseignement n’était pas dispensé aux Etats-
Unis à l’époque. Il collabore ensuite aux travaux d’achèvement du Louvre. Ami
du baron Haussmann et de Viollet-le-Duc, il sera associé à l’aventure du
sculpteur Frédéric Bartholdi pour l’édification de la statue de la liberté,
inaugurée en 1886, symbole de l’amitié franco-américaine, première image du
continent pour des millions d’immigrants, dont il construira le socle.

Votre programme d’échanges d’architectes spécialisés dans la restauration et
la préservation du patrimoine est exemplaire. Les Fellows (compagnons) sont
sélectionnés une fois par an par un jury franco-américain, associant
l’American Architectural Fondation, des professionnels reconnus et des
personnalités qualifiées. Ils reçoivent une bourse financée par la French
Heritage Society et l’American Architectural Fondation. Ils passent
alternativement six mois aux Etats-Unis ou en France pour approfondir leurs
connaissances. Les lauréats américains sont reçus par leurs prédécesseurs
français et entretiennent ensuite des relations suivies.

Permettez-moi de saluer le premier lauréat français Pierre-Antoine Gatier,
architecte en chef des monuments historiques et inspecteur des monuments
historiques.

Grâce à vous, Madame, les lauréats de ce programme sont devenus les
ambassadeurs français de la restauration et de la conservation du patrimoine
aux Etats-Unis.

J’étais il y a un mois aux Etats-Unis où j’ai pu hélas mesurer l’ampleur de la
catastrophe qui a ravagé la Louisiane et plus particulièrement la Nouvelle-
Orléans, ville fondée par les Français en 1718 et l’architecte Jean-Baptiste
Lemoine. Pierre-Antoine Gatier, présent à la nouvelle Orléans, a pu me
remettre un bilan des actions à entreprendre pour participer à la sauvegarde
de certains quartiers lourdement endommagés après la rupture des digues
protégeant la ville. L’action de solidarité de la France en faveur de la
Louisiane est indispensable. Elle a une profonde signification pour nous, en
raison de l’amitié, des liens culturels et linguistiques qui nous unissent.

Je sais que vous envisagez également, avec Mme Marie-Sol de La Tour
d’Auvergne, Présidente de la French Heritage Society, de venir en aide à la
Louisiane.

Votre passion pour le patrimoine est également partagée par Monsieur
l’Ambassadeur d’Espagne, José Maria Ullrich, votre époux, qui vous
accompagne régulièrement dans vos missions aux Etats-Unis et en France.

Permettez-moi de mentionner également votre autre passion pour un pays
terriblement meurtri par un récent tremblement de terre, le Pakistan.

Michèle Le Menestrel Ullrich, au nom de la République, nous vous faisons
Officier dans l’Ordre des Arts et des Lettres.

Remise des insignes de chevalier dans l’ordre des arts et des lettres à Jean-Pierre Mongarny – discours prononcé par Henri Paul, directeur de cabinet

5 décembre 2005

Cher Jean-Pierre Mongarny,

En dépit de l’ordre protocolaire habituel, c’est un plaisir de commencer cette
cérémonie en vous remettant les insignes de Chevalier dans l’Ordre des Arts
et des Lettres. Je sais que votre métier de banquier comporte des contraintes,
mais aussi des joies profondes, surtout quand votre secteur d’activité coïncide
avec votre passion personnelle, puisque vous êtes un banquier, un partenaire
de la culture. Un banquier pas comme les autres, au sein d’une banque pas
comme les autres : le Crédit coopératif, né à la fin du XIXe siècle, à l’époque
où fleurissaient les SCOP (sociétés coopératives ouvrières de production).

A
côté et au service des coopératives de production est née une coopérative de
banque, qui donnera naissance, en 1938, à la Caisse centrale de crédit
coopératif, puis au Crédit coopératif, où vous êtes entré dès 1978. C’est une
banque qui appartient à ses clients sociétaires, essentiellement des personnes
morales.

Vous êtes né à Brive, dans cette terre de Corrèze, où les chemins et les
sources, les chênes et les châtaigniers, le granit et les vents forgent le
caractère, et donnent le goût du courage, de l’audace, du travail, de la fidélité,
de la générosité et de l’échange. Toutes qualités que les artistes et les
banquiers peuvent assurément avoir en partage.

Après vos solides études supérieures – diplôme de l’Institut d’études
politiques, une maîtrise d’histoire et un DESS de droit, de 1973 à 1978, vous
êtes chargé de la formation professionnelle continue au sein d’une association.

Au Crédit coopératif, dont je suis heureux de saluer le Président du groupe, M.
Jean-Claude Detilleux – également président du Groupement national de la
coopération (l’association regroupant les organisations coopératives
françaises) – vous débutez en tant qu’assistant puis en tant qu’attaché de
direction auprès du Président directeur général, puis vous devenez chargé de
mission auprès du Directeur général.

Depuis 1986, vous êtes sous-directeur, puis directeur-adjoint en charge du
développement des organismes à but non lucratif. Au sein de ce vaste
domaine, que l’on qualifie parfois d’économie sociale, et qui englobe un grand
nombre d’organisations, d’associations, de mutuelles, vous créez et
développez une activité bancaire nouvelle. Vous parlez parfois de « banque
des saltimbanques ».

Au-delà de la formule, il s’agit en réalité de développer
des services bancaires classiques et des solutions adaptées au financement
de l’exploitation, des investissements, des placements, de la trésorerie de ces
coopératives et de ces entreprises pas comme les autres que sont les
entreprises, les associations et les institutions culturelles. En vingt ans, vous
avez fait du groupe du Crédit coopératif, le premier partenaire bancaire de ce
secteur si important du spectacle vivant, puisque vous financez à présent pas
moins de 5000 structures dans les domaines du théâtre, de la musique, de la
danse, des arts de la rue, du cirque, des marionnettes, parmi lesquelles de
nombreux Centres dramatiques nationaux, Centres chorégraphiques
nationaux, de grands orchestres ou de grandes manifestations, comme, par
exemple, le festival d’Aix-en-Provence ou le festival de la Chaise-Dieu ; mais
aussi de très nombreuses compagnies, des intervenants des secteurs du
cinéma, des arts plastiques ou encore des musées ou des sociétés d’édition,
que vous accompagnez et que vous suivez avec beaucoup d’attention.

Toutes et tous vous font confiance, parce qu’ils écoutent et apprécient vos
conseils, parce que vous avez conçu spécialement une gamme de crédits, de
services bancaires, financiers et télématiques adaptés à leurs besoins, grâce
à votre connaissance approfondie de leurs spécificités et de leurs modes de
fonctionnement.

Votre engagement et votre stratégie de long terme ont fait de votre groupe
« la » banque de la culture et du spectacle vivant.

J’ajoute que vous la représentez au conseil d’administration de l’Institut pour
le Financement du Cinéma et des Industries Culturelles, l’IFCIC.

En accompagnant le prodigieux développement des activités culturelles dans
notre pays, vous êtes devenu un acteur de l’économie de la culture, qui
participe pleinement au dynamisme et à l’attractivité de notre pays. A ce titre,
vous avez apporté une contribution importante au rayonnement des Arts et
des Lettres en France et dans le monde.

Jean-Pierre Mongarny, au nom de la République, nous vous faisons
Chevalier dans l’Ordre des Arts et des Lettres.

Installation du comité des Grands prix nationaux de l’architecture

5 décembre 2005

Monsieur le Président,

Mesdames, Messieurs,

Je tiens à vous dire, en ouvrant la séance d’installation du comité que vous
constituez, combien je suis heureux de vous accueillir ici.

Le cercle des grands prix nationaux de l’architecture, aujourd’hui réuni, reste
incomplet, hélas, et je veux avec vous saluer la mémoire de Jacques
Hondelatte, Edmond Lay, Jean Renaudie, Pierre Riboulet, Roland Simounet,
André Wogensky et Jean Willerval.

J’ajoute que trois d’entre vous, Jean Nouvel, Roger Taillibert et Bernard
Tschumi, retenus à l’étranger, ne pourront nous rejoindre.

Depuis le retour de l'architecture en 1996 au ministère de la culture, le ministre
ne disposait d'aucune instance consultative de haut niveau susceptible de
l'éclairer dans ce domaine.

Aussi ai-je ressenti le besoin de combler cette lacune, en créant, comme je
l'avais annoncé lors des Rendez-Vous de l'architecture en avril dernier, ce
comité des Grand prix nationaux d’architecture .

A vous tous, lauréats des Grands prix nationaux d'architecture, qui avez tous
accepté spontanément de participer au comité, j’ai souhaité associer le
président du Conseil national de l'Ordre des architectes. Je tiens à saluer le
nouveau président, Monsieur Bernard Figiel, et le félicite chaleureusement
pour son élection vendredi dernier.

Les débats sur la profession, au cours de l’année passée, comme les
échanges préparatoires m’ont conduit à associer à notre réunion MM. Bernard
Welcomme, président du collège des directeurs d’écoles d’architecture,
François Laquièze, directeur régional des affaires culturelles d’Alsace, ainsi
que Lorenzo Diez, représentant le collège des chefs des services
départementaux de l’architecture et du patrimoine.

La presse nationale et la presse spécialisée seront également les témoins de
nos échanges et je salue la présence à nos côtés de Marie-Guy Baron,
journaliste au Figaro et d'Emmanuel Caille, rédacteur en chef du journal d'A.

La création de cette instance complète l’engagement du ministère à l’égard de
l’architecture et de ses professionnels.

L’architecture, c’est d’abord pour le ministère dont j’ai la charge, l’exercice
d’une maîtrise d’ouvrage publique exemplaire et diversifiée, qui fait appel à un
panel d'architectes très large, jeunes ou expérimentés, français ou étrangers :
l’équipe K-Architecture, des nouveaux albums des jeunes architectes, pour la
création de la salle de répétition du Théâtre national de la Colline, mais aussi
Jean-François Bodin oeuvrant à la Cité de l'architecture et du patrimoine, Rudy
Ricciotti au magnifique projet de département des arts de l'islam au Louvre et,
bien entendu, des architectes étrangers, tels Shigeru Ban à Metz.

La place de l’architecture et des architectes dans la société, et dans la
réalisation du cadre de vie quotidien de nos concitoyens, repose sur leurs
compétences, leurs savoir-faire, leur créativité. Cette rentrée a marqué l’entrée
en vigueur, au sein des 20 écoles nationales supérieures d’architecture, de la
réforme de l’enseignement. Je tiens à réaffirmer devant vous mon engagement
à rénover des écoles, à bâtir de nouveaux établissements, et à leur donner les
moyens d’un enseignement digne des missions des architectes. Cela est
essentiel pour la formation initiale et pour la formation continue tout au long de
la vie professionnelle.

Pour susciter, entretenir et développer le besoin ou l’exigence d’architecture
chez nos concitoyens, il nous appartient de renforcer la politique de diffusion,
avec les services déconcentrés du ministère et en relation avec nos
partenaires, en particulier les CAUE et les Maisons de l'architecture : le Grand
Prix national de l’architecture relancé en 2004, les Rendez-vous de
l’architecture organisés en 2005, ou les opérations « Vivre les Villes », comme
le Prix grand public d’architecture, sont des occasion de parler au grand public
du rôle de l’architecture et des architectes. La relance de l’éducation artistique
et culturelle contribuera également à renforcer la culture de l’architecture.

L’ouverture très prochaine de la Cité de l’architecture et du patrimoine, au
Palais de Chaillot, dès la fin de l’année 2006, complètera le réseau des lieux de
diffusion à destination de tous les publics.

Enfin, ce rapide inventaire serait incomplet, s’il ne mentionnait la promotion des
jeunes talents. Relancée en 2001 sous la forme des nouveaux albums,
l’opération en faveur des jeunes architectes recrutera en 2006 la troisième
promotion des « NAJA ». Et leur succès a conduit à engager une démarche
identique pour les jeunes paysagistes, à l’échelle de l’Union européenne.

Défendre la place de l’architecture dans la société est une tâche de longue
haleine, qui doit nous mobiliser tous ensemble. C’est dans cet esprit que je
préciserai, pour répondre à la demande légitime, formulée par plusieurs d'entre
vous, les missions et le rôle confiés à ce comité.

Ce comité sera réuni au moins une fois par an. Il pourra proposer des
évolutions d'ordre juridique, émettre des avis sur les grands sujets liés à
l'architecture et au cadre de vie. Il pourra s’intéresser aux conditions d'exercice
des architectes comme à leur formation initiale et continue.

Ce comité traduira, j'en suis certain, un engagement commun de l’Etat et des
professionnels de l'architecture. Je tiens à échanger avec vous et à vous
entendre directement. Vous êtes les acteurs du rayonnement mondial de
l’architecture française. Vous êtes aussi les témoins de notre société même si
je perçois, en voyant la composition très masculine de cette assemblée, que le
regard porté par des femmes architectes fera, sans aucun doute, défaut !

Avant de vous permettre d’aborder les thèmes de réflexion qui vous sont chers,
je souhaiterais pour ma part vous entendre sur les « banlieues ». La responsabilité de la crise urbaine est parfois, vous le savez, attribuée un peu
rapidement aux architectes. Cela me surprend, et me choque aussi tant les
responsabilités s’avèrent partagées. Mais en regardant plutôt vers l’avenir,
j’aimerais en savoir plus sur les réponses que vous pouvez proposer face aux
défis urbains qui sont les nôtres.

Je tiens également à recueillir votre avis sur les moyens que l'Etat pourrait
mettre en oeuvre pour soutenir la création architecturale au sein de la maîtrise
d'ouvrage privée.

Vous l’avez compris, la place de l’architecture au sein du ministère de la culture
a été affermie et renforcée, par la réforme de l’organisation des services, par la
mise à niveau et l’adaptation européenne de l’enseignement, par la
reconnaissance de la recherche, qui reste à développer. Je tiens, désormais, à
contribuer à faire reconnaître la place des architectes au sein des évolutions et
des débats actuels de notre société. Telle est l’ambition que je souhaite vous
faire partager, en remerciant par avance chacun des membres de votre haut
comité et chacune des personnes ici présentes, pour votre participation et votre
contribution.

Présentation du budget 2006 de la culture au Sénat

5 décembre 2005

Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs les Sénateurs,

C’est la seconde fois dans l’année 2005 que je viens devant vous pour expliquer ma gestion, puisque le débat consacré par votre Haute Assemblée, à l’initiative de votre commission des finances, le 12 octobre dernier, à la loi de règlement de 2004, m’a permis de vous éclairer sur l’exécution du budget d’un département ministériel dont j’espère vous avoir convaincu qu’il est un ministère bien géré.

Mais vous le savez, mieux que quiconque, avant d’être un acte de gestion, un budget est d’abord l’expression d’une politique.

Ma politique a pour objet l’alliance entre la création et le patrimoine, ou les patrimoines, selon l’intitulé des programmes du budget de la mission « culture ». Cette alliance suppose un point d’équilibre entre l’encouragement de la création d’aujourd’hui, qui s’inspire pour partie de ce qui a été créé dans le passé et alimentera le patrimoine de demain, et la conservation de ce qui a été créé par les générations précédentes et est devenu le patrimoine d’aujourd’hui. L’un ne peut vivre sans l’autre et cette symbiose a une traduction concrète sur le plan budgétaire : Les crédits consacrés à la création, sont aussi importants que ceux consacrés au patrimoine. Cette volonté d’équilibre m’anime depuis vingt mois et elle acquiert une visibilité et une importance symboliques plus grandes encore dans ce projet de loi de finances pour 2006, avec la mise en œuvre de la LOLF, et, pour la mission « Culture », des trois programmes consacrés respectivement aux patrimoines, à la création et à la transmission des savoirs et à la démocratisation de la culture. Monsieur le Rapporteur spécial, je suis prêt à apporter les améliorations que vous souhaitez à ce troisième programme. Au sein du budget de la mission « culture », en y incluant les dépenses de personnel, la répartition des crédits entre les trois programmes démontre le respect de cet équilibre : 36 % pour le patrimoine, 33 % pour la création et 31 % pour la transmission des savoirs.

J’ai eu l’occasion au cours du dernier trimestre d’exposer en détail les axes à long terme de ma politique pour chacun des aspects principaux de ces trois programmes.

J’ai exposé ma politique en faveur du patrimoine à l’occasion des Journées européennes du patrimoine et de ma communication au conseil des ministres le 13 septembre dernier.

Dans le domaine du spectacle vivant, j’ai annoncé mes priorités pour étendre les territoires de la musique, à Strasbourg, le 23 septembre ; ma politique du théâtre le 5 octobre ; celle pour les musiques actuelles le 7 octobre à Nancy ; le 13 octobre mon action en faveur de la danse.

Le 10 octobre, le Premier ministre a présenté le plan du gouvernement en faveur de la création, en particulier dans le domaine des arts plastiques, lors de la visite de la FIAC.

Avec mon collègue Gilles de Robien, j’entends également relancer la grande ambition de l’éducation artistique et culturelle et c’est pour cela que je ne néglige pas non plus les crédits du programme transmission des savoirs et démocratisation de la culture. Vos rapporteurs, et en particulier MM. Nachbar et Lagauche, ont rappelé le détail du plan de relance pour l’éducation artistique et culturelle.

Les événements récents dans nos banlieues militent pour que le rôle de la culture dans ces quartiers soit renforcé. Et je ne vous cache pas que l’amendement qui a amputé à l’Assemblée nationale les crédits de cette mission au profit du plan d’urgence pour les banlieues me semble inapproprié.

En effet, ma politique culturelle contribue aux objectifs essentiels de l’action du Gouvernement : l’épanouissement personnel de nos concitoyens, la cohésion sociale, mais aussi l’attractivité économique de notre pays. A cet égard, si le 20 octobre dernier, la convention pour la diversité culturelle de l’Unesco a été adoptée à la quasi unanimité à l’initiative de la France, c’est aussi parce que notre politique culturelle est crédible. Le projet de budget que je vous présente est destiné à la conforter.

Venons-en aux crédits de la mission culture

En 2006, le budget de la mission « culture » est de 2.874 millions d’euros en autorisations d’engagement et de 2.790 millions d’euros en crédits de paiement, auxquels il faut ajouter une dotation en capital de cent millions d’euros issue des recettes de privatisations.

Je souhaite que chacun mesure la portée politique et symbolique de cette décision du Premier ministre. Les recettes des privatisations reviennent ainsi dans le patrimoine de l’Etat, c’est-à-dire dans notre patrimoine à tous. Cette dotation sera affectée en totalité à l’investissement, pas un centime ne sera détourné en fonctionnement.

Les crédits de personnel sont de 642 millions d’euros, soit 23 % des crédits de la mission. Ce ministère continuera, là où c’est possible, à poursuivre la réduction de ses effectifs. Mais, pour autant, l’accès d’un public plus nombreux à la culture et l’ouverture de nouveaux lieux nécessitent des moyens nouveaux. Il faut trouver un point d’équilibre entre la règle du non remplacement, la nécessité de maintenir et de revaloriser certaines filières – je pense en particulier à l’accueil et à la surveillance – et l’impératif de mettre la culture à la portée de tous.

Commençons par le programme « patrimoines »,
Les autorisations d’engagement représentent plus de 1,08 milliard d’euros et les crédits de paiement 972 millions d’euros, sans la dotation en capital que j’ai évoquée.

Ainsi, les moyens consacrés au patrimoine monumental vont augmenter de cent millions d’euros. Je connais les difficultés sur les chantiers des monuments historiques et les besoins dans ce domaine. Je sais que vous y êtes particulièrement sensibles. Je tiens à souligner que grâce à cet effort, l’engagement de l’Etat retrouve un rythme qu’il n’avait jamais connu avant la tempête de 1999. Mais la gestion 2006 restera, je vous l’avoue, très tendue.

Dès l’an prochain, ce ministère disposera d’une programmation précise des quelque dix mille chantiers en cours. Les progrès que nous allons réaliser grâce à l’informatique de gestion nous permettront de répondre plus facilement aux interrogations sur la poursuite des chantiers et de mieux gérer les crédits disponibles.

La dotation en capital destinée au patrimoine monumental permettra de garantir la bonne exécution d’un certain nombre de chantiers : il a été choisi d’en affecter le produit à certains sites pour lesquels un effort particulier était nécessaire : le palais de la porte dorée , le palais de Chaillot, le château de Versailles et le Fort Saint-Jean à Marseille. Certes, beaucoup de ces investissements à payer sont en région Ile-de-France, car beaucoup d’institutions prestigieuses entièrement à la charge de l’Etat y sont installées, mais je tiens à souligner que les autorisations d’engagement sont, elles, équilibrées entre Paris et les régions, et ceci répond aux critiques de certains d’entre vous, dont Mme Blandin.

Un mot sur l’archéologie, et en particulier l’INRAP, qui a fait l’objet d’un excellent rapport de Yann Gaillard. Cela fait trois ans que nous devons abonder en gestion le budget de l’INRAP. Les changements législatifs qui ont corrigé les nombreux défauts de la redevance, ont obéré la collecte de celle-ci. La forte mobilisation des DRAC et la stabilité de l’assiette font espérer des rendements bien supérieurs en 2006. J’ai par ailleurs commandé un rapport à l’inspection des finances, afin de trouver à ce problème récurrent des solutions pérennes. Je travaille en ce moment même sur les premières conclusions de ce rapport. Aussi je pense que tout amendement visant à abonder les crédits de l’INRAP serait prématuré.

L’architecture bénéficiera également de nombreuses mesures nouvelles, en particulier pour la rénovation des écoles, pour la revalorisation du statut des architectes et pour une meilleure reconnaissance de leur formidable travail. Cette mobilisation en faveur de l’architecture sera poursuivie en 2007 : elle accompagne la mise en place du cursus « LMD » [ Licence-Master-Doctorat ] dans les écoles. C’est la première fois qu’autant de mesures sont prises pour l’architecture dans le budget du ministère de la culture, signe de l’intérêt de ce gouvernement pour le cadre de vie des Français.

La dotation en faveur des archives, qui dépasse les cent millions d’euros, est exceptionnelle. Elle est liée à la construction du nouveau centre des archives nationales de Pierrefitte, en Seine Saint-Denis.

La réhabilitation du site historique de la Bibliothèque nationale, rue de Richelieu, va débuter en 2006 à ma demande. Il s’agit d’abord de sa mise aux normes de sécurité, qui n’a que trop attendu. Puis viendra la réalisation d’un projet de réhabilitation complète permettant l’accès d’un public plus large à ses riches collections. Je rappelle qu’en 2006, le budget d’investissement de la BnF sera de 20,5 millions d’euros, sur lequel le site Richelieu devrait se voir attribuer 3,3 millions d’euros.

Je terminerai, sur le programme « patrimoines », en parlant des musées. Le projet de budget que je vous soumets permettra de lancer plusieurs grands chantiers ambitieux.

Je pense au département des arts de l’Islam du Louvre, dont le chantier démarrera l’an prochain. Je pense au château de Versailles, dont le schéma directeur doit avancer au même rythme que la progression de la fréquentation. Je pense aussi aux châteaux-musées, comme Compiègne, Fontainebleau ou Pau. J’ai souhaité les ouvrir à de nouveaux publics. Un effort pluriannuel important sera engagé, afin que ce patrimoine prestigieux soit restauré et entretenu correctement.

Les ouvertures d’établissements nouveaux ou réhabilités seront nombreuses en 2006. Au mois de mai, c’est l’Orangerie qui ouvrira ses portes avec l’aide de la Réunion des musées nationaux. En juin, ce sera l’ouverture du magnifique musée du quai Branly, dédié aux arts premiers. Je pense aussi au centre national du costume de scène à Moulins, qui sera inauguré au printemps prochain.

Enfin, en septembre, le musée des arts décoratifs rouvrira ses portes dans l’enceinte du Louvre, après une restructuration complète.

Nous poursuivrons la réalisation du musée des civilisations européennes et méditerranéennes à Marseille, avec la fin de la réhabilitation du fort Saint-Jean et l’ouverture du chantier des collections.

Parlons maintenant du programme « création » qui bénéficie de 897 millions d’euros.

Je vous l’ai dit, cette année la priorité va au patrimoine, mais dans le respect des besoins liés au soutien à la création, et tout particulièrement au spectacle vivant et aux arts plastiques.

Dans chacun des domaines du spectacle vivant, la présence des créateurs sera renforcée, dès 2006, au sein des lieux de production et de diffusion. Des mesures spécifiques, dans chaque discipline, qui visent à mieux associer les créateurs aux équipes de direction, à faciliter leur résidence dans les théâtres généralistes comme dans les institutions spécialisées, sont détaillées dans les plans sectoriels que j’ai évoqués au début de mon propos.

Il s’agit pour moi d’encourager la naissance de projets qui, dans le plus grand respect de l’indépendance artistique des créateurs et des programmateurs, comme vous avez pu le constater cet été, soient ouverts à la rencontre entre les disciplines, les artistes, les interprètes et un public en attente de propositions diverses et cohérentes, signées mais ouvertes.

Dans la nouvelle présentation budgétaire, 601 millions d’euros sont consacrés au spectacle vivant. D’autres crédits, en particulier les crédits de formation, se trouvent inscrits dans le troisième programme, celui de la transmission des savoirs. En reconstituant le périmètre de l’an passé, le total des crédits pour le spectacle vivant s’élève ainsi à 775 millions d’euros. Une part de ces crédits sera consacrée au plan pour l’emploi que j’ai initié en 2005.

Le théâtre et la musique seront marqués en 2006 par la réouverture de deux grands lieux : à la fin du premier trimestre, la salle Claudel du théâtre de l’Odéon et, à l’automne, la salle Pleyel. Ces deux grands équipements de renommée internationale manquaient à la France depuis leur fermeture pour travaux. Je suis heureux qu’ils puissent accueillir à nouveau des productions de qualité. Parallèlement, la poursuite d’une programmation distincte à la salle Berthier, partie intégrante du théâtre de l’Odéon, permettra d’accueillir des compagnies indépendantes ou de régions et d’enrichir la palette des spectacles proposés à Paris.

Ces réouvertures n’épuisent pas la question des salles de spectacle à Paris et notamment celle d’un grand auditorium. Le Premier ministre l’a appelé de ses vœux. C’est un projet qui nécessite une réflexion nourrie, dans une logique de partenariat avec les collectivités locales, et en tout premier lieu la ville de Paris.

Vingt-neuf millions d’euros seront consacrés à la création, la production et la diffusion des arts plastiques. Ces investissements concernent le Palais de Tokyo, mais aussi la manufacture des Gobelins et le Mobilier national.

Comme l’a annoncé le Premier ministre, le Grand Palais accueillera au printemps 2006 une grande exposition consacrée à l’art contemporain français.

Le Premier ministre a également annoncé à la FIAC une série de mesures destinées à assurer le rayonnement international de la création française contemporaine. Parmi celles-ci, je rappelle qu’il m’a demandé, en liaison avec mon collègue de l’économie et des finances, de réduire les disparités liées à la fiscalité du marché de l’art, en étudiant notamment la possibilité pour les créations réalisées sur support numérique ou audiovisuel de bénéficier du même régime de TVA que les autres œuvres d’art, soit un taux de 5,5 %. Il a également souhaité que les œuvres d’artistes vivants puissent être remises en dation, pour acquitter l’impôt sur la fortune ou les droits de succession ou de donation, comme c’est déjà le cas pour les œuvres plus anciennes.

Il convient aussi que les particuliers soient encouragés à acquérir des œuvres, par exemple par une déduction fiscale sur les achats d’œuvres d’artistes ayant leur foyer fiscal en France et vendues par des galeries.

Par ailleurs, si la loi du 1er août 2003 a créé des conditions très favorables pour le mécénat d’entreprise, l’instruction du 13 juillet 2004 sur cette loi en a réduit la portée en imposant aux entreprises des conditions très exigeantes de présentation au public des œuvres acquises. Aussi le Premier ministre a –t-il demandé qu’une nouvelle instruction soit prise, veillant plus simplement à ce que l’œuvre soit exposée dans un lieu accessible aux salariés, clients et partenaires de l’entreprise.

Enfin, le programme « transmission des savoirs et démocratisation de la culture » lequel comporte l’essentiel des coûts de personnel et de fonctionnement du ministère.

Il s’agit surtout du programme pour l’éducation artistique et culturelle dont les actions se font en majorité dans les directions régionales des affaires culturelles, mais également dans les grands établissements publics : ces aides représentent 40 millions d’euros.

Notre idée centrale est de demander à lensemble des établissements scolaires de sassocier avec une équipe artistique, une structure ou un lieu culturel, pour assurer une ouverture des élèves au monde des arts et de la culture, par la présence conjointe, dans un projet commun, dune parole pédagogique et dune parole artistique et culturelle. C’est ce que j’appelle le principe du jumelage.

Enfin, sur le plus long terme, une vraie réflexion est à mener entre la rue de Valois et la rue de Grenelle, sur la place de léducation à la culture dans les cursus éducatifs, au-delà des seuls enseignements artistiques traditionnels, et de leur intégration au sein du socle fondamental des connaissances. Tel est le rôle essentiel du Haut Conseil de léducation artistique et culturelle.

Comme l’a déclaré le Premier ministre, le 1er décembre dernier, « les Français veulent que chaque enfant reçoive le même enseignement et la même culture de base, qui lui serviront tout au long de sa vie : la lecture, l’écriture, le calcul, la citoyenneté, la maîtrise d’une langue étrangère, mais aussi l’éducation artistique qui est un élément décisif de l’éveil d’une personnalité ».

Je terminerai par mes priorités pour le cinéma, la production audiovisuelle et l’industrie du disque. Elles sont en premier lieu la poursuite d’une politique de l’emploi et d’une politique fiscale ambitieuses.

Le crédit d’impôt en faveur de la production cinématographique que vous avez adopté en 2004, puis que vous avez étendu, à ma demande, à la production audiovisuelle en 2005, ont permis, en accueillant et en relocalisant, avec le concours des régions, de nombreux tournages, de créer ou de sauvegarder 3000 emplois dans les secteurs de la production cinématographique et audiovisuelle.

Ce bilan positif nous incite à porter l’effort, en 2006, sur la consolidation de ces mesures.

L’effet structurant de telles mesures fiscales, pour soutenir et défendre la diversité de nos créations, de nos emplois et de nos industries culturelles, pour relancer l’investissement et permettre la prise de risque, peuvent nous inciter à les étendre, et je pense en particulier au domaine du disque. C’est pourquoi j’ai proposé la création d’un crédit d’impôt pour les PME du disque, ainsi qu’un fonds d’avance remboursable, qui pourrait permettre de recréer 1500 emplois directs et indirects dans ce secteur.

Sur le plan fiscal encore, vous avez évoqué, Monsieur le Rapporteur, les SOFICA. Cet instrument, dans l’intérêt du cinéma, doit viser une cible plus large. Il doit aussi contribuer davantage à la production indépendante et à la création. J’ai ainsi souhaité que le régime des SOFICA soit modernisé, que les exigences à l’égard de la production indépendante soient renforcées, tout comme les garanties de transparence du dispositif ; et cela n’a pas dissuadé les demandes, bien au contraire : jamais les SOFICA n’ont été si nombreuses, et les demandes d’agrément si importantes qu’en 2005. Enfin, l’enveloppe de la collecte a été déplafonnée pour atteindre 56 millions d’euros, soit dix millions d’euros supplémentaires, qui iront en priorité à des premiers films, c’est-à-dire à la création.

Je souhaite aussi dynamiser les ressources allouées au cinéma et à l’audiovisuel. C’est la raison pour laquelle l’amendement adopté à l’Assemblée nationale élargissant au parrainage la taxe sur la publicité alimentant le compte de soutien à l’industrie des programmes cinématographiques et audiovisuels, à compter de l’exercice 2007, est une mesure positive et équilibrée.

J’ai également souhaité que le compte de soutien du CNC s’adapte au nouvel environnement, marqué tout d’abord par une implication croissante des collectivités territoriales. C’est ainsi que les fonds régionaux cinéma créés en 2004, étendus à l’audiovisuel en 2005, seront reconduits en 2006, leur bilan étant très positif.

Enfin j’ai voulu stimuler l’innovation dans les programmes, pour améliorer leur qualité et encourager le succès de la production audiovisuelle en France comme à l’étranger, particulièrement la fiction mais aussi l’animation et le documentaire, en suscitant en 2005 la création d’un fonds à l’innovation audiovisuelle. Je note que la Commission européenne vient dans les tout derniers jours d’adresser un satisfecit à la France pour la qualité de la conception de ce programme d’aide, et cela augure favorablement de la poursuite de la procédure d’agrément du système d’aide français.

Vous avez, Monsieur le Rapporteur pour avis, évoqué à juste titre le court-métrage et le cinéma numérique. L’adaptation, nous devons en effet la conduire aussi à l’égard de la révolution numérique, qui modifie en profondeur l’ensemble de la filière cinéma et audiovisuel, de la salle jusqu’aux nouveaux supports, sur les mobiles et sur l’Internet. C’est la raison pour laquelle, j’ai demandé au CNC qu’une étude soit conduite sur ce sujet très important pour l’avenir du cinéma. Sur le court-métrage, sujet multiforme, vous le savez, j’ai l’habitude de tenir mes engagements. J’annoncerai à Clermont-Ferrand les mesures que je compte adopter à la fin du mois de janvier .

Le projet de budget des actions financées par la mission « culture » dont les crédits d’intervention et d’investissement sont gérés par le CNC, , s’élève à 41,9 millions d’euros.

Les crédits de subventions sont destinées pour l’essentiel au « 51 Rue de Bercy », à la nouvelle Cinémathèque française, qui vient d’ouvrir et dont le succès ne se dément pas. Les crédits d’investissement concernent la poursuite du plan de restauration des films ainsi que des travaux de construction réalisés aux Archives françaises du film du CNC.

J’en viens maintenant à la modernisation

Pour répondre aux défis de l’action de l’Etat dans un contexte budgétaire contraint, il est une priorité stratégique : c’est la modernisation de mon administration.

Tout d’abord, j’ai décidé de créer un poste de secrétaire général au sein du ministère de la culture et de la communication, permettant de coordonner la mise en place des réformes, dans un ministère qui comporte dix directions d’administration centrale et soixante-dix établissements publics. Il sera l’interlocuteur du ministre chargé de la réforme de l’Etat et pilotera le dispositif de réforme que j’engage. Je crois répondre par là aux réserves qu’a formulées votre Rapporteur spécial.

J’ai également décidé de lancer une réforme de la Direction de la Musique, de la Danse, du Théâtre et des Spectacles (DMDTS). Je souhaite que les compétences de cette direction trouvent, dans le cadre d’une organisation rénovée et plus proche des réalités de la vie artistique, à s’exprimer pleinement.

Dans ce but, j’ai confié à l’inspection générale de l’administration de la culture une mission d’analyse du fonctionnement de la DMDTS. Les professionnels du spectacle, dans toutes les disciplines, seront largement associés à cette réflexion, afin qu’elle aboutisse à une réforme que je souhaite mettre en œuvre avant la fin du 1er semestre 2006.

Vous le savez, l’accès de tous à la culture, et le service du public, se jouent aujourd’hui, essentiellement, dans les régions, avec la déconcentration des crédits, la décentralisation des missions et les projets, partout exprimés par les élus, pour répondre aux envies, aux demandes, aux besoins de culture de leurs populations.

Dans le cadre de la réforme de l’administration régionale de l’Etat, j’ai créé cette année des « pôles culture » auprès des préfets de région. Ils sont animés par les Directeurs régionaux des Affaires culturelles (DRAC) et regroupent tous les services et établissements culturels de l’Etat, afin de mieux coordonner leur action. J’ai également voulu la création dans chaque DRAC d’un service régional de l’architecture et du patrimoine pour donner plus de lisibilité et d’efficacité à notre action.

Ce ministère doit simplifier son action, la rendre plus visible et plus lisible. Ainsi, par exemple, les SDAP que je viens de citer, doivent devenir à terme un véritable guichet unique pour toutes les questions de patrimoine et d’architecture dépendant de mon ministère, sans déposséder de leurs prérogatives les conservations régionales des monuments historiques : c’est à l’administration de gérer la complexité des dossiers et au citoyen de trouver la simplicité. La gestion de notre patrimoine doit être exemplaire sur ce point. Tel est l’objet des mesures que j’ai présentées au conseil des ministres, le 13 septembre dernier.

Enfin, le comité de pilotage de la bibliothèque numérique européenne, que je préside, avance et sera doté de 400 000 euros l’an prochain, si vous adoptez le budget qui vous est soumis, afin que de ce grand et beau projet, voulu par le Président de la République, jaillissent de nouvelles sources de connaissances et de découvertes accessibles à tous les publics.

Ce ministère est bien géré et il est important que cela se sache. J’en veux pour preuve l’excellente exécution de son budget pour 2004, que votre Haute Assemblée a soulignée lors du débat sur la loi de règlement.

Pour terminer, je voudrais vous parler du chiffre symbolique du 1% du budget général de l’État consacré à la culture. Je vous avais dit l’an passé que ce chiffre symbolique, qui n’était pas tout à fait atteint, me semblait bien en deçà des besoins réels. Cette année, avec les changements de périmètre, la culture représente 1,11 % du budget général : il n’en demeure pas moins que même à ce niveau, le chiffre est encore bien inférieur aux besoins qui, notamment en termes d’investissements locaux, restent immenses.

Ainsi, si ce ministère se modernise et participe activement à la mise en place de la LOLF, les marges de manœuvre qu’autorise la fongibilité sont quasi inexistantes. Les engagement en particulier vis-à-vis des collectivités locales sont nombreux. Et dans ce budget, le moindre million d’euro compte beaucoup, comme le montre la justification au premier euro du budget. Je tiens d’ailleurs à souligner l’admirable travail du Sénat, qui a permis de corriger des erreurs d’imputation de crédits dans les programmes création et transmission des savoirs. Aussi, toute amputation risque de déstabiliser complètement la cohérence et l’équilibre de ce budget. Je suis un gestionnaire rigoureux des deniers publics, je vous l’ai montré lors du débat sur la loi de règlement 2004. Mais j’attends en contrepartie qu’on me laisse gérer mon ministère selon le vote des crédits ouverts par le parlement car le jeu des gels, annulations et reports sont en complète opposition avec l’esprit de la LOLF.

Respectueux de l’esprit de la loi et du Parlement, je compte sur votre soutien pour les objectifs et les crédits que je viens soumettre à vos voix.

Présentation du budget 2006 de la culture au Sénat

5 décembre 2005

Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs les Sénateurs,

C’est la seconde fois dans l’année 2005 que je viens devant vous pour expliquer ma gestion, puisque le débat consacré par votre Haute Assemblée, à l’initiative de votre commission des finances, le 12 octobre dernier, à la loi de règlement de 2004, m’a permis de vous éclairer sur l’exécution du budget d’un département ministériel dont j’espère vous avoir convaincu qu’il est un ministère bien géré.

Mais vous le savez, mieux que quiconque, avant d’être un acte de gestion, un budget est d’abord l’expression d’une politique.

Ma politique a pour objet l’alliance entre la création et le patrimoine, ou les patrimoines, selon l’intitulé des programmes du budget de la mission « culture ». Cette alliance suppose un point d’équilibre entre l’encouragement de la création d’aujourd’hui, qui s’inspire pour partie de ce qui a été créé dans le passé et alimentera le patrimoine de demain, et la conservation de ce qui a été créé par les générations précédentes et est devenu le patrimoine d’aujourd’hui. L’un ne peut vivre sans l’autre et cette symbiose a une traduction concrète sur le plan budgétaire : Les crédits consacrés à la création, sont aussi importants que ceux consacrés au patrimoine. Cette volonté d’équilibre m’anime depuis vingt mois et elle acquiert une visibilité et une importance symboliques plus grandes encore dans ce projet de loi de finances pour 2006, avec la mise en œuvre de la LOLF, et, pour la mission « Culture », des trois programmes consacrés respectivement aux patrimoines, à la création et à la transmission des savoirs et à la démocratisation de la culture. Monsieur le Rapporteur spécial, je suis prêt à apporter les améliorations que vous souhaitez à ce troisième programme. Au sein du budget de la mission « culture », en y incluant les dépenses de personnel, la répartition des crédits entre les trois programmes démontre le respect de cet équilibre : 36 % pour le patrimoine, 33 % pour la création et 31 % pour la transmission des savoirs.

J’ai eu l’occasion au cours du dernier trimestre d’exposer en détail les axes à long terme de ma politique pour chacun des aspects principaux de ces trois programmes.

J’ai exposé ma politique en faveur du patrimoine à l’occasion des Journées européennes du patrimoine et de ma communication au conseil des ministres le 13 septembre dernier.

Dans le domaine du spectacle vivant, j’ai annoncé mes priorités pour étendre les territoires de la musique, à Strasbourg, le 23 septembre ; ma politique du théâtre le 5 octobre ; celle pour les musiques actuelles le 7 octobre à Nancy ; le 13 octobre mon action en faveur de la danse.

Le 10 octobre, le Premier ministre a présenté le plan du gouvernement en faveur de la création, en particulier dans le domaine des arts plastiques, lors de la visite de la FIAC.

Avec mon collègue Gilles de Robien, j’entends également relancer la grande ambition de l’éducation artistique et culturelle et c’est pour cela que je ne néglige pas non plus les crédits du programme transmission des savoirs et démocratisation de la culture. Vos rapporteurs, et en particulier MM. Nachbar et Lagauche, ont rappelé le détail du plan de relance pour l’éducation artistique et culturelle.

Les événements récents dans nos banlieues militent pour que le rôle de la culture dans ces quartiers soit renforcé. Et je ne vous cache pas que l’amendement qui a amputé à l’Assemblée nationale les crédits de cette mission au profit du plan d’urgence pour les banlieues me semble inapproprié.

En effet, ma politique culturelle contribue aux objectifs essentiels de l’action du Gouvernement : l’épanouissement personnel de nos concitoyens, la cohésion sociale, mais aussi l’attractivité économique de notre pays. A cet égard, si le 20 octobre dernier, la convention pour la diversité culturelle de l’Unesco a été adoptée à la quasi unanimité à l’initiative de la France, c’est aussi parce que notre politique culturelle est crédible. Le projet de budget que je vous présente est destiné à la conforter.

Venons-en aux crédits de la mission culture

En 2006, le budget de la mission « culture » est de 2.874 millions d’euros en autorisations d’engagement et de 2.790 millions d’euros en crédits de paiement, auxquels il faut ajouter une dotation en capital de cent millions d’euros issue des recettes de privatisations.

Je souhaite que chacun mesure la portée politique et symbolique de cette décision du Premier ministre. Les recettes des privatisations reviennent ainsi dans le patrimoine de l’Etat, c’est-à-dire dans notre patrimoine à tous. Cette dotation sera affectée en totalité à l’investissement, pas un centime ne sera détourné en fonctionnement.

Les crédits de personnel sont de 642 millions d’euros, soit 23 % des crédits de la mission. Ce ministère continuera, là où c’est possible, à poursuivre la réduction de ses effectifs. Mais, pour autant, l’accès d’un public plus nombreux à la culture et l’ouverture de nouveaux lieux nécessitent des moyens nouveaux. Il faut trouver un point d’équilibre entre la règle du non remplacement, la nécessité de maintenir et de revaloriser certaines filières – je pense en particulier à l’accueil et à la surveillance – et l’impératif de mettre la culture à la portée de tous.

Commençons par le programme « patrimoines »,
Les autorisations d’engagement représentent plus de 1,08 milliard d’euros et les crédits de paiement 972 millions d’euros, sans la dotation en capital que j’ai évoquée.

Ainsi, les moyens consacrés au patrimoine monumental vont augmenter de cent millions d’euros. Je connais les difficultés sur les chantiers des monuments historiques et les besoins dans ce domaine. Je sais que vous y êtes particulièrement sensibles. Je tiens à souligner que grâce à cet effort, l’engagement de l’Etat retrouve un rythme qu’il n’avait jamais connu avant la tempête de 1999. Mais la gestion 2006 restera, je vous l’avoue, très tendue.

Dès l’an prochain, ce ministère disposera d’une programmation précise des quelque dix mille chantiers en cours. Les progrès que nous allons réaliser grâce à l’informatique de gestion nous permettront de répondre plus facilement aux interrogations sur la poursuite des chantiers et de mieux gérer les crédits disponibles.

La dotation en capital destinée au patrimoine monumental permettra de garantir la bonne exécution d’un certain nombre de chantiers : il a été choisi d’en affecter le produit à certains sites pour lesquels un effort particulier était nécessaire : le palais de la porte dorée , le palais de Chaillot, le château de Versailles et le Fort Saint-Jean à Marseille. Certes, beaucoup de ces investissements à payer sont en région Ile-de-France, car beaucoup d’institutions prestigieuses entièrement à la charge de l’Etat y sont installées, mais je tiens à souligner que les autorisations d’engagement sont, elles, équilibrées entre Paris et les régions, et ceci répond aux critiques de certains d’entre vous, dont Mme Blandin.

Un mot sur l’archéologie, et en particulier l’INRAP, qui a fait l’objet d’un excellent rapport de Yann Gaillard. Cela fait trois ans que nous devons abonder en gestion le budget de l’INRAP. Les changements législatifs qui ont corrigé les nombreux défauts de la redevance, ont obéré la collecte de celle-ci. La forte mobilisation des DRAC et la stabilité de l’assiette font espérer des rendements bien supérieurs en 2006. J’ai par ailleurs commandé un rapport à l’inspection des finances, afin de trouver à ce problème récurrent des solutions pérennes. Je travaille en ce moment même sur les premières conclusions de ce rapport. Aussi je pense que tout amendement visant à abonder les crédits de l’INRAP serait prématuré.

L’architecture bénéficiera également de nombreuses mesures nouvelles, en particulier pour la rénovation des écoles, pour la revalorisation du statut des architectes et pour une meilleure reconnaissance de leur formidable travail. Cette mobilisation en faveur de l’architecture sera poursuivie en 2007 : elle accompagne la mise en place du cursus « LMD » [ Licence-Master-Doctorat ] dans les écoles. C’est la première fois qu’autant de mesures sont prises pour l’architecture dans le budget du ministère de la culture, signe de l’intérêt de ce gouvernement pour le cadre de vie des Français.

La dotation en faveur des archives, qui dépasse les cent millions d’euros, est exceptionnelle. Elle est liée à la construction du nouveau centre des archives nationales de Pierrefitte, en Seine Saint-Denis.

La réhabilitation du site historique de la Bibliothèque nationale, rue de Richelieu, va débuter en 2006 à ma demande. Il s’agit d’abord de sa mise aux normes de sécurité, qui n’a que trop attendu. Puis viendra la réalisation d’un projet de réhabilitation complète permettant l’accès d’un public plus large à ses riches collections. Je rappelle qu’en 2006, le budget d’investissement de la BnF sera de 20,5 millions d’euros, sur lequel le site Richelieu devrait se voir attribuer 3,3 millions d’euros.

Je terminerai, sur le programme « patrimoines », en parlant des musées. Le projet de budget que je vous soumets permettra de lancer plusieurs grands chantiers ambitieux.

Je pense au département des arts de l’Islam du Louvre, dont le chantier démarrera l’an prochain. Je pense au château de Versailles, dont le schéma directeur doit avancer au même rythme que la progression de la fréquentation. Je pense aussi aux châteaux-musées, comme Compiègne, Fontainebleau ou Pau. J’ai souhaité les ouvrir à de nouveaux publics. Un effort pluriannuel important sera engagé, afin que ce patrimoine prestigieux soit restauré et entretenu correctement.

Les ouvertures d’établissements nouveaux ou réhabilités seront nombreuses en 2006. Au mois de mai, c’est l’Orangerie qui ouvrira ses portes avec l’aide de la Réunion des musées nationaux. En juin, ce sera l’ouverture du magnifique musée du quai Branly, dédié aux arts premiers. Je pense aussi au centre national du costume de scène à Moulins, qui sera inauguré au printemps prochain.

Enfin, en septembre, le musée des arts décoratifs rouvrira ses portes dans l’enceinte du Louvre, après une restructuration complète.

Nous poursuivrons la réalisation du musée des civilisations européennes et méditerranéennes à Marseille, avec la fin de la réhabilitation du fort Saint-Jean et l’ouverture du chantier des collections.

Parlons maintenant du programme « création » qui bénéficie de 897 millions d’euros.

Je vous l’ai dit, cette année la priorité va au patrimoine, mais dans le respect des besoins liés au soutien à la création, et tout particulièrement au spectacle vivant et aux arts plastiques.

Dans chacun des domaines du spectacle vivant, la présence des créateurs sera renforcée, dès 2006, au sein des lieux de production et de diffusion. Des mesures spécifiques, dans chaque discipline, qui visent à mieux associer les créateurs aux équipes de direction, à faciliter leur résidence dans les théâtres généralistes comme dans les institutions spécialisées, sont détaillées dans les plans sectoriels que j’ai évoqués au début de mon propos.

Il s’agit pour moi d’encourager la naissance de projets qui, dans le plus grand respect de l’indépendance artistique des créateurs et des programmateurs, comme vous avez pu le constater cet été, soient ouverts à la rencontre entre les disciplines, les artistes, les interprètes et un public en attente de propositions diverses et cohérentes, signées mais ouvertes.

Dans la nouvelle présentation budgétaire, 601 millions d’euros sont consacrés au spectacle vivant. D’autres crédits, en particulier les crédits de formation, se trouvent inscrits dans le troisième programme, celui de la transmission des savoirs. En reconstituant le périmètre de l’an passé, le total des crédits pour le spectacle vivant s’élève ainsi à 775 millions d’euros. Une part de ces crédits sera consacrée au plan pour l’emploi que j’ai initié en 2005.

Le théâtre et la musique seront marqués en 2006 par la réouverture de deux grands lieux : à la fin du premier trimestre, la salle Claudel du théâtre de l’Odéon et, à l’automne, la salle Pleyel. Ces deux grands équipements de renommée internationale manquaient à la France depuis leur fermeture pour travaux. Je suis heureux qu’ils puissent accueillir à nouveau des productions de qualité. Parallèlement, la poursuite d’une programmation distincte à la salle Berthier, partie intégrante du théâtre de l’Odéon, permettra d’accueillir des compagnies indépendantes ou de régions et d’enrichir la palette des spectacles proposés à Paris.

Ces réouvertures n’épuisent pas la question des salles de spectacle à Paris et notamment celle d’un grand auditorium. Le Premier ministre l’a appelé de ses vœux. C’est un projet qui nécessite une réflexion nourrie, dans une logique de partenariat avec les collectivités locales, et en tout premier lieu la ville de Paris.

Vingt-neuf millions d’euros seront consacrés à la création, la production et la diffusion des arts plastiques. Ces investissements concernent le Palais de Tokyo, mais aussi la manufacture des Gobelins et le Mobilier national.

Comme l’a annoncé le Premier ministre, le Grand Palais accueillera au printemps 2006 une grande exposition consacrée à l’art contemporain français.

Le Premier ministre a également annoncé à la FIAC une série de mesures destinées à assurer le rayonnement international de la création française contemporaine. Parmi celles-ci, je rappelle qu’il m’a demandé, en liaison avec mon collègue de l’économie et des finances, de réduire les disparités liées à la fiscalité du marché de l’art, en étudiant notamment la possibilité pour les créations réalisées sur support numérique ou audiovisuel de bénéficier du même régime de TVA que les autres œuvres d’art, soit un taux de 5,5 %. Il a également souhaité que les œuvres d’artistes vivants puissent être remises en dation, pour acquitter l’impôt sur la fortune ou les droits de succession ou de donation, comme c’est déjà le cas pour les œuvres plus anciennes.

Il convient aussi que les particuliers soient encouragés à acquérir des œuvres, par exemple par une déduction fiscale sur les achats d’œuvres d’artistes ayant leur foyer fiscal en France et vendues par des galeries.

Par ailleurs, si la loi du 1er août 2003 a créé des conditions très favorables pour le mécénat d’entreprise, l’instruction du 13 juillet 2004 sur cette loi en a réduit la portée en imposant aux entreprises des conditions très exigeantes de présentation au public des œuvres acquises. Aussi le Premier ministre a –t-il demandé qu’une nouvelle instruction soit prise, veillant plus simplement à ce que l’œuvre soit exposée dans un lieu accessible aux salariés, clients et partenaires de l’entreprise.

Enfin, le programme « transmission des savoirs et démocratisation de la culture » lequel comporte l’essentiel des coûts de personnel et de fonctionnement du ministère.

Il s’agit surtout du programme pour l’éducation artistique et culturelle dont les actions se font en majorité dans les directions régionales des affaires culturelles, mais également dans les grands établissements publics : ces aides représentent 40 millions d’euros.

Notre idée centrale est de demander à lensemble des établissements scolaires de sassocier avec une équipe artistique, une structure ou un lieu culturel, pour assurer une ouverture des élèves au monde des arts et de la culture, par la présence conjointe, dans un projet commun, dune parole pédagogique et dune parole artistique et culturelle. C’est ce que j’appelle le principe du jumelage.

Enfin, sur le plus long terme, une vraie réflexion est à mener entre la rue de Valois et la rue de Grenelle, sur la place de léducation à la culture dans les cursus éducatifs, au-delà des seuls enseignements artistiques traditionnels, et de leur intégration au sein du socle fondamental des connaissances. Tel est le rôle essentiel du Haut Conseil de léducation artistique et culturelle.

Comme l’a déclaré le Premier ministre, le 1er décembre dernier, « les Français veulent que chaque enfant reçoive le même enseignement et la même culture de base, qui lui serviront tout au long de sa vie : la lecture, l’écriture, le calcul, la citoyenneté, la maîtrise d’une langue étrangère, mais aussi l’éducation artistique qui est un élément décisif de l’éveil d’une personnalité ».

Je terminerai par mes priorités pour le cinéma, la production audiovisuelle et l’industrie du disque. Elles sont en premier lieu la poursuite d’une politique de l’emploi et d’une politique fiscale ambitieuses.

Le crédit d’impôt en faveur de la production cinématographique que vous avez adopté en 2004, puis que vous avez étendu, à ma demande, à la production audiovisuelle en 2005, ont permis, en accueillant et en relocalisant, avec le concours des régions, de nombreux tournages, de créer ou de sauvegarder 3000 emplois dans les secteurs de la production cinématographique et audiovisuelle.

Ce bilan positif nous incite à porter l’effort, en 2006, sur la consolidation de ces mesures.

L’effet structurant de telles mesures fiscales, pour soutenir et défendre la diversité de nos créations, de nos emplois et de nos industries culturelles, pour relancer l’investissement et permettre la prise de risque, peuvent nous inciter à les étendre, et je pense en particulier au domaine du disque. C’est pourquoi j’ai proposé la création d’un crédit d’impôt pour les PME du disque, ainsi qu’un fonds d’avance remboursable, qui pourrait permettre de recréer 1500 emplois directs et indirects dans ce secteur.

Sur le plan fiscal encore, vous avez évoqué, Monsieur le Rapporteur, les SOFICA. Cet instrument, dans l’intérêt du cinéma, doit viser une cible plus large. Il doit aussi contribuer davantage à la production indépendante et à la création. J’ai ainsi souhaité que le régime des SOFICA soit modernisé, que les exigences à l’égard de la production indépendante soient renforcées, tout comme les garanties de transparence du dispositif ; et cela n’a pas dissuadé les demandes, bien au contraire : jamais les SOFICA n’ont été si nombreuses, et les demandes d’agrément si importantes qu’en 2005. Enfin, l’enveloppe de la collecte a été déplafonnée pour atteindre 56 millions d’euros, soit dix millions d’euros supplémentaires, qui iront en priorité à des premiers films, c’est-à-dire à la création.

Je souhaite aussi dynamiser les ressources allouées au cinéma et à l’audiovisuel. C’est la raison pour laquelle l’amendement adopté à l’Assemblée nationale élargissant au parrainage la taxe sur la publicité alimentant le compte de soutien à l’industrie des programmes cinématographiques et audiovisuels, à compter de l’exercice 2007, est une mesure positive et équilibrée.

J’ai également souhaité que le compte de soutien du CNC s’adapte au nouvel environnement, marqué tout d’abord par une implication croissante des collectivités territoriales. C’est ainsi que les fonds régionaux cinéma créés en 2004, étendus à l’audiovisuel en 2005, seront reconduits en 2006, leur bilan étant très positif.

Enfin j’ai voulu stimuler l’innovation dans les programmes, pour améliorer leur qualité et encourager le succès de la production audiovisuelle en France comme à l’étranger, particulièrement la fiction mais aussi l’animation et le documentaire, en suscitant en 2005 la création d’un fonds à l’innovation audiovisuelle. Je note que la Commission européenne vient dans les tout derniers jours d’adresser un satisfecit à la France pour la qualité de la conception de ce programme d’aide, et cela augure favorablement de la poursuite de la procédure d’agrément du système d’aide français.

Vous avez, Monsieur le Rapporteur pour avis, évoqué à juste titre le court-métrage et le cinéma numérique. L’adaptation, nous devons en effet la conduire aussi à l’égard de la révolution numérique, qui modifie en profondeur l’ensemble de la filière cinéma et audiovisuel, de la salle jusqu’aux nouveaux supports, sur les mobiles et sur l’Internet. C’est la raison pour laquelle, j’ai demandé au CNC qu’une étude soit conduite sur ce sujet très important pour l’avenir du cinéma. Sur le court-métrage, sujet multiforme, vous le savez, j’ai l’habitude de tenir mes engagements. J’annoncerai à Clermont-Ferrand les mesures que je compte adopter à la fin du mois de janvier .

Le projet de budget des actions financées par la mission « culture » dont les crédits d’intervention et d’investissement sont gérés par le CNC, , s’élève à 41,9 millions d’euros.

Les crédits de subventions sont destinées pour l’essentiel au « 51 Rue de Bercy », à la nouvelle Cinémathèque française, qui vient d’ouvrir et dont le succès ne se dément pas. Les crédits d’investissement concernent la poursuite du plan de restauration des films ainsi que des travaux de construction réalisés aux Archives françaises du film du CNC.

J’en viens maintenant à la modernisation

Pour répondre aux défis de l’action de l’Etat dans un contexte budgétaire contraint, il est une priorité stratégique : c’est la modernisation de mon administration.

Tout d’abord, j’ai décidé de créer un poste de secrétaire général au sein du ministère de la culture et de la communication, permettant de coordonner la mise en place des réformes, dans un ministère qui comporte dix directions d’administration centrale et soixante-dix établissements publics. Il sera l’interlocuteur du ministre chargé de la réforme de l’Etat et pilotera le dispositif de réforme que j’engage. Je crois répondre par là aux réserves qu’a formulées votre Rapporteur spécial.

J’ai également décidé de lancer une réforme de la Direction de la Musique, de la Danse, du Théâtre et des Spectacles (DMDTS). Je souhaite que les compétences de cette direction trouvent, dans le cadre d’une organisation rénovée et plus proche des réalités de la vie artistique, à s’exprimer pleinement.

Dans ce but, j’ai confié à l’inspection générale de l’administration de la culture une mission d’analyse du fonctionnement de la DMDTS. Les professionnels du spectacle, dans toutes les disciplines, seront largement associés à cette réflexion, afin qu’elle aboutisse à une réforme que je souhaite mettre en œuvre avant la fin du 1er semestre 2006.

Vous le savez, l’accès de tous à la culture, et le service du public, se jouent aujourd’hui, essentiellement, dans les régions, avec la déconcentration des crédits, la décentralisation des missions et les projets, partout exprimés par les élus, pour répondre aux envies, aux demandes, aux besoins de culture de leurs populations.

Dans le cadre de la réforme de l’administration régionale de l’Etat, j’ai créé cette année des « pôles culture » auprès des préfets de région. Ils sont animés par les Directeurs régionaux des Affaires culturelles (DRAC) et regroupent tous les services et établissements culturels de l’Etat, afin de mieux coordonner leur action. J’ai également voulu la création dans chaque DRAC d’un service régional de l’architecture et du patrimoine pour donner plus de lisibilité et d’efficacité à notre action.

Ce ministère doit simplifier son action, la rendre plus visible et plus lisible. Ainsi, par exemple, les SDAP que je viens de citer, doivent devenir à terme un véritable guichet unique pour toutes les questions de patrimoine et d’architecture dépendant de mon ministère, sans déposséder de leurs prérogatives les conservations régionales des monuments historiques : c’est à l’administration de gérer la complexité des dossiers et au citoyen de trouver la simplicité. La gestion de notre patrimoine doit être exemplaire sur ce point. Tel est l’objet des mesures que j’ai présentées au conseil des ministres, le 13 septembre dernier.

Enfin, le comité de pilotage de la bibliothèque numérique européenne, que je préside, avance et sera doté de 400 000 euros l’an prochain, si vous adoptez le budget qui vous est soumis, afin que de ce grand et beau projet, voulu par le Président de la République, jaillissent de nouvelles sources de connaissances et de découvertes accessibles à tous les publics.

Ce ministère est bien géré et il est important que cela se sache. J’en veux pour preuve l’excellente exécution de son budget pour 2004, que votre Haute Assemblée a soulignée lors du débat sur la loi de règlement.

Pour terminer, je voudrais vous parler du chiffre symbolique du 1% du budget général de l’État consacré à la culture. Je vous avais dit l’an passé que ce chiffre symbolique, qui n’était pas tout à fait atteint, me semblait bien en deçà des besoins réels. Cette année, avec les changements de périmètre, la culture représente 1,11 % du budget général : il n’en demeure pas moins que même à ce niveau, le chiffre est encore bien inférieur aux besoins qui, notamment en termes d’investissements locaux, restent immenses.

Ainsi, si ce ministère se modernise et participe activement à la mise en place de la LOLF, les marges de manœuvre qu’autorise la fongibilité sont quasi inexistantes. Les engagement en particulier vis-à-vis des collectivités locales sont nombreux. Et dans ce budget, le moindre million d’euro compte beaucoup, comme le montre la justification au premier euro du budget. Je tiens d’ailleurs à souligner l’admirable travail du Sénat, qui a permis de corriger des erreurs d’imputation de crédits dans les programmes création et transmission des savoirs. Aussi, toute amputation risque de déstabiliser complètement la cohérence et l’équilibre de ce budget. Je suis un gestionnaire rigoureux des deniers publics, je vous l’ai montré lors du débat sur la loi de règlement 2004. Mais j’attends en contrepartie qu’on me laisse gérer mon ministère selon le vote des crédits ouverts par le parlement car le jeu des gels, annulations et reports sont en complète opposition avec l’esprit de la LOLF.

Respectueux de l’esprit de la loi et du Parlement, je compte sur votre soutien pour les objectifs et les crédits que je viens soumettre à vos voix.

L'INVITE DE RTL

1 décembre 2005

RDDV : On est dans une période de violence internationale, de radicalisation des esprits, d’intolérance par certains aspects. Et donc il est très important que la démocratie française, incarnée par des journalistes libres puisse rayonner partout dans le monde…

Patrick COHEN: Jean-Michel APHATIE, vous accueillez à présent le ministre de la Culture et de la Communication.

Jean-Michel APHATIE: Bonjour Renaud DONNEDIEU de VABRES. La chaîne d’information internationale, la CII a été officiellement lancée hier et vous souhaitez qu’elle émette ses premières images à la fin de l’année prochaine. L’enjeu a dit le chef de l’Etat hier en Conseil des ministres c’est de porter partout dans le monde les valeurs de la France et sa vision du monde. Donc la CII ce sera la voix de la France Renaud DONNEDIEU DE VABRES ?

Renaud DONNEDIEU DE VABRES: Non, je ne pense pas que l’on puisse présenter les choses exactement comme ça, c’est une vision libre, pluraliste, au fond, des idées de l’actualité française. Ce sera une action nouvelle, entièrement libre et indépendante…

Jean-Michel APHATIE: 130 personnes

Renaud DONNEDIEU DE VABRES: Simplement on est dans une période de violence internationale, de radicalisation des esprits, d’intolérance par certains aspects. Et donc il est très important que la démocratie française, incarnée par des journalistes libres puisse rayonner partout dans le monde. Nous allons procéder par étape, cest-à-dire que dans un premier temps, ce sera bien sûr en langue française, mais en langue anglaise et en langue arabe avec un certain nombre de zones géographiques qui sont des prioritaires et des priorités, parce que cela nous semble évidemment tout à fait important. Le Président de la République et le Premier ministre ont voulu aussi que cela soit un rassemblement des énergies. Il y a eu des débats, il y a eu des confrontations, il y a eu des interrogations, eh bien, c’est le rassemblement de FRANCETELEVISIONS et de TF1, qui sont les deux actionnaires de référence, c’est un budget public. Mais c’est surtout des talents nouveaux, ce n’est pas une juxtaposition de rédactions qui vont être obligées de travailler ensemble, c’est une équipe de journalistes nouveaux, qui vont être recrutés et qui bien évidemment, pour la diffusion des sujets et des analyses s’appuieront sur des rédactions existantes, le cas échéant. C’est-à-dire que les correspondants de TF1, de FRANCE 2, de FRANCE 3, de LCI, mais aussi les journalistes de l’AFP et de RFI selon des formes à déterminer pourront intervenir. C’est une très belle nouvelle pour la démocratie, pour le pluralisme et sur le plan international cela fera équilibre.

Jean-Michel APHATIE: Vous avez presque tout dit d’un coup. On reprend un peu dans les détails, alors, la tentation n’existera pas de la part du pouvoir politique de donner des consignes à ces journalistes pour que l’image de la France à l’étranger soit l’image que souhaite le pouvoir politique ?

Renaud DONNEDIEU DE VABRES: Mais Jean-Michel APHATIE, expliquez à nos auditeurs la beauté de votre métier. Au moment où il y a eu les accidents graves dans nos banlieues, il n’y a pas eu une rédaction qui n’ait pas discuté en elle-même, avec elle-même, sur au fond, ce qu’on disait, ce qu’on ne disait pas, ce que l’on faisait ou jusqu’où on allait. Parce qu’il y a des moments où chacun sent bien que le feu il a pris et qu’il faut savoir comment on traite l’actualité. C’est une magnifique responsabilité, je ne suis pas le ministre de l’information, c’est la grandeur de votre métier, vous, journalistes dans une démocratie comme celle de la France de déterminer entre vous, ce que vous pensez responsable de faire. Le terme de responsabilité, il est diabolique dans la fonction de journaliste parce qu’il confronte deux choses. A la fois, la liberté, la vérité et la transparence et puis aussi le fait que vous savez très bien qu’un système d’information, parfois il est utilisé, il est manipulé et donc voilà c’est une rédaction libre, c’est un très beau projet.

Jean-Michel APHATIE: Libre, entendu comme ça, le mariage de TF1 et de FRANCETELEVISIONS étonne tout le monde, Patrick de CAROLIS s’est beaucoup battu, le président de FRANCETELEVISIONS, auprès de vous, pour être le seul patron de cette chaîne, pourquoi le lui avez-vous refusé Renaud DONNEDIEU DE VABRES ?

Renaud DONNEDIEU DE VABRES: Non, mais attendez, il y a eu le temps des conflits, il y a eu le temps des discussions…

Jean-Michel APHATIE: Il l’a demandé, vous me le confirmez ?

Renaud DONNEDIEU DE VABRES: Moi, ce qui m’importe c’est la dynamique. Il s’était exprimé publiquement sur ce sujet, un certain nombre de parlementaires…

Jean-Michel APHATIE: Pourquoi, le lui avez-vous refusé ?

Renaud DONNEDIEU DE VABRES: Parce que nous avons souhaité que ce soit le rassemblement de toutes les énergies. Vous savez quand un certain nombre de grands reporters ou de correspondants sont présents sur des situations opérationnelles, quand il y a des situations graves, est-ce que vous pensez qu’ils ont dans leur crâne l’étiquette de leur maison d’origine et la structure du capital … ?

Jean-Michel APHATIE: Oui.

Renaud DONNEDIEU DE VABRES: Non, ils ont bien sûr la fierté, ils ont bien sûr la fierté d’une rédaction, mais ils sont avant tout des journalistes libres, confrontés à des situations difficiles. Nous, nous avons voulu que se rassemblent toutes les énergies. On ne peut pas d’un côté me dire : vous allez être des ridicules, CNN c’est une salle de rédaction gigantesque. J’étais moi-même à Atlanta il y a une dizaine de jours pour voir comment cela allait se passer et je sais ce que c’est que d’essayer de porter l’énergie française. Quand j’étais à la Nouvelle Orléans pour proposer un certain nombre de mesures concrètes à cette ville et à cet état, permettez-moi de vous dire que parfois, comme on dit en anglais : small is beautiful, cest-à-dire que même si on n’a pas des moyens colossaux on peut y arriver. Bref, sur ce sujet difficile nous avons voulu que tout le monde travaille ensemble. Il va falloir, pays par pays, bouquet satellitaire par bouquet satellitaire aller discuter, aller négocier. Il s’agit de rassembler tout le monde autour de ce grand projet. Là encore une fois en respectant bien sûr la liberté et l’indépendance de chaque maison.

Jean-Michel APHATIE: Pas beaucoup d’argent pour cette belle entreprise, 75 millions d’euros, en régime normal, c’est à peu près dix fois moins que CNN, comment on compense, par la créativité Renaud DONNEDIEU DE VABRES ?

Renaud DONNEDIEU DE VABRES: Eh bien nous allons procéder par étape, cest-à-dire que nous n’avons pas annoncé qu’aujourd’hui la diffusion serait mondiale et donc il va y avoir d’abord la négociation dans un certain nombre de zones géographiques – parce que la diffusion sera principalement si vous voulez par le satellite, bien sûr par le câble, bien sûr par Internet aussi, ce qui permet là une diffusion mondiale. Mais nous ne faisons pas toutes les langues du monde, nous allons commencer, langue française bien sûr, anglais et arabe, ensuite espagnol. Ensuite si cela marche, viendra peut-être le temps de la langue chinoise, d’autres zones géographiques. Nous allons procéder par étape, mais aujourd’hui…

Jean-Michel APHATIE: Mais il n’y a pas beaucoup d’argent, c’est riquiqui comme budget ?

Renaud DONNEDIEU DE VABRES: Non, non, les professionnels aujourd’hui considèrent que déjà pour commencer un budget de 70 ou de 75 millions d’euros, en vitesse de croisière, c’est déjà beaucoup d’argent. Deuxièmement…

Jean-Michel APHATIE: Hervé BOURGES disait, qui est un professionnel, qu’il fallait au moins 150 millions d’euros, devant la Commission parlementaire.

Renaud DONNEDIEU DE VABRES: Oui, mais moi je ne fais pas les choses à la louche, moi je suis un éternel mendiant, donc, vous savez, je suis porteur d’un certain nombre de demandes en permanence à Bercy et au Premier ministre. Nous avons la passion de ce projet, est-ce que vous pensez que le Premier ministre, Dominique de VILLEPIN, avec la responsabilité internationale qu’il a exercée, avec le souvenir qu’il a de la présence française dans la conjoncture internationale, notamment au moment de l’Irak – et que le Président de la République, j’allais dire, qui est un grand maître des relations internationales, est-ce que vous pensez qu’on a l’objectif d’un projet au rabais ? On appréciera. Si on s’aperçoit… attendez on commence, on va constituer une rédaction, on va constituer des étapes. Il y a devant nous des sujets qui sont magnifiques, le jour où on va créer un relais, est-ce qu’on va l’installer à Beyrouth, au Caire à Amann, dans quelle ville et dans quel état par exemple du Proche orient ? Bien voilà, on va procéder par étape, c’est un magnifique défi, nous le relèverons.

Jean-Michel APHATIE: Peut-être qu’on pourrait faire des économies, voyez par exemple en France, il y a deux assemblées, le Sénat et l’Assemblée nationale, il y a deux chaînes de télévision, peut-être que si on les regroupait on pourrait faire un peu d’économie et retrouver un peu d’argent pour la CII non ?

Renaud DONNEDIEU DE VABRES: Vous êtes gonflé, attendez, au moment où on lance une chaîne nouvelle…

Jean-Michel APHATIE: C’est une suggestion !

Renaud DONNEDIEU DE VABRES: Mais Jean-Michel APHATIE, vous pouvez vous porter candidat pour être dans la rédaction, mais à ce moment là vous ne serez plus journaliste à RTL.

Jean-Michel APHATIE: Eh bien moi j’ai envie de rester à RTL !

Renaud DONNEDIEU DE VABRES: Non mais c’est une rédaction nouvelle qui va être recrutée. Cette semaine est une grande semaine pour la liberté audiovisuelle. Je vous rappelle que grâce aux décisions que nous avons prises, parce qu’on peut dans la vie s’excuser de tout – mais il y a quand même des rendez-vous tenus. La 18ème chaîne gratuite diffusée pour tous les Français sur la TNT a ouvert son antenne lundi.

Jean-Michel APHATIE: Oui, là vous parlez d’autre chose, c’est BFM TV.

Renaud DONNEDIEU DE VABRES: Non, mais attendez, vous m’accusez de vouloir rétrécir au lavage l’offre audiovisuelle…

Jean-Michel APHATIE: Je ne vous accuse pas, je vais vous chercher de l’argent…

Renaud DONNEDIEU DE VABRES: Ou l’offre radiophonique, l’offre journalistique, moi je vous dis, vive le pluralisme.

Jean-Michel APHATIE: Renaud DONNEDIEU DE VABRES qui crée une nouvelle chaîne de télévision était l’invité de RTL ce matin, bonne journée !

Conférence de presse de la chaîne française d’information internationale (CFII)

30 novembre 2005

Mesdames, Messieurs,

Chers(e) amis,

Je suis très heureux de vous accueillir rue de Valois pour vous annoncer que
le Premier ministre, Dominique de Villepin, a signé hier soir la convention avec
TF1 et France Télévision qui permet la création de chaîne française
d’information internationale.

Il s’agit d’un projet cher au Président de la république, Jacques Chirac, qui
porte ce projet depuis plusieurs années. Il en a eu l’idée et c’est bien grâce son
énergie et sa détermination que la chaîne internationale voit le jour aujourd’hui.

En second lieu Dominique de Villepin, fort de son expérience internationale a
donné une impulsion décisive à ce projet.

Et je voudrais enfin remercier tous ceux qui, à commencer par les
parlementaires, ont travaillé à la conception de ce projet, qui n’était pas simple
je le reconnais. Il y a eu le temps nécessaire des options, des débats.

Nous
sommes maintenant dans celui de l'action.

Je veux donc vous présenter ce grand dessein d’intérêt national qui permettra
à notre pays d’exprimer une vision française de l’information internationale,
libre, moderne et pluraliste.

Qui n’en a pas ressenti le besoin lors d’un déplacement à l’étranger ?

Qui n’a pas ressenti la nécessité que soit défendue notre conception si
française de l’information, imprégnée des valeurs de démocratie que nous
portons dans le monde ?

Qui n’a pas ressenti enfin le besoin que soient évoquées aussi bien les
réussites françaises que par souci d’équilibre et de vérité, les difficultés et les
tensions de ce monde.

Il était donc nécessaire pour des raisons stratégiques que cette chaîne soit
lancée sans tarder.

Ses objectifs sont ambitieux, son organisation est réaliste, son financement
est assuré, et son rôle sera complémentaire de celui rempli par les autres
acteurs de l’audiovisuel extérieur ; TV 5 chaîne francophone généraliste, RFI
radio France internationale, et l’Agence France Presse, qui continueront,
dans leurs domaines respectifs, à animer notre dispositif audiovisuel
international.

Il appartiendra d’ailleurs aux futurs dirigeants de la chaîne française
d’information internationale de trouver les articulations adaptées à une
optimisation de leurs moyens respectifs et de trouver les meilleures synergies
professionnelles.

J’en viens aux objectifs (1), à l’organisation (2), aux moyens (3) et au
calendrier (4) de cette grande ambition nationale.

1. La chaîne aura pour objectif d’offrir une information pluraliste sur l’actualité
mondiale en portant une attention particulière à l’actualité européenne et
multilatérale, en même temps qu’une ouverture sur la culture française et sur
les débats de société.

Elle fournira des éléments d’analyse, permettant aux téléspectateurs de
mieux comprendre les évolutions internationales, en accordant une large part
aux sujets concernant le reste du monde, et en mettant l’accent sur ceux dont
les autres chaînes d’information internationales ne rendent pas souvent
compte, par exemple l’actualité dans les pays du Proche et Moyen Orient et
d’Afrique.

La société devra faire preuve d’une grande réactivité dans le traitement de
l’actualité. Elle s’efforcera de couvrir immédiatement les événements majeurs
de l’actualité mondiale.

La chaîne présentera aussi des magazines sur la culture et le patrimoine
touristique français. Elle s'attachera également à mettre en valeur nos
réussites technologiques, scientifiques et économiques.

Cette chaîne devra être très rapidement diffusée en anglais, en arabe puis en
espagnol – ce qui la différenciera de TV5, qui oeuvre de façon remarquable
pour la défense du français et de la francophonie.

Financée par l'argent public, il est légitime qu'elle soit également diffusée en
France.

La diffusion sera assurée par satellite en mode numérique, par le câble, et
j’insiste sur ce point par Internet grâce au haut débit ce qui lui donnera très
vite une plus vaste diffusion.

Les zones de diffusion seront larges ; la société a ainsi pour vocation
première de diffuser ses programmes à destination de l’ensemble des pays
du monde.

Dans un premier temps, sur le câble et le satellite, des négociations seront
entamées pour que cette chaîne puisse proposer ses programmes à l’Europe,
l’Afrique, le Proche et le Moyen Orient.

Je demande aux actionnaires et aux dirigeants de l’entreprise que les modes
de diffusion de cette chaîne soit adaptés au paysage audiovisuel de chaque
zone qu’elle est appelée à desservir.

2. L’organisation retenue s’inspire des propositions faîtes par Bernard
Brochand en 2003 dans son rapport remis au Premier ministre, Jean Pierre
Raffarin, et je l’en remercie.

Elle s’appuiera sur le professionnalisme et les talents des deux plus grands
groupes audiovisuels français dans le cadre d’une société commune, détenue
à 50 % par chacun des deux opérateurs, régie par un pacte d’actionnaires et
des statuts qui en garantissent le bon fonctionnement.

Ce cadre est le fruit de négociations qui ont permis de trouver un bon point
d’équilibre.

La société est en cours d’inscription au registre du commerce – et elle sera
constituée avant la fin de l’année – sous la forme d’une société anonyme à
directoire et conseil de surveillance.

Le projet, que j’ai présenté ce matin en conseil des ministres, prévoit la
constitution d’une rédaction autonome, dotée de correspondants dans les
principales villes du monde, permettant à la chaîne de disposer de sa propre
capacité de production d'information et d'images.

La chaîne mettra en place un réseau spécifique de correspondants à
l’étranger, et s’appuiera sur les bureaux des chaînes mères, TF1, LCI, France
2 et France 3.

Elle pourra utiliser les ressources à l’étranger d’autres opérateurs, notamment
l’AFP et RFI.

3. L’Etat allouera à la chaîne française d’information internationale les
moyens nécessaires à l’accomplissement de ses missions de service public.

Dès cette année, une subvention de 15 millions d’euros sur les crédits du
Premier ministre, sera versée, dont 13 millions pour engager, dès maintenant,
les besoins d’investissements de lancement.

Le projet de budget adopté par l’Assemblée nationale et que je présente lundi
au Sénat concourt à hauteur de 65 millions d’euros au fonctionnement et à
l’équipement.

A compter de 2007, et jusqu’à 2010, l’Etat s’engagera à hauteur de 70
millions d’euros par an.

J’en viens maintenant au calendrier. L’ensemble des problèmes juridiques
sont résolus, la société sera bientôt immatriculée, son budget est prêt.

S’ouvre donc une phase immédiate de travail.

Avant Noël, l’assemblée générale des actionnaires désignera le Conseil de
surveillance qui procédera à la nomination du Directoire.

Je pense que le premier semestre 2006 doit être mis à profit pour élaborer
une grille de programmes, constituer les équipes, créer l’habillage de la
chaîne, négocier toutes les conventions de diffusion et contrats d’association
avec l’ensemble des autres partenaires, et définir une stratégie de marketing
et de distribution commerciale.

Je vous donne deux rendez vous.

..au plus tard à la fin du mois de juin pour vous présenter l’état d’avancement
de ce dossier.

..dans le courant du second semestre 2006, pour le lancement opérationnel
de cette nouvelle chaîne française d’information internationale, qui
rassemblera les énergies et tous les talents et concoura au rayonnement de
la France dans le monde.

Notre combat, c’est celui du respect de la diversité culturelle, celui de la
diversité d’expression des idées.

C’est le combat de la défense de nos valeurs dans le monde.

Je vous remercie et suis prêt à vos éventuelles questions.

La chaîne française d’information internationale (CFII)

30 novembre 2005

Mesdames, Messieurs,
Chers(e) amis,

Je suis très heureux de vous accueillir rue de Valois pour vous annoncer que le Premier ministre, Dominique de Villepin, a signé hier soir la convention avec TF1 et France Télévision qui permet la création de chaîne française d’information internationale.

Il s’agit d’un projet cher au Président de la république, Jacques Chirac, qui porte ce projet depuis plusieurs années. Il en a eu l’idée et c’est bien grâce son énergie et sa détermination que la chaîne internationale voit le jour aujourd’hui.En second lieu Dominique de Villepin, fort de son expérience internationale a donné une impulsion décisive à ce projet.

Et je voudrais enfin remercier tous ceux qui, à commencer par les parlementaires, ont travaillé à la conception de ce projet, qui n’était pas simple je le reconnais. Il y a eu le temps nécessaire des options, des débats. Nous sommes maintenant dans celui de laction.

Je veux donc vous présenter ce grand dessein d’intérêt national qui permettra à notre pays d’exprimer une vision française de l’information internationale, libre, moderne et pluraliste.

Qui n’en a pas ressenti le besoin lors d’un déplacement à l’étranger ?

Qui n’a pas ressenti la nécessité que soit défendue notre conception si française de l’information, imprégnée des valeurs de démocratie que nous portons dans le monde ?

Qui n’a pas ressenti enfin le besoin que soient évoquées aussi bien les réussites françaises que par souci d’équilibre et de vérité, les difficultés et les tensions de ce monde.

Il était donc nécessaire pour des raisons stratégiques que cette chaîne soit lancée sans tarder.

Ses objectifs sont ambitieux, son organisation est réaliste, son financement est assuré, et son rôle sera complémentaire de celui rempli par les autres acteurs de l’audiovisuel extérieur ; TV 5 chaîne francophone généraliste, RFI radio France internationale, et l’Agence France Presse, qui continueront, dans leurs domaines respectifs, à animer notre dispositif audiovisuel international.

Il appartiendra d’ailleurs aux futurs dirigeants de la chaîne française d’information internationale de trouver les articulations adaptées à une optimisation de leurs moyens respectifs et de trouver les meilleures synergies professionnelles.

J’en viens aux objectifs (1), à l’organisation (2), aux moyens (3) et au calendrier (4) de cette grande ambition nationale.

1. La chaîne aura pour objectif d’offrir une information pluraliste sur l’actualité mondiale en portant une attention particulière à l’actualité européenne et multilatérale, en même temps qu’une ouverture sur la culture française et sur les débats de société.

Elle fournira des éléments d’analyse, permettant aux téléspectateurs de mieux comprendre les évolutions internationales, en accordant une large part aux sujets concernant le reste du monde, et en mettant l’accent sur ceux dont les autres chaînes d’information internationales ne rendent pas souvent compte, par exemple l’actualité dans les pays du Proche et Moyen Orient et d’Afrique.

La société devra faire preuve d’une grande réactivité dans le traitement de l’actualité. Elle s’efforcera de couvrir immédiatement les événements majeurs de l’actualité mondiale.

La chaîne présentera aussi des magazines sur la culture et le patrimoine touristique français. Elle sattachera également à mettre en valeur nos réussites technologiques, scientifiques et économiques.

Cette chaîne devra être très rapidement diffusée en anglais, en arabe puis en espagnol – ce qui la différenciera de TV5, qui œuvre de façon remarquable pour la défense du français et de la francophonie.
Financée par largent public, il est légitime quelle soit également diffusée en France.

La diffusion sera assurée par satellite en mode numérique, par le câble, et j’insiste sur ce point par Internet grâce au haut débit ce qui lui donnera très vite une plus vaste diffusion.

Les zones de diffusion seront larges ; la société a ainsi pour vocation première de diffuser ses programmes à destination de l’ensemble des pays du monde.

Dans un premier temps, sur le câble et le satellite, des négociations seront entamées pour que cette chaîne puisse proposer ses programmes à l’Europe, l’Afrique, le Proche et le Moyen Orient.

Je demande aux actionnaires et aux dirigeants de l’entreprise que les modes de diffusion de cette chaîne soit adaptés au paysage audiovisuel de chaque zone qu’elle est appelée à desservir.

2. L’organisation retenue s’inspire des propositions faîtes par Bernard Brochand en 2003 dans son rapport remis au Premier ministre, Jean Pierre Raffarin, et je l’en remercie.

Elle s’appuiera sur le professionnalisme et les talents des deux plus grands groupes audiovisuels français dans le cadre d’une société commune, détenue à 50 % par chacun des deux opérateurs, régie par un pacte d’actionnaires et des statuts qui en garantissent le bon fonctionnement.

Ce cadre est le fruit de négociations qui ont permis de trouver un bon point d’équilibre.

La société est en cours d’inscription au registre du commerce – et elle sera constituée avant la fin de l’année – sous la forme d’une société anonyme à directoire et conseil de surveillance.

Le projet, que j’ai présenté ce matin en conseil des ministres, prévoit la constitution d’une rédaction autonome, dotée de correspondants dans les principales villes du monde, permettant à la chaîne de disposer de sa propre capacité de production dinformation et dimages.

La chaîne mettra en place un réseau spécifique de correspondants à l’étranger, et s’appuiera sur les bureaux des chaînes mères, TF1, LCI, France 2 et France 3.

Elle pourra utiliser les ressources à l’étranger d’autres opérateurs, notamment l’AFP et RFI.

3. L’Etat allouera à la chaîne française d’information internationale les moyens nécessaires à l’accomplissement de ses missions de service public. Dès cette année, une subvention de 15 millions d’euros sur les crédits du Premier ministre, sera versée, dont 13 millions pour engager, dès maintenant, les besoins d’investissements de lancement.

Le projet de budget adopté par l’Assemblée nationale et que je présente lundi au Sénat concourt à hauteur de 65 millions d’euros au fonctionnement et à l’équipement.

A compter de 2007, et jusqu’à 2010, l’Etat s’engagera à hauteur de 70 millions d’euros par an.

J’en viens maintenant au calendrier. L’ensemble des problèmes juridiques sont résolus, la société sera bientôt immatriculée, son budget est prêt.

S’ouvre donc une phase immédiate de travail.

Avant Noël, l’assemblée générale des actionnaires désignera le Conseil de surveillance qui procédera à la nomination du Directoire.

Je pense que le premier semestre 2006 doit être mis à profit pour élaborer une grille de programmes, constituer les équipes, créer l’habillage de la chaîne, négocier toutes les conventions de diffusion et contrats d’association avec l’ensemble des autres partenaires, et définir une stratégie de marketing et de distribution commerciale.

Je vous donne deux rendez vous.

..au plus tard à la fin du mois de juin pour vous présenter l’état d’avancement de ce dossier.

..dans le courant du second semestre 2006, pour le lancement opérationnel de cette nouvelle chaîne française d’information internationale, qui rassemblera les énergies et tous les talents et concoura au rayonnement de la France dans le monde.

Notre combat, c’est celui du respect de la diversité culturelle, celui de la diversité d’expression des idées.

C’est le combat de la défense de nos valeurs dans le monde.

La chaîne française d'information internationale (CFII)

30 novembre 2005

Mesdames, Messieurs,
Chers(e) amis,

Je suis très heureux de vous accueillir rue de Valois pour vous annoncer que le Premier ministre, Dominique de Villepin, a signé hier soir la convention avec TF1 et France Télévision qui permet la création de chaîne française dinformation internationale.

Il sagit dun projet cher au Président de la république, Jacques Chirac, qui porte ce projet depuis plusieurs années. Il en a eu lidée et cest bien grâce son énergie et sa détermination que la chaîne internationale voit le jour aujourdhui.

En second lieu Dominique de Villepin, fort de son expérience internationale a donné une impulsion décisive à ce projet.

Et je voudrais enfin remercier tous ceux qui, à commencer par les parlementaires, ont travaillé à la conception de ce projet, qui nétait pas simple je le reconnais. Il y a eu le temps nécessaire des options, des débats. Nous sommes maintenant dans celui de laction.

Je veux donc vous présenter ce grand dessein dintérêt national qui permettra à notre pays dexprimer une vision française de linformation internationale, libre, moderne et pluraliste.

Qui nen a pas ressenti le besoin lors dun déplacement à létranger ?

Qui na pas ressenti la nécessité que soit défendue notre conception si française de linformation, imprégnée des valeurs de démocratie que nous portons dans le monde ?

Qui na pas ressenti enfin le besoin que soient évoquées aussi bien les réussites françaises que par souci déquilibre et de vérité, les difficultés et les tensions de ce monde.

Il était donc nécessaire pour des raisons stratégiques que cette chaîne soit lancée sans tarder.

Ses objectifs sont ambitieux, son organisation est réaliste, son financement est assuré, et son rôle sera complémentaire de celui rempli par les autres acteurs de laudiovisuel extérieur ; TV 5 chaîne francophone généraliste, RFI radio France internationale, et lAgence France Presse, qui continueront, dans leurs domaines respectifs, à animer notre dispositif audiovisuel international.

Il appartiendra dailleurs aux futurs dirigeants de la chaîne française dinformation internationale de trouver les articulations adaptées à une optimisation de leurs moyens respectifs et de trouver les meilleures synergies professionnelles.

Jen viens aux objectifs (1), à lorganisation (2), aux moyens (3) et au calendrier (4) de cette grande ambition nationale.

1. La chaîne aura pour objectif doffrir une information pluraliste sur lactualité mondiale en portant une attention particulière à lactualité européenne et multilatérale, en même temps quune ouverture sur la culture française et sur les débats de société.

Elle fournira des éléments danalyse, permettant aux téléspectateurs de mieux comprendre les évolutions internationales, en accordant une large part aux sujets concernant le reste du monde, et en mettant laccent sur ceux dont les autres chaînes dinformation internationales ne rendent pas souvent compte, par exemple lactualité dans les pays du Proche et Moyen Orient et dAfrique.

La société devra faire preuve dune grande réactivité dans le traitement de lactualité. Elle sefforcera de couvrir immédiatement les événements majeurs de lactualité mondiale.

La chaîne présentera aussi des magazines sur la culture et le patrimoine touristique français. Elle sattachera également à mettre en valeur nos réussites technologiques, scientifiques et économiques.

Cette chaîne devra être très rapidement diffusée en anglais, en arabe puis en espagnol – ce qui la différenciera de TV5, qui œuvre de façon remarquable pour la défense du français et de la francophonie.
Financée par largent public, il est légitime quelle soit également diffusée en France.

La diffusion sera assurée par satellite en mode numérique, par le câble, et jinsiste sur ce point par Internet grâce au haut débit ce qui lui donnera très vite une plus vaste diffusion.

Les zones de diffusion seront larges ; la société a ainsi pour vocation première de diffuser ses programmes à destination de lensemble des pays du monde.

Dans un premier temps, sur le câble et le satellite, des négociations seront entamées pour que cette chaîne puisse proposer ses programmes à lEurope, lAfrique, le Proche et le Moyen Orient.

Je demande aux actionnaires et aux dirigeants de lentreprise que les modes de diffusion de cette chaîne soit adaptés au paysage audiovisuel de chaque zone quelle est appelée à desservir.

2. Lorganisation retenue sinspire des propositions faîtes par Bernard Brochand en 2003 dans son rapport remis au Premier ministre, Jean Pierre Raffarin, et je len remercie.

Elle sappuiera sur le professionnalisme et les talents des deux plus grands groupes audiovisuels français dans le cadre dune société commune, détenue à 50 % par chacun des deux opérateurs, régie par un pacte dactionnaires et des statuts qui en garantissent le bon fonctionnement.

Ce cadre est le fruit de négociations qui ont permis de trouver un bon point déquilibre.

La société est en cours dinscription au registre du commerce – et elle sera constituée avant la fin de lannée – sous la forme dune société anonyme à directoire et conseil de surveillance.

Le projet, que jai présenté ce matin en conseil des ministres, prévoit la constitution dune rédaction autonome, dotée de correspondants dans les principales villes du monde, permettant à la chaîne de disposer de sa propre capacité de production dinformation et dimages.

La chaîne mettra en place un réseau spécifique de correspondants à létranger, et sappuiera sur les bureaux des chaînes mères, TF1, LCI, France 2 et France 3.

Elle pourra utiliser les ressources à létranger dautres opérateurs, notamment lAFP et RFI.

3. LEtat allouera à la chaîne française dinformation internationale les moyens nécessaires à laccomplissement de ses missions de service public. Dès cette année, une subvention de 15 millions deuros sur les crédits du Premier ministre, sera versée, dont 13 millions pour engager, dès maintenant, les besoins dinvestissements de lancement.

Le projet de budget adopté par lAssemblée nationale et que je présente lundi au Sénat concourt à hauteur de 65 millions deuros au fonctionnement et à léquipement.

A compter de 2007, et jusquà 2010, lEtat sengagera à hauteur de 70 millions deuros par an.

Jen viens maintenant au calendrier. Lensemble des problèmes juridiques sont résolus, la société sera bientôt immatriculée, son budget est prêt.

Souvre donc une phase immédiate de travail.

Avant Noël, lassemblée générale des actionnaires désignera le Conseil de surveillance qui procédera à la nomination du Directoire.

Je pense que le premier semestre 2006 doit être mis à profit pour élaborer une grille de programmes, constituer les équipes, créer lhabillage de la chaîne, négocier toutes les conventions de diffusion et contrats dassociation avec lensemble des autres partenaires, et définir une stratégie de marketing et de distribution commerciale.

Je vous donne deux rendez vous.

..au plus tard à la fin du mois de juin pour vous présenter létat davancement de ce dossier.

..dans le courant du second semestre 2006, pour le lancement opérationnel de cette nouvelle chaîne française dinformation internationale, qui rassemblera les énergies et tous les talents et concoura au rayonnement de la France dans le monde.

Notre combat, cest celui du respect de la diversité culturelle, celui de la diversité dexpression des idées.

Cest le combat de la défense de nos valeurs dans le monde.