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Remise des insignes de Chevalier dans l’ordre national du Mérite à Anny Goyer

Chère Anny Goyer,

Vous dirigez avec passion l’École nationale du Cirque de Rosny-sous-
Bois, dont on peut en ces jours de fêtes applaudir les ateliers sous la nef
du Grand-Palais. En vous distinguant aujourd’hui, c’est aussi au monde
du cirque que le ministre de la culture et de la communication tient à
rendre hommage, dans son exigence et son idéal.

Le cirque, aujourd’hui, a évolué. Au cours des dernières décennies, il est
certainement, de tous les arts du spectacle vivant, celui qui a connu les
plus fortes mutations, dans ses esthétiques, sa pratique, ses publics et
son rayonnement également grandissants.

L’ensemble du monde circassien, qu’il soit d’essence traditionnelle ou
contemporaine, connaît actuellement le plus tonique des renouveaux.
Son dynamisme, sa vitalité, sont porteurs de riches et nombreuses
perspectives, auxquelles ce ministère apporte son soutien.

Mais la magie du cirque, c’est avant tout le fruit de l’engagement et de la
passion, du courage et du talent de ces artistes, dont vous êtes, qui
donnent aux arts du cirque l’incomparable élan qu’ils connaissent
aujourd’hui dans notre pays et que votre enseignement permet de
transmettre.

Vous-même avez consacré votre vie au cirque, avec ténacité et fidélité,
puisque pratiquement l’ensemble de votre parcours s’est déroulé, non
seulement dans le cadre de la Ville de Rosny-sous-Bois, mais au service
de la création, de la mise en place et du développement de l’Ecole
Nationale de Cirque qui y est établie et que vous dirigez aujourd’hui.

Je pense pouvoir dire que vous fêtez aujourd’hui 30 ans de collaboration
avec la Ville de Rosny-sous-Bois et quelque 23 années au service de
l’enseignement des arts du cirque, ce qui est un magnifique témoignage
de votre engagement personnel et de l’idée que vous vous faites des
missions auxquelles vous vous consacrez.

En effet, de 1975 à 1985, vous êtes secrétaire de direction auprès du
directeur et des animateurs de l’Office Municipal de la Jeunesse de
Rosny-sous-Bois, et, dans ce cadre, dès l’année 1983, vous vous
engagez pleinement, de façon active et bénévole, auprès de Bernard
Turin. Il a su réunir autour de lui une équipe enthousiaste et résolue,
dédiée corps et âme à la cause des arts du cirque, et dont, très vite, vous
devenez un élément moteur.

Du cirque, chère Anny Goyer, vous connaissez les joies, les émois et la
peur, l’effort de l’entraînement quotidien et les émotions de la piste
puisque, attirée depuis toujours par son univers, vous vous lancez sans
hésiter dans la pratique des activités aériennes destinées aux adultes
que Bernard Turin lance en 1983. Vous vous entraînez au trapèze, à la
corde, à la perche aérienne, au cadre fixe.

Vous n’êtes d’ailleurs pas la seule à vous passionner pour cette
pratique, et la mécanique du succès se met en route ! L’accueil du
public est en effet tellement enthousiaste que d’autres ateliers, de
jonglerie, de fil, de trampoline sont ouverts. Le projet de l’Ecole de
Cirque de Rosny-sous-Bois, ouverte en premier lieu à des amateurs
passionnés, est ainsi lancé et vous y consacrez dès lors le meilleur de
vous-même. Les résultats sont à la mesure de votre engagement : en
1988, l’Ecole ne compte pas moins de 300 adhérents.

Vous ne cessez par ailleurs d’oeuvrer à étendre le rayon d’action des
disciplines du cirque et à optimiser leur fantastique capacité à
développer le potentiel de chaque individu et leur pouvoir de rassembler.
Durant trois étés consécutifs, de 1986 à 1988, vous mettez
personnellement en place un atelier aérien pour les enfants d’un centre
de loisirs de Rosny-sous-Bois, et parvenez à créer, toujours à titre
bénévole, un atelier régulier pour enfants au sein de l’Ecole de Cirque.

En 1986 et 1987, vous assurez l’entraînement de deux numéros,
exécutés par 20 étudiants chacun, pour le traditionnel Gala des Grandes
Ecoles, spectacle de cirque avec plus de 300 participants, mis en scène
par Bernard Turin, que vous assistez d’ailleurs dans cette tâche en
1988.

En 1990, vous participez à l’implantation d’une école de cirque au
Centre de jeunes détenus de Fleury-Mérogis.

C’est en 1991, chère Anny Goyer, voici donc bientôt 15 ans, que vous
rejoignez totalement l’Ecole de Cirque de Rosny. Vous en êtes dès lors
l’attachée de direction, avant d’en assurer la direction en 1994, au
départ de Bernard Turin, à l’action et à la puissante personnalité de qui
je tiens ici à rendre hommage.

Outre votre arrivée à un poste de pleine responsabilité, 1991 est une
année-charnière pour l’Ecole de Cirque de Rosny, qui se voit alors
confier l’enseignement du 1er cycle du Centre National des Arts du
Cirque, menant au 1er diplôme d’Etat : le Brevet Artistique des
Techniques du Cirque.

En quelques années, vous avez su conforter, par votre profonde
connaissance du monde du cirque, par vos compétences
d’administratrice, par votre implication dans la direction pédagogique de
cet établissement ainsi que par vos qualités humaines et votre
chaleureuse générosité, la place de l’Ecole Nationale de Cirque de
Rosny-sous-Bois comme une école de référence et comme une pièce
maîtresse de la politique d’enseignement et de formation aux disciplines
du cirque, au-delà de la traditionnelle transmission familiale.

Je suis fier du dispositif d’enseignement supérieur des arts du cirque
dont dispose aujourd’hui notre pays. Le Centre National des Arts du
Cirque, l’Ecole Fratellini et l’Ecole que vous dirigez, chère Anny Goyer,
dispensent aujourd’hui un enseignement professionnel de haut niveau,
adapté au nouveau paysage circassien et au rayonnement qui doit être
celui de nos artistes sur notre territoire et au-delà de nos frontières.

Quarante et un étudiants sont actuellement en formation à l’Ecole
nationale de Cirque de Rosny-sous-Bois.

Au cours des deux années de formation, ils apprennent à maîtriser les
bases de la technique qu’ils ont choisie, à exprimer leur créativité à
partir d’une bonne appréciation de leurs propres possibilités physiques
et plastiques. Le propos est aussi de développer leur esprit collectif, de
leur faire acquérir maîtrise de soi, rigueur et indulgence, écoute des
partenaires.

C’est que l’école du cirque est aussi une école de vie, vous le savez,
Anny Goyer, mieux que personne, vous qui avez participé dès l’origine à
cette magnifique aventure de Rosny-sous-Bois. Elle était, au départ, le
fait d’un petit groupe d’amateurs passionnés par la pratique
circassienne. Aujourd’hui, par la qualité de son enseignement, elle
contribue à construire l’avenir du monde du cirque.

Il y a fallu, il y faut toujours, du courage et de la persévérance, car les
épreuves n’ont pas épargné l’entreprise.

En 1990, une première tempête entraîne la destruction d’un chapiteau.

Puis la terrible tempête de décembre 1999 ravage le site et contraint
l’école, ses équipes, ses praticiens amateurs, ses étudiants, à émigrer
pendant près de quatre ans, puisque le chapiteau ne se dressera à
nouveau sur son territoire qu’en décembre 2004.

L’exceptionnelle solidarité du monde du spectacle a joué à plein durant
ce laps de temps, puisque notamment la Ferme du Buisson vous a
accueillis avec la quasi-totalité de vos activités et de vos équipes.

Aujourd’hui, le superbe chapiteau de Patrick Bouchain dresse sur le
plateau d’Avon, site historique de l’école, ses volumes multicolores et
ses 7 mâts, dont 4 s’élèvent à plus de 15 mètres. Je dois dire que voir
ainsi se profiler dans l’espace cette structure audacieuse, tout à la fois
contemporaine et idéalisant l’image du cirque, représente, à chaque
visite que l’on fait à l’Ecole de Rosny, une invite irrésistible à entrer dans
l’univers circassien, – invite à quoi répondent parfaitement les 2 pistes
circulaires, les espaces d’entraînement et la capacité d’accueil de 650
spectateurs !

Pour autant, vous ne négligez pas d’ouvrir vos activités sur l’Europe et le
monde, et je suis particulièrement sensible à cet aspect de vos activités.
Vous-même êtes la secrétaire générale de la Fédération Européenne
des Ecoles de Cirque.

Je souligne aussi la part que vous prenez dans la mise en place d’un
cursus d’enseignement supérieur du cirque en Tunisie, sur le modèle de
celui qui existe dans notre pays, ainsi que les échanges initiés en 2005
et se prolongeant en 2006 avec les élèves d’une école d’Argentine.

Pour toutes ces raisons et pour votre investissement sans faille dans la
cause du cirque, de sa transmission, de son enseignement, je suis
heureux de vous distinguer aujourd’hui.

Chère Anny Goyer, au nom du Président de la République et en vertu
des pouvoirs qui nous sont conférés, nous vous faisons Chevalier dans
l’Ordre National du Mérite.

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