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Dîner de la Revue des Deux Mondes

Monsieur le Président, cher Marc Ladreit de Lacharrière,

Mesdames, Messieurs,

Je tiens tout d’abord à remercier très chaleureusement Marc Ladreit de
Lacharrière pour ses propos et pour son invitation. C’est un très grand
honneur pour moi de m’exprimer devant vous.

Les dîners de la Revue des deux mondes sont une institution
prestigieuse dans notre paysage intellectuel, culturel, politique et
économique et je suis très fier d’y participer. Votre Revue est la plus
ancienne revue française d’Europe. C’est la revue internationale des
débats de société. C’est la revue du décloisonnement et de l’ouverture
des disciplines, des expériences, des réflexions. C’est une revue qui
réunit tous ceux qui font profession de penser les mondes
d’aujourd’hui. C’est pourquoi je suis particulièrement heureux
d’échanger avec vous sur ce thème qui, vous l’avez aimablement
rappelé, me tient tant à coeur, non parce qu’il s’agirait d’une
« marotte », mais parce que je crois qu’il peut utilement éclairer et
orienter nos débats de société. Je crois même qu’il doit inspirer notre
action culturelle, bien sûr, mais aussi politique, économique et
sociale, parce que j’y vois la matrice d’un véritable projet collectif pour
une société française en proie au doute, en quête de sens, en manque
de repères, de « vouloir vivre ensemble », comme le disait Renan.

Il s’agit, bien sûr, de l’influence qu’exerce la France dans le monde et
certains parmi vous, en particulier Messieurs les Ambassadeurs, savent l’importance que j’attache au rôle du rayonnement culturel
dans les relations internationales, qui égale selon moi celui d’attributs
plus classiques de la puissance, comme la force militaire ou l’aide
économique. J’y reviendrai dans un instant.

Il s’agit aussi, et peut-être surtout, après la crise que nous venons de
vivre, de redonner confiance à la société française, dans toute la
diversité des populations et des territoires qui la composent. Après
l’effondrement des « grands récits », à l’heure où « l’ensauvagement
du monde » succède au désenchantement du monde, c’est par la
culture que la France est plus ancienne qu'elle ne le sait, plus grande
qu'elle ne le croit, plus audacieuse, plus généreuse qu'elle ne
l'imagine. Que la France déborde ses frontières, par sa langue, par ses
oeuvres, par son histoire, par ce que l’on osait appeler, au temps où fut
fondée votre Revue, son « génie ». Une France qui porte dans le monde
un message de respect, de dialogue, de solidarité. Un message qui est
confronté à de nouveaux défis, à de nouvelles fragilités, à de nouvelles
fractures. Un message plus que jamais nécessaire aujourd’hui pour
créer une dynamique, pour refuser la spirale des peurs et pour réunir
une majorité – je ne parle évidemment pas d’une majorité politique –
autour de valeurs communes et partagées, qui ne sont pas fixées une
fois pour toute.

« L’autre quelqu’ il soit n’est pas une menace même s’il est une force
émergeante et parfois provocatrice dès lors que soi-même on se sent
reconnu, soutenu, respecté dans sa propre identité.

Dans ce monde, la diversité culturelle n’est pas seulement devenue un
nouvel élément du droit international avec l’adoption le 20 octobre
dernier, de la convention de l’Unesco, mais surtout une vraie valeur.

Une valeur essentielle qui offre la meilleure réponse à l’uniformisation
qui est l’une des menaces de la mondialisation actuelle.

Cette diversité culturelle est à la fois brillante, foisonnante et fragile.

Elle est fondée sur la conviction que chaque peuple a un message
singulier à délivrer au monde, que chaque peuple peut enrichir
l'humanité en apportant sa part de beauté et sa part de vérité. Cette
diversité fait notre richesse. Une richesse qui vient des différences,
reconnues et respectées. Fondée sur l’idée que chaque continent,
chaque nation, chaque peuple, doit conserver et développer ce qui fait
son histoire, ce qui le rend singulier et d'une certaine façon irréductible
: sa langue, son énergie créatrice, ses espaces imaginaires. C'est la
conviction que la création, dans toutes ses expressions et sous toutes
ses formes, et même si elle a une dimension économique ou
industrielle, n'est pas, ne peut pas être et ne sera jamais une
marchandise comme une autre, soumise aux seules lois du
marché. Tel est le sens de ce combat contre l’uniformisation culturelle
que nous nous efforçons de mener et de la politique que nous
élaborons dans ce domaine où la France, par son histoire, ses atouts
et ses ambitions, doit jouer un rôle moteur, aux côtés de nos voisins
européens et de tous nos amis dans le monde.

Cette diversité, c'est d'abord celle des créateurs, des artistes et des
acteurs de la culture. C’est aussi la fédération des engagements, le
rassemblement des énergies, le respect dû, aussi bien au patrimoine qu’à l’irruption des créations émergeantes, avec leurs aspects
novateurs et donc parfois dérangeants. Cette diversité, c’est aussi
celle des nouveaux supports, des nouvelles technologies, des
nouveaux médias, qui permettent l’accès du plus grand nombre aux
répertoires. Je pense, par exemple, aux spectacles des opéras de
France, qui, grâce aux captations et aux DVD, touchent un nouveau
public, comme on peut le voir en ce moment sur les étals de Noël.

C’est au nom de cette diversité culturelle que j’ai tant tenu, dès mon
arrivée rue de Valois, à renouer les fils du dialogue et à organiser une
véritable réflexion collective, en sécurisant leurs conditions de vie et
de travail, leur protection sociale, leur emploi, leur avenir. En ce
moment même ont lieu des discussions décisives que je suis bien sûr
avec beaucoup attention.

Ils nous font partager leurs rêves. Ce sont eux, aussi, qui font les
créations qui nous procurent un environnement culturel d’une qualité
sans équivalent dans le monde, qui fait partie intégrante de notre
qualité de vie, au même titre que la pureté de l’air que nous respirons,
la diversité de l’environnement naturel que nous voulons préserver, la
beauté des sites et des paysages que nous aimons. Une qualité qui fait
de notre pays l’une des toutes premières destinations des voyageurs
du monde. Un patrimoine exceptionnel, des créations rayonnantes :
telles sont les forces de notre culture, que je souhaite mettre au
service de l’attractivité de la France.

Puisque je m’honore d’être le ministre de la langue française, qui est
au coeur de notre culture, et qui n’est pas le moindre des facteurs d’attractivité de notre pays dans le monde, en dépit de tous les
sombres discours où se complaisent les oiseaux de mauvais augure,
réfléchissons d’abord à ce mot – attractivité – pour mieux cerner la
chose. Il est d’apparition récente : il ne figure pas dans la dernière
édition du dictionnaire de l’Académie que j’ai pu consulter. Dans son
Dictionnaire culturel en langue française, qui vient de paraître, Alain
Rey en donne une occurrence journalistique, en 1998. Mais
« attractant », substance qui attire, comme les phéromones, date de
1972, attracteur, du XVIe siècle, attractif et attraction, du XIIIe siècle, via
le latin, bien sûr, attrait, du XIIe siècle :

Sévigné de qui les attraits
Servent aux Grâces de modèle,
Et qui naquîtes toute belle,
A votre indifférence près…
(La Fontaine, Le Lion amoureux, qui ouvre le livre quatrième de ses
Fables, dédiée « à Mademoiselle de Sévigné » avant qu’elle devienne
Mme de Grignan).

Il est vrai que la chose est ancienne. Depuis longtemps, les Sept
Merveilles du Monde attirent les voyageurs et les lecteurs. Pour les
séduire, les auteurs des premiers guides de la Grèce antique, qui vous
est si chère, Cher Marc Ladreit de Lacharrière, qui êtes le généreux
mécène de la galerie des Antiques du Louvre, du Gladiateur Borghèse
et de la Vénus Génitrix, Diodore de Sicile, Pseudo-Callisthène, voire
Hérodote dans ses Enquêtes, jusqu’au Voyage autour de la terre de
Jean de Mandeville ou au Devisement du monde de Marco Polo décrivent ces monuments qui sont d’abord un hommage aux Dieux et
aux hommes, quitte à en rajouter, sur les peuples fabuleux, les cités
richissimes, couvertes d’or et de pierres précieuses, les îles fortunées.

Si l’on prête à Stendhal l’invention du mot « touriste », les premiers
« voyages culturels », qui sont d’abord des pèlerinages, depuis
Delphes ou Dodone, jusqu’à Jérusalem, Rome et Saint-Jacques,
s’accompagnent d’un fructueux commerce. Et les croyants sont aussi
des « consommateurs », voire une clientèle captive, dirait-on
aujourd’hui ! Vasco de Gama disait que le voyage a d’abord vocation
« à faire des chrétiens et chercher des épices ». L’histoire du voyage,
des relations internationales, de la culture, est toujours l’histoire de la
découverte de soi et de l’autre. C’est « l’esthétique du divers » chère à
Victor Segalen. C’est la longue et belle histoire de la sage conviction
de Jean Bodin selon laquelle « il n’est de richesse que d’hommes ».

Des hommes « ondoyants et divers », disait Montaigne, qui se haïssent
et de combattent, certes, mais partagent « la forme entière de
l’humaine condition ». C’est aussi, bien sûr, un enjeu politique, lié à la
construction de la nation, dont l’histoire, très tôt, se confond avec celle
de notre patrimoine culturel, légué par la monarchie à la République.

C’est dès 1750 que Louis XV expose une partie des collections royales
au Luxembourg, à destination d’un public choisi. C’est dès son
accession au trône que Louis XVI confie au comte d’Angivillier
l’élaboration d’un projet d’aménagement de la Grande Galerie du
Louvre, qui sera finalement ouverte au public en 1793. La Révolution
assume cet héritage au nom de l’instruction des citoyens. Si le British
Museum est ouvert librement au public dès 1753, et si ce sont les
Anglais qui inventent « le Grand Tour » qui se répand en Europe au
XVIIIe siècle, c’est en France, que le souci de préserver et de transmettre les hauts lieux de l’histoire nationale conduit très tôt l’Etat
à instituer une administration spécifiquement chargée des monuments
historiques – Prosper Mérimée, l’un de vos auteurs, en sera l’un des
tout premiers inspecteurs, en 1833 – et à instaurer une procédure de
classement.

Nous devons au XIXe siècle d’avoir imposé Vézelay, le Mont-Saint-
Michel, Les châteaux de la Loire, Alésia, avec leurs anecdotes
historiques, leurs références patriotiques. Ainsi, en 1920, Claudel parle
à propos de Vézelay de : « cette espèce de butte et de citadelle qui
domine le fleuve, caractéristique du terroir gaulois. Ainsi Alésia,
Angoulême, Vézelay. Elément féodal, tandis qu’en Allemagne, c’est
toujours le passage, le défilé, le baron douanier ». Mais nous lui
devons aussi notre respect pour la hauteur des voûtes gothiques,
notre goût pour l’architecture, notre passion populaire pour l’histoire.

Que seraient nos demeures du Val de Loire et nos crêtes pyrénéennes
sans les châteaux mystérieux et les forêts immenses que Gustave Doré
dessinait pour les contes de Perrault ou de la Comtesse de Ségur ?

Ce n’est pas une nostalgie. C’est un capital d’avenir. En témoignent,
par exemple, Daniel Buren au Moma, Jean-Michel Jarre à la Cité
interdite, devant plusieurs centaines de millions de téléspectateurs, le
succès des films de Sophie Marceau en Chine, l’alliance du hip-hop, de
la vidéo et des Arts florissants de William Christies, pour le spectacle
de José Montalvo et Dominique Hervieu, Les Paladins, sur la musique
de Rameau, le concert de Live 8 [eight] avec notamment The Cure,
Placebo et Youssou N’Dour, dans la cour d’honneur du château de Versailles, le 2 juillet dernier, devant plus de 100 000 jeunes,
l’installation d’Annette Messager dans les salles du château de
Chambord, le prochain département des arts de l’Islam avec
l’audacieux projet de Rudy Ricciotti dans la cour Visconti, le Louvre
qui sort pour la première fois de son palais pour bâtir un nouveau
musée à Lens, conçu par Kazuyo Sejima de l’agence d’architecture
japonaise Sanaa, pour faire revivre le bassin minier, et je pourrais citer
bien d’autres exemples.

La mission d’intégration et de cohésion sociale qu’ont assumé peu à
peu, tout au long de l’Histoire, au même titre que l’école, notre
patrimoine et nos institutions culturelles, n’a cessé de croître en même
temps que leur ouverture au plus grand nombre, et leur triple rôle, en
matière d’identité nationale, de rayonnement international et de
développement économique.

Aujourd’hui, l’école est en crise. Pas la culture.

La croissance économique demeure faible. Celle des activités
culturelles n’a cessé d’être forte.

La notion de patrimoine culturel s’est étendue et enrichie au patrimoine
industriel, au patrimoine de proximité. Et dans ce domaine, je tiens à
rendre hommage à l’action de la Fondation du patrimoine, que vous
avez fortement contribué à créer, cher Marc Ladreit de la Charrière. Je
ne pense pas que les Français de toutes origines détestent la France.
Je sais qu’ils ne haïssent point leur patrimoine et qu’ils ont pour lui les
yeux de Chimène.

Je sais qu’ils se précipitent par dizaines de millions dans les édifices,
les sites, les parcs et les jardins, ouverts pendant es Journées du
patrimoine. Je sais qu’ils étaient plus d’un demi-million, avides de
redécouvrir la nef de verre et d’acier restaurée du Grand Palais. Je sais
qu’ils convergeront de même vers le Quai Branly lorsque ses portes
ouvriront l’an prochain sur ses 300 000 objets d’art et civilisations
d’Afrique, d’Asie, d’Océanie et des Amériques.

Je sais qu’ils sont fiers des savoir-faire, des arts de vivre, des saveurs
et des métiers, qui font partie des meilleurs fleurons de notre
attractivité, et dont nous partageons ce soir un si bel exemple.

Je sais qu’ils sont fiers et heureux de fréquenter les centaines de lieux
et les milliers de festivals dédiés au spectacle vivant sur l’ensemble de
notre territoire et animés, avec le soutien de l’Etat et des collectivités
territoriales, par des milliers d’équipes artistiques qui contribuent à
l’attractivité de notre pays, par leurs productions, leurs diffusions,
leurs créations et leurs enseignements.

Je sais qu’ils sont fiers de l’ouverture du château de Versailles au
tournage de Marie Antoinette et à l’équipe de Sofia Coppola, du Louvre
au tournage du film réalisé d’après le roman qui fut sans doute le plus
lu dans le monde ces dernières années, du château de Pierrefonds aux
Rois Maudits, récréés par Josée Dayan d’après Maurice Druon, et, au-delà,
de toutes les mesures que j’ai prises pour ouvrir tous nos lieux
de patrimoine pour diffuser leurs images sur les écrans du monde,
plutôt que des décors de carton pâte ou électroniques…sauf s’ils sont réalisés par nos industries techniques du cinéma et de l’audiovisuel
qui font partie des secteurs où nous avons des champions du monde !

Et je suis fier, grâce aux mesures prises par le Gouvernement,
notamment les crédits d’impôt en faveur du cinéma et de l’audiovisuel
– bientôt prolongées par le crédit d’impôt en faveur des jeux vidéos
que le Premier ministre a annoncé vendredi – d’avoir relocalisé des
dizaines de milliers d’heures de tournage en France, en permettant
ainsi de préserver ou de créer plus de 3000 emplois.

Car, si le rôle de l’Etat est de conserver, de transmettre, et de mettre en
valeur notre patrimoine et son attractivité, il est aussi d’inciter et de
mobiliser l’ensemble des acteurs de la société en faveur de la création
artistique et culturelle qui est l’expression vivante de l’enrichissement
de notre patrimoine et de notre rayonnement culturel. Cela explique ma
présence partout où c’est nécessaire pour susciter ou renforcer le
mécénat, à l’étranger comme une PME française.

Comme l’a souligné le Premier Ministre à la FIAC, le 10 octobre dernier,
un pays qui crée va de l’avant, s’adresse à son temps et au reste du
monde.

Les dépenses culturelles des ménages français et les touristes créent
un chiffre d’affaires de l’ordre de 60 milliards d’euros (d’après nos
dernières statistiques fiables datant de 2003).

Le secteur culturel génère directement et indirectement, 450 000
emplois dont un peu plus de la moitié au sein des entreprises du disque, du cinéma, de l’audiovisuel et du livre, et l’autre moitié se
répartissant entre le spectacle vivant et le patrimoine.

C’est pour mieux soutenir la création, et améliorer en particulier la
compétitivité de notre marché de l’art que nous avons pris des
mesures fiscales nouvelles au bénéfice des artistes plasticiens, mais
aussi des mesures pour le développement de la commande publique,
et, d’une manière générale, l’accompagnement des jeunes talents,
dans tous les secteurs de la création, des arts plastiques aux arts de la
scène et de la rue, mais aussi dans le domaine audiovisuel et
numérique, et dans le secteur de l’architecture et du cadre de vie, où
j’ai créé les Nouveaux albums des jeunes paysagistes, aux côtés des
Nouveaux albums des jeunes architectes, pour donner un coup de
pouce à ces créateurs qui dessinent notre cadre de vie d’aujourd’hui et
de demain.

L’ouverture de nouveaux lieux renforcera la visibilité de la scène
française et la place de la France dans la création contemporaine,
comme sa capacité à attirer et à renouveler les meilleurs talents. J’ai
déjà évoqué le Grand Palais, qui redevient, conformément à sa
vocation initiale, un lieu phare du rayonnement de l’art Français, avec
notamment la grande exposition qui y sera consacrée de mai à juillet
prochain à la création contemporaine en France, sans oublier la
biennale des antiquaires, la FIAC, le salon des salons.

Les nouveaux espaces disponibles du Palais de Tokyo seront
également aménagés pour renforcer l’exposition internationale de la
scène française.

L’Ile Seguin est un autre lieu exceptionnel de résidences d’artistes et,
d’une manière générale, pour accueillir, stimuler et renforcer la
visibilité de la création artistique, avec le futur centre européen de la
création contemporaine, annoncé par le Premier ministre. Nous y
travaillons, avec la Fondation, dotée par l’Etat et ouverte aux
financeurs privés, qui pourra lui être associée.

J’aurais pu aussi vous parler de la Cité du design à Saint-Etienne, dont
les travaux démarreront prochainement et qui est un superbe projet de
mise en valeur de ce domaine d’excellence de la créativité française
reconnue dans le monde entier.

Je pourrais aussi vous parler du nouvel auditorium à Paris qui
enrichira le paysage symphonique français et international, à l’horizon
2011, après la réouverture de la salle Pleyel, en septembre 2006, et
celle de l’auditorium de la Maison de Radio France à l’automne 2009.

Dans un monde où s’affirme de plus en plus un nouveau modèle
économique fondé sur l’économie de la connaissance et du savoir, le
projet de bibliothèque numérique européenne lancé par le Président de
la République est un atout majeur pour l’attractivité de notre pays.

Ce portail constituera un accès simplifié et unique à des millions de
livres et de documents numérisés. Dans cette perspective, la France
proposera dans les mois qui viennent une première maquette, une
forme de prototype, permettant de préparer les étapes suivantes.

Ce grand projet de bibliothèque numérique européenne, est déjà
soutenu par six autres chefs d’Etat et de gouvernement.

L’attractivité de notre pays se joue en effet aussi sur l’Internet, où nous
travaillons à développer une offre légale importante, pour nos
créations audiovisuelles et cinématographiques, notamment, et à lutter
contre la contrefaçon, grâce à un dispositif de ripostes graduées que
nous sommes en train d’élaborer, en concertation avec nos
partenaires européens et internationaux.

Dans un monde où le flux des images n’a d’égal que la vitesse de
circulation de l’information, le développement de notre attractivité
passe aussi par la mise en oeuvre de la chaîne française d’information
internationale.

La France devait se doter de cette chaîne. C’était un impératif
stratégique et éditorial. C’est chose faite depuis une semaine.

Il y avait jusqu’à présent, CNN, BBC World, Al Jazira. Il y aura bientôt la
CFII.

Elle émettra avant la fin 2006, en Français, en Anglais, et en Arabe
avant d’émettre en Espagnol et peut-être dans d’autres langues
ultérieurement. Avec des cibles et des priorités géographiques.

La diffusion se fera aussi sur le territoire national par le biais du câble,
du satellite et de l’ADSL. Si la chaîne est identifiée comme française,
elle ne sera en rien une chaîne francophone. Il existe pour cela TV5.

Elle regroupera les talents des deux plus grands groupes audiovisuels
français.

Elle organisera la synergie de leurs compétences respectives dans les
domaines de la distribution, du marketing, des ressources humaines,
de l’information.

Avec un budget non négligeable de 80 millions d’euros pour son
lancement, elle pourra compter aussi sur des moyens supplémentaires
qui seront apportés au fil du temps par les coopérations qui vont
s’établir avec les réseaux à l’étranger de journalistes travaillant pour
l’Agence France Presse et Radio France Internationale.

Avec une rédaction nouvelle et indépendante de 130 journalistes, cette
nouvelle chaîne offrira au monde une information pluraliste sur
l’actualité française et mondiale.

Dans ce monde de violences, notre plus grande force, réside dans
notre capacité à démontrer que notre culture et notre communication,
peuvent contribuer à la paix et à la réconciliation qui demeurent les
plus hautes et les plus vives aspirations des hommes.

J’espère vous avoir montré ce soir que je ne suis pas que le Ministre
des vieilles pierres et des troubadours, mais celui du rayonnement et
de l’attractivité culturels français.

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