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Remise des insignes d’Officier dans l’ordre des arts et des lettres à Nadine Denize – discours prononcé par Henri Paul, directeur de cabinet

Posted By admin2011 On 5 décembre 2005 @ 22:33 In Discours 2005 | No Comments

Chère Nadine Denize,

Permettez-moi de vous exprimer mon admiration et aussi mon émotion de
vous recevoir ici aujourd’hui. Vous savez combien je suis attaché au
rayonnement de notre culture. C’est avec gratitude que je salue la brillante
ambassadrice de l’école française de chant que vous êtes sur la scène lyrique
internationale.

Dès vos débuts, vous rejoignez l’Opéra de Paris dont votre talent honore les
deux scènes d’alors, le Palais Garnier et l’Opéra Comique. Vous faites
également un temps partie de la troupe de l’Opéra du Rhin.

Dès le début de votre carrière, vous vous illustrez dans le répertoire français
où, d’emblée, vous affirmez les dons exceptionnels de grande mezzo-soprano
dramatique, qui feront aussi de vous la grande wagnérienne que nous savons
et que nous aimons.

Vous êtes alors – véritablement, idéalement -, bien plus encore que vous ne les
interprétez, la Charlotte de Werther, la Marguerite de La Damnation de Faust,
la Cassandre des Troyens. Vous incarnerez aussi une superbe Hérodiade et
une ardente Carmen que vous ferez applaudir de par le monde.

Ce grand répertoire français, tout de limpidité et de lumière, vous le servez
aussi, admirablement, à travers de grandes pages de Francis Poulenc, Paul
Dukas ou Claude Debussy, et dans les maisons d’opéra ou les grandes
manifestations du monde entier. Vous êtes en effet particulièrement remarquée
et acclamée dans le rôle de la Première Prieure des Dialogues des Carmélites
à l’Opéra de Paris comme à l’Opéra de Toronto, à Savonlinna, à Bonn ou aux
légendaires Proms londoniennes, de même que vous interpréterez bientôt la
Nourrice d’ Ariane et Barbe-Bleue au Théâtre Regio de Turin après le Châtelet
et l’Opéra de Lyon, et que vous êtes la Geneviève de Pelléas et Mélisande à
Paris, Genève, San Francisco ou New-York.

Vous mettez aussi tout votre talent à faire redécouvrir et apprécier des oeuvres
moins connues ou oubliées de notre répertoire, comme cet Hamlet d’Ambroise
Thomas, où vous êtes une magnifique et royale Gertrude [Guertroud], rôle dont
l’intensité le dispute à la prouesse vocale, désormais inscrit à votre répertoire,
et que vous interpréterez d’ailleurs à l’Opéra de Genève en février prochain.

Votre carrière internationale a débuté sous les plus prestigieux auspices.

Votre carrière américaine, brillante, a pris son envol lorsque James Levine
vous a invitée au Festival de Ravinia dans Les Troyens de Berlioz avec le
Chicago Symphony Orchestra et au Metropolitan Opera de New-York, dont
vous êtes depuis l’invitée régulière, dans Don Carlos de Verdi, où vous êtes
une très grande Eboli. Vous chantez aussi régulièrement à Philadelphie,
Chicago, San Francisco ainsi qu’en Amérique du Sud.

Toutes les scènes européennes vous accueillent également, mais ces patries
du chant que sont l’Italie et l’Allemagne sont aussi devenues pour vous des
terres d’élection.

C’est Claudio Abbado qui, le premier, vous fait inviter à la Scala de Milan, où
vous êtes à l’affiche de plusieurs saisons consécutives dans Don Carlos,
Werther, L’Heure espagnole, Les Troyens. Vous chantez ensuite
régulièrement à Florence, Rome, Bologne, comme dans les prestigieux
festivals de Vérone ou Spolète.

Si l’Allemagne aussi vous accueille régulièrement, c’est son répertoire le plus
emblématique, le plus mythique, que vous avez investi, avec un engagement
sans faille au service de votre art, et en déployant toutes les ressources de
votre musicalité et de votre expressivité dramatique.

Vous n’avez cessé, chère Nadine Denize, d’explorer, au cours de votre
magnifique carrière, toutes les ressources, les personnages et les rôles que
vous ouvrent votre tessiture de mezzo-soprano et son passionnant répertoire.

C’est le registre de la violence des passions, du désespoir amoureux, de la
possessivité ou de la sorcellerie. Ce répertoire de fureurs et de maléfices, ces
grandes voix d’épouses vengeresses, d’amantes effrénées et de
magiciennes, vous en avez porté très haut les couleurs, incarnant de façon
exemplaire et inspirée les héroïnes wagnériennes, vous affirmant comme une
grande tragédienne lyrique, et cela sans vous départir jamais de cette grâce,
de cette élégance et de cette noblesse d’attitude qui font de vous une grande
dame de la scène lyrique.

Vos rôles légendaires gardent à jamais la marque que vous avez incarnée
avec âme et talent.

C’est l’ensemble de la scène lyrique internationale qu’il faudrait citer sans
oublier bien sûr nos maisons d’opéra et nos festivals. De même que je ne
saurais énumérer les grands chefs avec lesquels vous avez travaillé,
Barenboïm, Boulez, Chung, Osawa, Sawallisch, mais aussi Karl Böhm, Nello
Santi, ou encore Krivine, Inbal, Maazel, Plasson, Rostropovitch.

Vos titres, vos rôles témoignent de l’étendue de votre palette, comme le fait
aussi votre répertoire de concert qui va des Nuits d’été de Berlioz aux
Gurrelieder de Schönberg sans oublier les Requiem de Mozart, Verdi ou
Duruflé ou Shéhérazade de Ravel.

Vous faites honneur au chant français et à notre scène lyrique et c’est un
honneur pour moi de vous rendre hommage.

Chère Nadine Denize, au nom du Président de la République, et en vertu des
pouvoirs qui nous sont conférés, nous vous faisons Officier dans l’Ordre
national du Mérite.


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