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L'INVITE DE RTL

RDDV : On est dans une période de violence internationale, de radicalisation des esprits, d’intolérance par certains aspects. Et donc il est très important que la démocratie française, incarnée par des journalistes libres puisse rayonner partout dans le monde…

Patrick COHEN: Jean-Michel APHATIE, vous accueillez à présent le ministre de la Culture et de la Communication.

Jean-Michel APHATIE: Bonjour Renaud DONNEDIEU de VABRES. La chaîne d’information internationale, la CII a été officiellement lancée hier et vous souhaitez qu’elle émette ses premières images à la fin de l’année prochaine. L’enjeu a dit le chef de l’Etat hier en Conseil des ministres c’est de porter partout dans le monde les valeurs de la France et sa vision du monde. Donc la CII ce sera la voix de la France Renaud DONNEDIEU DE VABRES ?

Renaud DONNEDIEU DE VABRES: Non, je ne pense pas que l’on puisse présenter les choses exactement comme ça, c’est une vision libre, pluraliste, au fond, des idées de l’actualité française. Ce sera une action nouvelle, entièrement libre et indépendante…

Jean-Michel APHATIE: 130 personnes

Renaud DONNEDIEU DE VABRES: Simplement on est dans une période de violence internationale, de radicalisation des esprits, d’intolérance par certains aspects. Et donc il est très important que la démocratie française, incarnée par des journalistes libres puisse rayonner partout dans le monde. Nous allons procéder par étape, cest-à-dire que dans un premier temps, ce sera bien sûr en langue française, mais en langue anglaise et en langue arabe avec un certain nombre de zones géographiques qui sont des prioritaires et des priorités, parce que cela nous semble évidemment tout à fait important. Le Président de la République et le Premier ministre ont voulu aussi que cela soit un rassemblement des énergies. Il y a eu des débats, il y a eu des confrontations, il y a eu des interrogations, eh bien, c’est le rassemblement de FRANCETELEVISIONS et de TF1, qui sont les deux actionnaires de référence, c’est un budget public. Mais c’est surtout des talents nouveaux, ce n’est pas une juxtaposition de rédactions qui vont être obligées de travailler ensemble, c’est une équipe de journalistes nouveaux, qui vont être recrutés et qui bien évidemment, pour la diffusion des sujets et des analyses s’appuieront sur des rédactions existantes, le cas échéant. C’est-à-dire que les correspondants de TF1, de FRANCE 2, de FRANCE 3, de LCI, mais aussi les journalistes de l’AFP et de RFI selon des formes à déterminer pourront intervenir. C’est une très belle nouvelle pour la démocratie, pour le pluralisme et sur le plan international cela fera équilibre.

Jean-Michel APHATIE: Vous avez presque tout dit d’un coup. On reprend un peu dans les détails, alors, la tentation n’existera pas de la part du pouvoir politique de donner des consignes à ces journalistes pour que l’image de la France à l’étranger soit l’image que souhaite le pouvoir politique ?

Renaud DONNEDIEU DE VABRES: Mais Jean-Michel APHATIE, expliquez à nos auditeurs la beauté de votre métier. Au moment où il y a eu les accidents graves dans nos banlieues, il n’y a pas eu une rédaction qui n’ait pas discuté en elle-même, avec elle-même, sur au fond, ce qu’on disait, ce qu’on ne disait pas, ce que l’on faisait ou jusqu’où on allait. Parce qu’il y a des moments où chacun sent bien que le feu il a pris et qu’il faut savoir comment on traite l’actualité. C’est une magnifique responsabilité, je ne suis pas le ministre de l’information, c’est la grandeur de votre métier, vous, journalistes dans une démocratie comme celle de la France de déterminer entre vous, ce que vous pensez responsable de faire. Le terme de responsabilité, il est diabolique dans la fonction de journaliste parce qu’il confronte deux choses. A la fois, la liberté, la vérité et la transparence et puis aussi le fait que vous savez très bien qu’un système d’information, parfois il est utilisé, il est manipulé et donc voilà c’est une rédaction libre, c’est un très beau projet.

Jean-Michel APHATIE: Libre, entendu comme ça, le mariage de TF1 et de FRANCETELEVISIONS étonne tout le monde, Patrick de CAROLIS s’est beaucoup battu, le président de FRANCETELEVISIONS, auprès de vous, pour être le seul patron de cette chaîne, pourquoi le lui avez-vous refusé Renaud DONNEDIEU DE VABRES ?

Renaud DONNEDIEU DE VABRES: Non, mais attendez, il y a eu le temps des conflits, il y a eu le temps des discussions…

Jean-Michel APHATIE: Il l’a demandé, vous me le confirmez ?

Renaud DONNEDIEU DE VABRES: Moi, ce qui m’importe c’est la dynamique. Il s’était exprimé publiquement sur ce sujet, un certain nombre de parlementaires…

Jean-Michel APHATIE: Pourquoi, le lui avez-vous refusé ?

Renaud DONNEDIEU DE VABRES: Parce que nous avons souhaité que ce soit le rassemblement de toutes les énergies. Vous savez quand un certain nombre de grands reporters ou de correspondants sont présents sur des situations opérationnelles, quand il y a des situations graves, est-ce que vous pensez qu’ils ont dans leur crâne l’étiquette de leur maison d’origine et la structure du capital … ?

Jean-Michel APHATIE: Oui.

Renaud DONNEDIEU DE VABRES: Non, ils ont bien sûr la fierté, ils ont bien sûr la fierté d’une rédaction, mais ils sont avant tout des journalistes libres, confrontés à des situations difficiles. Nous, nous avons voulu que se rassemblent toutes les énergies. On ne peut pas d’un côté me dire : vous allez être des ridicules, CNN c’est une salle de rédaction gigantesque. J’étais moi-même à Atlanta il y a une dizaine de jours pour voir comment cela allait se passer et je sais ce que c’est que d’essayer de porter l’énergie française. Quand j’étais à la Nouvelle Orléans pour proposer un certain nombre de mesures concrètes à cette ville et à cet état, permettez-moi de vous dire que parfois, comme on dit en anglais : small is beautiful, cest-à-dire que même si on n’a pas des moyens colossaux on peut y arriver. Bref, sur ce sujet difficile nous avons voulu que tout le monde travaille ensemble. Il va falloir, pays par pays, bouquet satellitaire par bouquet satellitaire aller discuter, aller négocier. Il s’agit de rassembler tout le monde autour de ce grand projet. Là encore une fois en respectant bien sûr la liberté et l’indépendance de chaque maison.

Jean-Michel APHATIE: Pas beaucoup d’argent pour cette belle entreprise, 75 millions d’euros, en régime normal, c’est à peu près dix fois moins que CNN, comment on compense, par la créativité Renaud DONNEDIEU DE VABRES ?

Renaud DONNEDIEU DE VABRES: Eh bien nous allons procéder par étape, cest-à-dire que nous n’avons pas annoncé qu’aujourd’hui la diffusion serait mondiale et donc il va y avoir d’abord la négociation dans un certain nombre de zones géographiques – parce que la diffusion sera principalement si vous voulez par le satellite, bien sûr par le câble, bien sûr par Internet aussi, ce qui permet là une diffusion mondiale. Mais nous ne faisons pas toutes les langues du monde, nous allons commencer, langue française bien sûr, anglais et arabe, ensuite espagnol. Ensuite si cela marche, viendra peut-être le temps de la langue chinoise, d’autres zones géographiques. Nous allons procéder par étape, mais aujourd’hui…

Jean-Michel APHATIE: Mais il n’y a pas beaucoup d’argent, c’est riquiqui comme budget ?

Renaud DONNEDIEU DE VABRES: Non, non, les professionnels aujourd’hui considèrent que déjà pour commencer un budget de 70 ou de 75 millions d’euros, en vitesse de croisière, c’est déjà beaucoup d’argent. Deuxièmement…

Jean-Michel APHATIE: Hervé BOURGES disait, qui est un professionnel, qu’il fallait au moins 150 millions d’euros, devant la Commission parlementaire.

Renaud DONNEDIEU DE VABRES: Oui, mais moi je ne fais pas les choses à la louche, moi je suis un éternel mendiant, donc, vous savez, je suis porteur d’un certain nombre de demandes en permanence à Bercy et au Premier ministre. Nous avons la passion de ce projet, est-ce que vous pensez que le Premier ministre, Dominique de VILLEPIN, avec la responsabilité internationale qu’il a exercée, avec le souvenir qu’il a de la présence française dans la conjoncture internationale, notamment au moment de l’Irak – et que le Président de la République, j’allais dire, qui est un grand maître des relations internationales, est-ce que vous pensez qu’on a l’objectif d’un projet au rabais ? On appréciera. Si on s’aperçoit… attendez on commence, on va constituer une rédaction, on va constituer des étapes. Il y a devant nous des sujets qui sont magnifiques, le jour où on va créer un relais, est-ce qu’on va l’installer à Beyrouth, au Caire à Amann, dans quelle ville et dans quel état par exemple du Proche orient ? Bien voilà, on va procéder par étape, c’est un magnifique défi, nous le relèverons.

Jean-Michel APHATIE: Peut-être qu’on pourrait faire des économies, voyez par exemple en France, il y a deux assemblées, le Sénat et l’Assemblée nationale, il y a deux chaînes de télévision, peut-être que si on les regroupait on pourrait faire un peu d’économie et retrouver un peu d’argent pour la CII non ?

Renaud DONNEDIEU DE VABRES: Vous êtes gonflé, attendez, au moment où on lance une chaîne nouvelle…

Jean-Michel APHATIE: C’est une suggestion !

Renaud DONNEDIEU DE VABRES: Mais Jean-Michel APHATIE, vous pouvez vous porter candidat pour être dans la rédaction, mais à ce moment là vous ne serez plus journaliste à RTL.

Jean-Michel APHATIE: Eh bien moi j’ai envie de rester à RTL !

Renaud DONNEDIEU DE VABRES: Non mais c’est une rédaction nouvelle qui va être recrutée. Cette semaine est une grande semaine pour la liberté audiovisuelle. Je vous rappelle que grâce aux décisions que nous avons prises, parce qu’on peut dans la vie s’excuser de tout – mais il y a quand même des rendez-vous tenus. La 18ème chaîne gratuite diffusée pour tous les Français sur la TNT a ouvert son antenne lundi.

Jean-Michel APHATIE: Oui, là vous parlez d’autre chose, c’est BFM TV.

Renaud DONNEDIEU DE VABRES: Non, mais attendez, vous m’accusez de vouloir rétrécir au lavage l’offre audiovisuelle…

Jean-Michel APHATIE: Je ne vous accuse pas, je vais vous chercher de l’argent…

Renaud DONNEDIEU DE VABRES: Ou l’offre radiophonique, l’offre journalistique, moi je vous dis, vive le pluralisme.

Jean-Michel APHATIE: Renaud DONNEDIEU DE VABRES qui crée une nouvelle chaîne de télévision était l’invité de RTL ce matin, bonne journée !

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