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France Europe Express

RENAUD DONNEDIEU DE VABRES : Oui, mais vous pouvez avoir aujourd’hui sur le Net, sur le système Internet, n’importe quelle image, n’importe quels propos, et vous n’êtes pas sûr au fond de leur authenticité, d’où l’importance du travail que font les journalistes. Nous nous sommes donnés de nouvelles armes juridiques, et la loi du 9 juillet 2004, qui est une loi tout à fait récente, a pour objectif de renforcer les contrôles de contenus… CHRISTINE OCKRENT : Bonsoir à tous, vous l’avez compris, il sera beaucoup question de piratage ce soir, de piratage sur Internet, ce qui est une occupation pour beaucoup de représentants de la plus jeune génération. Monsieur le ministre bonsoir.

RENAUD DONNEDIEU DE VABRES : Bonsoir.

CHRISTINE OCKRENT : Vous êtes depuis neuf mois maintenant ministre de la Culture et de la Communication, et le moins qu’on puisse dire c’est que vous avez pris à bras le corps un certain nombre de dossiers très divers, c’est le propre de ce ministère qui est immense par le territoire qu’il couvre, mais très riche nécessairement, malgré les espoirs de toutes les professions qu’il est censé satisfaire. Avant de discuter du piratage et des droits d’auteurs qui devient sujet capital au niveau de lUnion européenne, et nous serons tout à l’heure en compagnie de la commissaire Viviane REDING qui est en charge de ces questions, parlons d’abord, si vous le voulez bien, de l’actualité brûlante, c’est-à-dire la chaîne AL MANAR, cette chaîne de télévision par satellite du Hezbollah libanais, enfin du Hezbollah, mouvement financé longtemps par l’Iran et qui est basé au Liban. Donc le satellite EUTELSAT qui diffusait cette chaîne dans un bouquet de chaînes arabes, a donc progressivement fermé en quelque sorte le robinet tout au long de cette journée et ce soir vous pouvez nous confirmer que cette chaîne n’est plus, en principe, diffusée sur le territoire national ?

RENAUD DONNEDIEU DE VABRES : Il y a une décision qui est intervenue hier, puisque le président de la section du contentieux du Conseil d’Etat a considéré que le contenu des émissions que lui avait signalé le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel, faisant d’ailleurs son travail de surveillant sept jour sur sept, et 24 heures sur 24, du contenu d’un certain nombre d’émissions diffusées par satellite, n’était pas conforme aux principes de notre pays, de notre République et de nos valeurs. Ça veut dire tout simplement que le racisme, l’appel à la haine, l’antisémitisme, n’ont pas à avoir droit de cité, d’aucune manière en France, ni dans une cour de récréation, ni dans un tract, ni dans la diffusion d’émissions par satellite. Et donc cette décision de justice est prise, elle a été communiquée à l’opérateur satellitaire, à EUTELSAT, qui lui-même a des liens avec ARABSAT, et donc cette décision de justice sera respectée, ça veut dire que cette diffusion sera interdite. Nous pouvons en tant de français être fiers, parce que nous sommes le premier pays, sur le plan européen, à avoir cette vigilance légitime, j’ai d’ailleurs au nom du gouvernement fait une démarche auprès de la Commission européenne, auprès de Viviane REDING, qui a en charge la communication, et auprès de la présidence de l’Union européenne, pour que cette question fasse l’objet d’une discussion européenne.

CHRISTINE OCKRENT : Oui, en même temps il faut reconnaître qu’il y a eu des manœuvres un peu bizarres, parce que le CSA a commencé par accorder ce qu’on appelle le conventionnement, à cette chaîne…

RENAUD DONNEDIEU DE VABRES
: Alors il faut que nos concitoyens comprennent très bien les choses parce que ce sont des sujets évidemment très difficiles, on a vite fait de dire, mais qui fait quoi ? Qui est responsable de quoi ? le premier élément…

CHRISTINE OCKRENT : Il y a l’air d’y avoir une certaine confusion à la manœuvre.

RENAUD DONNEDIEU DE VABRES : Non non, il n’y a pas de confusion à la manœuvre, simplement on n’en est plus au ministère de l’Information, et je pense qu’en France, comme dans la plupart des démocraties dans le monde, le fait que le contrôle…

CHRISTINE OCKRENT : On s’en réjouit, surtout ici.

RENAUD DONNEDIEU DE VABRES : Que le contrôle des contenus soit diligenté par une autorité administrative indépendante est une bonne chose. Ceci étant dit, il faut que ce soit opérationnel et rapide, parce que sinon nos concitoyens n’y comprennent rien, et c’est d’ailleurs le principe de la responsabilité politique, c’est-à-dire que les gens se disent, mais au fond on attend et on attend trop. Alors il y a deux étapes qui sont très importantes, la première étape c’est le conventionnement. Ça veut dire que les entreprises qui veulent émettre sur le territoire français ou sur le territoire européen, elles sont obligées d’avoir un conventionnement pour être…

CHRISTINE OCKRENT : Voilà, c’est ce que la chaîne en question avait fait.

RENAUD DONNEDIEU DE VABRES : …Agréés et diffusées par l’opérateur satellitaire. Et d’ailleurs compte tenu de la violence de la situation internationale, des conflits protéiformes, les organismes satellitaires eux-mêmes, et moi j’ai reçu il y a quelques jours le président d’EUTELSAT, veulent que les choses soient claires et absolument carrées.

CHRISTINE OCKRENT : Mais alors pourquoi avoir accordé le conventionnement, il suffisait de voir que c’était la chaîne du Hezbollah, je veux dire on connaît hélas la nature de ce mouvement.

RENAUD DONNEDIEU DE VABRES : Je vais venir là dessus. Conventionnement… alors, c’est le CSA qui apprécie s’il doit ou s’il ne doit pas conventionner, ils l’ont fait avec des clauses extraordinairement précises et draconiennes, et à partir du moment où le conventionnement était installé, eh bien la surveillance a commencé 24 heures sur 24 et sept jours sur sept. Le constat ne s’est pas fait attendre, et le président du Conseil Supérieur de l’Audiovisuel, a porté plainte, ça c’est une procédure, c’est la procédure pénale, a mis en demeure la chaîne, c’est son deuxième pouvoir, et troisièmement…

CHRISTINE OCKRENT : Et il n’y a pas eu de pressions politiques en disant, malheureusement, nos confrères CHESNOT et MALBRUNO sont toujours otages en Irak, donc ce n’est pas le moment de froisser un certain nombre de régimes ?

RENAUD DONNEDIEU DE VABRES : Oh la la, attendez, plusieurs choses. La première, j’ai été moi-même, et le Premier ministre, amenés à nous exprimer sur le fond parce que nous étions choqués, et nous ne pouvons pas accepter que dans la France d’aujourd’hui, et dans l’Europe d’aujourd’hui que nous voulons construire, ces formes de racisme et d’appel à la haine aient droit de cité, et donc il faut le dire haut et fort, la France est un pays de droits. Il y a un lien en ce que nous faisons, la position que nous avons adopté au Conseil de sécurité des Nations Unies en réclamant au moment de l’intervention en Irak, et de la politique américaine en Irak, du respect du droit, c’est ce que nous faisons là sur ce sujet.

CHRISTINE OCKRENT : Pour autant c’est aussi une directive européenne donc !

RENAUD DONNEDIEU DE VABRES : Non mais attendez, mais ce sont des valeurs donc que nous essayons de promouvoir, c’est la règle de droits, et ça c’est évidemment tout à fait essentiel. Maintenant en ce qui concerne la question de nos otages, qui est évidemment une question que le Premier ministre et l’ensemble des membres du gouvernement, et le président de la République, nous avons 24 heures sur 24 dans nos crânes, parce que aujourd’hui ils ne sont toujours pas libérés, ne mélangeons pas les sujets, et ce serait d’ailleurs quelque part absolument honteux de penser qu’il puisse y avoir connexion des sujets, la France fait respecter le droit sur son territoire…

CHRISTINE OCKRENT : Là les connexions elles se font sur le terrain !

RENAUD DONNEDIEU DE VABRES : La France fait respecter le droit sur son territoire, elle est fondée à le faire, nous ne sommes pas en train de régler des comptes, nous ne sommes pas en train de vouloir désigner des cibles de manière abstraite, il y a des propos, des comptes rendus, des constats d’huissiers, une décision de justice qui a été prise, et maintenant la diffusion est prononcée. Donc si vous voulez c’est des sujets sur lesquels il ne faut surtout pas que dans l’opinion publique mondiale on se dise la France règle des comptes comme ça de manière aléatoire et sommaire. La France est un Etat de droits.

CHRISTINE OCKRENT : Ce qui est toujours très délicat c’est évidemment toute atteinte à la liberté d’expression et ce soit REPORTERS SANS FRONTIERES, qui est l’association qui veille à la liberté de la presse en France et dans le monde, s’inquiète de cette démarche, comprend évidemment les problèmes de fond, mais s’inquiète de ce genre de décision.

RENAUD DONNEDIEU DE VABRES : Non mais attendez, c’est pour ça que je vous ai rappelé l’importance que j’attache à la loi sur la liberté de communication, au fait que ceux qui doivent trancher en dernière ligne de compte, même si c’était moi, ou le ministre de l’Intérieur, qui avions le pouvoir, de toute façon nous sommes soumis à des contrôles, que ce soit le contrôle parlementaire ou le contrôle de la justice, et donc tout simplement rappeler qu’il doit y avoir une nécessaire séparation dans le contrôle des contenus entre l’exécutif, le gouvernement et une autorité administrative indépendante, ce n’est pas être laxiste, ce n’est pas vouloir avoir les yeux fermés et les oreilles bouchées, je peux vous dire que moi je ne suis pas du tout les yeux fermés et les oreilles bouchées, et c’est vrai qu’on pourrait me reprocher d’avoir franchi quelques lignes jaunes. Ça veut dire qu’on pourrait d’une certaine manière me reprocher de m’être exprimé sur le fond. Lorsque j’ai eu une question d’actualité dans l’hémicycle, j’ai été très surpris, parce qu’il y avait une partie de l’opposition qui hurlait “ agissez, agissez, agissez ”, et moi j’ai été amené tout simplement à rappeler aussi les règles, et rappeler les règles ça a des valeurs à mes yeux, et c’était rassurez-vous, ou inquiétez-vous ceux qui ne partagent pas mes convictions, ce n’était pas pour être laxiste. Il y a des sujets sur lesquels nous ne sommes pas laxistes, vraiment…

CHRISTINE OCKRENT : Encore une fois, ce n’est pas le reproche qui est fait !

RENAUD DONNEDIEU DE VABRES : Mais je respecte la répartition des compétences, et si dans sa sagesse le législateur veut modifier la répartition des compétences, on peut en parler et on en parlera. Le plus important si vous voulez, sur ces sujets, c’est que vis à vis de la communauté internationale, nous ne soyons pas suspects d’arrières pensées, c’est la règle de droit, ce sont des procédures connues que nous appliquons et que nous essayons de répandre parce que nous considérons que ce sont de belles valeurs. On pourrait faire un lien avec un autre sujet, qui est lié à celui là, qui est celui de la chaîne d’informations internationale, parce que vous voyez bien…

CHRISTINE OCKRENT : C’est d’ailleurs précisément ce que voulait faire Jean-Michel BLIER.

JEAN-MICHEL BLIER : Mais ce n’est pas question là que je voulais vous poser Renaud DONNEDIEU DE VABRES, parce que avant de venir à la chaîne toute info, la chaîne d’infos internationale, il y a Internet. On va beaucoup parler d’Internet, et sur Internet il y a énormément de sites xénophobes, racistes, insupportables.

CHRISTINE OCKRENT : A commencer par celui d’AL MANAR d’ailleurs. On peut capter cette chaîne sur Internet.

JEAN-MICHEL BLIER : Absolument, on pourra toujours continuer à regarder cette chaîne de télévision sur Internet, et là il y a l’extraterritorialité des sites. Comment fait-on ?

RENAUD DONNEDIEU DE VABRES : D’abord, attendez, la technologie ça bouge, et effectivement il y a des problèmes nouveaux qui surgissent, et des diffusions maintenant de manière planétaire d’un certain nombre de systèmes d’informations, de propos et d’images, qui sont évidemment tout à fait nouvelles. Permettez-moi d’ailleurs au passage de dire que finalement ça va renforcer plutôt le rôle des journalistes, parce que dans cette espèce de jungle qu’est devenu le système de communication mondiale, la certification de l’authenticité, la vérification directement par les professionnels, est en train de redevenir une valeur absolument essentielle, parce que vous pouvez avoir…

CHRISTINE OCKRENT : Mais en même temps très compliqué à exercer.

RENAUD DONNEDIEU DE VABRES : Oui, mais vous pouvez avoir aujourd’hui sur le Net, sur le système Internet, n’importe quelle image, n’importe quels propos, et vous n’êtes pas sûr au fond de leur authenticité, d’où l’importance du travail que font les journalistes. Nous nous sommes donnés de nouvelles armes juridiques, et la loi du 9 juillet 2004, qui est une loi tout à fait récente, a pour objectif de renforcer les contrôles de contenus, parce qu’on ne peut pas si vous voulez, s’inquiéter de cette recrudescence des violences culturelles, religieuses, politiques, en France et sur la scène internationale, et rester là aussi les yeux fermés. Alors c’est très difficile parce que aujourd’hui, on pourrait faire l’expérience en direct, on peut vraiment sur le Net découvrir des horreurs. Il y a d’ailleurs une chose que je ne conseille à personne de faire, c’est de taper son propre nom sur un moteur de recherche parce que vous verrez… non, mais attendez, je dis ça avec gravité, beaucoup d’informations ou d’éléments relèvent parfois de la diffamation, et donc voilà, on sait très bien qu’il y a une espèce de jungle qui existe et qui doit, tout en respectant la liberté, parce que ne comptez pas sur moi à aucun des moments de ce débat ce soir, pour que j’apparaisse comme un censeur, et je regarde ça en regardant droit dans les yeux un certain nombre de mes interlocuteurs de ce soir. Je crois que l’accès à la culture et à l’information grâce à Internet peut être un vrai progrès, parce que ça permet des échanges protéiformes, simplement il y a des règles, il y a une sorte de déontologie, et nous sommes fondés à vouloir la faire respecter.

CHRISTINE OCKRENT
: Alors, précisément, venons-en d’emblée au problème du piratage sur Internet, puisque vous en parlez, je vous propose tout de suite grâce à Marie-Pierre COURTELLEMONT, de voir que représente ce phénomène, quelle est son ampleur, est-ce que c’est simplement le passe-temps d’un certain nombre de jeunes gens désœuvrés, ou est-ce que c’est véritablement devenu un phénomène dit de société, selon la formule consacrée.

(…)

CHRISTINE OCKRENT ; Monsieur le ministre de la Culture et de la Communication, est-ce qu’il n’y a pas une espèce d’excès dans la manière dont, pour imposer des règles, on a plutôt tendance à s’en prendre à des gens qui sont parfaitement de bonne foi, d’ailleurs il y a quelqu’un qui s’est livré au même exercice, mais s’agissant de films de cinéma, et qui lui a été relaxé par la justice parce qu’il a pu prouver en fait que c’était sa consommation personnelle, ce qui semble être le cas d’Anne-Sophie aussi. Donc comment faire pour mieux différencier ?

RENAUD DONNEDIEU DE VABRES : Il faut qu’on sorte de l’impasse actuelle parce que d’abord le terme de piraterie, c’est un très mauvais terme.

CHRISTINE OCKRENT : Pourquoi ?

RENAUD DONNEDIEU DE VABRES : Parce que piraterie si vous voulez, c’est un terme sympathique, et moi vous imaginez la situation dans laquelle je suis placé ce soir…

CHRISTINE OCKRENT
: Vous avez vu ou lu trop de livres d’aventures quand vous étiez petit !

RENAUD DONNEDIEU DE VABRES : Toutes les jeunes générations, je veux dire la piraterie c’est l’aventure, c’est le rêve, donc la lutte contre la piraterie vous imaginez ce que ça représente pour le ministre de la Culture et de la Communication, de vouloir dire qu’il participe à la lutte contre la piraterie. Alors il faut dire des choses assez simples. La première chose c’est que ce que j’essaye de protéger en fait, c’est la liberté de l’artiste et la liberté du créateur. Ça veut dire qu’on ne peut pas d’un côté se plaindre des risques éventuels, qu’il y ait uniformisation de la culture mondiale, qu’il n’y ait plus diversité de talents, mais qu’il y ait uniquement deux pu trois sources d’émissions culturelles, musicales ou cinématographiques, et que voilà, c’est très bien, ça se diffuse de manière planétaire grâce à Internet et tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Et donc moi j’essaye de concilier deux choses. Un, ce respect de la liberté du créateur et donc de sa rémunération. On ne va pas en revenir à la situation, si vous voulez, dans les cours d’Europe, où les artistes ils étaient directement payés par les rois, liés à un système, la rémunération individuelle du talent d’un artiste, sa liberté d’expression et de création, c’est quelque chose d’essentiel, donc de rappeler l’importance du droit d’auteur, ce n’est pas pour défendre uniquement des grandes entreprises capitalistes, multinationales, etc etc, c’est défendre le droit des artistes, des techniciens, de toutes celles et tous ceux qui travaillent à la composition musicale ou cinématographique, d’exister. Ça c’est le premier point. Le deuxième point, donc il y a un prix, il y a un marché, il faut bien essayer de rémunérer les gens, et que donc aujourd’hui tout simplement avoir accès librement, totalement librement, sans aucun élément de rémunération grâce à Internet, c’est d’une certaine manière faire preuve de désinvolture par rapport aux artistes, et moi je ne suis pas un censeur, c’est-à-dire que je considère qu’Internet peut être une chance, je vous l’ai dit tout à l’heure, dans le domaine de l’information et vis à vis de l’art.

CHRISTINE OCKRENT : En plus il n’y a aucun moyen pour censurer Internet ! enfin on peut essayer, mais je veux dire la technologie galope plus vite…

RENAUD DONNEDIEU DE VABRES : Attendez, justement il y a des règles.

JEAN-MICHEL BLIER : Ce qui est profondément injuste, excusez-moi, mais ce qui est profondément injuste pour cette demoiselle, cette dame, c’est qu’elle a été prise au hasard, complètement au hasard, je crois que sur la ville de Rennes il y a eu 20 personnes qui ont…

ANNE-SOPHIE LAINNEME, SYMBOLE DE “ PETITS PIRATES ” :Ah non non, on est deux sur la ville de Rennes…

JEAN-MICHEL BLIER : Deux sur la ville de Rennes, donc manifestement on veut faire un coup, on veut donner l’exemple et donc on prend une personne sur des milliers ou des millions qui téléchargent, voilà.

RENAUD DONNEDIEU DE VABRES : Attendez, il y a une loi… il y a dans notre pays une loi sur le droit de propriété, sur le droit d’auteur, et cette loi elle s’applique. alors le problème…

CHRISTINE OCKRENT
: Oui, mais alors il faut informer les usagers.

RENAUD DONNEDIEU DE VABRES
: Exactement, et j’y viens. Si vous voulez le rappel de cette loi et de cette ligne jaune, c’est ce qui est en cours, et c’est ce qui fait que vous avez une procédure judiciaire, et qu’il y a un certain nombre de procédures judiciaires qui ont été rappelées. Moi je n’ai pas voulu rester, depuis que je suis ministre de la Culture et de la Communication, en chien de faïence, c’est-à-dire que j’ai réuni tout le monde. J’ai réuni les fournisseurs d’accès à Internet, les producteurs, les représentants des interprètes et les représentants des consommateurs, et nous avons décidé de multiplier l’information vis à vis des plus jeunes de nos concitoyens, parce que je sais très bien, si vous voulez, par définition ils ont un accès libre, ils surfent toute la journée sur Internet…

CHRISTINE OCKRENT : Et puis c’est leur culture, ils sont habitués à une culture du gratuit.

RENAUD DONNEDIEU DE VABRES : Je ne suis pas en train de dire qu’ils n’ont pas le droit d’avoir accès à la musique ou au cinéma grâce à Internet. Un certain nombre d’entreprises ont été amenées à se secouer, et c’était très bien, et peut-être qu’on avait pris du retard…

CHRISTINE OCKRENT : Parmi ceux qui se sont secoué, il y a Denis OLIVENNES, Denis OLIVENNES, pardon, je vous interromps, Denis OLIVENNES, le patron de la FNAC, et vous, Denis, vous avez fait sensation il y a quelques semaines, en encourageant d’une certaine manière les adhérents, les habitués de la FNAC, à contourner les mesures anti-piratage imposées par quelques fournisseurs… alors il faut commencer par expliquer que les normes ne sont pas compatibles entre… mais vous avez créé, juste pour situer les faits, pour que les téléspectateurs comprennent…

DENIS OLIVENNES : On a créé un site de téléchargement légal.

(…)

JEAN-MICHEL BLIER
: L’une des questions qui est posée aussi par les internautes, par les gens qui téléchargent, c’est le prix du CD, et donc il y a deux questions, il y a un, est-ce que le prix du CD n’est pas exorbitant par rapport à la bourse, à l’argent de poche dont disposent les jeunes aujourd’hui ? Et deux, monsieur le ministre, où en est-on de la TVA, 18,6 sur les CD, 5,5 pour le cinéma et 2,2 pour le spectacle vivant ; pour le livre, pardon, 5,5 pour le livre…

RENAUD DONNEDIEU DE VABRES : Alors il y a plein de questions en même temps. La première que je voudrais dire, pour pas qu’il y ait de méprise, je ne suis pas contre l’accès à la culture grâce à Internet, vive la création du plus grand magasin du monde, de musique, grâce à Internet, et la même chose vis à vis du cinéma. Le problème, soyons francs, c’est le problème de la gratuité, parce que le problème de la gratuité, ça, ça fait voler tout en éclats, et donc je suis mobilisé pour que l’information circule, et donc peut-être que cette information a fait défaut, et donc nous venons d’obtenir, et ça n’a pas été facile, ça a été l’objet d’une discussion très âpre avec la Commission nationale informatique et liberté, parce qu’on trouve tout de suite des problèmes sur les fichiers et sur l’accès aux gens, nous venons d’obtenir..

CHRISTINE OCKRENT : D’ailleurs Anne-Sophie en est victime.

RENAUD DONNEDIEU DE VABRES : Voilà, mais nous venons d’obtenir l’accord de la CNIL pour que le maximum d’informations par les fournisseurs d’accès à Internet, soit diffusé. Et pourquoi est-ce qu’on vient de réaliser un progrès ? C’est que dans cette table ronde, vous savez quand on réunit une table ronde, parfois les gens disent, “ ouais, le ministre il veut gagner du temps ”, eh bien ce n’est pas pour gagner du temps, c’est pour que chacun prenne des engagements, et donc les fournisseurs d’accès à Internet viennent de prendre l’engagement de diffuser à tous leurs clients un certain nombre d’éléments de règle du jeu, et dans cette règle du jeu il y a au fond, si vous voulez, pour moi, la valeur du prix de la création et de la liberté de la création.

CHRISTINE OCKRENT : Donc c’est la fameuse charte qui a été signée entre la SACEM et les fournisseurs.

RENAUD DONNEDIEU DE VABRES : Je n’oublie pas votre question, mais je voudrais faire un parallèle, c’est l’environnement, parce qu’aujourd’hui on voit bien si vous voulez qu’il faut protéger les espaces, les espèces, l’air, l’eau, la diversité biologique, et que si on tire de manière indéfinie sur les ressources naturelles, eh bien sans esprit de responsabilité on ne s’en sortira pas. Eh bien vis à vis de la création artistique et culturelle, si on ne contrecarre pas les lois naturelles du marché, la diversité culturelle ce sera un espèce de slogan vide de termes. C’est la raison pour laquelle je relis le combat que j’ai pour faire comprendre cet enjeu de la piraterie et d’Internet, avec le combat que par ailleurs je mène au sein de l’UNESCO pour faire prévaloir le droit des états à soutenir les artistes et les politiques nationales. Dans mon esprit, vous savez, c’est exactement la même chose, c’est la diversité. Parce qu’on peut se dire, au fond c’est merveilleux, je suis un petit groupe de rock d’un village d’Afrique, grâce à Internet je rayonne dans le monde entier. Ce n’est pas aussi simple que ça, parce qu’il faut se faire connaître, et si vous tapez “ rock africain ”, vous aurez 100 000 pages qui apparaîtront, et avant d’avoir accès directement à celui-là, il y a donc un travail, si vous voulez, de médiation…

JEAN-MICHEL BLIER : La TVA.

RENAUD DONNEDIEU DE VABRES : Alors la TVA, c’est un sujet sur lequel je me bats, sur lequel nous n’avons pas encore…

CHRISTINE OCKRENT : C’est un problème européen !

RENAUD DONNEDIEU DE VABRES : Oui, sur lequel nous n’avons pas encore obtenu satisfaction…

CHRISTINE OCKRENT : Parce qu’il faut l’accord à l’unanimité, de tous les pays membres.

RENAUD DONNEDIEU DE VABRES : C’est l’unanimité. mais justement c’est un sujet…

SERGE JULY : …. Restaurateurs.

RENAUD DONNEDIEU DE VABRES : Non ce n’est pas ça, ne mélangez pas les sujets s’ils n’ont rien à voir les uns avec les autres ; mais c’est un sujet qui prend une tournure nouvelle, parce que à cause justement de la piraterie et des problèmes aujourd’hui du disque et du cinéma, les pays de l’Union européenne sont en fait placés à la même enseigne que nous, ont d’immenses inquiétudes ; Demandez un peu aux artistes et aux musiciens en ce moment en Allemagne ce qu’ils pensent de cette question, parce que là il y a une diversité des titres et des talents qui a rétréci.

(…)

Entretien avec madame Viviane REDING

(…)

RENAUD DONNEDIEU DE VABRES :Viviane, tu participeras avec moi au travail de conviction nécessaire vis à vis de l’ensemble de mes collègues, j’ai commencé, et je crois justement que ce dossier, qui était un peu bloqué, prend une tournure différente à cause de la question de la piraterie et à cause du problème des prix. Ce que vous avez évoqué les uns et les autres, et c’est vrai pour les jeunes français, le prix ça se pose comme problème, ça c’est évident, si on peut avoir quelque chose de gratuit c’est plus facile. Simplement il faut avoir le courage de dire que par ailleurs ça détruit un certain nombre de choses. Serge JULY vous pourriez me le dire à propos des gratuits de la presse écrite ! Non mais attendez, c’est un autre sujet, mais c’est un sujet aussi.

CHRISTINE OCKRENT : Pour qu’on comprenne bien comment s’établit ce prix, en tout cas à la vente, d’un CD de musique, Lionel COTTU nous explique, et ça a été très très compliqué d’obtenir les infos, mais Lionel COTTU nous explique comment de décompose le prix d’un CD.

(…)

RENAUD DONNEDIEU DE VABRES : Denis OLIVENNES, je vous rassure tout de suite, pourquoi est-ce qu’on les a réunis tous ensemble, c’est justement pour ne pas laisser faire, et comme sur d’autres sujets il y parfois l’épée de Damoclès de la loi, et la loi c’est la répartition des responsabilités, et donc sur ce sujet nous sommes excessivement mobilisés et nous essayons de mener une vraie négociation. La négociation elle porte sur quoi ? Par exemple dans le domaine du cinéma, et je reprends ça par rapport à vous, le problème il n’est pas la prison, le problème il est quand il y a un comportement illégal, que le cas échéant l’opérateur soit obligé de suspendre l’abonnement, donc il y a toute une gradation, c’est ce qu’on est en train de faire dans le domaine du cinéma.

CHRISTINE OCKRENT  : Monsieur DONNEDIEU DE VABRES, dans le domaine du cinéma, encore une fois, cet internaute qui a téléchargé chez lui une centaine de films, le tribunal a décidé que c’était très bien, très sympa et que c’était pour son usage.

RENAUD DONNEDIEU DE VABRES : Attendez, on a le droit de faire un certain nombre de choses, d’échanges d’œuvres à l’intérieur de la cellule et du périmètre familial, le problème si vous voulez, c’est quand ça devient en fait une espèce d’activité économique et financière qui ne dit pas son nom. Et donc cette offre légale, nous sommes en train de la mettre en œuvre, j’ai apporté là une photo, et je souhaite qu’il y ait le maximum d’artistes qui acceptent de prêter leur concours…

CHRISTINE OCKRENT
: Là c’est Eddy MITCHELL..

RENAUD DONNEDIEU DE VABRES : Là c’est Eddy MITCHELL, d’autres chanteurs, je ne vais pas tous les citer, vont accepter de participer à cette campagne d’information, tout simplement pour montrer que nous ne sommes pas les ennemis de l’accès à la culture par Internet, et que les fournisseurs d’accès à Internet ils ont une éminente responsabilité, Denis OLIVENNES il a complètement raison. On ne peut pas, si vous voulez, je vois ça par rapport au financement de l’audiovisuel public, ou aux engagements que prennent un certain nombre de chaînes privées, vis à vis par exemple du contenu du cinéma, ce qui se retrouve très important ensuite pour l’emploi culturel, et pour le travail des artistes et des techniciens, nous ne laisserons pas faire, et ça là dessus, si vous voulez, qu’il s’agisse aussi bien de FRANCE TELECOM, que des fournisseurs d’accès à Internet, qui ont fait leur pub, au fond, au détriment ensuite de la situation financière des artistes et des techniciens, et des entreprises, parce qu’il ne faut pas être hypocrite, on a besoin d’entreprises qui font la promotion des artistes, qui les détectent etc, le côté découvreur de talents, c’est quelque chose d’excessivement important…

(…)

RENAUD DONNEDIEU DE VABRES : On a beaucoup parlé musique, on n’a pas beaucoup parlé du cinéma, parce que dans un premier temps les gens du cinéma se sont dit, oh la la, de toute façon télécharger un film ça prend beaucoup de temps, la technologie qui galope, aujourd’hui grâce au haut débit, va permettre le téléchargement de films de manière beaucoup plus facile, et donc je souhaite que les professionnels du cinéma qui se sont dit, dans un premier temps c’est surtout la musique qui est exposée, nous on a encore un peu de temps pour prendre des dispositions, voilà, on y travaille beaucoup activement avec les uns et les autres, mais il faut qu’on aille vite parce que sinon… j’ai du mal à savoir le chiffre exact du téléchargement…

JEAN-MICHEL BLIER : Un million de téléchargements par jour contre 400 000 entrées dans les cinémas par jour.

RENAUD DONNEDIEU DE VABRES : Je voudrais là-dessus aussi que les choses soient claires.

CHRISTINE OCKRENT : Le cinéma français va bien.

RENAUD DONNEDIEU DE VABRES
: Oui oui, heureusement il y a de magnifiques résultats, mais je ne suis pas, comment vous dire, un homme du 19ème siècle, c’est-à-dire je ne suis pas en train de vouloir répandre des fausses peurs…

SERGE JULY : Personne.

RENAUD DONNEDIEU DE VABRES : Non non, mais attendez, des fausses peurs. Quelqu’un avec lequel Viviane REDING et moi nous avions eu une discussion à Cannes, qui est Jack VALENTI, au moment…

CHRISTINE OCKRENT : Qui était l’ancien patron de la Fédération du cinéma américain.

RENAUD DONNEDIEU DE VABRES : Voilà, représentant du cinéma américain, au moment…

CHRISTINE OCKRENT : Qui a pris sa retraite, après 50 ans de bons et loyaux services.

RENAUD DONNEDIEU DE VABRES : Voilà, et après les moments de grands affrontements entre les Etats-Unis et la France, sur ce sujet il peut y avoir des discussions communes. Au moment des magnétoscopes, il avait émis des craintes absolument tectoniques, en train de dire, ça va tout foutre en l’air. Aujourd’hui, avec Internet, si on est raisonnable, si on se bouge, je ne dis pas que ça va tout foutre en l’air, c’est-à-dire si vous voulez je crois qu’il peut y avoir un accès intelligent à la culture, au cinéma et à la musique, grâce à Internet. Voilà, je le redis haut et fort parce que je ne veux pas être caricaturé, mais je veux que les plus jeunes de nos concitoyens, qui si vous voulez à la fois aiment bien la mode et l’uniformité, mais dès qu’il y a trop d’uniformité, qui réclament la différenciation, et c’est logique, qui ont le goût du petit, du beau, de celui qu’il faut ou celle qu’il faut défendre etc, soient conscients des enjeux, voilà.

JEAN-MICHEL BLIER
: Mais encore faut-il que l’offre alternative au gratuit, au piratage, soit intéressante.

RENAUD DONNEDIEU DE VABRES : Mais on est au début de ça, on est début, pour le moment ils sont à 0,99 par titre de musique !

JEAN-MICHEL BLIER : Oui, écoutez la question mérite d’être posée.

RENAUD DONNEDIEU DE VABRES : Eh bien il y aura le système des lois du marché, si ça ne marche pas suffisamment, ils s’aligneront sur d’autres prix.

JEAN-MICHEL BLIER : Attendez, attendez. 99 centimes d’euro pour un titre, s’il y a 10 titres sur l’album ça fait 10 euros, on est d’accord, à peu près.

CHRISTINE OCKRENT : C’est bien calculé.

VINCENT FREREBEAU, DIRECTEUR DU LABEL “ TOT ET TARD ”Si je puis me permettre, il y a un forfait. Sur les sites il y a des systèmes de forfaits qui mettent l’album à moins de 10 euros.

JEAN-MICHEL BLIER : Alors il y a des systèmes de forfaits, mais bon c’est 10 euros, 10 euros avec une qualité qui est moins bonne que le vrai CD, et donc la question qui peut se poser effectivement c’est, est-ce qu’on a intérêt à aller télécharger de façon payante sur Internet ?

(…)

RENAUD DONNEDIEU DE VABRES
: Ils vont avoir des initiatives commerciales. Moi je vais lui en suggérer une. Quelqu’un qui achète sur l’un de vos systèmes un titre musical…

DENIS OLIVENNES : Si vous me suggérez des politiques commerciales, je vais me mêler des politiques culturelles…

RENAUD DONNEDIEU DE VABRES : Il n’y a pas de problème, les tables rondes c’est fait pour réunir, je suis très sérieux. Vous êtes une grande entreprise, il y a plein d’entreprises concernées, vous allez être amené à prendre des initiatives commerciales. Ça veut dire que peut-être un jour au fond, quand quelqu’un achètera un titre chez vous, vous direz au fond il faut que je fasse de la pub, et vous, dans vos prix, vous lui permettrez d’offrir le titre que vous avez acheté grâce à Internet, moins cher, et tata tata tata, et ça fera connaître.

CHRISTINE OCKRENT : Voilà une idée qu’elle est bonne !

RENAUD DONNEDIEU DE VABRES
: Et deuxièmement, je voudrais dire une deuxième chose…

DENIS OLIVENNES
: Elle est tellement bonne que nous l’avons fait, au moment où nous avons lancé le site fnacmusic…

RENAUD DONNEDIEU DE VABRES : Pourtant j’ai été sur votre site, ça je ne l’ai pas vu.

DENIS OLIVENNES : Au moment où nous avons lancé le site fnacmusic, nous avons offert aux premiers téléchargeurs la possibilité d’en offrir à d’autres, et nous, vous avez raison, nous nous battons pour le téléchargement légal.

RENAUD DONNEDIEU DE VABRES : Au bout du compte, ce qui est le plus important, et ça c’est l’aspect quand même qui me rendent moi optimiste, c’est que malgré les problèmes très importants de l’industrie musicale ou de l’industrie cinématographique, qui peuvent se profiler, pour autant il y a plein de monde dans les salles de spectacles, et donc je crois si vous voulez que cet accès à l’artiste grâce à Internet, grâce au CD, grâce au DVD, le plus important c’est que finalement ça donne ensuite le goût de la rencontre et que ça ne gomme pas de toute façon le vrai spectacle.

CHRISTINE OCKRENT
: Précisément nous allons voir grâce à vous Guillaume VANHEMS, bonsoir, je crois qu’il y a eu énormément de questions sur le site de FRANCE INFO, énormément de questions, notamment, j’imagine de jeunes internautes qui ont envie de savoir à quelle sauce ils peuvent déguster leurs téléchargements.

GUILLAUME VANHEMS : Evidemment, beaucoup de questions Christine, de jeunes internautes, mais pas que de jeunes, enfin un quadra qui dit de toute façon de mon temps ça n’existait…

RENAUD DONNEDIEU DE VABRES
: Un quadra, ce n’est pas très vieux…

GUILLAUME VANHEMS : Voilà, c’est pour ça que je me permets de le dire, qui dit de toute façon de mon temps ça se passait comme ça, moi j’ai fait ma culture musicale en échangeant des vinyles et des cassettes, je ne vois pas quel problème ça pose aujourd’hui. On a bien compris quand même que ça posait des problèmes sur Internet. On a beaucoup parlé de gros sous, et des fournisseurs d’accès à Internet, de la loi, de la dénonciation qu’on pourrait leur demander, beaucoup d’internautes de France INFO se demandent pourquoi on ne va pas leur faire payer eux. C’est-à-dire qu’ils font leur pub avec le téléchargement, pourquoi est-ce qu’on ne leur demande pas, est-ce qu’il n’y aurait pas une taxe fournisseurs d’accès à Internet, Lucien par exemple, dit : pourquoi les fournisseurs de haut débit ne reversent-ils pas de rémunération équitable aux artistes, comme le font les radios qui versent un peu plus de 4% de leurs revenus publicitaires ?

RENAUD DONNEDIEU DE VABRES : Vous avez vu quand même qu’il y a une disposition législative récente qui vient d’être prise concernant les SMS, et donc ce qui est l’ingrédient d’un certain nombre d’émissions de télévision réalité, eh bien justement, pour que ça puisse…

CHRISTINE OCKRENT : Avec d’énormes profits.

RENAUD DONNEDIEU DE VABRES : Pour que ça puisse financer la création audiovisuelle et artistique, les parlementaires, députés et sénateurs, viennent de voter une mesure qui alimentera le compte de soutien. Donc on peut tout envisager, je pense qu’il faut qu’il y ait des partages de responsabilité entre les uns et les autres, parce qu’au bout du compte, moi la valeur que je…

GUILLAUME VANHEMS : Monsieur DONNEDIEU DE VABRES, la question est précise : est-ce que vous l’envisagez pour les fournisseurs d’accès à Internet, concernant la musique et le téléchargement ?

RENAUD DONNEDIEU DE VABRES : Ecoutez, pour le moment j’envisage d’autres pistes, mais rien n’est exclu.

GUILLAUME VANHEMS : Concernant la taxe SACEM, beaucoup d’internautes se demandent aussi tout bêtement à quoi elle sert. On récolte des millions d’euros, dès qu’on achète un CD vierge par exemple, on paye une taxe, les gens ne savent pas qu’ils payent pour un service qu’ils n’utilisent pas, c’est Fabrice qui le dit, qu’en est-il de cette taxe ? Où va cet argent ? Est-elle justifiée ? Ne devrait-elle pas atténuer l’effet du piratage ? Où va l’argent de la taxe SACEM ?

RENAUD DONNEDIEU DE VABRES
: Aux artistes.

DENIS OLIVENNES : Aux auteurs et aux compositeurs.

GUILLAUME VANHEMS  : Donc c’est une idée, le pourcentage 100% de la taxe SACEM va aux artistes ?

RENAUD DONNEDIEU DE VABRES
: Non non, vous savez, ce n’est pas pour combler, vous pourrez dire à la personne qui vous a posé la question, que ce n’est pas pour combler le déficit du budget de l’Etat ou de je ne sais pas quel budget, c’est un crédit affecté, ça veut dire c’est pour le soutien concret et direct à l’ensemble de ceux qui sont les créateurs.

SERGE JULY : Ce n’est pas impôt.

RENAUD DONNEDIEU DE VABRES : Non.

CHRISTINE OCKRENT : Guillaume, une autre question.

GUILLAUME VANHEMS : Je voulais revenir également, on a beaucoup parlé de diversité culturelle en disant que tous ces sites de téléchargements illégaux tuaient la diversité culturelle, il y a plusieurs témoignages qui prouvent un petit peu le contraire. Par exemple Edouard qui dit, j’ai un ami, avant le piratage il achetait deux CD par an, depuis qu’il peut aller écouter des extraits sur Internet, gratuitement, eh bien là en trois mois il a acheté 22 disques, et je ne vous parle pas des concerts qu’il va voir.

RENAUD DONNEDIEU DE VABRES
: Absolument, mais attendez, moi je ne suis pas caricatural. Je vais vous donner un témoignage très précis. J’ai été l’autre jour à l’Elysée Montmartre voir un groupe de rock américain soutenu par des français, qui est le groupe “ INTERPOL ”, et c’était très extraordinaire parce que dans la salle vous aviez, je ne sais pas, 40 ou 50 jeunes, qui filmaient, qui téléchargeaient le concert et qui ensuite, j’imagine, allaient l’envoyer à des copains grâce à Internet. Donc au niveau de la qualité du son et de l’image ça ne devait évidemment pas être excellent, peut-être ça fait connaître. Donc, je ne suis pas encore une fois en train de dire si vous voulez qu’il ne peut pas y avoir de transmission de la culture, de la notoriété des artistes etc, par Internet, simplement il y a des règles du jeu à respecter.

(…)

GUILLAUME VANHEMS : Une dernière question qui élargit, on a parlé du cinéma, on a parlé de la musique évidemment, beaucoup s’inquiètent de l’avenir de la presse, on l’a un tout petit peu abordé, on disant, par exemple, c’est le cas de la presse déjà. Tous les sites d’accès à Internet qui offrent les dépêches de l’AFP gratuitement par exemple, les sites des journaux sont gratuits.

RENAUD DONNEDIEU DE VABRES
: Mais ce n’est pas vrai ça, ce n’est pas vrai.

CHRISTINE OCKRENT : Ah si, le site de LIBERATION, qui est éminemment représenté dans cette émission, historique.

RENAUD DONNEDIEU DE VABRES : Vous savez, moi je suis un internaute, et j’ai créé moi-même mon propre site Internet, ce n’est pas vrai de dire que tout est gratuit, c’est tout à fait faux.

CHRISTINE OCKRENT
: Non, mais le vôtre n’est pas payant, je rassure vos admirateurs.

RENAUD DONNEDIEU DE VABRES : Non non, ce n’est pas ça, mais attendez, c’est compréhensible, chaque entreprise ; il faut avoir le courage de dire les choses ; une entreprise de presse, et le pluralisme de la presse, ce n’est pas facile, cela suppose si vous voulez qu’il y ait malheureusement des réalités financières, et donc tout ne peut pas être gratuit. Et LIBERATION, comme LE MONDE, comme LE FIGARO…

CHRISTINE OCKRENT : Serge JULY, votre site est gratuit.

RENAUD DONNEDIEU DE VABRES : Non, pas intégralement, ce n’est pas vrai…

CHRISTINE OCKRENT : Pas pour les archives, mais le site.

RENAUD DONNEDIEU DE VABRES
: Ce n’est pas les archives, quand vous cherchez un article…

SERGE JULY
: Dès qu’on remonte, c’est payant.

RENAUD DONNEDIEU DE VABRES : Voilà, quand vous cherchez un article qui a quelques jours, eh bien vous êtes amenés à payer. Si vous tenez à l’expression et à la tonalité d’un journal comme LIBE, comme LE MONDE, comme LE FIGARO, comme etc, comme l’ensemble des quotidiens nationaux ou régionaux, il faut avoir le courage de dire que ça a un prix, et que donc il faut que ce soit soutenu.

GUILLAUME VANHEMS : Le site du jour, il est gratuit, si je regarde l’édition de ce matin, il est gratuit. Les dépêches AFP qu’on trouve sur YAHOO ou WANADOO, elles sont gratuites.

RENAUD DONNEDIEU DE VABRES : Mais elles ne sont pas intégralement… vous n’avez pas un accès intégral aux dépêches de l’AFP, pour avoir un accès intégral vous êtes obligé d’être abonné, et ça coûte cher, et c’est normal, c’est une entreprise qui a besoin de vivre !

(…)

RENAUD DONNEDIEU DE VABRES : Quand il y a un service, il y a toujours quelqu’un qui paye, et donc c’est soit le contribuable, si c’est un budget public, de l’Etat ou d’une collectivité territoriale, ou les usagers quand c’est un service privé, ou parfois un aspect mixte.

CHRISTINE OCKRENT : Et donc ce qui est cœur de tout ça, merci Guillaume, et j’espère que les réponses ont rassuré ou mieux informé les auditeurs de France INFO, la question qui est au cœur de tout cela c’est bien évidemment la question des droits d’auteurs, qu’il s’agisse de musique, de cinéma, de l’AFP s’agissant bien évidemment des journalistes de cette grande agence mondiale. Lionel COTTU va nous expliquer comment se situe ce problème de l’harmonisation des droits d’auteurs au niveau européen, puisque bien évidemment on sait que les opérateurs maintenant ne sont plus à l’intérieur des frontières et qu’ils doivent agir, ne serait-ce que pour être efficaces, à l’échelle au moins de notre continent.

(…)

JEAN-MICHEL BLIER : Une question sur le cinéma, la question que je voulais vous poser, elle est très courte, très simple. On sait qu’un film américain, il est déjà sur le Net avant qu’il soit sorti en France, on sait qu’un film français il est sur le Net quelques semaines après la sortie, vous, vous voulez qu’il y ait une offre payante sur le Net, mais c’est neuf mois. Pourquoi neuf mois ? Alors que..

RENAUD DONNEDIEU DE VABRES : On est en train de discuter de ces questions…

CHRISTINE OCKRENT
: La gestation.

JEAN-MICHEL BLIER : Non, mais c’est six mois pour les vidéoclubs. Si vous voulez que les internautes aillent télécharger en payant sur le Net, il faut que l’offre soit intéressante. C’est simple !

RENAUD DONNEDIEU DE VABRES : Moi j’ai l’honnêteté de dire que je veux par ailleurs qu’il y ait des salles de cinéma qui restent en centre ville, dans la plupart des villes de France et de Navarre, que je veux qu’il y ait des kiosques qui diffusent la presse écrite partout où c’est possible et financièrement viable, et idem pour les librairies, et je dis ça devant le patron de la FNAC, il faut aussi qu’il y ait des librairies de quartiers, un peu partout en France, et donc on ne peut pas ne pas se préoccuper concrètement de cette diversité. C’est vrai quand on parle de la technologie, on pense immédiatement aux gens qui diffusent des films ou des titres de musique à des millions d’exemplaires, mais imaginez que vous voyez un jeune écrivain, et que vous souhaitiez que votre bouquin il soit publié, peut-être vous allez en vendre 500, ou uniquement 1000, et donc pour vous c’est essentiel d’avoir un éditeur qui accepte de vous publier et de vous donner une première chance. Les gros, ça ne leur posera aucun problème.

CHRISTINE OCKRENT : Non, les gros vont sur Internet en direct.

RENAUD DONNEDIEU DE VABRES : Et de toute façon eux ils peuvent avoir les grands, les artistes si vous voulez, au talent déjà internationalement reconnu, ils ont déjà leur propre site et leur propre distribution de leurs titres musicaux. Et donc ce n’est pas de faire de la démagogie que de dire qu’il faut trouver une règle qui fasse que les gens puissent partir d’un talent à quelques-uns et puis ensuite conquérir des publics très vastes. Ça c’est le premier point. Le deuxième sujet, par rapport à la question que vous avez posée sur la France, au fond mauvais élève sur le plan de la construction européenne par rapport aux directives…

CHRISTINE OCKRENT : Ah non, ce n’est pas du tout ce que j’ai dit, l’adaptation de nos lois aux directives.

RENAUD DONNEDIEU DE VABRES : Alors, il y a des moments où il y a des bagarres, et j’affronte la bagarre, ça veut dire si vous voulez il y a des sujets sur lesquels je vais en justice défendre les intérêts français lorsque je considère qu’ils sont menacés, je pense à des aides publiques par exemple, ou à des interdictions de publicités, et ça c’est très important. Et puis il y a le moment des arbitrages politiques, et j’assume le fait que la transcription de la directive droits d’auteurs n’ait pas pu avoir lieu à l’automne alors que c’était urgent, parce que dans la période du débat budgétaire, j’avais un choix très compliqué à faire, tenir mon engagement sur le spectacle vivant parce que je voulais que le spectacle vivant ait droit de cité au Parlement, ou transcrire la directive droits d’auteurs dès le mois de décembre, j’étais confronté à ce choix, j’ai privilégié le débat sur le spectacle vivant, alors évidemment à LIBERATION ils ont considéré que j’avais été lénifiant dans ce débat, moi j’ai été…

CHRISTINE OCKRENT
: Oui, ça, ça ne vous a pas plu.

RENAUD DONNEDIEU DE VABRES : Non, ça ne m’a pas plu, parce que je suis passionné sur le sujet.

CHRISTINE OCKRENT : Le spectacle vivant et le problème…

RENAUD DONNEDIEU DE VABRES : Mais donc la directive droits d’auteurs sera transcrite, et donc applicable en droit français, dans les semaines qui viennent.

CHRISTINE OCKRENT : Voilà madame REDING rassurée. La discussion est passionnante, il faut néanmoins avancer, d’autant que le spectacle vivant c’est aussi le problème des intermittents, donc un dossier qui reste brûlant et dont nous devons parler, mais avant d’y arriver je vous propose comme nous le faisons chaque mardi soir dans le souci de pédagogie qui nous anime, je vous propose grâce à Florence DELOGE-GAUDET (phon), de nous intéresser aux dispositions du projet de traité constitutionnel, que vous approuvez sûrement Renaud DONNEDIEU DE VABRES.

RENAUD DONNEDIEU DE VABRES : Oui.

CHRISTINE OCKRENT : Voilà un oui franc et massif ; qu’est-ce qui concerne la culture dans ce texte, Florence va nous l’expliquer.

(…)

SAMUEL CHURIN, COMEDIEN, COORDINATION DES INTERMITTENTS ET PRECAIRES D’ILE-DE-FRANCE : (…) Je vous pose une seule question, la première, soutiendrez-vous le projet de loi de cette mission d’information parlementaire, qui était relativement simple, revenons à un système mutualiste de 507 heures en 12 mois avec une indemnisation sur 12 mois, et un principe mutualiste simple qui était la donne avant, un jour chômé égal un jour indemnisé. C’est simple. Et après on plafonne, on met des curseurs, pour que la réforme soit vertueuse, et on incite à la déclaration. Etes-vous oui ou non, allez-vous oui ou non soutenir ce projet de loi, car avec les partenaires sociaux nous n’obtiendrons rien avant fin 2005 et nous ne pouvons plus attendre.

RENAUD DONNEDIEU DE VABRES : Ok. Moi j’ai pris des engagements et je les ai tenus les uns à la suite des autres. D’abord le premier des engagements était de sortir de la crise et de régler un certain nombre de situations urgentes d’exclusion, ça veut dire que l’Etat, et je n’ai pas attendu les partenaires sociaux, j’aurais pu rester les bras croisés et laisser la situation se déliter, ce n’est pas ce que j’ai fait, et donc avec l’accord du Premier ministre l’Etat a pris ses responsabilités pour sortir de cette crise, et celles et ceux qui avaient fait leurs 507 heures en 12 mois ont pu être indemnisés à partir du 1er juillet. Et deuxièmement, autre élément d’avancée qui a été réglé directement par l’UNEDIC, les problèmes des congés de maternité ont été réglés et intégrés dans le calcul pour avoir des droits à l’indemnisation du chômage. Je dis ça parce qu’il faut quand même rappeler ce qui a été fait, parce que comme je ne voulais pas faire d’autosatisfaction, peut-être qu’on a péché par insuffisance de communication, et d’ailleurs vous l’avez vous-même remarqué, dans un certain nombre d’ASSEDIC, ou un certain nombre de techniciens et d’artistes qui étaient réintégrés dans leurs droits, ne l’ont pas suffisamment su, et j’ai veillé à cela de manière très attentive. Maintenant ce système provisoire prenait fin là en 2004, j’ai annoncé qu’il y aurait un nouveau système applicable au 1er janvier 2005. Ça veut dire quoi ? Ça veut dire que tous les artistes et techniciens de France qui auront fait leurs 507 heures en 12 mois, seront indemnisés tout au long de l’année 2005.

JEAN-MICHEL BLIER : C’est-à-dire qu’on passe du provisoire au transitoire.

RENAUD DONNEDIEU DE VABRES : Oui monsieur BLIER, mais ça veut dire qu’à force de faire du provisoire, ça veut dire que l’Etat flèche un certain nombre d’orientations aux partenaires sociaux, donc c’est clair, net et précis. Deuxièmement, il y a d’autres sujets…

JEAN-MICHEL BLIER
: Donc c’est transitoire ?

RENAUD DONNEDIEU DE VABRES : Attendez, c’est important…

SAMUEL CHURIN : Je ne peux pas laisser dire des choses comme ça, parce que ça c’est une simple partie de l’accord. 507 heures/ 12 mois, c’est les critères d’accès…

RENAUD DONNEDIEU DE VABRES : Vous me laissez terminer.

SAMUEL CHURIN
: Le problème c’est l’indemnisation, vous comprenez, on a une indemnisation sur huit mois et pas sur 12 mois, ce qui fait que beaucoup d’entre nous vont se retrouver sans ASSEDIC pendant deux mois, trois mois, quatre mois, cinq mois, six mois, il y a les critères d’accès et il y a la durée d’indemnisation. et vous avez annoncé une date anniversaire, par exemple la date anniversaire n’est pas possible à mettre en place…

RENAUD DONNEDIEU DE VABRES : Non non, ce n’est pas vrai…

SAMUEL CHURIN : La date anniversaire n’est pas possible à mettre en place à partir du moment où vous gardez le système tel qu’il est là actuellement, parce qu’une date anniversaire c’est quoi, c’est une rencontre aux ASSEDIC…

RENAUD DONNEDIEU DE VABRES : Monsieur CHURIN, voulez-vous me laisser parler, pour qu’au moins l’information, les gens pourront critiquer, mais qu’au moins celles et ceux qui nous écoutent sachent quel est le système mis en place par l’Etat tant que les partenaires sociaux ne sont pas parvenus à un système définitif. S’ils ne parviennent pas à un système définitif que nous jugeons équitable, et c’est nous qui jugerons s’il est équitable, à ce moment là le gouvernement prendra ses responsabilités, ça veut dire qu’à force de flécher un certain nombre de choses à travers les dispositions transitoires, à la fin de 2005, puisque c’est la date butoir à laquelle les partenaires sociaux sont tenus d’avoir renégocié, sachant qu’il faut renégocier l’ensemble de la convention d’assurance chômage, s’ils ne prennent pas les bonnes décisions, nous n’agréerons pas le nouvel agrément, c’est tout à fait clair. Vendredi je réunis pour la quatrième fois le Conseil national des professions du spectacle, j’annoncerai à ce moment là un certain nombre d’orientations nouvelles pour le fonds de transition, c’est-à-dire que je sais très bien, vous n’en avez pas parlé…

CHRISTINE OCKRENT
: Dans quel sens ?

RENAUD DONNEDIEU DE VABRES
: … Les problèmes d’intégration concernant les congés de maladies, qui sont une revendication, j’y suis en train d’y travailler, j’appartiens à un gouvernement, donc tout ça fait l’objet aussi d’arbitrages financiers, donc nous allons avancer. Deuxièmement monsieur CHURIN…

SAMUEL CHURIN : Excusez-moi, vous n’avez pas répondu à ma question. Là vous êtes absolument dilatoire…

RENAUD DONNEDIEU DE VABRES : Non non non…

SAMUEL CHURIN : Nous n’attendrons pas au 31.12 2005, nous n’attendrons pas le 31 décembre 2005.

RENAUD DONNEDIEU DE VABRES : Attendez, franchement, c’est des sujets très complexes, il y a eu suffisamment de crise pour que j’ai quand même le droit de repréciser très précisément ce que l’Etat et le gouvernement met en place. Au 1er janvier 2005, il n’y a pas d’accord constaté qui nous satisfasse, entre les partenaires sociaux, le gouvernement, comme la majorité présidentielle, ont qualifié ces dernières semaines le protocole en considérant qu’il était mauvais, et donc nous avons pris nos responsabilités. Elles seront opérationnelles au 1er janvier 2005.

SAMUEL CHURIN : A ce sens vous déjugez votre camarade FILLON qui l’avait agréé.

RENAUD DONNEDIEU DE VABRES : Non mais attendez, il y a eu des évolutions dans le gouvernement, vous savez il faut savoir dans la vie évoluer, faire le constat de la réalité. Quand vous avez parlé de monsieur GUILLOT, ce n’est pas quelqu’un qui vient du Saint Esprit, du ciel, c’est moi qui l’ai désigné et nous avons choisi quelqu’un…

SAMUEL CHURIN : Attendez…

RENAUD DONNEDIEU DE VABRES : Non non, reconnaissez quand même… tout le monde avait intérêt à ce qu’on parte d’un constat de la réalité et d’un constat chiffré très précis. Pourquoi ? pour qu’on essaye de ne pas parler uniquement, même si je ne récuse pas le problème, uniquement de l’indemnisation du chômage, et Dieu sait si c’est important, mais aussi du soutien à l’emploi culturel. En tout cas je voudrais dire deux choses de manière très simple. Je souhaite qu’il y ait plus d’emplois permanents en France dans le domaine culturel, et pour autant je dis haut et fort, haut et fort, que le système de l’intermittence il est nécessaire à la création artistique dans notre pays, et que nous nous battrons comme des lions s’il devait y avoir une remise en cause des annexes 8 et 10, il y a une spécificité des métiers d’artistes et de techniciens, et ça j’y veille comme à la prunelle de mes yeux, c’est un engagement que nous avons pris.

(…)

RENAUD DONNEDIEU DE VABRES
: Monsieur BLIER, il faut savoir qu’il y a deux débats qui vont avoir lieu au cours de l’année 2005. Il y a globalement la négociation sur l’ensemble de la convention d’assurance chômage, et il y a deuxièmement la situation des artistes et des techniciens du cinéma, de l’audiovisuel et du spectacle vivant, et donc les choses sont forcément connectées, moi je veillerai à la spécificité du système pour les artistes et les techniciens.

(…)

SAMUEL CHURIN : (…) J’ai RAFFARIN on me l’a dit, on ne touchera pas à ça, vous comprenez, on leur est redevable d’avoir signé les retraites, on ne peut pas faire ça aux partenaires sociaux, on ne peut pas faire ça aux partenaires sociaux, même si vous avez raison. Donc effectivement on s’imagine où ce gouvernement prend ses ordres.

RENAUD DONNEDIEU DE VABRES : Vous savez, à entendre parfois les propos du président du MEDEF, sur nous, et sur Jean-Pierre RAFFARIN, et sur un certain nombre de ses ministres, il faut choisir un peu les choses…

(…)

SAMUEL CHURIN : (…) Quand j’appelle le politique, j’appelle vous, j’appelle monsieur BORLOO, qui a un silence assourdissant sur la question, j’appelle monsieur BORLOO, monsieur RAFFARIN, à prendre en main le dossier UNEDIC, dont la gestion est lamentable, et de trouver des autres sources de financement, qui pourrait être relever le plafonnement, relever les cotisations… il faut absolument trouver d’autres sources de financement pour l’UNEDIC, il faut absolument…

DOMINIQUE PAILLE, DEPUTE UMP : Monsieur CHURIN… il refuse d’un côté, et il a raison, l’idée d’une caisse complémentaire, et là il est en train de rechercher des nouvelles…

CHRISTINE OCKRENT : Une réponse, parce que franchement on n’y comprend plus rien.

SAMUEL CHURIN : Non, ce n’est pas qu’on n’y comprend plus rien, écoutez, c’est assez simple de penser que l’UNEDIC…

CHRISTINE OCKRENT : J’ai compris vos arguments, maintenant la réponse de monsieur DONNEDIEU DE VABRES, parce que malheureusement il se fait fort tard.

SAMUEL CHURIN
: Nous sommes dans le même bateau et qu’il faut que le politique reprenne la main, d’ailleurs ce serait bien qu’il y ait un débat sur FRANCETELEVISIONS sur l’intermittence et sur l’UNEDIC en général. Ce débat on le réclame depuis un an, on ne l’a jamais.

RENAUD DONNEDIEU DE VABRES : Attendez, quand vous voulez. Je voudrais dire la chose suivante, monsieur CHURIN, je voudrais vous dire la chose suivante, et ce n’est pas pour m’échapper du sujet. Vous pouvez quand même constater aussi que dans les décisions prises par l’Etat et par le gouvernement depuis quelques mois, il n’y a pas que l’indemnisation du chômage, il y a aussi le soutien concret et positif à l’emploi culturel. C’est-à-dire quand je me préoccupe de la relocalisation d’un certain nombre de tournages en France, que j’ai obtenu l’extension du crédit d’impôt qui était uniquement pour le cinéma, par exemple à l’audiovisuel, que les fonds régionaux se mettent en place, pour relocaliser l’activité culturelle et artistique, permettez-moi de vous dire que ces combats que j’ai menés, eh bien c’est aussi pour régler le problème des artistes et des intermittents. Quand le Premier ministre vendredi dernier a décidé qu’il y aurait 20 millions d’euros supplémentaires pour l’audiovisuel public, en prévision de tout ce que la TNT doit faire etc, mon objectif c’est quoi, c’est que par exemple il y ait une grande émission sur la musique et la chanson, et qu’il n’y ait pas uniquement des problèmes de chômage, qu’il y ait des captations supplémentaires de pièces de théâtre et de spectacles de cirque, et de toutes les formes de création artistique. Donc rendez-moi quand même, en liaison d’ailleurs avec ce qu’a voulu monsieur GUILLOT, c’est-à-dire qu’on parle effectivement de la précarité des gens qui sont au chômage, mais je parle également, parce que c’est essentiel pour moi, de l’activité culturelle, et je veux que la rue de Valois, c’est-à-dire le ministère de la Culture, ne soit pas uniquement le loisir intelligent, le supplément d’âme, la cerise sur le gâteau, mais qu’on découvre à quel point en terme économique, d’emplois, d’activités, de rayonnement dans notre pays, c’est important. Je voudrais qu’il y ait une relecture de l’activité culturelle et artistique dans notre pays, tout simplement pour qu’on mesure à quel point l’alliance entre patrimoine et création c’est créateur d’activités dans la compétition internationale actuelle, et donc ces sujets là j’essaye de les mener de front, et je ne m’échappe d’aucun sujet qui fâche, et je suis prêt en permanence, là où vous voulez, à tous les débats.

CHRISTINE OCKRENT : Alors je vous propose, le débat est passionnant, malheureusement le temps aussi nous presse, Serge JULY piaffe..

(…)

CHRISTINE OCKRENT : Serge JULY, à vous, et on termine, et on conclue.

SERGE JULY : Juste, on va conclure, alors malheureusement toutes les questions que j’avais préparées vont sauter, mais sans reprendre tout ce débat je voudrais vous demander simplement pourquoi vous ne pouvez pas donner une date ?

RENAUD DONNEDIEU DE VABRES : Mais attendez, la date que je donne…

SERGE JULY : Dominique PAILLE vient de nous dire l’automne, sur le débat des intermittents, pourquoi… avant l’automne, il dit au moins ça fait une date, mais le ministre c’est vous…

RENAUD DONNEDIEU DE VABRES
: Mais attendez, ce n’est pas l’automne pour moi, la date c’est le 1er janvier 2005.

SERGE JULY : Oui, non mais ça on a bien compris…

RENAUD DONNEDIEU DE VABRES : La date c’est vendredi prochain, devant le CNPS, je dois annoncer le contenu du fonds transitoire. On m’a demandé des avancées sur le problème des congés maladies, on m’a demandé des avancées en matière d’enseignement, je suis en train d’y travailler, j’ai encore quelques petits arbitrages à essayer d’avoir peaufiné…

SERGE JULY : Monsieur DONNEDIEU DE VABRES, monsieur le ministre du déminage culturel, je voudrais vous…

RENAUD DONNEDIEU DE VABRES : Ce n’est pas gentil ça…

SERGE JULY : Si c’est vrai, c’est une fonction, vous avez joué ce rôle et c’est…

RENAUD DONNEDIEU DE VABRES : D’accord, mais enfin vous avez le droit de me qualifier comme vous voulez.

SERGE JULY : Vous dites c’est négatif, mais c’est…

RENAUD DONNEDIEU DE VABRES : Non non, mais je ne me sens pas uniquement un démineur…

SERGE JULY : Non, mais je voulais, on va reparler si on a le temps des ambitions…

RENAUD DONNEDIEU DE VABRES : J’aimerais bien qu’au printemps les partenaires sociaux aient réglé le problème des annexes 8 et 10 en matière culturelle et je pense que ce serait intéressant et intelligent de leur part. Moi je n’annonce des choses certaines que quand j’ai le pouvoir d’appuyer sur un bouton, et là ce n’est pas mon pouvoir direct, donc je souhaite….

SERGE JULY : Vous avez dit le printemps, c’est bien, c’est positif. Alors là…

RENAUD DONNEDIEU DE VABRES
: Oui, enfin c’est positif, c’est de parvenir aux résultats !

SAMUEL CHURIN : Et si au printemps ce n’est pas fait, est-ce que vous soutiendrez une loi d’initiative parlementaire, qui prend la place des partenaires sociaux, qui ne font pas leur boulot.

RENAUD DONNEDIEU DE VABRES : Mais la loi peut avoir un effet à un moment venu.

SERGE JULY : Merci, on va avoir du mal à s’en sortir ! Je voulais passer du déminage à l’ambition justement, donc il y a eu en terme d’ambition, d’ouverture, on évoquait MALRAUX qui était le patrimoine, les maisons de la culture, la période LANG, en général, qui a été les problèmes de financement dont on parlait tout à l’heure, comment financer les artistes, la création, c’était les tuyaux, on taxe les tuyaux pour assurer du financement au cinéma, au livre etc. qu’est-ce que vous ouvrez comme perspective ?

RENAUD DONNEDIEU DE VABRES : Alors il y a deux sujets qui me passionnent, au-delà de l’ensemble des mesures sur lesquelles j’ai beaucoup travaillé, que j’ai annoncées, qui sont de grandes novations, dans la France et dans le monde d’aujourd’hui, c’est que la culture permette le respect de chacun, et que cette valeur qui est complètement battue en brèche aujourd’hui avec toutes les formes de racisme, de xénophobie, de violences qui existent dans notre pays, que si vous voulez on réussisse tout simplement à faire que les amateurs de hip hop découvrent que l’architecture de la Renaissance ça peut être intéressant, et que ceux qui n’aiment que la musique baroque, acceptent de considérer que l’architecture contemporaine est importante. Premier élément. C’est-à-dire pour moi c’est le décloisonnement…

SERGE JULY : D’accord, mais pourquoi vous n’avez pas pris en main la question de l’enseignement artistique, à l’école ?

RENAUD DONNEDIEU DE VABRES : Communication en Conseil des ministres…

SERGE JULY :Il a été supprimé…

RENAUD DONNEDIEU DE VABRES : Ça c’est des slogans, communication au Conseil des ministres, des deux ministres, le ministre de l’Education nationale et le ministre de la Culture, 3 janvier, 3 janvier, ce n’est pas dans les calanques grecques…

SERGE JULY
: Sur l’enseignement artistique à l’école.

RENAUD DONNEDIEU DE VABRES
: Sur l’enseignement artistique, parce que c’est évident, et on va retrouver là le problème des artistes et des techniciens, et de leur intervention à l’intérieur du monde scolaire. Mon deuxième objectif politique c’est qu’on sorte, comme je l’ai dit tout à l’heure, du supplément d’âme. Le cœur de notre avenir, sur tous les plans, le rayonnement et l’influence de notre pays passe par une meilleure prise en compte de l’aspect stratégique de la culture. Vous savez, ouverture de l’année de la France en Chine, je vais vous donner deux chiffres. Le groupe F (phon), la pyrotechnie installée à Martigues qui avait fait l’ouverture des Jeux Olympiques d’Athènes, 350 millions de téléspectateurs, mon voisin ce jour là, un grand dignitaire chinois, m’a dit, un spectacle comme ça il n’y a que les Français pour l’inventer et l’imaginer, et le créer ; et ça m’a fait un plaisir immense, parce que je pense tout simplement qu’on a une arme de rayonnement, d’influence, dans ce monde où nos concitoyens aujourd’hui doutent d’eux-mêmes. Moi je suis un européen convaincu, et être un européen convaincu c’est pouvoir être un peu fier de ses propres racines et savoir les ouvrir aux autres. On n’a pas eu le temps d’évoquer un sujet qui fâche, et sur lequel j’aimerais beaucoup m’exprimer sur le fond, qui est le sujet de la Turquie, parce que…

SERGE JULY : … on ne va pas recommencer, on a eu les intermittents, la Turquie, là c’est fini…

RENAUD DONNEDIEU DE VABRES : Non mais attendez, je relis ça, je relis ça, ça veut dire simplement qu’à travers…

SERGE JULY : C’est fini, on est mort.

RENAUD DONNEDIEU DE VABRES : Serge JULY, à travers la volonté que j’ai de la politique culturelle, c’est qu’on soit suffisamment, si vous voulez, fier et fort de tout ce qu’on peut créer, et donc le réaffirmer, encore une fois ce n’est pas uniquement organiser des fêtes, moi j’aime bien organiser des fêtes, mais lorsque pour la première fois la musique techno et électronique a eu droit de cité…

SERGE JULY : Oui mais la fête c’est l’industrie française, on exporte ça dans le monde entier…

RENAUD DONNEDIEU DE VABRES : Non non, attendez la fête, mais bien sûr, mais attendez, la fête c’est très bien…

SERGE JULY
: Je veux dire, un de vos prédécesseurs a lancé énormément de fêtes qui ont beaucoup de succès dans le monde entier, donc c’est bien…

RENAUD DONNEDIEU DE VABRES : Mais c’est très bien…

SERGE JULY : Vous continuez, vous.

RENAUD DONNEDIEU DE VABRES : Non, ce n’est pas la fête, quand je donne droit de cité rue de Valois à la musique techno et à la musique électronique, et que quelques heures avant j’ai sorti des coffres des archives nationales l’édit de Nantes, c’est tout simplement pour montrer la diversité de registre, la nécessité du respect et du respect, ce n’est pas au sens si vous voulez, rétrograde du terme, c’est la liberté de chacun, et de reconnaître l’autre, et permettez-moi de vous dire que j’ai une vision extensive de ma fonction de ministre de la Culture, parce que je ne considère pas que ce soit uniquement une fonction de gestionnaire.

SERGE JULY
: Une question, comme ça. L’administrateur de la réunion des musées nationaux, je crois que la fonction est vacante depuis maintenant 13 semaines, c’est exact ?

RENAUD DONNEDIEU DE VABRES : La nomination va intervenir dans les jours qui viennent.

SERGE JULY : Parce que y compris le directeur adjoint avait démissionné, donc ça intervient la semaine prochaine, d’ici la fin de l’année ?

RENAUD DONNEDIEU DE VABRES : Oui, il y aura une nomination très prochainement.

SERGE JULY : Non mais enfin, comme il y a 1200 personnes qui sont concernées, et que c’est important…

RENAUD DONNEDIEU DE VABRES : Mais attendez, c’est un très peu sujet…

SERGE JULY : C’est un beau sujet, oui, ça fait trois mois…

RENAUD DONNEDIEU DE VABRES : Non non, attendez, on est dans un monde qui évolue, donc il y a des grands musées, il y a le Louvre, il y a le musée d’Orsay etc, qui veulent un peu d’autonomie, ça a posé des problèmes à la réunion des musées nationaux, il y a eu des éléments de crise…

SERGE JULY : Il y a eu un conflit, manifestement…

RENAUD DONNEDIEU DE VABRES : Je sors de la crise et je veux que la prochaine équipe elle puisse avoir à cœur de bâtir un projet nouveau.

SERGE JULY
: On dit que c’est parce que Matignon, l’Elysée, tout le monde veut placer quelqu’un et que vous êtes au milieu…

RENAUD DONNEDIEU DE VABRES
: Non pas du tout.

SERGE JULY : ..D’une agence de placement.

RENAUD DONNEDIEU DE VABRES
: D’accord, eh bien écoutez, vous pouvez avoir cette vision là, vos journalistes vous informent mal.

SERGE JULY : Dernière question.

CHRISTINE OCKRENT : Dernière question Serge.

SERGE JULY : CANAL+ qui paye 1,8 milliard pour les droits du foot pendant trois ans, est-ce que ce n’est pas un risque terrible pris pour le financement du cinéma français ? Je vous pose la question, vous, ministre de la Culture, est-ce que n’est pas un risque terrible ? Si jamais ça ne marche pas, ça s’effondre, c’est le financement, l’une des sources du financement du cinéma français qui va être mis en cause ?

RENAUD DONNEDIEU DE VABRES
: CANAL+ accomplie, et ce n’est peut-être pas suffisamment connu d’ailleurs du public, une action très importante pour le soutien au cinéma, donc pour le travail des artistes et techniciens du domaine du cinéma. CANAL+ a pris des engagements et les engagements financiers sont fondés si vous voulez sur les recettes globales de CANAL+, et sur son chiffre d’affaires. Et donc si CANAL+ a à travers le foot une attractivité renforcée, paradoxalement ça sera bon pour le soutien à l’industrie cinématographique. Ça paraît bizarre comme règle, mais c’est la règle financière. Et donc le ministre de la Culture que je suis, paradoxalement, ne peut que souhaiter qu’il y ait le maximum de gens qui aillent s’abonner à CANAL+ pour le foot parce que ça rapportera de l’argent pour le cinéma. Ça paraît bizarre, mais c’est la règle, c’est la vérité.

SERGE JULY : Mais ça peut menacer cette chaîne. Ça peut menacer l’existence de cette chaîne.

CHRISTINE OCKRENT : C’est l’argument de monsieur LE LAY.

RENAUD DONNEDIEU DE VABRES : Attendez, moi je n’ai pas à me substituer à ceux qui ont pris les décisions, je pense que le président du groupe VIVENDI, que le président de CANAL+, ont défini les enveloppes financières qu’ils pouvaient mettre sur la table, au travers d’une procédure qui a été totalement transparente, je dis ça au passage parce qu’il faut rendre aussi hommage au Parlement là dessus et au gouvernement, parce qu’on a essayé de faire en sorte si vous voulez, qu’il n’y ait pas d’interférences comme ça, vous voyez ce que je veux dire. Donc la décision a été prise et moi en tout cas je suis préoccupé par une seule chose, d’une certaine manière, c’est, sur ce sujet, le soutien à l’industrie cinématographique française et européenne.

JEAN-MICHEL BLIER : Est-ce que vous ne trouvez pas ça un peu choquant, je dirais presque…

RENAUD DONNEDIEU DE VABRES : Et on est moins cher qu’en Grande-Bretagne, si vous voulez que je vous dise les droits du foot en Grande-Bretagne c’est encore beaucoup plus fort…

JEAN-MICHEL BLIER : 600 millions d’euros par an, et rapporté, juste deux chiffres comme ça pour finir l’émission, 600 millions mis sur la table, par an, pour le football, et de l’autre côté vous avez 30 millions d’euros pour la chaîne internationale d’informations.

RENAUD DONNEDIEU DE VABRES : Attendez, non non, s’il vous plait attendez, ne comparez pas ce qui n’est pas comparable, je veux dire on pourrait parler à ce moment là des crédits pour le spectacle vivant, où on est bien au-delà du foot, dépensés par l’Etat, donc si vous voulez on est aux alentours de 800 millions d’euros, auxquels se rajoute le soutien des collectivités territoriales, donc le soutien au spectacle vivant en France c’est beaucoup plus important que le soutien pour le foot… sur la chaîne d’informations internationale, c’est une nécessité stratégique, elle va voir le jour, son objectif c’est qu’elle soit diffusée dans des langues étrangères, et pas uniquement avec la mission remplie par d’autres institutions très importantes aujourd’hui en langue française pour la francophonie, l’objectif…

CHRISTINE OCKRENT : Comme TV5 qui nous retransmet.

RENAUD DONNEDIEU DE VABRES
: Absolument.

SERGE JULY : Ce n’est pas le pâté d’alouette, le quartier de lapin…

RENAUD DONNEDIEU DE VABRES
: Non non, écoutez, moi j’ai l’objectif que ça réussisse.

SERGE JULY : Ça va un être bizarre cette chaîne.

RENAUD DONNEDIEU DE VABRES : Ecoutez, c’est peut-être un être bizarre, mais il y a des sujets sur lesquels les rédactions, je crois, peuvent faire un travail de coopération parce que l’enjeu le mérite. L’enjeu c’est quoi ? C’est de faire en sorte qu’il y ait une chaîne d’informations diffusée partout dans le monde entier, et le plus possible dans les langues étrangères, et notamment dans les langues où vous savez très bien qu’il peut y avoir des conflits importants. Donc mission de la francophonie, c’est très important, mission d’expression de nos idées, de nos valeurs françaises ou européennes, à travers des langues étrangères, et à travers des coopérations entre les rédactions, j’espère que ça marchera, si jamais ça ne marche pas, eh bien on en tirera des conclusions opératoires.

CHRISTINE OCKRENT : Bien, sur cette belle conclusion merci 1000 fois monsieur DONNEDIEU DE VABRES d’avoir défendu avec autant de fougue les dossiers sur lesquels nous vous avons interrogé, merci à Dominique PAILLE, merci à Denis OLIVENNES, merci à Anne-Sophie LAINNEME 

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