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HAUT CONSEIL DES MUSEES DE FRANCE

Monsieur le Ministre,

Messieurs les Sénateurs,

Messieurs les Députés,

Messieurs les Présidents,

Mesdames, Messieurs,

En ouvrant votre séance, et en vous accueillant ici, je tiens tout d’abord à souhaiter la bienvenue à deux nouveaux membres du Haut Conseil : Jean-François de Canchy, directeur régional des affaires culturelles d’Ile-de-France, que l’on ne présente plus, et
Elisabeth Patswa, qui est conservatrice du remarquable musée de la Résistance à Besançon, et présidente de l’association générale des conservateurs des musées et collections publiques de France.

C'est un vrai plaisir pour moi, aujourd'hui, de vous réunir pour cette nouvelle séance du Haut conseil des musées de France au milieu d'oeuvres significatives.

En effet, j'ai souhaité vous présenter une sélection d'oeuvres
acquises récemment sous plusieurs formes, et destinées à quelques musées de France, à Paris et en région.

Je soulignais le 15 juin dernier, devant vous, mon attachement, comme ministre et comme élu local, à la dimension culturelle et patrimoniale de l'aménagement du territoire. J’avais illustré mon propos par l'acquisition, au profit du musée des beaux-arts d'Angers, de deux grandes et importantes esquisses de Fragonard, retenues sur le territoire depuis trois ans comme
trésors nationaux. Je suis heureux de vous les présenter aujourd'hui dans ce salon des Maréchaux. Vous aurez, tout à l'heure, à émettre un avis sur ce transfert de propriété.

L'utilisation, pour la première fois, par l'Etat, des dispositions nouvelles du code du patrimoine, issues de la loi du 4 janvier 2002 relative aux musées de France, permet à une collectivité publique de transférer à une autre, à titre gratuit, la propriété de biens culturels constitutifs d'un musée de France. Il s'agit de
proposer aux villes, non pas un dépôt, conformément à la tradition observée jusqu'ici, mais bien un transfert en pleine propriété, inaliénable.

Outre les deux esquisses de Fragonard, je veux souligner ici l'opération exceptionnelle qu'a constitué l'achat, le 16 juin dernier, grâce au mécénat d'un grand groupe français, Carrefour, d'une collection de dessins italiens de la Renaissance, et du premier âge baroque, patiemment constituée en une trentaine d'années par un grand collectionneur français. 105 des 130 oeuvres qui
forment cette exceptionnelle collection, vont enrichir les musées de cinq villes en région : Orléans, Marseille, Toulouse, Lille et Reims. Paris ne sera pas oublié, puisque le Louvre présentera aussi une partie de cette collection (25 dessins).

Cette opération est, à mes yeux, exemplaire d'une décentralisation du patrimoine équilibrée et réussie.

Le choix d'oeuvres significatives, que j'ai souhaité réunir ici, offre un panorama des divers modes d'acquisitions destinés à enrichir les collections nationales.

J'ai donc le grand plaisir de vous présenter, en avant première, une exceptionnelle sculpture du Nord du pays Dogon, au Mali, destinée au musée du Quai Branly. Ce trésor national a pu être acquis grâce au mécénat du groupe AXA, et sera officiellement
présenté, ici même, demain. Il s'agit d'une pièce unique, car à l'origine de la sculpture africaine, qui trouvera sa place au sein de ce musée exceptionnel, ouvert au public dans un peu plus d'un an.

Vous pouvez aussi contempler une tête de cheval attique, acquise par préemption en vente publique, le 7 octobre, grâce à une participation du fonds du patrimoine, pour le musée du
Louvre.

La photographie occupe une place de plus en plus importante dans les collections nationales, et j'ai souhaité vous présenter une acquisition faite le 2 juillet, par préemption en vente publique et destinée au musée d'Orsay.

Enfin, un des modes d'enrichissement des collections est la dation, illustrée ici par ce dessin, de Géricault. Cette feuille mythique et exceptionnelle n'a été vue qu'à deux reprises, en 1950 et sera offerte au regard du public dans les salles des arts
graphiques du Louvre.

Le débat que vous allez avoir sur le rôle des sociétés d'amis est très important. Ces sociétés entretiennent un dialogue permanent entre les musées et la société civile. Le Parlement a reconnu cette importance, lors des débats sur la loi relative aux musées de France du 4 janvier 2002.

Comme vous le savez, le gouvernement est résolu à encourager le développement du mécénat. Pourquoi ? Pour impliquer dans notre vie culturelle tous les acteurs de la société civile, qu'il s'agisse des particuliers, des associations, des fondations ou des entreprises. Cet engagement de tous les citoyens dans une action au service de l'intérêt général renforce la cohésion sociale.

Les sociétés d'amis, par leur action, souvent bénévole, leurs
dons, leur contribution à des acquisitions, complètent parfaitement l'engagement des pouvoirs publics en matière de politique culturelle.

J'encourage vivement de telles structures à se mettre en place auprès des musées de France. J’encourage la création et la mobilisation de ces partenariats, qui peuvent être définis par une convention, et entraîner une participation active au bénéfice des musées. Les sociétés d'amis apportent un puissant soutien aux acquisitions et à l'action culturelle, définies conjointement avec la
direction des établissements. Cette participation active, illustrée chaque année à l'occasion du « Printemps des musées », ouvre naturellement des perspectives de développement international.

Sans préjuger de votre débat, permettez-moi une suggestion: il me semble très opportun de constituer, au sein du Haut conseil des musées de France, comme votre règlement intérieur l'autorise, un groupe de travail chargé de réfléchir au rôle des sociétés d'amis au regard de l'évolution des musées.
Votre réflexion contribuera ainsi à développer des relations fructueuses et utiles, pour rendre les collections accessibles au public le plus large, concevoir et mettre en oeuvre des actions
d'éducation et de diffusion visant à assurer l'égal accès de tous à la culture, pour contribuer aux progrès de la connaissance et de la recherche, ainsi qu'à la diffusion, comme le permet le code du patrimoine.

Vous savez que j'attache, Mesdames et Messieurs, une attention particulière à vos avis, vos conseils et vos recommandations en faveur des musées de France. Je compte sur vos propositions.

Je vous remercie.

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