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Nomination des maîtres d’art 2004

Mesdames, Messieurs,

Nous sommes ici tous rassemblés pour fêter les dix ans du titre des maîtres d’art, et pour
nommer les sept nouveaux maîtres d’art de la promotion 2004. En une décennie, leur
nombre est porté à 63, et à plus d’une cinquantaine le nombre de leurs élèves. Nous fêtons
aussi l’arrivée de deux chefs d’atelier d’entreprises du luxe qui nous rejoignent et recevront
un trophée.

Dix ans, c’est à la fois peu et beaucoup pour transmettre avec passion des connaissances,
des expériences, des secrets de fabrication, créer de vrais liens entre un maître et son élève.

Je ne relancerai pas le vieux débat « artiste – artisan », qui avait fait l’objet d’une exposition
célèbre au musée des arts décoratifs, pour laquelle des grands noms de l’histoire de l’art et
de ses techniques avaient prêté leur plume, tels Georges Duby et André Chastel.

Les maîtres d’art que je nomme aujourd’hui sont à la fois des professionnels des métiers
d’art et des « métiers de l’art », dont certains sont inscrits à la Maison des artistes. Ils savent
allier à la maîtrise du « travail bien fait », de la restitution historique, la conscience de
l’évolution de leur métier, la notion de progrès et d’innovation. Car il ne suffit pas de savoirfaire.

Il faut aussi une intelligence sensible. Il faut s’adapter, écouter la matière et la
transformer. C’est ainsi que les connaissances et les expériences au service de la main et
de la pensée permettent à l’artisan d’art de devenir un véritable « maître », dans l’expression
de toutes les facettes de son art.

Aujourd’hui, plus que jamais, nos métiers d’art sont garants de nos traditions, de notre
identité et de notre rayonnement dans un environnement européen et international, qui
évolue très vite. Je pense par exemple à la protection de la faune et de la flore. Certains de
ces métiers sont menacés.

Je tiens à ce que le ministère de la culture et de la communication maintienne ses efforts
pour valoriser l’excellence des maîtres d’art et de leurs élèves, et améliorer encore la
transmission de leurs savoir-faire exceptionnels. La variété des compétences, les facettes
nombreuses de ces métiers qui touchent à la fois la grande tradition française, l’évolution
technologique, et la création contemporaine, leur permettent de relever les défis qu’ils
doivent affronter aujourd’hui.

Je sais que certains d’entre vous ont accepté, par passion, de reprendre de nouveaux
élèves, et de devenir à nouveau des pédagogues pendant trois ans, afin d’éviter la
disparition de certains secteurs.

Je tiens à vous en remercier.

Le ministère les accompagnera comme il l’a fait par le passé, et en remettant cette année
aux nouveaux nommés une allocation de 16.000 euros annuelle.

Mais je souhaite faire plus. C’est pourquoi j’ai décidé qu’il convenait d’aller plus loin et de
mettre à la disposition de vos métiers d’exception un lieu dont l’identité soit à votre image : la
Manufacture des Gobelins, à Paris. La grande galerie va être réhabilitée et abritera des
événements en faveur des métiers d’art. Cet espace de 1.000m² environ sur deux niveaux
sera accessible au public.

Je demande aux membres du Conseil des métiers d’art ici présents de poursuivre leurs
travaux dans les domaines du patrimoine, de la formation, des matériaux, et de l’innovation –
et de prendre en compte l’ensemble des problèmes rencontrés par les maîtres d’art.

Je souhaite aussi qu’il y ait à partir de l’année prochaine une plus grande transparence sur
les appels d’offres de la fonction publique. J’y veillerai particulièrement pour ceux du
ministère de la culture et de la communication, accessibles sur le site portail et sur celui des
métiers d’art du ministère, et je vais prendre contact avec le ministère de la fonction
publique pour les autres.

Je vais remettre à chaque nouveau maître d’art son diplôme, réalisé par un calligraphe, M.
Pierre Aubery, sur un très beau Velin d’Arche – fait main, bien sûr, – par le Moulin du Gué.

J’invite chacune des personnes à me rejoindre sur ce podium à l’appel de son nom :

– M. Alain BUYSE, sérigraphe. La sérigraphie offre de nombreuses possibilités
d’impressions et de matériaux que vous savez adapter et exploiter avec des artistes
contemporains ;

– M. Pierre CHARIAL, noteur. Un métier qui date du XVIIe siècle. Certaines morceaux de
Haydn ou de Mozart ont été créés spécialement pour l’orgue de barbarie. Ce métier, vous
savez le faire évoluer grâce à votre formation musicale, et à l’aide de l’informatique, en
créant un instrument qui réponde davantage aux exigences des compositeurs
contemporains.

– M. Jean-Dominique FLEURY, peintre-verrier. Vos nombreuses restaurations sont connues
au même titre que les projets ambitieux partagés avec Pierre SOULAGES ou Martial
RAYSSE. J’ai inauguré en juillet votre création, les vitraux de la Salle des Pèlerins de
l’ancien hôpital de Pons (Poitou-Charentes) ;

– M. Gilles JONEMANN, créateur-bijoutier. On pourrait dire que vous êtes inclassable, vous
travaillez aussi bien les métaux précieux que les matériaux naturels, en les détournant de
leur usage habituel. L’île de la Réunion vient de vous confier la mise en place d’une école
pour la transmission de vos savoir-faire à l’écoute de la nature ;

– M. Pierre MEYER, tourneur « figuré » sur ivoire. Vous travaillez également la nacre, les
bois précieux, l’écaille de tortue, et bien d’autre matériaux rares et réglementés. Votre très
grande dextérité et votre parfaite minutie vous ont permis d’être connu dans de nombreux
pays, et par des grandes marques ;

– M. Pierre REVERDY, coutelier d’art en acier damassé. Votre métier est un voyage dans le
temps et nous transporte chez les Celtes et les Peuples d’Orient. Vos lames ont la réputation
d’être les plus souples, les plus tranchantes, les plus dures ; elles ne peuvent ni se tordre, ni
se briser ;

– M. Eric SANSON, marqueteur. Vous recouvrez des meubles et des objets en trompe-l’oeil
avec du galuchat, de l’ivoire et de la nacre, avec patience et créativité. Vous remportez de
nombreux prix car la marqueterie, l’ébénisterie sont vraiment une affaire de famille chez les
Sanson.

Maintenant, je m’adresse aux deux chefs d’atelier des maisons Bernardaud et Puiforcat, que
j’invite également à me rejoindre, et auxquels je remets un trophée intitulé « Décor pour
service Diane – 1970 » créé par l’artiste Etienne Hajdu, dans les ateliers de la Manufacture
nationale de Sèvres :

– M. Christian BRUNET, modeleur, chef d’atelier de la société Bernardaud. Votre formation
à l’école nationale des arts décoratifs de Limoges vous permet de réaliser des porcelaines
gravées, des lithophanies, des pièces émaillées, et de modeler des pièces contemporaines ;

– M. Eric POPINEAU, planeur en orfèvrerie, chef d’atelier de la société Puiforcat-Hermès.
Vous représentez un grand savoir-faire d’un travail effectué uniquement à la main, au
contact de la flamme. Chacun de vos gestes exige force, précision, toucher et écoute, pour
réaliser des pièces de prestige en argent, en or ou en platine.

Je vous remercie Messieurs. Car cette année il n’y a pas de femme, nous attendrons l’année
2006.

L’année 2005 sera placée sous le signe de la transmission, des échanges et du progrès. Les
maîtres d’art participeront non seulement aux salons et aux manifestations du ministère. Ils
interviendront aussi dans les écoles d’art, dans les colloques, à titre d’expert.

Vous participez, je dois le souligner, au rayonnement international de la culture française. Je
tiens à signaler l’édition d’un guide des maîtres d’art, traduit en trois langues, qui vient de
paraître. Et je me réjouis de vous annoncer que l’année 2005 se clôturera par une exposition
en Chine, dans le cadre de l’année de la France en Chine.

Je vous remercie

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