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Commission Nationale Culture-Handicap

Madame la Ministre, Chère Marie-Anne,

Monsieur le Délégué interministériel, cher Patrick Gohet,

Messieurs les Présidents,

Mesdames, Messieurs,

Je suis particulièrement heureux de vous accueillir rue de Valois, avec ma collègue, Marie-
Anne Montchamp, pour cette quatrième réunion annuelle de la Commission Culture-
Handicap.

Le Président de la République a tenu à faire, vous le savez tous, de l’insertion des
personnes handicapés, l’un des grands chantiers de son quinquennat, afin de permettre « à
la société française de mieux accueillir la différence et de recueillir ses richesses ». A
l’occasion de la clôture de l’année européenne des personnes handicapées, à la fin de l’an
dernier, le Président de la République ajoutait : « notre conception de la citoyenneté nous
engage à rendre à nos concitoyens handicapés toute leur place au coeur de la cité, à leur
permettre de jouir des droits fondamentaux, d’être soumis aux devoirs qui s’imposent à tous
et de participer à la définition des choix publics ».

Cette année 2004, a été marquée par la discussion au Parlement, qui vous a mobilisée,
chère Marie-Anne, de la grande loi pour l’égalité des droits et des chances, la participation et
la citoyenneté des personnes handicapées, dont l’article premier, tel qu’il a été adopté par le
Sénat, proclame notamment : « toute personne handicapée a droit à la solidarité de
l’ensemble de la collectivité nationale, qui lui garantit, en vertu de cette obligation nationale,
l’accès aux droits fondamentaux reconnus à tous les citoyens, notamment (…) à l’éducation,
à la formation et à l’orientation professionnelle, à l’emploi (…) aux loisirs, au tourisme, à la
culture, à l’information et aux technologies de l’information et au plein exercice de sa
citoyenneté ».

Sans doute allez-vous revenir dans un instant, Chère Marie-Anne, sur cette oeuvre législative
majeure qui prendra, dès l’an prochain, le relais de la grande loi de 1975 et qui a pour
ambition de faire franchir à la société française une nouvelle étape.

Je tiens à vous dire aujourd’hui solennellement et à réaffirmer par ma voix que le Ministère
de la culture et de la communication prendra toute sa part de la réalisation de cette grande
ambition. C’est un devoir. C’est une chance. C’est aussi un beau projet pour réaliser
pleinement la mission qui lui a été assignée par André Malraux dès sa création : « rendre
accessibles les oeuvres capitales de l’humanité, et d’abord de la France, au plus grand
nombre possible de Français » et « assurer la plus vaste audience à notre patrimoine
culturel ».

Ce ministère est celui de l’alliance entre le patrimoine et la création. Il est celui de l’identité et
du rayonnement. Il est celui de la diversité. En prenant en compte les besoins des personnes
handicapées, en veillant à favoriser un meilleur accès de l’ensemble des publics à la culture
et aux pratiques artistiques, comme aux moyens d’information et de communication, ce
ministère accomplit sa mission et sa vocation.

La Commission nationale Culture-Handicap constitue le lieu par excellence des échanges,
des appuis nécessaires. C’est aussi le lieu idéal qui permet aux ministres, au délégué
interministériel, aux directeurs d’administration centrale, aux sociétés et aux établissements
publics, aux responsables des associations, d’impulser la mobilisation de tous, afin de faire
vivre, dans le domaine de la culture et de la communication, essentiel à la vie personnelle et
sociale, les trois grands principes, les trois grandes valeurs inscrites aux frontons de nos
édifices républicains.

Je tiens à remercier chacun d’entre vous pour votre participation à cette commission. Je
tiens à saluer :

– les associations représentatives des personnes handicapées qui s’engagent activement, je
le sais, dans chacun des groupes de travail, qui se réunissent tout au long de l’année pour
prolonger les recommandations et les orientations de cette commission ;

– les services du ministère de la culture et de la communication, et les établissements publics
sous sa tutelle, qui sont également représentés au plus haut niveau ;

– les sociétés de l'audiovisuel public, et notamment France Télévisions représentée par son
Président, M. Marc Tessier.

Le principe d’accessibilité généralisée affirmé par le projet de loi constitue le cadre général
de notre action qui doit se décliner dans toute la diversité des dimensions, des modes
d’expression et des métiers de la culture et de la communication.

Je pense, d'abord, à l'accès des personnes handicapées aux pratiques artistiques en
amateur.

Je pense, ensuite, à l'accès des artistes et les créateurs handicapés aux formations et aux
métiers de la culture. Cet accès doit être facilité. Il faut en conséquence adapter les cursus et
les techniques d'apprentissage, de médiation humaine et technique.

Je l’ai dit, la semaine dernière, en inaugurant les nouveaux locaux de l’Ecole nationale
supérieure des arts décoratifs, qui est « l’autre » grande école de la rue d’Ulm : on ne sait
pas assez que le Ministère de la culture et de la communication est aussi le ministère de
l’enseignement supérieur artistique et culturel. Et je tiens à ce qu’il assume à ce titre toutes
ses responsabilités.

Je tiens à saluer à ce propos, à titre d’exemple, l’engagement de l'Ecole supérieure des
Beaux-Arts de Marseille, qui réalise une refonte de son projet pédagogique pour accueillir
des étudiants sourds et malentendants.

Je pense aussi naturellement à l’accès de tous aux lieux de culture et notamment aux
monuments historiques : parce que notre patrimoine appartient à tous, il doit être ouvert à
tous.

Je ne manque pas de saluer et de mettre en valeur les efforts qui sont faits par les
responsables de ces lieux, en concertation avec les associations concernées et les élus, à
chacun de mes nombreux déplacements à travers la France. Ainsi, en inaugurant la
médiathèque José Cabanis à Toulouse, j’ai été sensible à l’effort d’équipement spécifique
qui a été fait pour permettre aux malvoyants l’accès au fonds des oeuvres littéraires et
artistiques.

A Chambord, j’ai salué l’accessibilité du rez-de-chaussée avec l’ouverture d’une piste de
visite, ainsi que la mise à disposition de véhicules électriques qui permettent enfin l’accès
autonome au parc, grâce à l’action déterminée de l’établissement, du ministère et le soutien
des associations et du mécénat.

Je tiens aussi beaucoup aux liens entre la culture et la communication par l’usage intelligent
des nouvelles technologies. A Chambord, un film en images de synthèse de haute définition
permet à toutes les personnes qui ne peuvent parcourir les terrasses ni les étages de
connaître l’ensemble des volumes, des façades et des ornements qui ont été entièrement
modélisés.

En inaugurant le musée des Beaux-Arts d’Angers agrandi et transformé, j’ai également
salué, non seulement l’enrichissement des collections, grâce à un apport exceptionnel des
collections nationales, mais aussi les efforts faits pour l’accès aux personnes handicapées et
de celles qui les accompagnent.

Je cite ces exemples, qui sont tous situés en Régions, délibérément. Pour vous montrer
l’importance que j’attache à ce que, bien sûr, les plus grands établissements, les plus
prestigieux, comme la Cité des Sciences et de l’Industrie, dont nous entendrons dans un
instant le Président, le musée du Quai Branly, le musée d’Orsay, le musée du Louvre, situés
à Paris, soient non seulement accessibles mais exemplaires. Mais je tiens aussi à ce que
ces efforts d’accessibilité soient répartis sur l’ensemble de notre territoire.

Et c’est sur l’ensemble de notre territoire que l'accès des visiteurs aux oeuvres doit être
développé, c’est une question de scénographie, d’adaptation de l’offre culturelle, de
dispositifs techniques et de médiation humaine.

J’attache aussi beaucoup d’importance à l'accès à l'information, aux outils de la pensée, au
discours critique, à la parole libératrice et créatrice, aux échanges culturels. C’est une
question d'apprentissage et de bonne maîtrise de la langue et des langues.

L'amélioration de l'accès à la culture exige enfin un effort de formation de l’ensemble des
professionnels de la culture et de la communication.
Notre séance permettra de décliner de nombreuses initiatives qui toutes ensemble,
constituent un véritable plan d'action en faveur de l'accès des personnes handicapées aux
pratiques artistiques et culturelles.

En premier lieu, c’est une mobilisation de l’administration centrale. La création d’un poste de
correspondant handicap, au sein de la délégation au développement et aux affaires
internationales, permettra la coordination entre les associations, le ministère de la culture et
ses établissements et les ministères partenaires.

Je me félicite que l’accessibilité au nouveau bâtiment qui abritera, dès le début de l’an
prochain les services du ministère, rue des Bons Enfants, soit exemplaire, tant pour le
personnel handicapé, que pour l’accueil des visiteurs handicapés.

J’ajoute que le ministère a fait de l'accueil des personnes handicapées au sein des
équipements culturels l’un des principaux indicateurs d’évaluation de son action à destination
des publics.

Chacune des directions régionales a été dotée d’un correspondant Handicap avec pour
mission d'assurer la mobilisation des différents secteurs de la culture, au sein de chaque
DRAC. Un plan de formation de ces correspondants Handicap et des conseillers sectoriels
des DRAC démarrera dès le mois prochain.

Jean-François Hébert nous présentera, au cours de cette séance, le bilan des six groupes
qui ont travaillé depuis l’an dernier sur l’amélioration de l’accueil des personnes handicapées
au sein des Etablissements publics. Je tiens à le remercier pour son investissement
personnel et pour le rôle moteur de la Cité des Sciences et de l’Industrie.

Le ministère de la culture et de la communication est aussi, vous le savez, le ministère de
l’architecture et en particulier des écoles d’architecture.

J’ai présenté au conseil des ministres mercredi dernier, avec mes collègues Gilles de Robien
et Marc-Philippe Daubresse une communication sur l’amélioration de la qualité architecturale
et du cadre de vie des Français. L’action que nous devons mener en faveur de l’accessibilité
du cadre bâti, et en particulier, du patrimoine dépendant du Ministère de la culture et de la
communication, où l’on estime qu’au total environ 600 établissements sont ouverts au public,
est une action résolue, qui doit commencer par un inventaire précis de l’existant.

Le domaine de la formation des architectes est également essentiel. Une étape très
importante a été franchie lors de cette rentrée universitaire, avec l’inscription de modules
consacrés à l’accessibilité pour tous les étudiants dans tous les programmes. Des
expériences pilotes ont été réalisées dans les écoles d’architecture de Rennes et de
Montpellier.

De manière plus large, afin d'encourager l'ensemble des lieux culturels à mieux accueillir les
personnes handicapées, le ministère de la culture et de la communication a engagé des
actions de sensibilisation et de formation. Je signale notamment :

– l’édition de guides pratiques ;

– la mise en place de séminaires, et notamment d'un cycle de séminaires inter-régionaux au
sein des DRAC. Je tiens à saluer l'action de la DRAC Alsace, dont le directeur est parmi
nous, qui a mis en oeuvre, le 7 octobre dernier, le premier séminaire interrégional Culture et
Handicap, sur l'accès des personnes handicapées aux pratiques artistiques. Un séminaire
national sur l’accueil des jeunes handicapés dans les établissements d’enseignement
artistique spécialisés (conservatoires et écoles de musique, de danse et de théâtre) sera
également organisé en 2005, par la direction de la musique, de la danse, du théâtre et du
spectacle vivant.

Enfin, je ne sépare pas le contact avec la culture, du lien avec l’audiovisuel et les industries
culturelles. C’est pourquoi je tiens à ce que l'accès au cinéma et à la télévision constitue un
champ d'action privilégié. Monsieur Marc Tessier, président de France Télévisions vous
présentera tout à l’heure le plan d'action de sa société pour l’accessibilité des programmes
des chaînes publiques. Je tiens également à souligner les initiatives du Centre National du
Cinéma pour l’accès au cinéma, que vous présentera Madame Catherine Colonna, et
notamment la mise en place d'un groupe de concertation rassemblant producteurs,
exploitants, diffuseurs et associations représentatives des personnes handicapées. C’est un
sujet que j’ai abordé notamment au congrès de la Fédération nationale des exploitants à
Bordeaux.

Afin d’irriguer d’avantage l’ensemble du territoire, nous souhaitons, avec Marie-Anne
Montchamp, que soit mise en place une convention culture/handicap, pour le secteur
médico-social, sur le modèle de la convention culture/santé qui concerne les hôpitaux.

Cette convention permettra le développement des pratiques artistiques au sein des
institutions d'accueil des personnes handicapées, notamment grâce à des jumelages entre
ces institutions et des équipements culturels. Cette action impliquera la collaboration des
ministères de la culture et de la communication et du Secrétariat d’Etat aux personnes
handicapées, en lien avec les associations de personnes handicapées gestionnaires
d'établissements d'accueil.

Je propose qu’un groupe de travail, se réunisse dès janvier 2005, afin de parvenir à la
conclusion d’une convention entre nos deux ministères dès le premier semestre de l’an
prochain.

L’ensemble de cette politique ne pourra porter pleinement ses fruits que si elle est ponctuée
de moments forts qui permettent au plus grand nombre d’acteurs de se rencontrer et
d’échanger, avec le relais des médias. Les rencontres “ Art, Culture et Handicap ” tenues en
octobre 2003 à Bourges ont été une vraie réussite. Forts de ce premier succès, nous devons
nous mobiliser pour organiser de nouvelles Rencontres “ Art, Culture et Handicap ” l’an
prochain.

Enfin, je me réjouis de signer aujourd’hui la charte nationale d'accessibilité, au cours de la
conférence de presse qui suivra cette séance.

Par cette adhésion sans réserve, j'entends renforcer l'engagement de mon ministère pour :

1. l’accessibilité des nouveaux aménagements et la prise en compte de la notion de chaîne
du déplacement ;

2. la concertation permanente avec les associations représentatives des personnes
handicapées ;

3. le conditionnement des aides publiques au résultat d’accessibilité, notamment dans les
contrats d'objectifs et de moyens ;

4. la qualité d’usage des équipements en fin de réalisation ;

5. l’accompagnement humain ;

6. la mise en place d’une information de qualité.

En conclusion, je voudrais insister sur le fait que la mobilisation de l’ensemble des acteurs
réunis autour de cette table est une condition essentielle de la réussite de notre action. Il est
particulièrement important que parallèlement à la mobilisation des services de mon ministère
et des établissements publics, des référents « culture » puissent être désignés et reconnus
au sein même des différentes associations nationales et de leurs délégations régionales.

Ainsi, un partenariat plus étroit entre le ministère de la culture et les associations qui siègent
autour de cette table pourra se nouer. Je pense notamment à l’accès aux pratiques
artistiques et culturelles.

Chère Marie-Anne, avant de te laisser la parole, je voudrais évoquer le souvenir de ce
samedi après-midi que nous avions passé ensemble en juin à Nogent-sur-Marne, après les
longs jours et les longues nuits que tu avais consacrés à la discussion de ton texte à
l’Assemblée. J’avais répondu à ton invitation à visiter l’exposition d’un artiste qui s’appelle
Odon. Son oeuvre très originale, et multiforme, est une oeuvre de tissage et de métissage,
constituée d’une série de tresses, à partir notamment de peintures sur papier.

Eh bien aujourd’hui, je t’invite, et je vous invite tous, en vous remerciant pour votre
participation et vos propositions, à tresser, à tisser, ensemble, de nouveaux liens. Des liens
de culture et de communication. Des liens essentiels à la cohésion et à l’avenir de notre
société.

Je vous remercie.

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