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Tombée de Métier Alechinsky aux Gobelins

Mesdames, Messieurs,

Je suis très honoré de vous accueillir dans ce lieu prestigieux et si chargé d’histoire, depuis
que, il y a 560 ans, Jean Gobelin, teinturier en écarlate, s’installa dans ce quartier Saint-
Marcel, à proximité des eaux de la Bièvre. Une histoire qui est aussi spirituelle, puisque cette
Maison servit de refuge pendant les guerres de religion, avant que Colbert ne rachète la
première tapisserie du Roi pour en faire, en 1662, la célèbre manufacture.

J’ai souhaité vous associer à un événement exceptionnel. Notre rencontre, à l’occasion de la
tombée de métier de Pierre Alechinsky, est, en effet, un rare privilège.

De la commande d’un carton à l’artiste, au tissage de l’oeuvre, il s’écoule un délai que l’on
estime toujours trop long, surtout quand il s’agit d’un artiste d’un tel renom.
Pierre Alechinsky, je suis très heureux de saluer votre présence parmi nous ce matin. J’ai eu
la chance d’inaugurer en votre compagnie l’exposition des « dessins des cinq décennies »
en juin dernier au Centre Georges Pompidou. Une exposition qui nous renvoie à ces mots
que vous avez écrits : « Dessiner, c’est s’interroger ». Ce questionnement vivace et sans
trêve, nous le poursuivons aujourd’hui ensemble, en parachevant avec vous un travail qui
fortifie le lien durable que vous entretenez avec le ministère de la culture et de la
communication, puisqu’il est destiné à compléter l’oeuvre située dans l’antichambre de la rue
de Valois.

Vous êtes un immense créateur. Et vous êtes vous-même très sensible au rôle des
Manufactures. Votre intérêt ne se porte pas seulement à la tapisserie, puisque vous nouez
des liens solides avec la Manufacture de Sèvres.

Cette tombée de métier est donc en elle-même tout un symbole.

Le village des Gobelins, comme l’on dit, est un lieu étonnant, divers et complexe. Il renferme
à la fois le Mobilier National et des manufactures de tapisserie dont certains ateliers ou
espaces d’expositions sont situés en dehors de Paris, à Beauvais ou Lodève. Je devrais
ajouter que les ateliers de dentelles situés à Alençon ou au Puy-en-Velay sont sous la
responsabilité de l’administrateur du Mobilier national.

Je ne vais pas insister sur la diversité des missions de ces établissements. Je veux
cependant souligner combien il est essentiel de reconnaître le travail de qualité effectué par
le personnel de cette administration qui sait concilier l’excellence des savoir-faire hérités de
la tradition avec les recherches et les réflexions des artistes contemporains.

C’est d’ailleurs pourquoi j’ai décidé d’accompagner ce mouvement en remettant, non pas sur
le métier, mais sur le devant de la scène, les réalisations des manufactures, les productions
de l’Atelier de Recherche et de Création dans le domaine du mobilier dont nous célébrons
cette année le 40ème anniversaire, et les achats du Mobilier National.

La réhabilitation de la grande galerie située boulevard des Gobelins va permettre d’ouvrir en
quelque sorte le village sur l’extérieur. Sur environ 1 000 m², le Mobilier National et les
Manufactures pourront présenter leurs collections d’une richesse incroyable et peu connues
du grand public. Ils pourront accueillir des expositions en faveur des métiers d’art, du design,
des arts plastiques et confronter les pratiques.

Je souhaite que des partenaires extérieurs à mon ministère soient associés à cette ouverture
et à cette reconnaissance de l’excellence des savoir-faire. Ces métiers de la tradition sont
des professions souvent fragilisées par la nécessité d’utiliser un matériau particulièrement
difficile d’emploi de nos jours, la seule vraie ressource rare, selon un économiste (Keynes) :
le temps !

Il est d’autant plus indispensable de les accompagner en exposant l’incomparable qualité de
leur travail.

Je vous remercie.

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