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Notre seule priorité politique, ce sont les Français !

Si nous commençons à nous croire « arrivés », à imaginer que chaque Français est rassuré, satisfait, métamorphosé, nous mériterons les coups de bâton que lélecteur est toujours prompt et prêt à infliger… Quiconque est tenté doublier lavertissement brutal du 21 avril 2002 lancé par les Français fait courir le risque de provoquer le même rappel à lordre lors des élections du 21 mars prochain. Ce que prédit avec férocité Jean-Marie Le Pen : « vous avez aimé le 21 avril, vous allez adorer le 21 mars »…

Plus dun Français sur deux en choisissant les extrêmes ou en ne votant pas avait alors manifesté colère et réprobation face à l’impuissance publique, à la myopie des élites, au décalage entre le gouvernement de Lionel Jospin et le terrain. Faisait irruption une nouvelle fois la dialectique explosive du « haut » et du « bas ».

Nous devons rester les pieds vissés au sol, les yeux ouverts sur la réalité sociale quotidienne, la main tendue à tous ceux qui sont en rupture de ban, en mal de reconnaissance, en quête didentité, en attente dencouragement et de soutien, en exigence de liberté, de respect et de dignité.

Notre seule priorité, ce sont les Français. Eux. Pas nous. Pas nos carrières. Pas nos ambitions. Pas nos objectifs personnels. Même sils sont parfaitement légitimes et totalement… aléatoires ! Et que nombreux sont dailleurs les talents aptes à la course le moment venu.

Loublier, cest donner limage dune « classe politique » centrée sur elle-même ; c’est inverser lordre des priorités et des facteurs : Nous devons servir notre pays, nous focaliser exclusivement sur laction, la réforme, la mise en oeuvre concrète de nos engagements électoraux et non pas, prématurément, lancer les futures échéances. Et ce dautant plus que le temps politique du quinquennat est bref. Il n’y a donc pas dautre urgence que de répondre ville par ville, quartier par quartier, aux attentes exigeantes et impatientes de nos concitoyens. Se détourner de cette feuille de route, cest faire le jeu de lextrémisme, cest faire du Jospin.

Le moment de lautosatisfaction, de l’autocélébration n’est vraiment pas venu.

Des réformes sont engagées. Nous avons retrouvé le courage de dire, d’expertiser avec vérité, de traiter avec méthode. Mais les résultats ne sont pas immédiats. Les mauvaises courbes s’inversent, certes. Pour autant, si nous commençons à nous croire « arrivés », à imaginer que chaque Français est rassuré, satisfait, métamorphosé, nous mériterons les coups de bâton que lélecteur est toujours prompt et prêt à infliger !

Et surtout, nous devons nous interdire ce qui continue à caractériser et à caricaturer la politique : loubli des promesses, l’éloignement du terrain, le confort des lambris dorés et les informations filtrées.

Exprimer cet avertissement n’est pas faire un « costard» sur mesure à notre bouillonnant et performant ministre de lIntérieur, que certains de ses collègues devraient avoir à cœur d’imiter dans son activisme ministériel quotidien. Sur ce seul plan !!!

Il est primordial de rappeler à chacun que lheure des présidentielles na pas sonné, et nécessaire de conseiller par prudence – et même par tactique – de laisser sur cette question parler en premier le Président de la République !

Le sujet politique de ce mardi nest pas le dénombrement des invités au dîner de la place Beauvau. Cest la convocation par la justice de Mme Humbert, avec la redoutable question du conflit entre la légalité et lamour maternel, avec la magnifique problématique de la conscience du médecin et de la fin de la vie.

***

Nous sommes dans une période violente, exigeante, féroce. Restent à l’œuvre des forces et des réflexes qui cherchent à détruire la politique, la démocratie, la citoyenneté. La dérision, parfois salutaire, peut vite dégénérer et déboucher sur un populisme dangereux et non maîtrisable.

Nous avons donc un surcroît de responsabilités sur nos épaules, comme obligation « morale » de rester aussi modestes que volontaires. En tout cas exclusivement consacrés à notre mission. Obstinément. Sans aucune relâche ni diversion.

Dans la France d’aujourdhui, face à lirruption de la mondialisation et du capitalisme financier non vraiment maîtrisés, personne n’est content. Se pose un problème général de reconnaissance : « Et moi, et moi, et moi » ! Quand allez-vous enfin « me » comprendre, dans ma spécificité, dans mon originalité, dans ma responsabilité clament individuellement mais en même temps comme une sorte de chœur des esclaves réactualisé, médecins, infirmiers, enseignants, militaires, buralistes, chercheurs, artistes, retraités, gardiens dimmeubles, dirigeants, artisans, commerçants, étudiants, Français issus de limmigration, retraités et fonctionnaires.

La crainte du nivellement par le bas, le refus dêtre nié, méprisé, ignoré, la volonté farouche dêtre différencié de son voisin en raison dune « utilité sociale » propre sont les ingrédients de la poudrière sociale actuelle, les éléments du terreau qui permet à lexaspération de se transformer en plante politique vénéneuse.

Le Front National ne se nourrit pas uniquement des thèmes de l’insécurité, de limmigration, de la perte dinfluence de la France, mais également de ce cri du cœur de Français broyés par le système, nayant pas ou plus à leurs yeux leur juste place, et étant par contre soumis à des conditions de travail de plus en plus difficiles. Cette préoccupation peut prendre une tournure particulièrement sensible si le retour de la croissance se confirme. La cagnotte ne peut être consacrée exclusivement à la régularisation des comptes de la nation aux grands équilibres macro-économiques. Nos concitoyens exigeront den avoir un bénéfice direct, pour enfin compenser et rémunérer leurs efforts et leur labeur.

C’est dire que nous devons être plus que jamais attentifs à chacun. Mais pas à nous-mêmes !

Pour devenir numéro un, le jour venu…, il faut que chaque Français ressente quil est la priorité numéro un dans le cerveau de celui qui prétend avoir un destin national. Sinon nous ne ferons qu’alimenter la spirale de labstention et de lextrémisme, lengrenage infernal des triangulaires que notre « géniale » loi électorale va faire renaître…

Alors, continuons le chemin des réformes, sans nous laisser distraire. N’imitons pas la compétition prématurée que se livrent à gauche les grands dignitaires pétris dambitions personnelles, sans avoir au préalable lucidement tiré les conclusions de 2002.

« À chaque heure suffit sa peine » ! « Qui va piano va sano » ! La sagesse populaire trace la route.

Avec en prime la maxime du Général de Gaulle : « le meilleur est au bout du chemin ».

À propos de meilleur, du meilleur, de son choix, de ses chances, on se calme ! Relax, Max, comme on dit…

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