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L'Europe réunifiée peut fonctionner à des rythmes différents: à chacun d'en décider !

Dans cette attente dune Constitution à 25, de nombreuses initiatives vont voir le jour, des rapprochements féconds peuvent sopérer, d’utiles synergies peuvent senclencher… Ce nest pas farder artificiellement la réalité politique européenne que de dire que personne ne sattendait au sommet de Bruxelles à lapprobation de la Constitution européenne, pourtant soigneusement et méticuleusement préparée par la Convention présidée par VGE. Chaque observateur des « jeux » de la Conférence intergouvernementale mesurait en effet parfaitement que certains Etats allaient vouloir montrer leur capacité de nuisance et de rupture pour briser le rêve – prématuré… – dune unanimité nécessaire sans laquelle aucun accord ne peut être obtenu.

Est-ce une crise majeure de lEurope ? Sagit-il dune remise en cause en profondeur de notre avenir politique commun ? Faut-il y voir une impossibilité politique irrémédiable et sans appel ?

Ce nest pas vouloir se rassurer à bon compte que de penser que non.

Mener de front lélargissement et lapprofondissement, la réunification du continent et ladoption dune véritable constitution est un défi redoutable et périlleux. Intenable pensaient certains. Dautant plus difficile à relever en tout cas que la susceptibilité politique des « nouveaux » est directement proportionnelle à leur légitime appétit de liberté et que leur émancipation peut parfois même être encouragée par leur vigilant allié américain…

Bref, le « non accord positif », expression « déposée » par lambassadeur dAllemagne à Paris !, cest-à-dire, pour parler cru, léchec constaté à Bruxelles est une étape infructueuse. Ce nest ni une déchirure définitive, ni une paralysie annoncée.

Ne nions pas que c’est un avertissement sur la méthode requise pour créer la dynamique unitaire imposée.

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« Jeunes » et « vieux », tous ensemble, pays et peuples constituant la grande Europe, nous devons ressentir clairement que nous construisons ensemble une nouvelle entité politique. Les uns ne vont pas chez les autres. Il ny a pas de squatte !

 Nous ne faisons pas qu’élargir le cercle en nous serrant de manière plus étroite pour accueillir tout le monde.

Nous élaborons une institution forcément novatrice puisquelle doit fonctionner à 25.

À chacun de savoir faire les gestes et les concessions pour parvenir au résultat escompté. Mais il ne peut y avoir desprit européen, sans un abandon partiel de souveraineté nationale, ce que les nouvelles démocraties ont forcément du mal à accepter. Cest assez normal. Ne soyons pas amnésiques.

Lessentiel est que chaque État ait en face de lui la même perspective, la même offre.

Libre à chacun ensuite de décider souverainement et librement.

Libre à chacun de temporiser ou daccélérer. De retarder ou danticiper.

Mais si nous voulons dans un délai raisonnable adopter une Constitution , il va falloir veiller à tourner les pages les plus électriques de notre histoire récente…

Toutes les blessures « irakiennes » ne sont pas encore cicatrisées. Mais lEspagne et la Pologne devraient peut-être davantage constater et méditer que le Royaume-Uni sinscrit de plain pied dans la construction de lEurope politique, que Londres approuve le projet Giscard. Alors ! Si Tony Blair donne lexemple ! Comment ne pas voir, sauf à vouloir vraiment avoir une attitude de totale soumission, que notre allié américain, dans le monde dur et dangereux qui est le nôtre, a besoin, quoi quil en pense souvent, dun partenaire organisé, responsable et actif. D’une Europe capable dassurer son rôle sur la scène internationale, partout où cest nécessaire. En étroite concertation transatlantique…

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Nécoutons pas la prophétie revancharde et parfaitement sourde aux vrais enjeux de la lutte anti-terroriste de Condoleezza Rice déclarant naguère : « il faut pardonner à la Russie, ignorer lAllemagne, punir la France ».

De toute façon, rappelons à chaque esprit faible quaprès la guerre au Koweït où nous avons tous participé, les États-Unis ont récolté 90 % des contrats de reconstruction…

Personne ne peut aujourdhui prévoir le délai requis pour parvenir à lobjectif final
. Lannée 2004 suffira-t-elle à créer lélan et lardeur nécessaires ? Quel fait nouveau déclenchera-t-il une attitude plus conciliante de certains Etats ? Ces questions nont évidemment pas pour l’heure de réponse automatique.

Ce qui se dessine avec certitude, par contre, et ce nest pas une menace, cest que dans cette attente dune Constitution à 25, de nombreuses initiatives vont voir le jour, des rapprochements féconds peuvent sopérer, d’utiles synergies peuvent senclencher. Avis aux amateurs…

Rien nest sacrilège, si chaque État se voit proposé la même possibilité, la même démarche. À charge pour lui, de dire oui, de dire non, bref de choisir librement.

Rien nest interdit, dès lors quil ny a pas rupture dégalité daccès au moment de la conception du projet. Pas de barrière infranchissable par principe.

Rien nempêchera la volonté daller de lavant de sexprimer et de contribuer à de vraies avancées.

Ce nest pas profiter ou souhaiter une Europe à 2 vitesses que de le remarquer.

Ce nest pas exercer une « intolérable » pression sur les récalcitrants actuels que de lénoncer.

Cest simplement constater que lidée européenne et sa promesse defficacité politique renforcée progressent dans lopinion contrairement aux apparences. Ou surtout que plus d’Europe apparaît vraiment nécessaire pour être réellement respectés dans la guerre économique actuelle que se livrent les grandes puissances.

Lexigence européenne des citoyens sinspire du réalisme de la « masse critique ». Quil sagisse de la recherche, de la science, de laéronautique ou du naval, la conjugaison des moyens et des ambitions est notre seule arme pour affronter les grands pôles de puissance de la planète.

Il sagit donc dune souveraineté bien comprise, retrouvée, rénovée.

Puisse cette spirale positive et exigeante entraîner lensemble des peuples de lUnion Européenne dans un même élan.

Aux Irlandais de nous y entraîner. Mais s’il le faut, nous pouvons à quelques-uns nous ériger en phare ! Aussi solide, puissant et rayonnant que celui du Fasnet
 !

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