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Les images de Saddam Hussein risquent de faire voler en éclats l'exemplarité des valeurs occidenta

Si lOccident, la démocratie, les valeurs de notre civilisation sont en guerre contre le terrorisme, le fanatisme, lintégrisme, alors veillons au choix des armes… La capture de Saddam Hussein est évidemment une victoire. Je noublie pas les massacres qu’il a fait commettre. Jai parfaitement présent à lesprit quil est passible vraisemblablement de crime de guerre et de crime contre lhumanité. Jaccepte la nécessité dune forme publique de cruauté judiciaire et politique. Je ne récuse pas lutilité des images fortes et choquantes qui doivent rendre apeurés tous les dictateurs et tyrans de la planète, en leur « promettant » une fin de « carrière » aussi atroce que leur barbarie.

Mais je pense que la diffusion des images de lexamen médical de Saddam Hussein est une grave erreur politique.

Si lOccident, la démocratie, les valeurs de notre civilisation sont en guerre contre le terrorisme, le fanatisme, lintégrisme, alors veillons au choix des armes.

Limage du visage du prisonnier Saddam Hussein est nécessaire, pour que personne nignore à quoi est réduit un fugitif criminel et monstrueux.

Le milliardaire, le despote, le sanguinaire réduit en bête traquée peut dissuader les nouveaux candidats avec autant si ce nest plus de force que la menace dune juridiction internationale. Nuremberg na pas réussi malheureusement à empêcher que le crime et le génocide ne suscitent de permanentes vocations.

Mais il y a une ligne jaune à ne pas franchir, sous peine dattiser encore plus la haine et de renoncer à la supériorité et à lexemplarité de notre système de valeurs.

Je naurais pas autorisé que la « gueule ouverte » de lex n°1 irakien pour les besoins dune expertise médicale tout à fait incontestable par ailleurs, fasse la une de la presse du monde. Que lauscultation à la lampe électrique de la mâchoire du monstre soit en direct dans toutes les télés de la planète.

Cest certainement moins violent que les corps traînés derrière les chars antiques ou que lexécution capitale au cœur de nos places publiques dantan.

Mais nous incarnons ou devons incarner les Droits de lHomme, le respect de la souveraineté populaire, la force du droit, la légitimité de la force armée. Ce sont les meilleurs missiles pour détruire et enrayer la spirale terroriste.

Cela n’interdit  nullement la légitime défense, la riposte armée, les représailles.

Les maximes bibliques de la seconde joue tendue sont certes inopérantes. Contre-productives. Dangereuses même, lorsquil est vital de sévir, de répliquer, de dissuader. Pour sauver sa peau, ses valeurs, sa liberté, la condition même de la dignité humaine. Cest le cas aujourdhui dans le monde barbare qu’est devenu le nôtre.

Mais ne doutons pas un instant de lutilisation redoutable qui sera faite de cet excès de zèle médiatique autorisé, pour ne pas dire souhaité par les Américains.

***

Un deuxième  « débat » va s’ouvrir. Ce nest pas vraiment celui de la compétence d’une juridiction internationale pour le procès, en raison des incriminations probables de crime de guerre et de crime contre lhumanité.

Cest un problème évident, mais il est compréhensible que soit souhaité le jugement par le peuple irakien lui-même. Souveraineté ! Vous avez dit souveraineté ? Alors « donnez-nous le pouvoir de juger » s’exclame ou sexclamera la rue irakienne. Soit. Cest dailleurs un argument pour que saccélère le calendrier de linstauration dune véritable démocratie en Irak.

Non, la question qui se profile et qui divise la planète, cest celle de la peine de mort.

Saddam Hussein a été arrêté vivant. Cest à lhonneur des États-Unis d’y être parvenu.

Mais cest une démonstration redoutable qui attend partout dans le monde les partisans de labolition de la peine de mort.

Comment épargner la vie de l’auteur de centaines de milliers de morts ? La justice est une vengeance légale, normée, encadrée.

Par des principes qu’il va nous falloir avoir le courage de rappeler.

La voix de lEurope unie sur cette question sera inaudible aux États-Unis, tant y est forte la maxime « oeil pour œil, dent pour dent ». Sagissant de Saddam Hussein, il nest pas question de pardon. Il n’est pas question de possibilité de clémence. Il nest pas dautre issue que le châtiment.

Mais veillons dans la fureur maléfique du monde à ne pas faire dun bourreau une victime.

Dans notre propre intérêt. Ce nest pas être faible, lâche de le proclamer.

Cest au contraire une manière daffirmer notre supériorité.

Jaccepterais pour une fois que ce soit Silvio Berlusconi qui le proclame !

De toute façon, c’est au nom du peuple irakien, par des juges irakiens que la sentence sera prononcée. Cest certainement plus « sage » mais plus « radical » que sil s’était agi dun Tribunal International jugeant au nom des valeurs que nous souhaitons voir devenir universelles. Car, pour le moment, même au sein du monde occidental, la question de la peine de mort ne fait pas lunanimité… Lactualité américaine malheureusement régulière est là pour nous le rappeler.

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