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« Un juge juif », « un préfet musulman », « un ambassadeur chrétien » : NON à ces appellations !

Avec parfois de très bonnes intentions, avec parfois d’inacceptables arrière-pensées, de vraies erreurs politiques sont commises.

Combien de fois pour être entendu faudra-t-il rappeler que la religion n’est pas une origine nationale, que la liberté de conscience ou de croyance appartient au domaine privé de la personne humaine ; qu’il est donc interdit, contraire aux principes fondamentaux de notre droit et de la République française de promouvoir ou de discriminer quiconque en raison de la religion ; qu’est par contre garantie à chacun la libre pratique religieuse.
Comment ne pas être révolté et choqué lorsque l’on voit apparaître une «demande de récusation d’un juge juif » ?

À quelle époque sommes-nous retombés ? Aux pires heures de la seconde guerre mondiale ?

Que dans la France d’aujourd’hui puisse exister une requête en récusation présentée par un justiciable tunisien musulman contre un magistrat du tribunal correctionnel de Paris, au motif que ce magistrat aurait été de religion juive et donc, selon le justiciable, partial à son égard, est monstrueux.

Le Garde des Sceaux a eu mille fois raison de déclencher des poursuites pour outrage à magistrat contre l’auteur de la requête.

La France ne doit tolérer aucune dérive à caractère raciste. Antisémite. Xénophobe.

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Avec l’objectif louable de l’intégration concrètement réussie, une grande confusion est en train de s’installer dans nos esprits.

Veiller à la reconnaissance de tous les talents, à la promotion des meilleurs en veillant à ce que chacun ait sa chance, quelles que soient la couleur de sa peau, l’origine nationale de ses ancêtres, la religion pratiquée ou son absence revendiquée, est un bel objectif politique. Prioritaire et urgent.

Afficher le souci de nommer en fonction de critères religieux est une erreur lourde. C’est d’ailleurs illégal. Contraire aux valeurs françaises.

Ce n’est pas la même chose de souhaiter que de jeunes hauts fonctionnaires français soient issus de familles du sud de la Méditerranée et d’indiquer que la sélection s’opérera sur le choix d’une religion.

Le Ministre de l’Intérieur a raison de veiller à l’aspect symbolique des nominations qu’il propose. A leur équilibre et à leur équité.

En revanche, il prend le risque de troubler lorsqu’il indique à Blois il y a quelques jours : « je suis gêné qu’il n’y ait pas un seul préfet de la République musulman autant d’années après la décolonisation. Je vais m’employer à en nommer ».

Qu’il n’y ait pas de méprise fâcheuse ! Ce qui est critiquable c’est d’accoler une «étiquette» religieuse pour justifier une nomination, nullement de veiller à la reconnaissance des talents des Français issus de l’immigration.

La sélection pour entrer dans la fonction publique suppose une double « qualité » : être français, être jugé apte par un concours où les égalités des chances sont assurées. Rien de plus, rien de moins.

Etre juif, chrétien, musulman est un engagement. C’est le privilège de l’individu de croire ou de ne pas croire. C’est une belle liberté.

Dans notre République, cela ne peut devenir un critère, ne serait-ce que parce qu’il est illégal de faire figurer dans un questionnaire d’identité et de candidature une telle interrogation. Au même titre que les opinions politiques.

Le respect de la laïcité, le rappel par la loi de ses principes notamment à l’école publique où elle est malheureusement trop souvent battue en brèche, sont d’ardentes obligations, de vraies priorités.

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Halte au feu !

Chacun sent confusément les risques d’affrontement que les dérives, quotidiennement constatées, laissent entrevoir.

La gauche ne devrait pas caricaturer sur ces questions la droite républicaine. C’est aussi indigne que honteux.

Les démocrates devraient sur cet enjeu républicain essentiel aller unis au combat. Il est plus que temps, si l’on veut éviter une remise en cause radicale de l’esprit même de notre pays et de ses valeurs.

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Vouloir rétablir l’égalité entre tous les Français quelle que soit leur origine sociale est à l’honneur du Président Chirac, du Premier Ministre et de chacun des Ministres.

Force est de constater que l’ascenseur social ne fonctionne pas suffisamment pour tous, mais plus encore pour ces jeunes souvent très prometteurs qui vivent dans des quartiers défavorisés, et qui ne peuvent accéder comme ils le souhaiteraient aux écoles et aux universités qui forment nos élites dans des domaines scientifiques, économiques et administratifs.

C’est vers eux que doit porter notre action non parce qu’ils sont le plus souvent issus de l’immigration, mais parce qu’ils ne disposent pas des mêmes chances au départ que d’autres étudiants et qu’il est de notre devoir de les aider à suivre le « bon » cursus, la filière appropriée pour pouvoir effectivement devenir préfet, magistrat, diplomate etc…

Ils ont les talents de notre élite républicaine, mais trop souvent la porte leur est injustement fermée. C’est leur mérite et non leur origine qui sera leur vrai titre de noblesse, mais, encore faut-il pour que ce soit vrai que les portes s’ouvrent réellement. L’initiative prise par Sciences-Po est à cet égard exemplaire.

Promouvoir des exemples de réussite, en veillant attentivement à leur diversité et à leur représentativité de l’ensemble de la population française figure parmi les objectifs évidents de la majorité présidentielle.

Savoir épingler, choisir, mettre en lumière, celles et ceux qui sont de nouveaux Français, qui plus que les autres souffrent d’exclusion, de manque de reconnaissance, de mépris est une obligation vitale, pour enrayer les humiliations, les frustrations qui débouchent sur la haine et la violence.

Mais n’employons pas le terme de discrimination positive, qui dénature nos intentions et peut les faire apparaître partiales, communautaristes, donc contestables, alors que notre volonté est sincère.

Tout concept comprenant le terme de discrimination heurte, crée des fronts du refus alors que l’objectif est de réunir dans une même dynamique nationale.

Bannissons de notre langage politique épithètes et références qui apparaissent en rupture avec le principe d’égalité absolue qui doit prévaloir entre tous les citoyens.

« Toute distinction sociale doit être fondée sur l’utilité commune » dit la déclaration des Droits de l’Homme.

C’est au nom de cette belle maxime que les meilleurs doivent être choisis, promus, encouragés, récompensés.

Sans distinction d’origine, de race, de religion.

Ainsi sera véritablement et durablement reconnue la valeur de nombreux Français légitimement impatients de l’être. Et souvent prompts à ressentir leur origine comme une injustice.

Une Réponse à “« Un juge juif », « un préfet musulman », « un ambassadeur chrétien » : NON à ces appellations !”

  1. markovich a écrit:

    C’est bien joli tout cela, sauf qu’il a un étrange contournement de la lîcite et du principe de l’égalité devant la loi, c’est la segrégation positive dans beneficie une certaine communauté dont l’importance numérique est inversement prportionelle à sa puissance dans les médias, la politique, la finance et qui adossée à une puissance étrangère fait regner la terreur.

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