Imprimer cet article - Envoyer à un ami

Au congrès fondteur de l'UMP, " Monsieur loyal " avec François Baroin : mission accomplie!

Je suis heureux et fier qu’Alain Juppé ait désigné François Baroin et moi pour être « Monsieur Loyal » bicéphale tout au long de ce congrès… Au Bourget. Quelques minutes après 9H30. L’ouverture des micros. Une longue journée commence. Un moment historique. Je suis heureux et fier qu’Alain Juppé ait désigné François Baroin et moi pour être « Monsieur Loyal » bicéphale tout au long de ce congrès.

Jérôme Monod est au premier rang, seul, car les personnalités qui auront droit à cet espace réservé – avec toutes les petites polémiques que cela suscite – ne sont pas encore là. Il est plus jeune que jamais. Rayonnant au delà de ses yeux bleus et de son visage carré et fin d’une lumière de plénitude. De succès. De joie intérieure que ce grand protestant à l’intelligence exceptionnelle ne peut dissimuler.

Nous avions décidé avec François Baroin de rendre à César ce qui est à César, c’est à dire de saluer son énergie patiente, sa volonté sans faille, sa diplomatie parfois directe ! Je me rappelle à ce sujet m’être fait engueulé « clairement » parce qu’une dépêche d’AFP avait rapporté des propos que j’avais tenus – non publiquement – sur le fait que beaucoup de militants souhaitaient la présence de Jacques Chirac à la réunion constitutive de notre union à Toulouse…

A François d’accueillir Jérôme Monod avec chaleur. A moi Antoine Rufenacht.

J’ai ainsi pu exprimer publiquement l’admiration que j’éprouve pour lui : une loyauté sans faille à son idéal gaulliste, un rayonnement intellectuel, humain et spirituel rare, une vraie générosité faite de fidélité – il préside la Fondation Claude Erignac, dont l’évocation du nom a d’ailleurs été fortement applaudie – une gentillesse qui n’exclut pas si nécessaire fermeté, raideur et détermination. Je pense là à certaines étapes de la campagne présidentielle…

Nous étions vraiment contents de pouvoir « épingler » à notre manière ces deux figures de la vie politique française. En prenant l’engagement de ne pas être des chaînons manquants !

N’étant pas – pas encore ! – des stars politiques reconnues… nous avons décidé de nous présenter l’un l’autre, un ex RPR, un ex UDF. J’ai ainsi pu dire publiquement – il y avait déjà près de 10 000 personnes mais pas dans les premiers rangs – à François que j’appréciais beaucoup l’intelligence, la vivacité et même l’ironie qui émanaient de son regard.

En n’oubliant pas de mentionner qu’il est comme un « fils » pour le Président Jacques Chirac, grâce à ses qualités personnelles et grâce au souvenir immortel et émouvant du père qu’il a perdu prématurément. En parlant ainsi, je pensais aussi au mien. Je crois que nos deux pères sont fiers de ce que nous avons fait tout au long de cette journée. Chacun naturellement à sa manière. Mais avec une belle complicité et sans les rivalités « connes » que certains ont exhibées !

Je crois tout simplement que notre « alliance naturelle » reflétait que l’UMP se fonde supas le rassemblement de l’existant,r des racines solides, des convictions totalement partagées, avec toutes les nuances de l’arc en ciel dans l’écriture des priorités et des préférences.

En disant cela, je pense aujourd’hui que chaque militant est arrivé au terme d’une nuit quasiment blanche porteur de ses racines, de son identité, de ses traditions, n’ayant pas oublié les combats fratricides et parfois suicidaires que nous avons menés…

Souvenons-nous du « parti de l’étranger », çà c’était pour l’UDF ! Souvenons-nous des « moines-soldats », çà c’était pour le RPR !

Ces temps ne sont certainement pas totalement révolus… Mais au moins nous aurons les moyens d’organiser « en famille » débats et arbitrages !!!

Chacun est arrivé, parfaitement conscient que nous n’étions pas le rassemblement de lexistant, mais que nous avions souverainement décidé de créer une famille politique nouvelle. Fondée certes sur des militants déjà engagés. Renouvelés par l’apport de tous ceux qui sont en train de nous rejoindre, parce que nous avons enfin respecté l’appel du peuple, de nos concitoyens, lassés, écœurés, meurtris par nos rivalités, ou pour être plus précis, par la partie de nos affrontements qui n’est liée qu’aux ambitions personnelles, aussi légitimes soient-elle d’ailleurs.

Ce fut l’occasion en deux tables rondes de mettre à la lumière crue des « projos » des nouvelles équipes qui avaient travaillé ensemble de manière joyeuse et féconde à la charte et aux statuts.

Puis vint le moment attendu où chaque équipe de candidats a pu de manière parfaitement égale se présenter aux suffrages.

Avec toutes les difficultés et même les ruses de l’exercice ! C’est ainsi que j’ai dû reprendre le micro après le lancement inopiné de la Marseillaise par Brigitte Freytag pour dire que nous avions observé de la scène toutes les équipes chanter allègrement notre hymne national pour que mauvaises polémiques toujours prêtes à éclore ne se lancent… Ah, l’énergie et la créativité des femmes politiques !

Le discours de Rachid Kaci a été impressionnant sur le fond, celui de Mourad Ghazli habile et mobilisateur, Nicolas Dupont-Aignan avait une très belle partition pour lui car il a un grand talent mais il a préféré la critique du système à l’exposé de l’apport de ses convictions.

La troïka de choc, Alain Juppé, Jean-Claude Gaudin, Philippe Douste-Blazy a montré de manière vraie, rayonnante, alerte, détendue que dans cette nouvelle « maison », chaque famille de pensée pouvait s’exprimer.

Ils ont été les seuls à manifester clairement que les non RPR n’étaient pas des supplétifs ! C’est l’esprit même qui anime Alain Juppé. Le montrer de cette manière était une cinglante réponse à certains de nos détracteurs…

Au milieu du discours de Rachid Kaci, apparaît sur l’écran de notre ordinateur : arrivée de Nicolas Sarkozy… Nous avions convenu de laisser la foule saluer comme il se doit la performance de notre ministre de l’Intérieur qui réussit même au delà de nos frontières politiques à intimider la gauche ! Mais il nous a semblé impossible d’interrompre l’orateur en train de parler. Cruel dilemme ! J’espère, sans en être sûr, que Nicolas ne nous en veut pas trop. Mais c’est au nom du respect de l’expression de chaque équipe de candidats que François et moi avons pris cette décision sur le vif. Respect, oui respect auquel chacun à l’UMP a droit quelle que soit sa fonction. C’est un symbole auquel nous tenons. Il est le message même de notre famille politique.

Puis ce fut le moment de la troïka européenne : 3 Premiers Ministres ensemble. J’annonce José-Maria Aznar. Le patron de talent d’une grande agence de communication m’avait appris le matin au téléphone que les Espagnols appelaient les militants du Parti Populaire Espagnol « los populares ». Alors je me lance et prend la foule à partie pendant qu’Aznar monte sur scène en m’exclamant : « nous sommes Monsieur le Premier Ministre « los populares » de France, qui vous disons Bienvenue au grand européen que vous êtes, proche du cœur des Français ! »

François annonce le Premier Ministre portugais José-Manuel Durao-Barroso. Je lance le nom de Jean-Pierre Raffarin, « JPR », un sigle proche du cœur des militants RPR ! Non, en fait un homme au sommet de sa forme véritablement ovationné par la foule rassemblée dans la salle principale et dans les salles annexes reliées par un système extraordinairement performant de vidéotransmission. L’efficacité des organisateurs mérite d’être chaleureusement marquée. Bravo !

A l’heure où ils arrivent, nous sommes déjà plus de 20 000. 20 000 européens. Fiers d’être des Français Européens. Des Européens Français. Ce 17 novembre est une très grande date de l’histoire politique européenne. C’est, je crois, la première fois que dans un congrès politique français s’expriment avec une telle fierté de ton sur notre vie politique intérieure des premiers ministres d’Europe. Franchissant la ligne jaune des vieilles convenances des anciennes conceptions de l’ingérence. Entre nous, il n’y a plus d’interdit sur les thèmes de débat. C’est cela la nouvelle Europe dont nous expliquons dans la charte qu’elle est notre horizon.

Ils sont ovationnés. Le français parfait dans lequel s’expriment « le » Portugais et « l’ » Espagnol est impressionnant. Le fond est exceptionnel. Ils expriment une vision décoiffante des erreurs de la gauche française, du besoin d’expression forte de la France dans le débat européen qui s’annonce. Avec une maîtrise, une aisance, une chaleur, un talent inoubliables.

L’Europe politique est en marche. C’est peut-être d’ailleurs le début des futures campagnes pour la présidence européenne…

                                                                                                                 
Break. Déjeuner. J’essaye de retrouver les Tourangeaux. Malheureusement au milieu de 24 000 personnes, je n’y arrive pas. La prochaine fois, j’ai suggéré que soit matérialisée par des petits panneaux la place de chaque région. Cela créera d’ailleurs une vraie émulation et une compétition « sonore » que l’on pourra organiser. Avec promotion des produits de chaque terroir, des vins de chaque région. Vous avez dit respect du pluralisme et de la diversité… Eh oui !

Pour aller dans le hall consacré à la restauration, il fallait traverser les alignements impressionnants d’ordinateurs, d’écrans, permettant le vote pour la charte, les statuts, le nom du parti, le logo et l’équipe de direction.

Il est vraisemblable que le recours exclusif à ce mode de communication qui n’est pas encore à la portée de tous explique les chiffres de la participation au vote. Mais le procédé est remarquable. Alain Juppé a proposé de le pérenniser pour organiser chaque mois la consultation, sur un thème, des adhérents, en n’excluant pas d’élargir le cercle pour que de nombreux Français prennent le chemin de nos permanences afin de s’exprimer. L’UMP a défaut d’être la « maison bleue » sera une maison ouverte à tous ! La constitution ne dit-elle pas que « les partis politiques concourent à l’expression du suffrage ».

Oui nous voulons être les porte-paroles permanents du peuple, en donnant à chacun la possibilité de participer au choix, en permettant les bilans sans complaisance de l’action du gouvernement, en rappelant si besoin les nécessités de vraies réformes.

14H15 – Reprise pour l’après-midi. Les moments forts arrivent. Notre première feuille de route est de mettre à l’honneur un grand nombre de personnalités étrangères, le gouvernement, les présidents de groupes parlementaires, Jean-Louis Debré, Christian Poncelet, Edouard Balladur.

J’évoque le fait que Madame Raffarin a été contrainte de monter sur une chaise pour voir l’arrivée de son mari. La salle l’applaudit avec bonheur, pour saluer cette femme rayonnante, élégante, discrète et pourtant totalement au fait de la politique française et naturellement vigilante pour son mari.

La salle vibre. Elle explose à l’annonce de Madame Chirac. La foule danse au son d’une musique « d’enfer ». Nous attendons. Elle apparaît sur les écrans. Heureuse. Très élégante. Fière d’être ovationnée autant pour le nom qu’elle arbore avec panache que pour elle-même ! Elle est reconnue comme une grande militante, une femme d’action, une élue du peuple et bien sûr comme l’épouse de notre Président. Autant de raisons pour lui faire une vraie fête. François Baroin trouve les mots du cœur pour l’accueillir. A moi dans la foulée d’appeler Jean-Pierre Raffarin à la tribune. Nous aurions aimé faire l’exercice à deux voix. Mais à ce moment-là, bonjour le timing ! Les militants s’enflamment à nouveau immédiatement.

Je lance : « en t’accueillant je rends hommage à la bonne décision du Président de la République de t’avoir nommé Premier Ministre. Jean-Pierre, nous sommes tous fiers de toi. » Si j’avais utilisé le terme de « bon choix », la référence au Président Giscard d’Estaing qui soutient ardemment notre démarche aurait fait sourire. Et comme j’adore l’imiter, je me serais peut-être laissé aller, ce qui aurait été inconvenant !

Son discours a galvanisé la salle. J’étais sur le côté. J’observais l’énergie phénoménale émanant de lui. L’arc électrique avec la salle était total. Les mots percutants et justes. Il a gagné encore des galons en ce jour. L’avenir dira lesquels… C’est sa capacité à mettre en pratique les réformes attendues par les Français qui sera à cet égard déterminant !

Nous annonçons Angela Merkel, la Présidente de la CDU, qui nous rappelle en français puis en allemand les fondements de l’amitié entre nos deux pays.

J’hésite au terme de son magnifique discours à épingler vis à vis de la salle que l’allemand est une grande langue européenne au même titre que le français car j’ai senti la légère déception par rapport aux discours de nos amis portugais et espagnol.

J’aurais aimé dire que dans le monde anglo-saxon omniprésent, nous devons nous serrer les coudes pour défendre nos cultures et au premier rang nos langues nationales. J’ai calé pour ne pas aller trop loin… Un bon monsieur Loyal ne doit pas sortir de son rôle !

Vint le remarquable film de rétrospective de nos victoires depuis 1958 où apparaît clairement que sans l’union sincère et la mobilisation des citoyens rien n’est possible. Galerie de superbes portraits : le Général de Gaulle, Georges Pompidou, Valéry Giscard d’Estaing, Jacques Chaban-Delmas, Raymond Barre, Pierre Messmer, Maurice Couve de Murville, Edouard Balladur, François Léotard, Alain Juppé, Gérard Longuet, Pierre Méhaignerie, Alain Madelin, Philippe Seguin et tant d’autres font revivre immédiatement des pages extraordinaires de notre vie politique.

Les images de la dernière victoire présidentielle de Jacques Chirac sont magnifiques. Fortes. Aussi brutales que la déflagration politique française du printemps.

Noir dans la salle. Antoine Rufenacht monte sur scène pour proclamer les résultats. Il trouve les mots justes pour créer le suspens et surtout rendre un hommage mérité à Jérôme Monod, qui, cet après-midi, n’est plus seul… sans personne à ses côtés comme au début de la matinée !

Le nouveau nom apparaît. Le logo que je trouve magnifique. Et puis, Alain Juppé, Jean-Claude Gaudin, Philippe Douste-Blazy sont proclamés élus. Nous sommes tous heureux et fiers de cette équipe qui monte sur scène dans l’enthousiasme général.

Nous aimons la chaleur, l’humour, l’entrain, l’intelligence politique du « patron » de Marseille et de la Provence. J’ai été heureux de le retrouver au moment de l’élection présidentielle qui, aussi paradoxal que cela puisse apparaître, a réunifié les libéraux et l’UDF.

Nous apprécions l’efficacité, l’agilité, la jeunesse, la dynamique, la passion politique de Philippe Douste-Blazy, dont cette journée consacre l’analyse et l’action depuis de nombreux mois. Il tient peut-être une forme de revanche par rapport aux difficultés causées à Toulouse par François Bayrou. Ce qui me frappe chez lui et qui est nécessaire aux grands parcours politiques, c’est la capacité à encaisser les coups et les épreuves, à toujours anticiper, à être en permanence mobilisé pour l’action.

Moment attendu entre tous, le discours d’Alain Juppé, notre président.

Quelle superbe victoire pour cet homme exceptionnel, qui est parfois injustement critiqué et qui traverse avec un sang froid et une dignité rares les violences de la vie politique dans sa forme actuelle. Il assume. Il fait face. Mais il avance. Il surmonte. Il prépare.

Rien ne lui échappe. Il sait d’ailleurs comprendre les souffrances des autres avec beaucoup de cœur, de pudeur et de vraie complicité. J’en parle d’expérience. Nous avons tous les deux pris la décision de continuer. De tout continuer…

Son discours trace les pistes de l’avenir. Il ne cherche pas à séduire immédiatement et artificiellement. Il construit. Il est. Il dit. Contrairement à ce qui se dit ou s’écrit, il ressent. Mais il se place au service d’une cause. Il est capable de tout, du meilleur.

Jacques Chirac le moment venu aura certainement à cœur d’organiser l’avenir de ses deux premiers ministres : Alain et Jean-Pierre…

Quelle belle journée ! Je suis sans voix. Heureux. François embrasse Madame Chirac. Je lui baise la main pour la saluer respectueusement. Mission accomplie !

Laisser une réponse