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Cérémonie du 11 novembre à Tours: le Général Poulet, s’exclame: « quelle connerie, la guerre! »

l y eut comme un « léger frisson » dans l’assistance lorsque dans son ordre du jour, devant les troupes et la foule pour une fois assez nombreuse, le Général « 4 étoiles » Poulet parlant des massacres de la 1ère guerre mondiale lança : « quelle connerie la guerre ! ».

Le rappel historique toujours nécessaire des dures réalités des guerres du 20ème siècle avec leur cortège de millions de morts met en évidence par a contrario que la paix est un bien précieux, rare qu’il faut savoir préparer et préserver par une politique étrangère et de défense appropriée. La paix se construit grâce à la volonté, aux priorités budgétaires et morales que se fixe une nation, que définit un gouvernement, grâce également à l’esprit de défense que chaque citoyen doit cultiver. La guerre est une horreur. C’est parfois une nécessité lorsqu’il s’agit de défendre sa propre liberté ou celle de peuples auxquels nous sommes liés par des accords réciproques de solidarité, ou dès lors que le droit international défini par le Conseil de Sécurité de l’ONU est bafoué. Il faut donc être toujours vigilant pour que les considérations liées au passé parfois tragique ne génèrent pas un esprit « pacifiste » déconnecté des réalités humaines.

L’interpellation du Général Poulet pose en fait la question de la légitimité des buts de guerre. Quand peut-on parler de guerre « juste » ?

La perspective de la mort qui est malheureusement inhérente à l’emploi de la force armée – la doctrine du « zéro mort » n’étant qu’une utopie – implique naturellement un grand discernement chez les dirigeants politiques et les chefs militaires avant de recourir à cet engrenage implacable dans sa logique et dans ses conséquences.

La guerre est toujours atroce. Elle est cependant une obligation morale vitale pour le respect de la liberté et du droit, dès lors que l’un et l’autre sont directement menacés.

En entendant le Général Poulet, je me suis souvenu de notre première rencontre en avril 1993 à Sarajevo lorsque j’accompagnais le Ministre de la Défense François Léotard.

Les troupes présentes sur place avaient une mission mal définie : ces casques bleus censés être une force de paix, d’interposition, étaient considérés par chaque partie au conflit comme un ennemi. Ils étaient placés dans une situation de vulnérabilité irresponsable.

Il fallait donc d’urgence « durcir » le dispositif, c’est-à-dire construire des abris et autoriser dans certaines conditions l’ouverture du feu. Le Colonel Poulet allait parler devant le Ministre. Je lui ai indiqué qu’il fallait qu’il soit franc, sincère, direct pour que la rencontre ait des conséquences fructueuses.

A la fin de son exposé avec force « transparents » illustrant et projetant sur écran les besoins du terrain, il sortit de sa poche un S.A.S. intitulé « Mourir à Sarajevo »…

Sacré Colonel ! Sacré Général !

Au fond j’aime l’expression peu diplomatique et quelque peu brutale et provocatrice des militaires lorsqu’elle est un cri du cur, une incitation à la réflexion, une astuce pour sortir de la torpeur qui est toujours un leurre conduisant non pas à la paix mais en fait à la guerre.

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